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Auschwitz, Buchenwald,... les dates clés de la libération des camps

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INFOGRAPHIE - Il y a 70 ans, entre l'été 1944 et mai 1945 les troupes soviétiques et les armées alliées font reculer la ligne de front et libèrent peu à peu les camps de concentration nazis.

Prisonniers du camp de concentration de Dachau en Allemagne à la libération du camp le 29 avril 1945

Prisonniers du camp de concentration de Dachau en Allemagne à la libération du camp le 29 avril 1945

A partir de l'été 1944, l'avancée des troupes soviétiques permet la libération des premiers camps de concentration nazis. Si les camps d'extermination de Treblinka, Sobibor et Belzec ont été complètement détruits par les Allemands dès 1943, d'autres camps de la mort offrent aux yeux sidérés des libérateurs un spectacle effroyable et jusqu'alors inimaginable. Il en sera de même pour les soldats américains et britanniques qui découvrent en avril 1945 le cauchemar concentrationnaire. Quelques dates à retenir:

24 juillet 1944: Majdanek, premier camp de la mort découvert par les Russes

Le camp de concentration et d'extermination de Majdanek (ou Maïdanek) situé près de Lublin en Pologne est créé en 1941. Tout d'abord camp de travail forcé, il est transformé en 1943 en KZ (Konzentration-Läger ou camp de concentration). Il accueille des prisonniers de guerre ou politiques polonais et soviétiques et des Juifs. A partir de 1942, chambres à gaz et fours crématoires entrent en fonctionnement pour une extermination en masse des prisonniers. Le 3 novembre 1943 dans le cadre de l'opération «Erntefest» (fête des moissons»), 18.000 Juifs du camp sont fusillés. Le nombre total de victimes de Majdanek est estimé entre 170.000 et 235.000 personnes dont 60.000 à 80.000 Juifs. Le 17 juillet 1944, les SS procèdent dans la hâte à l'évacuation du camp et à une destruction heureusement partielle des documents et bâtiments, ce qui permettra aux troupes soviétiques, accueillies le 24 juillet par quelques centaines de prisonniers rescapés, de mettre la main sur les preuves du processus d'extermination.

23 novembre: Libération de Natzweiler-Struthof en Alsace annexée par l'Armée américaine

27 janvier 1945: L'Armée Rouge entre dans Auschwitz

Les troupes soviétiques qui entrent dans le camp d'Auschwitz ce 27 janvier 1945 ne savent pas encore qu'elles pénètrent dans le plus important rouage de la machine d'extermination nazie. Implanté près de la ville polonaise d'Oswiecim à partir de 1940, le complexe concentrationnaire est composé de trois camps principaux: Auschwitz I (camp de travail qui abrite les expériences du docteur Mengele), Auschwitz II ou Auschwitz-Birkenau et Auschwitz III ou Auschwitz-Monowitz. Le plus important et le plus tristement célèbre est Auschwitz II, camp d'extermination construit en 1941 qui compte quatre grands crématoriums avec chacun une chambre à gaz et des fours crématoires. En janvier 1945, à l'approche de l'armée rouge, les SS évacuent le camp entraînant des milliers de prisonniers dans les «marches de la mort».7.000 d'entre eux, souvent malades, restent sur place jusqu'à l'arrivée de l'Armée rouge libératrice. Au moins 1,3 million de personnes ont été déportées à Auschwitz, 1,1 million dont 960.000 Juifs y ont trouvé la mort.

