Venue au monde dans un petit village du delta du Nil, Oum Kalsoum a grandit dans des conditions très modestes. Sa date de naissance reste incertaine, elle varie entre 1898 et 1904
selon les sources. Elle hérite de l’amour de la musique de son père, un imam qui complète ses minces revenus en chantant des chants liturgiques dans les mariages. Elle apprend le chant en
écoutant les leçons que son père donne à son frère ainé Khalid. La petite Oum montre alors un talent évident et se produit avec son père, habillée en garçon. Elle se fait remarquer à seize ans
par le chanteur Cheikh Abou El Ala Mohamed et par le joueur de luth Zakaria Ahmed qui l’incite à les suivre au Caire.
Au début des années vingt, Oum Kalsoum chante dans des petits théâtres et rencontres deux personnes qui vont changer sa vie, le poète Ahmed Rami et le musicien et compositeur Mohamed El Qasabgi,
qui vont lui offrir ses premiers grands succès. Sa voix incomparable remplie les salles égyptiennes et, en 1932, elle fait sa première tournée triomphale dans les pays arabes. Elle enregistre
plusieurs disques et, dès la création de la radio égyptienne en 1934, elle élargie son audience et devient la chanteuse la plus populaire de son pays. Son influence ne cesse de croître et de
s’étendre au-delà de la scène artistique, la famille royale régnante organise des concerts privés et assiste même à ses représentations publiques.
En 1936, elle fait ses débuts au cinéma dans «Wedad» de Ahmed Badrakhan, Fritz Kamp et Gamal Madkoor, un film romantique inspiré des «Mille et une Nuits» qui remporte un succès considérable. Elle
retrouve Ahmed Badrakhan pour quatre autres films entre 1937 et 1947 qui vont contribuer encore à son immense notoriété. À l’apogée de sa carrière dès la fin des années quarante, elle se
désintéresse du cinéma pour se consacrer uniquement à son parcours de chanteuse idolâtrée par d’immense foules. En 1953, elle épouse Hassen El Hafnaoui, son médecin personnel.
Femme de caractère, Oum Kalsoum, dès ses premiers succès, a contrôlé tous les aspects de sa carrière. Très tôt elle se sépare de ses imprésarios pour les remplacer par des proches, elle produit
ses propres concerts, elle choisit ses accompagnateurs pour ses performances, mais aussi les acteurs et les techniciens pour ses films. Dans les années 1940, elle est devenue membre du Comité
d’écoute pour des émissions de radio, et a été élue présidente du syndicat des musiciens. Elle est aussi une activiste politique active suite à la révolution de 1952. En 1966, à la télévision
elle demande au peuple de soutenir la candidature à la présidence de Gamal Abdel Nasser. Après la défaite de
la guerre des 6 jours en 1967, elle donne une série de concerts au profit de l’Egypte et exhorte les femmes de vendre leurs bijoux pour soutenir l’effort de reconstruction. Elle accorde de plus
en plus d’interviews et ses idées pro-Nasser contribuent à l’aspiration de liberté du peuple égyptien. Elle
maîtrise également son image et faire des objets qui la caractérisent de véritables fétiches : lunettes noires, chignon serré et mouchoir blanc.
En proie à des problèmes de santé tout au long de sa vie Oum Kalsoum est hospitalisée en janvier 1975 au Caire suite à une crise néphrétique aigüe. L’Astre de L’Orient s’éteint quinze jours plus
tard, le 3 février. Son cortège funèbre est un événement national, avec des millions d’égyptiens endeuillés tout le long du parcours. Aujourd’hui encore, elle conserve son statut quasi-mythique
parmi les peuples arabes.
Filmographie
- 1936 - Wedad de Ahmed Badrakhan, Fritz Kamp & Gamal Madkoor avec Ahmed Allam
- 1937- Le chant de l’espoir de Ahmed Badrakhan avec Zaki Toleimat
- 1939 - Dananir de Ahmed Badrakhan avec Suleiman Naguib
- 1942 - Aïda, chanteuse du Nil de Ahmed Badrakhan avec Suleiman Naguib
- 1944 - Sallama de Togo Mizrahi avec Yehia Chahine
- 1947 - Fatima / Fatma de Ahmed Badrakhan avec Zuzu Shakeeb