Infographie - Pour le président russe, le retour de la Crimée à la Russie rétablit la «vérité historique». Sa visite sur ce territoire est qualifiée par Kiev de «provocation»
Il a laissé planer le doute jusqu'au bout. Vladimir Poutine s'est finalement bien rendu en Crimée ce vendredi pour commémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale à Sébastopol, où est stationnée la marine russe. Annoncée fin avril, le Kremlin a ensuite laissé planer le doute sur la venue du président russe dans la péninsule. Il s'agit de la première visite de Poutine en Crimée depuis son rattachement à la Russie en mars dernier.
Pour la venue de leur président, les forces stationnnées en Crimée ont mis les petits plats dans les grands en préparant un défilé naval et aérien: pas moins de treize hélicoptères et un avion cargo ont ouvert le spectacle avant les passages d'avions de chasse ou avion de ravitaillement en vol. Vladimir Poutine, debout en imperméable noir sur le pont d'une vedette blanche, avec à son côté le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, est passé successivement devant une dizaine de navires militaires russes, congratulant grâce à un porte-voix les équipages au garde-à-vous en uniforme d'apparat, qui lui ont répondu par des «hourra, hourra, hourra» à l'unisson.
Une visite qui ne fait «qu'exacerber les tensions»
Après le défilé, le président russe a félicité les anciens combattants: «Vous avez combattu le fascisme en 1945. Vous vous êtes aussi battu pour votre liberté en 2014.» Pour Vladimir Poutine, «l'année 2014 va rester dans les annales comme l'année qui a vu les peuples qui vivent ici décider avec fermeté d'être avec la Russie, confirmant leur fidélité à la vérité historique et à la mémoire de nos ancêtres.» Il a ensuite appelé les autres pays à respecter les intérêts et les droits russes, en particulier le droit à l'auto-détermination.
Plus tôt dans la matinée, Poutine avait salué le «patriotisme» russe lors des commémorations de la fin de la Seconde Guerre mondiale sur la place Rouge, à Moscou. Lors de la parade militaire, il a salué «la force toute-puissante du patriotisme». «La volonté de fer du peuple soviétique, son courage et sa fermeté ont sauvé l'Europe de l'esclavage», a-t-il poursuivi. «C'est notre pays qui a traqué les fascistes jusque dans leur tanière, a obtenu leur défaite complète et définitive, a vaincu au prix de millions de victimes et de terribles épreuves».
Ce voyage est vu comme une action publique de soutien aux mouvements prorusses en Ukraine, qui demandent leur rattachement à Moscou, comme en Crimée. Les séparatistes ont annoncé jeudi maintenir le référendum d'indépendance prévu dimanche malgré l'appel à le reporter lancé par Vladimir Poutine. Cette visite sur un territoire «temporairement occupé» est une «violation flagrante de la souveraineté ukrainienne», a déclaré le ministère ukrainien des Affaires étrangères. «Une telle provocation est une autre confirmation que la Russie poursuit délibérément l'escalade des tensions dans les raltions russo-ukrainiennes.»
«Je pense que cette visite en Crimée est inappropriée», a déclaré le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen. Pour la Maison-Blanche, elle ne fait «qu'exacerber les tensions».
Nouveaux heurts dans l'Est de l'Ukraine
La situation sur le terrain reste tendue. Ce vendredi, l'opération de reconquête des forces de Kiev est toujours en cours. La télévision russe RT rapporte ainsi des heurts à Marioupol, une ville d'environ 500.000 habitants, qui se trouve à une centaine de kilomètres au sud de Donetsk. Les violences se sont produites au siège de la police et dans un bâtiment du ministère de l'Intérieur de la ville portuaire, précise l'agence. Les affrontements ont éclaté lorsque la police a tenté de reprendre le contrôle d'un commissariat. Ils ont été pris pour cibles par des tirs en provenance des rangs des séparatistes. Le ministère de l'Intérieur, à Kiev annonce la mort de 20 séparatistes et d'un policier.
Selon les services de sécurité ukrainiens, des «saboteurs» ont également déclenché un incendie dans la nuit de jeudi à vendredi près du centre de télévision de Kiev, qui est resté privé de courant.