28 février: Libération de Gross-Rosen en Allemagne par l'Armée soviétique

Auschwitz, Buchenwald,... les dates clés de la libération des camps

11 avril 1945: Buchenwald libéré par les troupes américaines

Le camp de Buchenwald s'est ouvert dès 1937 en Allemagne près de la ville de Weimar. Les détenus sont en majorité des prisonniers politiques mais des Juifs, des Tziganes, et des «associaux» y sont également internés. Les détenus politiques «prestigieux», comme Léon Blum ou Georges Mandel sont détenus à l'écart dans des conditions de confort incomparables. Le travail forcé, les expériences médicales, les mauvais traitements, la sous-alimentation et les exécutions sommaires sont le quotidien des 250.000 hommes déportés à Buchenwald entre 1937 et 1945. 56.000 d'entre eux y sont morts. Le 11 avril 1945, un noyau de prisonniers résistants réussit à prendre le contrôle du camp en partie évacué par les SS. Les soldats américains qui entrent dans le camp le même jour sont accueillis par 21.000 détenus survivants mais terriblement affaiblis. Le même jour le camp de Dora-Mittelbau, proche de Buchenwald est également libéré.

 

Prisonnières du camp de Bergen-Belsen en Allemagne, après la libération du camp.

Prisonnières du camp de Bergen-Belsen en Allemagne, après la libération du camp.

15 avril 1945: 60.000 détenus délivrés à Bergen-Belsen

Camp pour prisonniers de guerre, Bergen-Belsen est ouvert en Allemagne en 1940 et intégré au système concentrationnaire nazi en 1943. Opposants politiques, Juifs, Tziganes, Témoins de Jéhovah, homosexuels, toutes les catégories de victimes de la doctrine hitlérienne sont présentes à Bergen-Belsen. A l'approche de la défaite allemande, le camp devient un véritable mouroir: parce qu'il accueille les déportés évacués des camps proches du front, sa population passe de 7.300 prisonniers en juillet 1944 à 60.000 personnes en avril 1945. Le manque de nourriture, les structures insuffisantes, les épidémies qui se propagent font des ravages ; et aux milliers de cadavres entassés découverts par les soldats britanniques le 11 avril 1945 s'ajoutent dans les jours qui suivent, la mort de 13.000 anciens prisonniers malades et trop affaiblis. Au total, environ 50.000 personnes sont mortes à Bergen-Belsen dont Anne Frank en mars 1945.

22-23 avril: Libération en Allemagne de Sachsenhausen par l'Armée Rouge et de Flossenbürg par les Américains

29 avril 1945: Le premier camp de concentration nazi, Dachau, est enfin libéré

Créé en 1933 en Bavière, Dachau est le premier camp de concentration du régime nazi. Il est à l'origine destiné aux prisonniers politiques allemands puis aux Tziganes, Témoins de Jéhovah et homosexuels et enfin aux Juifs à partir de 1938. Presque 200.000 hommes en 12 ans sont internés à Dachau. Soumis au travail forcé, les détenus sont également des cobayes pour les monstrueuses expériences des médecins nazis. Comme Bergen-Belsen, Dachau est en 1945 la destination finale des nombreuses «marches de la mort». L'arrivée des nouveaux prisonniers provoque une surpopulation et une propagation du typhus dévastatrice. Lorsque Dachau est à son tour menacé par l'avance des troupes alliées, les SS commencent à procéder à une évacuation au cours de laquelle ils assassinent de nombreux prisonniers trop faibles pour marcher. A l'arrivée des Américains le 29 avril, plus de 30 wagons remplis de cadavres de prisonniers morts pendant le déplacement vers Dachau, sont encore stationnés.

Auschwitz, Buchenwald,... les dates clés de la libération des camps

30 avril 1945: L'Armée rouge arrive à Ravensbrück le camp des femmes

Ravensbrück est le seul camp de concentration nazi réservé aux femmes (un petit camp pour les hommes est implanté à côté mais reste totalement isolé de celui des femmes). Construit en 1938 dans le nord de l'Allemagne, il accueille ses premières prisonnières le 18 mai 1939. Un four crématoire et une chambre à gaz sont ajoutés respectivement en 1943 et 1944. 90.000 femmes environ trouvent la mort à Ravensbrück, affamées, torturées, exécutées, gazées ou soumises aux délires des médecins SS. De nombreux enfants également sont assassinés de manière effroyable. En mars 1945, les prisonnières sont emmenées dans des marches forcées au cours desquelles les survivantes sont libérées par les troupes soviétiques. Ces dernières pénètrent dans le camp de Ravensbrück le 30 avril: il ne reste que 3.500 détenues, souvent malades, dont beaucoup meurent dans les jours suivants.

