La comédienne est décédée dimanche 27 avril, à l'âge de 90 ans. Son sourire, sa diction, son abattage ont marqué le théâtre, le cinéma et la télévision
La comédienne et chansonnière Micheline Dax est décédée dimanche 27 avril, a indiqué son agent à l'AFP. Elle était âgée de 90 ans.
La voix, la prestance, son sourire qui signait son éternel bonheur appartiennent à la mémoire des Français. Elle aura, durant sa longue carrière, embrassé tous les genres avec un égal bonheur. Les plus jeunes se souviennent évidemment de sa place éminente dansL'Académie des 9 qui a amusé les téléspectateurs de longues années. Ses reparties, son léger zozotement laissaient souvent Jean-Pierre Foucault, l'animateur de cette émission culte, pantois.
Mais on ne peut pas résumer son incroyable carrière à quelques traits d'esprit dans un programme populaire. Son talent comique se forge avec Les Branquignols de Robert Dhéry et Colette Brosset. Son physique est remarquable. Elle est grande, elle a de l'abattage et surtout elle possède naturellement un doux mélange de gouaille et de classe aristocratique qu'elle promènera dans tous ses rôles tout au long de sa carrière.
Dans le succulent film à sketches La Française et l'amour, sous la direction d'Henri Decoin, elle joue dans une scène avec Pierre-Jean Vaillard une prostituée au grand cœur bougrement sympathique. Elle est un second rôle recherché. Sacha Guitry l'utilise dans Si Paris nous était conté. Jean Becker dans Tendre Voyou avec Jean-Paul Belmondo.
Une siffleuse d'exception
À l'époque, quand on avait de l'humour, on devenait chansonnier. Pour ses tours de cabaret, outre ses reparties de grande-duchesse zozotante, Micheline Dax possédait un don particulier: elle était une siffleuse d'exception. Les musiciens de film utilisèrent souvent cette faculté.
Les moins de 20 ans ne le savent plus, Micheline Dax fut la première Dorothée de la télé. À la fin des années 1960 les pionniers de la télé eurent l'idée de concocter des émissions pour les plus jeunes. Ils confièrent la présentation naturellement à la plus drôle et à la plus sympathique des comédiennes, Micheline Dax.
Sur une scène de théâtre, il lui suffisait d'apparaître et d'ouvrir la bouche pour déclencher spontanément le rire. Il serait quasi impossible de citer toutes les pièces où elle joua . Pour résumer, disons simplement qu'elle fut sur les planches à côté de Louis de Funès, Robert Manuel, Francis Blanche. Elle joua sous la direction de Jean-Claude Brialy, de Pierre Dux, Jacques Morel, de Michel Galabru. Elle mit fin à sa carrière théâtrale en interprétant Les Monologues du vagin en compagnie de Maïmouna Gueye et Fiona Gélin.
Inoubliable Piggy la Cochonne
Comme elle possédait une excellente diction, mélange étonnant de gouaille et de distinction, on utilisa sa voix. Elle devint une des «voxographes» les plus recherchées de la place de Paris. Pour Goscinny et Uderzo, elle prêta deux fois son timbre à Cléopâtre. Son registre était large. De Tante Figg (dans Tom et Jerry) à la méchante Morganna dans La Petite Sirène de Disney. Avant Les Guignols, le Muppet Show, célèbre émission américaine de marionnettes, créée par Jim Henson, lui offrit l'un de ses plus marquants doublages, la voix de charcutière de Piggy la Cochonne. Personnage haut en couleur (rose évidemment), qui passait son temps à poursuivre de ses assiduités Kermit la Grenouille en hurlant: «Kermitou, Kermitou!». Inoubliable.
La ministre de la Culture Aurélie Filippetti lui a rendu hommage en déclarant que Micheline Dax «a fait au cinéma des débuts tonitruants, bien dans sa manière, il y a plus de soixante ans au sein des fameux Branquignols». C'est vrai, sa manière, c'était de divertir les gens.