Justice - La justice canadienne a ouvert la voie à l’extradition du Libano-canadien Hassan Diab, soupçonné d’avoir perpétré cet attentat qui fit quatre morts à Paris en 1980
Un policier inspecte les décombres après l'attentat qui fit quatre morts, rue Copernic, à Paris, le 3 octobre 1980
Les faits remontent au 3 octobre 1980. Mais quand il les évoque, Gérald Barbier n’arrive pas à contrôler l’émotion dans sa voix. Agé de 27 ans à l’époque, il était avec ses parents dans leur magasin de la rue Copernic quand la bombe a explosé. «J’ai eu de la chance d’être protégé par un mur en béton, raconte-t-il aujourd’hui. Ma mère en a eu moins. Elle est restée entre la vie et la mort pendant trois jours…» Dirigé contre la synagogue de cette rue du 16e arrondissement de Paris, l’attentat fit au total quatre morts et une quarantaine de blessés.
«Je suis innocent», clame Hassan Diab
Trente-quatre ans après avoir éventré la rue, l’explosion d’une dizaine de kilos de pentrite pourrait enfin révéler sa vérité. Jeudi soir, la justice canadienne a, en effet, ouvert la voie à l’extradition d’Hassan Diab considéré comme le principal suspect dans cette affaire. Ce Libano-canadien de 60 ans a beau avoir annoncé son intention de saisir la Cour suprême canadienne, il a compris qu’il avait épuisé presque tous ses recours.
«Je suis innocent», a encore répété cet ancien professeur de sociologie de l’université d’Ottawa, jeudi, à l’issue de l’audience. «Et bien si c’est vraiment le cas, qu’il accepte d’être extradé vers la France, témoigne Gérald Barbier. Il sera jugé. Et s’il est innocent, il sera logiquement acquitté…»
Une fiche d’hôtel en guise d’indice
Partie civile dans ce dossier, Gérald Barbier sait bien qu’il existe un faisceau d’indices contre cet homme, aujourd’hui papa d’une fillette de seize mois. Présenté comme un ex-militant du groupuscule terroriste parisien, le FPLP-Opérations spéciales (FPLP-OS), Hassan Diab est en fait inquiété par deux éléments matériels.
D’abord la ressemblance entre ses photos de l’époque et le portrait-robot qui a été fait de l’homme déposant la moto dont les sacoches étaient remplies d’explosifs. Surtout, l’expertise graphologique d’une fiche d’hôtel prouvant qu’il était bien à Paris le jour du drame.
Il prétend qu’il était étudiant à Beyrouth
Lui s’est toujours défendu en disant être victime d’une homonymie. Il prétend ainsi qu’il n’a jamais fait partie d’un groupe terroriste et surtout qu’il était étudiant à Beyrouth (Liban) au moment des faits.
«A titre personnel, un procès ne m’apporterait rien de plus, juge aujourd’hui Gérald Barbier. Mais on a tellement banalisé le terrorisme ces dernières années que cela ne serait pas mal de punir l’auteur d’un attentat…»