Les derniers camps libérés:

5 mai: Neuengamme en Allemagne par les Britanniques et Mauthausen en Autriche par les Américains ;

8 mai: Theresienstadt (Terezin) en Tchécoslovaquie par l'Armée soviétique

9 mai: Stutthof en Pologne par l'Armée soviétique

 

Sources :

  • Encyclopédie multimédia de la Shoah de l'USHMM (United States Holocaust Memorial Museum)
  • Chronologie des évacuations et libération des camps, Cercle d'étude de la Déportation et de la Shoah-Amicale d'Auschwitz

 


Read TIME’s 1945 Report on the Horrors of Dachau

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Holocaust Memorial Day is observed in many nations on the day of the liberation of Auschwitz — 70 years ago, on Jan. 27, 1945 — but it is designed to also encourage remembrance of those killed by Nazis elsewhere. (Some nations observe days of remembrance on other dates.)

The May 7, 1945, cover of TIME

The May 7, 1945, cover of TIME

When the May 7, 1945, issue of TIME was published, those memories were still fresh. The magazine’s correspondent Sidney Olson had just accompanied the U.S. Army during the liberation of Dachau, and the report he filed would have shocked even readers who were aware of the Nazis’ crimes.

This is what he wrote:

    Beside the highway into Dachau there runs a spur line off the Munich railroad. Here a soldier stopped us and said: “I think you better take a look at these box-cars.” The cars were filled with dead men. Most of them were naked. On their bony, emaciated backs and rumps were whip marks. Most of the cars were open-top cars like American coal cars. I walked along these cars and counted 39 of them which were filled with these dead. The smell was very heavy. I cannot estimate with any reasonable accuracy the number of dead we saw here, but I counted bodies in two cars and there were 53 in one and 64 in another.

    The main entry road runs past several largish buildings. These had been cleared; and now we began to meet the liberated. Several hundred Russians, French, Yugoslavs, Italians and Poles were here, frantically, hysterically happy. They began to kiss us, and there is nothing you can do when a lot of hysterical, unshaven, lice-bitten, half-drunk, typhus-infected men want to kiss you. Nothing at all. You cannot hit them, and besides, they all kiss you at the same time. It is no good trying to explain that you are only a correspondent. A half-dozen of them were especially happy and it turned out they were very proud: they had killed two German soldiers themselves.

    …We went on, and the great size of the establishment of Dachau began to open before us. Buildings and barracks spread on and on. Outside one building, half covered by a brown tarpaulin, was a stack about five feet high and about 20 feet wide of naked dead bodies, all of them emaciated. We went on around this building and came to the central crematory. The rooms here, in order, were: 1) the office where the living and the dead were passed through and where all their clothing was stripped from them; 2) the Brausebad (shower) room, where the victims were gassed; and 3) the crematory. In the crematory were two large furnaces. Before the two furnaces were hooks and pulleys on rafters above them. Here, according to a number of Frenchmen, the SS men often hanged prisoners by the necks or by the thumbs or whatever their fancy dictated. From here the victims could watch while being whipped and tortured as their comrades were slid into the furnace.

    Each of these pitiful, happy, starved, hysterical men wanted to tell us his home country, his home city, and ask us news and beg for cigarets. The eyes of these men defy my powers of description. They are the eyes of men who have lived in a super-hell of horrors for many years, and are now driven half-crazy by the liberation they have prayed so hopelessly for.

Guillaume Zeller: «2 579 prêtres catholiques et séminaristes ont été déportés à Dachau»

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Guillaume Zeller est journaliste et rédacteur en chef de DirectMatin.fr. Il a également été chargé d'enquêtes au service historique de l'Armée de Terre. Son nouveau livre «La Baraque des prêtres, Dachau, 1938-1945» vient de paraître aux Éditions Tallandier.

