publié le 10/03/2014 à 02h08 par Nathan Rivière
Quant le cinéma sert les propriétaires d’œuvres d’art spoliées par les nazis… C’est en effet la curieuse situation que suscite la sortie cette semaine sur les écrans français de « Monuments Men
», le film de George Clooney qui retrace l’histoire du commando d’experts en art qui accompagna les armées alliées pour récupérer des milliers d’œuvres d’art volées par le régime hitlérien. Le
ministère de la Culture a ainsi attendu cet évènement people pour annoncer la restitution, mardi 11 mars, des mains même du ministre Aurélie Filippetti, de trois tableaux qui dormaient depuis
1949 dans les réserves des MNR (Musées Nationaux Récupération, dont le rôle est de conserver dans les musées français les quelques 2000 œuvres qui attendent toujours leur réclamation).
Les trois tableaux qui seront remis aux ayants-droits sont un « Paysage montagneux » du peintre flamand Joos de Momper (1564-1635), un « Portrait de femme » du XVIIIe siècle non signé et une «
Vierge à l’Enfant », copie d’un artiste florentin de la Renaissance.
Si l’année dernière le ministère de la Culture avait déjà restitué 7 tableaux aux descendants d’un industriel juif de Vienne et d’un industriel pragois, l’action de l’Etat français, depuis plus
de vingt, n’a permis de restituer qu’à peine 70 œuvres. Il s’agit d’un travail long et minutieux, parfois même trop administratif pour des descendants qui ne dispose plus de toutes les
preuves nécessaires de propriété. Pour accélérer le mouvement, et parce que George Clooney ne refera pas un film sur un tel sujet chaque année, la rue de Valois a décidé de lancer des recherches
par ses services même en l’absence de demande de restitution. Le ministère de la Culture dispose d’une cellule chargée du dossier MNR en lien avec les archives du Quai d’Orsay et un portail
spécifique lui est dédié, baptisé « Rose Valland », du nom de cette conservatrice du Jeu de Paume qui, durant l’Occupation, a aidé à sauver au péril de sa vie de très nombreuses œuvres
spoliées.
Par ailleurs un groupe de travail composé de l’équipe des MNR, de conservateurs, d’archivistes, d’historiens, de membres de la Commission d’indemnisation des victimes de spoliation (CIVS) et de
la Fondation pour la mémoire de la Shoah a été mis en place au printemps 2013. Son objectif est de centrer ses recherches sur (seulement) 145 œuvres dont la spoliation est quasi certaine.