Clotilde Canuet, Janine Benoist, Madeleine Bellanger, Élie Lebouvier et Roger Lemoine se souviennent de la nuit du 6 juin 1944 et du Débarquement des Alliés.
Mémoire vive, à 86 ans, Madeleine Bellanger devenue Leprince se souvient du 6 juin 1944 à Percy, sur les hauteurs de la Crique.
« Les gens étaient heureux »
« Les voisins... Tout le monde était content. Les gens étaient heureux. Ils disaient : Ça y est, c'est le Débarquement ! Les Américains allaient être là en deux jours... » Clotilde Canuet, de son nom de jeune fille, vivait à La Bélouze, aux confins du Chefresne et de La Colombe. Elle avait 12 ans, le 6 juin 1944.Si elle ne se souvient pas exactement comment la nouvelle a été connue « dans la matinée », elle a gardé en mémoire le souvenir des avions « qui volaient si bas, si bas, la veille de la confirmation religieuse à Percy ». Oiseaux de bon augure. Mais porteurs de mort possible. « Ça s'était vite terminé. » Chacun était rentré chez soi. Le lendemain, elle et ses camarades avaient été renvoyées de l'école « par Madame Vigot, la maîtresse ».
« Je me doutais bien qu'il se passait quelque chose »
Janine Benoist, elle, se souvient d'un « temps brumeux ». Au Mesnil-Coq, « on entendait les bourdonnements d'avions ». Ils volaient à basse altitude, « par vagues ». La gamine de 10 ans « se doutait bien qu'il se passait quelque chose ».
« C'est la fin du monde »
La nuit du Débarquement ? Madeleine Bellenger, 16 ans, dormait à poings fermés, fatiguée par une fête la veille. « C'est une camarade qui dormait dans mon lit qui m'a dit : Mais Madeleine, tu n'entends pas les avions ? »À la Crique, « à 5 h, la terre a volé dans les carreaux de la chambre. Trois bombes étaient tombées à 150 m. Les vaches meuglaient. Une voisine a dit : C'est la fin du monde. Mon père, en apercevant les camions allemands qui montaient vers Saint-Lô a dit : C'est le Débarquement. » C'était bien ça.
« On n'a rien vu du tout »
Au Hamel-Lelégard, le 6 juin 1944, « on n'a rien vu du tout », assure Élie Lebouvier qui allait avoir 18 ans deux mois plus tard. « Les premiers bruits entendus, c'est quand Saint-Lô a été touché. »
« L'annonce de Débarquement par le bouche-à-oreille »
Roger Lemoine habite toujours à Margueray. Son domicile était situé à côté du carrefour de l'Enseigne, cible de l'aviation américaine pour couper la retraite des nazis.
« Le 6 juin 1944, à 6 h, dans mon lit, j'ai entendu les vrombissements. Les avions tournaient en rond et repéraient le carrefour. Je suis sorti sur le seuil, le haut-jour de la porte m'est tombé sur la tête. Seize bombes sont tombées. Pas une sur la route, juste une dans un fossé. Je ne me souviens plus comment on a su pour le Débarquement. Par le bouche à oreille sûrement. »