Guillaume Zeller: «2 579 prêtres catholiques et séminaristes ont été déportés à Dachau»

Comment expliquer le nombre de prêtres, de séminaristes et de moines déportés à Dachau?

De 1938 à 1945, 2 579 prêtres, séminaristes et moines catholiques ont été déportés par les nazis, ainsi qu'environ 141 pasteurs protestants et prêtres orthodoxes. S'agissant des catholiques, le Vatican est impuissant à empêcher leur déportation. Le Saint-Siège obtient seulement qu'ils soient regroupés à Dachau. Ces hommes d'Église viennent de toute l'Europe: Allemagne, Autriche, Tchécoslovaquie, Pologne, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, France ou encore Italie.

    Les prêtres allemands paient souvent le prix de leur opposition au programme d'euthanasie hitlérien. Pour leur part, des prêtres français sont déportés en raison de leur participation active à la résistance intérieure.

Ils ne sont pas arrêtés en tant que prêtres catholiques stricto sensu mais pour des raisons variées. Les Allemands paient souvent le prix de leur opposition au programme d'euthanasie hitlérien, le plan T4. Les prêtres polonais sont considérés comme des élites slaves par les nazis et figurent parmi leurs cibles, comme en témoignent les rapports envoyés par Heydrich au sujet des arrestations conduites par les Einsatzgruppen en Pologne en 1940. Pour leur part, des prêtres français -ils sont 156 à Dachau- sont déportés en raison de leur participation active à la résistance intérieure.

Comment s'organise la résistance morale et spirituelle des prêtres et des séminaristes déportés dans ce camp?

Les religieux de Dachau connaissent les mêmes souffrances que leurs camarades laïques. Des 2 720 religieux, 1 034 -dont 868 Polonais- meurent dans le camp jusqu'à sa libération. Mais ils parviennent dans l'ensemble à conserver une étonnante dignité, alors que tout est entrepris par les SS, appuyés par les kapos, pour déshumaniser et avilir les prisonniers. Primo Levi, pourtant athée, avait observé dans Si c'est un homme la remarquable tenue morale et intellectuelle de rabbins déportés à Auschwitz. Si les circonstances sont différentes, le constat est comparable pour les prêtres de Dachau. Ces hommes d'Église s'efforcent de maintenir les vertus de foi, d'espérance et de charité. La prière, les sacrements, le soutien apporté aux malades et aux mourants, l'organisation de formations théologiques ou pastorales clandestines et la reconstitution de la hiérarchie ecclésiale sont une armature qui leur permet de préserver leur humanité. Le précédent des persécutions de l'Église pendant les premiers siècles du christianisme est également présent à leur esprit et dans leur cœur.

    Des 2 720 religieux, 1 034 dont 868 Polonais meurent dans le camp jusqu'à sa libération.

Votre livre foisonne d'histoires individuelles bouleversantes…

    Dans leur grande majorité, les prêtres de Dachau ne cèdent pas à ce mécanisme. Au contraire, les épisodes héroïques abondent.

La perversité de l'œuvre concentrationnaire réside en particulier dans le fait que les SS dressent les détenus les uns contre les autres. Le pire ennemi du déporté devient souvent le déporté lui-même. Or, dans leur grande majorité, les prêtres de Dachau ne cèdent pas à ce mécanisme. Au contraire, les épisodes héroïques abondent. Lors de l'hiver 1944-1945, les déportés sont décimés par une épidémie de typhus. Alors que SS et kapos désertent les baraques contaminées, plusieurs dizaines de prêtres s'y enferment volontairement, en toute conscience des risques encourus, pour soigner et consoler les agonisants. Certains en mourront. Autre épisode: l'ordination clandestine d'un jeune séminariste allemand à l'article de la mort, Karl Leisner, par un évêque français, Mgr Gabriel Piguet, évêque de Clermont-Ferrand, maréchaliste mais déporté à Dachau pour son soutien aux filières d'hébergement des Juifs, et qui fait aujourd'hui partie des Justes de Yad Vashem. L'ordination clandestine de ce jeune séminariste allemand mourant, unique dans l'histoire de l'Église, a été célébrée dans une authentique chapelle, aménagée dans l'une des baraques du camp réservées aux religieux. Sur décision de Jean-Paul II, de Benoît XVI et de François, 56 ecclésiastiques morts à Dachau ont été béatifiés à la suite de procès établissant la pratique de vertus naturelles et chrétiennes, de façon exemplaire ou héroïque. Et le camp de Dachau demeure le plus grand cimetière de prêtres catholiques du monde.

