Bruno Richard Otto Kastner voit le jour le 3 janvier 1890, à Forst-Lausitz, ville de l’Empire Germanique, frontalière avec la Pologne. Après ses études au collège de
Fürstenwalde, il effectue son service militaire, mais au bout de quelques jours, il est reformé pour raison de santé. Il décide de se lancer dans une carrière artistique à Berlin. Après un
premier engagement au Stadttheater de Hambourg, il parcourt l’Empire avec une troupe de comédiens ambulants.
En 1911, Bruno Kastner s’installe définitivement à Berlin. Il joue les amoureux transit et les bellâtres dans quelques pièces sans grand succès. Il débute au cinéma, en 1913, dans «Le petit ange»
aux côtés de la vedette Asta Nielsen. La même année, il se marie avec une autre grande actrice: Ida Wüst. La chance lui sourit lorsque la première guerre mondiale éclate. Réformé de toutes
obligations militaires, Bruno tourne dans des dizaines de films. Bien qu’il ne soit pas un excellent acteur, il conquiert des millions de cœurs féminins. Il est beau, jeune et la plupart des
hommes sont sur le front, il devient alors un des artistes les plus populaires de cette époque. Parmi ses plus grands triomphes, nous pouvons citer: «Hilde Warren et la mort» (1917) avec Mia May,
«Die krone von Kerkyra» (1917) avec Mady Christians, «Die buchhalterin» (1918) avec Lotte Neumann, «Der gattestellvertreter» (1918) avec Käthe Haack et «Das herz des Casanova» (1919) avec Ria
Jende.
Au début des années vingt, Bruno Kastner est choisi par le public, comme le meilleur acteur allemand (en réalité le plus populaire), devançant Harry Liedtke et Max Landa. Il enchaîne les
triomphes: «Das paradies im schnee» (1923) de Georg Jacoby, «Der flug um den erdball» (1923) de Willi Wolff et «Colibri» (1924) de Victor Janson. En 1924, sa carrière est brutalement interrompue
par un grave accident de moto qui l’éloigne des plateaux. Quelques mois plus tard, il divorce de Ida Wüst et retrouve le chemin des studios. Toujours autant idolâtré et plébiscité par son public,
surtout féminin, il se retrouve en tête d’affiche de plusieurs grandes productions, parmi lesquelles: «L’homme qui se vend» (1925) avec Nora Gregor, «Un amour de hussard» (1926) avec Hans Albers,
«Luther» (1927) avec Eugen Klöpfer, «La petite voleuse» (1928) avec Lilian Harvey et «Angst - Die schwache stunde einer frau» (1928) avec Vivian Gibson.
L’arrivée du cinéma parlant sonne le glas de la carrière de Bruno Kastner. Sa voix passe mal, les propositions se font rares et, de plus, sa virilité est mise en doute depuis son accident de
moto. La critique le descend en flèche et les admiratrices qui l’ont porté aux nues, le délaissent. Il sombre dans l’oubli et la dépression. Pour gagner sa vie, il accepte des petites
participations dans quelques productions. Il compose son dernier rôle, presque une figuration, sous la direction de Max Ophüls dans «Une histoire d’amour» (1932) avec Magda Schneider.
Celui qui fût l’une des plus grandes stars du cinéma muet germanique, n’accepte pas sa situation de vedette déchue. Au plus fort d’une crise dépressive, Bruno Kastner se suicide par pendaison le
30 juin 1932, dans sa chambre d’hôtel, à Bad Kreuznach en Allemagne.
Filmographie
- 1917 : Hilde Warren et la Mort (Hilde Warren und der Tod) de Joe May
- 1918 : Die Ehe der Charlotte von Brakel de Paul von Woringen
- 1922 : Der Bekannte Unbekannte d'Erik Lund
- 1924 : Colibri de Victor Janson
- 1926 : La Divorcée (Die Geschiedene Frau) de Victor Janson et Rudolf Dworsky
- 1926 : Les Frères Schellenberg (Die Brüder Schellenberg) de Karl Grune
- 1928 : Luther – Ein Film der deutschen Reformation d'Hans Kyser