Valéry Giscard d'Estaing est né le 2 février 1926 à Coblence, en Allemagne parce que son père y est directeur des finances. Cette famille appartient à la haute bourgeoisie : sa mère est issue d’une lignée de grands notables orléanistes et républicains. Valéry Giscard d'Estaing a eu une ascension politique fulgurante grâce en partie au cadre familial : son père faisait partie de l'Académie, et était un haut fonctionnaire. Du côté de sa mère, le grand-père et l'arrière-grand-père étaient sénateurs du Puy-de-Dôme et le second fut également ministre de l'Instruction publique.
Après la mort du président Georges Pompidou en 1974, des élections sont très vite organisées. Giscard d'Estaing se présente contre Jacques Chaban-Delmas. Il reçoit notamment le soutien de Jacques Chirac et de certains députés UDR. Il s'affiche comme le candidat du renouveau, jeune, dynamique, désireux de réformer la France en profondeur. Au premier tour, il obtient 43,24% des voix tandis que son principal adversaire, François Mitterrand en obtient 32,60%. Mais au second tour, les deux candidats se tiennent au coude-à-coude, tandis que Giscard d'Estaing est élu avec 50,80% des suffrages contre 49,2%. Selon les paroles mêmes du nouveau président, « date de ce jour une ère nouvelle de la politique française ». Il veut ainsi mettre fin à la période gaulliste.
Le septennat de Giscard d'Estaing se caractérise par de nombreuses réformes, notamment l'abaissement de la majorité à l'âge de 18 ans, la loi sur l'interruption volontaire de grossesse, le divorce par consentement mutuel, la création d'un secrétariat d’État à la condition féminine. Son objectif est de moderniser et libéraliser la France. Pour cela il mène une politique de « décrispation » qui « regarde la France au fond des yeux ». Ainsi, pour se rapporcher des Français, il se fait inviter chez des citoyens « ordinaires ». Mais sa politique de proximité déplaît à certains membres de la majorité plus conservateurs. Jacques Chirac, par exemple, Premier ministre démissionne. Il ne s'accorde pas avec ce président non-gaulliste, trop éloigné des valeurs du parti. De plus, la France traverse une période de crise économique très grave, celle du premier choc pétrolier (en 1973) et Giscard est obligé de ralentir la mise en oeuvre de ses réformes. Raymond Barre, moins marqué politiquement, mais spécialiste des affaires économiques, est alors appelé au poste de Premier ministre. Il mène une politique austère visant à résorber la crise du pétrole et réduire le taux de chômage.
Tandis que Jacques Chirac crée en 1976 un parti réunissant les partisans gaullistes : le Rassemblement pour la République (RPR), Giscard crée l'Union pour la démocration française (UDF), parti regroupant les centristes et les libéraux en 1978. Lors des élections législatives de 1978, la droite l'emporte mais le RPR remporte 154 sièges tandis que l'UDF seulement 124. A partir de la création de ces deux grands partis, la droite est clairement divisée. Chirac affiche son hostilité envers l'UDF. Lorsqu'il est hospitalisé suite à un accident de la route en 1979, il lance « l'appel de Cochin », resté célèbre, dans lequel il dénonce les mesures de l'UDF trop tournées vers l'Europe et non vers la Nation. Pour lui, c'est « le parti de l'étranger ». Il est cependant obligé de modérer ses propos, lâché et critiqué par une partie de la majorité.
Giscard d'Estaing axe essentiellement sa politique vers l'Europe. Il s'associe notamment avec le chancelier allemand Helmut Schimmdt ce qui lui permet ainsi de renforcer les liens franco-allemands. Par ailleurs, il est très favorable à la création,du Conseil européen en 1974 ainsi que du Système monétaire européen en 1979. Il mène également une politique proarabe afin d'assurer les approvisionnements en pétrole.
Mais la crise en France est de plus en plus grave : Raymond Barre, malgré ses compétences et ses réformes, ne parvient pas à résorber l'inflation. Peu à peu, la personnalité même de Giscard est contestée : ses repas avec le Français moyen finissent par agacer ou susciter des moqueries. Mais c'est le scandale des diamants de Bokassa qui va précipiter sa déchéance. Tandis qu'il tisse des liens étroits avec les présidents africains, comme l'avaient fait avant lui ses prédécesseurs, Le Canard enchaîné publie, en octobre 1979, la phococopie d'une lettre dans laquelle l'ancien dictateur centrafricain Bokassa déclare avoir offert au Président français une plaquette de diamants. Giscard nie les faits jusqu'en 1985. Cette affaire lui portera préjudice, notamment en 1981, lors des élections présidententielles qu'il perd avec 48,24% des suffrages. Cet échec est donc dû d'une part au scandale et également à sa rivalité avec Chirac. François Mitterrand devient donc Président de la République. Giscard d'Estaing est le premier président à ne pas se faire réélire.
Pendant trois ans, Giscard d'Estaing se retire de la politique. Il refuse le siège au Conseil constitutionnel qui lui revient de droit. Cependant dès février 1982, il se présente aux élections cantonales dans le Puy-de-Dôme et les remporte avec 71,99% des voix. Dès lors, il va peu à peu cumuler les mandats : il est président du conseil régional d'Auvergne (à partir de 1986), député du Puy-de-Dôme (en 1984 puis réélu en 1986 et 1988).
Il lance également un appel aux « déçus du socialisme » voulant réunir deux Français sur trois (selon le titre du livre qu’il publie en 1984). Dès 1982, il se retrouve chez Drouant pour un déjeuner très médiatisé avec Jacques Chirac afin de sceller la paix. Mais les rivalités ne s'atténuent pas pour autant. Ainsi, contrairement à ses espérances, le Premier Ministre Jacques Chirac ne fait pas appel à lui pour participer, en 1986, à son gouvernement. Malgré tout, il parvient à s'imposer dans le paysage politique français comme figure emblématique de l'opposition. Il défend ainsi, lors des élections législatives de 1986 et européennes de 1989, la liste des deux partis désormais réconciliés l'UDF et le RPR qui arrive en tête avec 28,87% des voix et 26 sièges au Parlement européen.
En 1988, il est de nouveau élu président de l'UDF mais avec certaines difficultés : le parti se rajeunit et François Léotard brigue avec ardeur le poste. Les rivalités entre les membres du parti sont nombreuses. En 1993, la droite l'emporte aux élections législatives : le RPR obtient 242 sièges tandis que l'UDF en obtient 206. Le président Mitterrand fait appel à Edouard Balladur comme Premier ministre. Valéry Giscard est de nouveau déçu car, tandis que Balladur demande la participation de nombreux membres de l'UDF, il reste en dehors du nouveau gouvernement. En 1995, il échoue aux élections municipales et décide de ne pas se présenter aux élections présidentielles bien conscient de n'être pas assez populaire auprès des Français. Il se retire également de la présidence de l'UDF en 1996.
Depuis, Giscard d'Estaing est président du conseil régional d’Auvergne (1986-2004) et député au Parlement européen. Au printemps 2000, il relance l'idée du quinquennat déjà proposé, en son temps, par Pompidou. En décembre 2001, il est choisi par les chefs d'Etats et le gouvernement des Quinze pour présider la Convention chargée de réfléchir à la mise en oeuvre d'un élargissemnt de l’Union européenne et d'élaborer un projet de Constitution pour l’Union européenne. Giscard est appelé à mener les débats autour du référendum sur la Constitution européenne, finalement rejetée par les Français en mai 2005. Enfin, Giscard d'Estaing est élu en 2003 à l'Académie française.