Buchenwald : Bertrand Herz a quinze ans et ne veut pas mourir

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Le pull-over de Buchenwald est le témoignage d'un adolescent français qui a survécu à la déportation au camp de concentration nazi.

Bertrand Herz

Bertrand Herz

Comment raconter l'innommable, surtout quand il vous touche de si près? Bertrand Herz était encore adolescent quand il a été interné à Buchenwald, après avoir grandi au Vésinet, une vie «heureuse et active, parmi la famille et les amis, mêlant l'école, la musique et les jeux». L'intéressé le dit d'emblée, il aurait pu, il aurait dû disparaître, victime des mille et un sévices qui faisaient l'ordinaire du camp, des travaux exténuants aux redoutables infections en passant par les sévères brimades. Des premiers jours, à l'été 1944, au bloc 52 qui accueillait les nouveaux arrivants jusqu'à son retour vers Paris au printemps 1945, ces pages sont une lente plongée en enfer.

Mais Bertrand Herz est un survivant qui doit au moins autant à sa personnalité trempée qu'à sa robustesse d'avoir défié l'appareil de mort SS. La force de son témoignage, en marge de son horizon dramatique, c'est qu'il est pris sur le vif. Pas de circonvolutions, pas d'introspection ou d'analyse psychologique: le jeune homme raconte Buchenwald au plus près, de façon tellement intense que l'on côtoie presque physiquement les baraquements ou les ateliers de production.

Dévorés par des bestioles

Chaque journée est une aventure d'un autre âge, où les appels, les nourritures minimales, la misère et la pouillerie testent les limites de chacun: «Nous sommes dévorés par des bestioles, des punaises et des puces. C'est un véritable supplice de se gratter constamment», se souvient Bertrand Herz, qui déroule aussi en arrière-fond les grands épisodes de la fin de la guerre.

Paradoxalement, le retour à la liberté n'est pas chose facile: après la déportation, son souvenir tenace et le poids des disparitions sont de nouveaux obstacles qu'il faut surmonter.

Le pull-over de Buchenwald, de Bertrand Herz, Tallandier, 247 p., 19,90 €.

Primo Levi témoigne sur Auschwitz

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Sous le titre Ainsi était Auschwitz, les éditions Einaudi publient en Italie un recueil d'inédits de l'écrivain italien, auteur de Si c'est un homme.

L'écrivain italien Primo Levi

L'écrivain italien Primo Levi

Issu d'une grande famille juive de Turin, diplômé de chimie, Primo Levi avait été arrêté en décembre 1943 par la milice fasciste, trois mois après être entré dans la Résistance, et déporté le 22 février 1944, à vingt-quatre ans, à Auschwitz. Sur les 650 personnes du convoi, 95 survivront. Toutes les autres ont été gazées dès leur arrivée.

Primo Levi a recueilli les noms de 71 de ces survivants sélectionnés pour le travail forcé, adjoignant des notes personnelles, dans un véritable devoir de mémoire. En 1971, il remit cet inventaire au procureur allemand qui instruisait le procès d'un criminel de guerre. Le recueil s'enrichit de témoignages, de considérations sur les conditions sanitaires effroyables d'Auschwitz et de documents scientifiques sur le Zyklon B. Primo Levi s'est suicidé en 1987 après avoir publié Si c'est un homme (en 1947) et La Trêve (1963). Ce qui a fait dire à Elie Wiesel qu'il «était mort à Auschwitz quarante ans après».

