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Débarquement: la Normandie cherche à faire durer l'invasion de touristes

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Avec le 70e anniversaire du 6 juin 1944, les sites du Débarquement de Normandie fréquentés chaque année par plusieurs millions de touristes, espèrent attirer durablement de nouvelles générations de visiteurs, alors que les témoins de l'époque sont de moins en moins nombreux.

 

Les ruines du port Mulberry sur la plage d'Arromanches-les-Bains, en Normandie, le 26 février 2014

Les ruines du port Mulberry sur la plage d'Arromanches-les-Bains, en Normandie, le 26 février 2014

Région la plus riche de France en sites liés à l'Histoire, la Normandie a attiré près de 5 millions de visiteurs en 2012 sur ses lieux de mémoire, dont 40% d'étrangers, contre environ 3 millions en 1995, selon le Comité régional de tourisme (CRT).

Musées et cimetières historiques représentent 30% de l'activité touristique de Normandie.

Certains, comme Loïc Jamin, président de l'Office de tourisme de Bayeux, première ville libérée dès le 7 juin 1944, sont convaincus qu'on «n'est qu'au début de l'exploitation de ce filon». «On a aujourd'hui 13 entreprises d'excursion implantées à Bayeux contre deux au début des années 2000», argumente le maire adjoint de cette commune qui est selon lui «aux plages du Débarquement ce que Chamonix est au mont Blanc».

Mais le nombre de visiteurs a, selon les chiffres du CRT, tendance à baisser ces dernières années.

Le cimetière militaire américain de Colleville-sur-Mer (Calvados), site de mémoire le plus fréquenté de Normandie avec ses 9.300 croix blanches surplombant Omaha Beach, affiche une baisse de 11% en 2013 à 1,25 million de visiteurs, dont 375.000 Américains.

Un sursaut est évidemment attendu pour le 70e anniversaire, les précédents anniversaires décennaux ayant entraîné une pic de 20 à 30% de fréquentation en plus, selon le CRT.

Mais «il y a un risque, si on ne fait rien,» que la fréquentation ne s'essouffle au-delà car «les personnes qui ont dans leur histoire personnelle un lien avec la guerre sont de moins en moins nombreuses», reconnaît Jean-Louis Laville, directeur du CRT.

Pour l'heure, selon l'American Battle Monuments Commission (ABMC), qui gère les sites américains en France, «environ 600 à 700 proches de soldats enterrés» continuent à «visiter le cimetière de Colleville chaque année», des chiffres stables depuis 10 ans.

- Dans la peau d'un para -

Les sites n'en ont pas moins ces dernières années multiplié les investissements et les initiatives afin de transformer l'essai qui s'annonce avec le 70e anniversaire.

Parmi eux, l'ABMC s'apprête à doubler sa surface d'accueil du public à la pointe du Hoc dans le Calvados, après y avoir investi 4,8 millions d'euros dans le confortement de la falaise qui s'érodait.

Le musée Airborne de Sainte-Mère-Eglise (Manche) a lui aussi presque doublé de surface le 1er mai en ouvrant un espace pour tenter de mettre le visiteur dans la peau d'un parachutiste. Avec cet investissement de 4 millions d'euros, «on passe d'une muséographie d'objets à une autre davantage basée sur le ressenti», explique Magali Mallet, sa directrice.

«Il faut lutter contre l'image de musées du Débarquement un peu poussiéreux», souligne M. Laville.

Parmi les 400 projets labellisés par l'Etat et les collectivités pour le 70e anniversaire, beaucoup misent sur les nouvelles technologies, pour par exemple aider le visiteur à reconstituer sur sa tablette les scènes de 1944 sur le paysage balnéaire normand.

Le Mémorial de Caen a lancé en décembre sur les réseaux sociaux un personnage virtuel: Louis Castel, un GI français qui y raconte sa participation à la guerre.

Plusieurs sites ont signé le 20 février avec l'Etat et les collectivités un «contrat de destination» pour faire de la région «la destination internationale par excellence de la Seconde guerre mondiale».

Pour la première fois cette année, le CRT va mener «prudemment» des actions de promotion des sites de mémoire normands auprès des Allemands qui y sont très peu présents.

Certains historiens appellent toutefois à la prudence. Le tourisme de mémoire est un «phénomène économique important» mais «j'ai vu des boîtes de biscuits estampillées +Sainte-Mère Eglise premier village libéré d'Europe+» alors que c'est le deuxième village de France continentale à avoir été libéré, souligne Jean Quellien professeur d'histoire à l'université de Caen.


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