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Expérimentation médicale nazie

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L’expérimentation médicale nazie désigne les expériences médicales pratiquées en vertu de l'idéologie nazie par des médecins SS sur des déportés dans les camps de concentration et des instituts scientifiques sous l'égide de la société Ahnenerbe - héritage des ancêtres dont Heinrich Himmler était le président. 

August Hirt et Joseph Mengele et Otto BickenbachAugust Hirt et Joseph Mengele et Otto BickenbachAugust Hirt et Joseph Mengele et Otto Bickenbach

August Hirt et Joseph Mengele et Otto Bickenbach

Les médecins nazis sont influencés par l'enseignement prodigué dans les facultés européennes de médecine au XIXe siècle : les promoteurs du racisme biologique, Joseph Arthur de Gobineau et Houston Stewart Chamberlain, construisent le mythe de la pureté de la race qui affirme la supériorité des races pures sur les races dites métissées. Les médecins allemands, dont plus de 50 % sont alors membres du parti nazi (SA et SS), sont influencés par cette idéologie mais empruntent un Sonderweg basé sur l’imaginaire médical de la souillure et l'hygiène raciale allemande développée par le médecin Alfred Ploetz, sur la notion d' espace vital forgée par le pharmacien Friedrich Ratzel puis sur le mythe de la race aryenne prôné par Adolf Hitler.

Suite au Programme Aktion T4 qui euthanasie des handicapés allemands, programme qui est une répétition générale avant ces expérimentations, le régime nazi dispose d'une centaine de spécialistes de la mise à mort issus des six stations d'euthanasie T-4, dont des médecins qui sont envoyés à Odilo Globocnik, chef de la SS et de la police du district de Lublin dans le cadre de l'Opération Reinhard.

Les expériences pratiquées par les médecins nazis se sont déroulées hors des protocoles scientifiques et des codes déontologiques admis et reconnus par la communauté scientifique et médicale internationale, qui n'existaient pas à l'époque. Elles exposaient les cobayes humains à des conditions cruelles voire barbares pour les plus extrêmes d'entre elles avec des apports scientifiques contestables voire inutiles.

Des expériences comme des inoculations de germes mortels (typhus) étaient également pratiquées, ainsi que des expériences sur l'alimentation, sur les gaz de combats, les brûlures au phosphore, des injections intraveineuses de phénol, essais de nouveaux sulfamides, etc. Expériences sur l'hypothermie, l'ingestion d'eau salée, la dépressurisation (les médecins de la Luftwaffe voulant prévenir l'exposition au froid ou à la soif de ses aviateurs lorsqu'ils tombent à l'eau ou qu'ils volent à haute altitude), prise de mescaline.

Camp de Ravensbrück

Expériences sur la reconstitution de l'os sans périoste.

Camp d'Auschwitz

Expériences sur la gémellité, différentes maladies et la reproduction humaine menées par le docteur Josef Mengele : l'un de ses projets porte sur l'étude du noma, maladie qui provoque de graves mutilations faciales et dont il pense qu'elle a un caractère héréditaire, particulièrement fréquent chez les Tziganes : il traite un grand nombre d'enfants souffrant de cette maladie, en leur administrant des vitamines et des sulfamides ; mais dès que les progrès sont suffisants pour attester de l'efficacité du traitement, il interrompt celui-ci et laisse les enfants rechuter. Dans la ligne de son mentor Otmar von Verschuer, il met également en place des programmes de recherche pseudo-scientifiques, portant sur les jumeaux, mais aussi sur les nains, les bossus, les transsexuels.

Camp de Natzwiller

Expériences sur l'ypérite. Ces expériences sont menées par le Dr August Hirt. Expériences sur le typhus. Ces expériences sont menées par le Dr Eugen Haagen. Expériences sur le phosgène. Ces expériences sont menées par le Dr Otto Bickenbach.

Camp de Buchenwald

Expériences de traitements hormonaux sur des homosexuels, expérience sur le paludisme, stérilisations massives, etc.

Les experts militaires chargés d'enquêter sur ces expériences montrèrent que les motivations étaient de deux sortes : les uns foncièrement guidés par l'ambition personnelle de gravir rapidement les échelons dans l'appareil administratif, les autres dans une démarche engagée et idéologique, voulaient contribuer en tant que serviteur sincère et fanatique de l'État national-socialiste, à asseoir la domination du régime nazi sur l'Europe . Les témoignages des rescapés soulignent le caractère pathologique des conditions qui entouraient ces expériences : une véritable folie s'installait dans certains camps (en particulier Buchenwald et Dachau), où tous types d'expériences étaient pratiqués, de la plus inepte à la plus atroce, le plus souvent sur un coup de tête d'un garde SS.

À la fin de la guerre, 23 personnes impliquées dans des expériences sur des humains, dont 20 médecins (dont une femme) et trois officiels nazis, sont jugées au cours d'un procès connu comme le « procès des médecins » qui est le premier de la série des Procès de Nuremberg. Cinq personnes sont acquittées, sept condamnées à mort et les autres à diverses peines de prison. Suite au procès des médecins, en 1947, est élaboré un ensemble de principes, le Code de Nuremberg, qui pose les bases de la bioéthique et de ce qui est tolérable en matière d'expérimentation sur l'humain.

D'un point de vue méthodologique, ces expériences ne sont pas « reproductibles », et d'un point de vue statistique, elles ne sont pas représentatives (panel trop restreint, trop affaibli). En outre, ces expériences n'apprirent rien que l'on ne sache déjà sur l'hypothermie, la mescaline, la consommation d'eau salée, l'évolution des plaies ouvertes ou le déroulé des maladies infectieuses (jusqu'à la mort). Enfin, du point de vue éthique, les expériences de dépressurisation (aviateurs), les essais de stérilisations massives ou les essais de casques ne donnèrent aucun résultat de nature à légitimer les souffrances infligées aux victimes.


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