Maspero Henri

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Henri Paul Gaston Maspero, né à Paris Ve le 15 décembre 1883 et mort en déportation au camp de Buchenwald le 17 mars 1945, est un sinologue français. Il s'illustra par sa fine érudition et un travail pionnier qui fait référence sur le taoïsme.

Maspero Henri Maspero Henri

Fils de l’égyptologue Gaston Maspero, qu'il accompagne en Égypte en 1905, demi-frère du sinologue Georges Maspero, il épouse Hélène Clerc et est le père de Jean, né en 1925, résistant, volontaire de la 3e armée américaine, tué au combat le 8 septembre 1944 et de l'écrivain et éditeur François Maspero. Henri Maspero étudie le droit puis le chinois à l'Institut national des langues et civilisations orientales. En 1908, il est pensionnaire de l’École française d'Extrême-Orient à Hanoï pour y étudier les langues et coutumes des peuples indochinois. D'abord nommé professeur à l’École Française d'Extrême-Orient (1911).

Il succède ensuite à son maître Édouard Chavannes à la chaire de chinois du Collège de France en 1918, puis remplace Marcel Granet à la chaire de civilisation chinoise à la Sorbonne et dirige le département Religions de la Chine à l’École pratique des hautes études. En 1935, il est élu membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Il est chevalier de la Légion d'Honneur et décoré de la médaille de la résistance. Le 28 juillet 1944, Henri et son épouse, Hélène Maspero-Clerc, sont arrêtés par les nazis, sur « soupçons d’activité terroriste » portant sur leur fils ; internés à la prison de Fresnes, ils sont ensuite déportés. Henri Maspero meurt le 17 mars 1945, au camp de Buchenwald, un mois avant la libération du camp par l'armée américaine.

 

Janson Paul-Émile

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Paul-Émile Janson (né le 30 mai 1872, Bruxelles - Buchenwald, 3 mars 1944) est une personnalité politique libérale belge. Il est le fils de Paul Janson, qui fut lui aussi Ministre d'État.

Janson Paul-Émile

Il était avocat et devint, en 1910, député à la Chambre. De 1935 à 1936, il fut sénateur coopté. Il occupa plusieurs fonctions ministérielles : Défense nationale, Justice, Affaires étrangères. Il a été Premier ministre de Belgique du 24 novembre 1937 au 15 mai 1938. Ce gouvernement fut difficile à former, dans une période politiquement instable et un environnement international tendu. Ce gouvernement créa des conseils culturels néerlandais et français et introduisit un projet de loi sur l'usage des langues dans l'armée.

Il était l'oncle du socialiste Paul-Henri Spaak qui lui succéda comme premier ministre. Il fut également professeur à l'Université libre de Bruxelles, dont le plus grand amphithéâtre portera plus tard le nom. Réfugié dans le midi de la France en 1940, il fut arrêté par les Allemands dès l'invasion de la zone sud. Déporté à Sachsenhausen, puis à Buchenwald où il mourut en 1944. 

Crémieux Benjamin

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Benjamin Crémieux (1er décembre 1888 à Narbonne en France - le 14 avril 1944 au camp de concentration de Buchenwald en Allemagne) était un critique littéraire français de religion juive et un déporté-résistant.

Crémieux Benjamin

Benjamin Crémieux est né le 1er décembre 1888 au 30 de la rue du Pont-des-Marchands à Narbonne, où une plaque commémorative a été installée en son honneur. Il n'oubliera jamais ses origines méridionales et le riche passé du Languedoc où ses aïeux juifs s'étaient réfugiés dès le XIVe siècle. En 1921, Benjamin Crémieux publie son premier roman autobiographique, Le Premier de la classe, où il relate son adolescence narbonnaise et ses études au collège Victor Hugo. Le roman obtient la bourse américaine Blumenthal. Agrégé, puis docteur ès lettres, la carrière de Benjamin Crémieux est celle d’un intellectuel brillant, universitaire, chargé de missions diplomatiques, mais aussi découvreur passionné de la nouveauté littéraire : en 1924, il publie dans la Nouvelle Revue française la première étude connue sur l’œuvre de Proust. C'est Jean Paulhan qui l'invite à collaborer à la Nouvelle Revue française.

À la même époque, il révèle Pirandello au public parisien, en faisant jouer ses plus importantes pièces. S’égrènent ensuite maints travaux critiques, dont la littérature italienne moderne est le sujet de prédilection. En 1930, son troisième ouvrage, un peu à part dans sa production, est un récit narbonnais intitulé La Grenouille et les Trois Nourrices, publié à Carcassonne, dans la collection À la Porte d’Aude, et dédié à la mémoire de François Baron, Louis Huilliet et Georges Piglowski, trois de ses amis narbonnais morts à la guerre. Dans l’Université du temps, aux yeux des idéologues racistes, Benjamin Crémieux, qui occupe notamment dans les années 1940 le poste de secrétaire général du PEN club français, incarne le cosmopolitisme de l’intellectuel juif. Aussi est-il souvent désigné comme tel à la vindicte fascisante. Il publie le 1er mai 1942 avec René Milhaud un manifeste contre la politique anti-juive de Vichy. 

Entré en 1941 dans la Résistance à la suite de son fils avec le mouvement Combat, il organise à Marseille, sous le pseudonyme de Lamy, un réseau de renseignements. Il est parmi les recruteurs du Noyautage des administrations publiques. Arrêté en avril 1943, il est transféré à la prison de Fresnes puis, au début de l’année suivante, au camp de concentration de Buchenwald, où il meurt d'épuisement le 14 avril 1944. En 1947, David Rousset consacre huitième chapitre de son récit L'Univers concentrationnaire à Benjamin Crémieux (« J'étends mon lit dans les ténèbres »). En 1945, lorsqu'elle apprend sa mort, la romancière et traductrice Marie-Anne Comnène fait paraître chez Gallimard son huitième roman, intitulé France, qu'elle dédie à son mari, Benjamin Crémieux.

Publications

  • Du côté de Marcel Proust suivi de Lettres inédites de Marcel Proust à Benjamin Crémieux, 1919
  • Le Premier de la classe, 1921
  • L'Esprit européen dans la littérature d'aujourd'hui, 1926
  • Une conspiratrice en 1830, ou le Souper sans la Belgiojoso , 1928
  • Panorama de la littérature italienne contemporaine, 1928
  • La Grenouille et les Trois Nourrices, 1930
  • Littérature italienne, 1931
  • Benjamin Crémieux, XXe Siècle, première série, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Cahiers de la NRF »,‎ 2010 (1re éd. 1924) (ISBN 9782070129331)
  • Benjamin Crémieux, Inquiétude et Reconstruction. Essai sur la littérature d'après-guerre, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Cahiers de la NRF »,‎ 2010 (1re éd. 1931) (ISBN 9782070131976)

La mort suspecte d’un procureur embarrasse Cristina Kirchner

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Cristina Kirchner n’a pas réussi à éteindre l’incendie allumé par la mort suspecte, le 18 janvier à Buenos Aires, du procureur Alberto Nisman. L’annonce, par la présidente argentine, de sa volonté de dissoudre le Secrétariat au renseignement (SI), le principal service de renseignement du pays, qui doit être remplacé par une Agence fédérale d’intelligence, a été durement critiquée mardi par l’opposition.

La mort suspecte d’un procureur embarrasse Cristina Kirchner

Le jour de sa mort, le procureur Nisman devait témoigner devant les parlementaires réunis à huis clos sur les obstructions supposées de Mme Kirchner à l’enquête sur l’attentat antisémite du 18 juillet 1994 contre l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA), qui avait coûté la vie à 84 personnes. L’attentat est attribué par la justice argentine au Hezbollah libanais et à la République islamique d’Iran. Mme Kirchner est soupçonnée d’avoir voulu couvrir l’Iran pour décrocher des contrats commerciaux.

Sur les réseaux sociaux, Mme Kirchner avait affirmé dans un premier temps, qu’il s’agissait d’un suicide, mais, deux jours plus tard, s’était déclarée convaincue qu’il s’agissait d’un assassinat. La présidente argentine a dénoncé un complot, qui serait orchestré par une partie de la justice et des services secrets, des groupes économiques et les médias d’opposition. Elle a qualifié « de château de cartes » les accusations du procureur Nisman, qui aurait été selon elle « manipulé puis sacrifié par d’anciens agents des services secrets ».

L’ancien chef de la SI, Jaime Stiusso, que Mme Kirchner avait limogé en décembre, garde le silence. On ignore s’il est en Argentine ou s’il a quitté le pays. Il était le principal informateur du procureur Nisman et l’aurait averti qu’on allait le tuer. L’ex-femme de Nisman, la juge fédérale Sandra Arroyo Salgado, a catégoriquement rejeté la thèse du suicide, rappelant que son ex-mari avait reçu beaucoup de menaces de mort. Le magistrat avait confié à des députés de l’opposition « avoir été trahi par un agent secret » ajoutant que « cela pourrait lui coûter la vie ».

« Aucune autocritique »

Le projet de dissolution du SI devrait être débattu la semaine prochaine au Congrès, où le parti péroniste au pouvoir détient la majorité. Le chef de l’Union civique radicale (UCR), Ernesto Sanz, a jugé inopportun de discuter de ce projet maintenant, à seulement neuf mois de la présidentielle d’octobre, à laquelle la Constitution n’autorise pas Mme Kirchner de se représenter pour un troisième mandat consécutif. M. Sanz estime que ce sera au prochain gouvernement de décider.

« Cela ne sert à rien que Cristina apparaisse à la télévision pour exposer ses théories », a lancé le maire de droite de Buenos Aires, Mauricio Macri, candidat à la prochaine présidentielle. « Le SI ne va pas changer avec un simple changement de nom », a-t-il ajouté, priant Mme Kirchner « d’arrêter de se présenter comme une victime ».

Le gouvernement cherche à « politiser encore plus » les services de renseignement, juge Clarin, le principal quotidien argentin. Le quotidien La Nacion (conservateur) reproche à Mme Kirchner de parler « sans faire aucune autocritique, sans preuves et sans présenter de condoléances » à la famille Nisman.

Contrairement à ses traditionnelles apparitions à la télévision, dans son bureau présidentiel, Cristina Kirchner est apparue, lundi, dans un espace réduit et dépouillé, faisant penser à une chambre d’hôpital, assise dans un fauteuil roulant, pantalon et blouse blancs, une botte orthopédique à sa cheville gauche, à la suite d’une fracture. Depuis la mort de Nisman, elle est enfermée dans la résidence présidentielle d’Olivos, dans la banlieue de la capitale, entourée d’un cercle intime de conseillers, dont son fils Maximo Kirchner.

« On ne peut d’aucune manière associer la présidente à des pactes avec des terroristes », a affirmé le gouverneur de la province de Buenos Aires, Daniel Scioli, qui devrait être le candidat péroniste à la présidence, faisant allusion aux accusations du procureur Nisman.

Témoignages contradictoires

Dans la canicule de l’été austral, les Argentins suivent avec stupeur et inquiétude les rebondissements d’une affaire d’Etat, qui met à nu la fragilité des institutions, et offre tous les ingrédients d’un roman d’espionnage. Les deux principales entités juives argentines, l’AMIA et la Délégation d’associations israélites argentines (DAIA) ont exigé une enquête sur « les causes véritables de la mort de Nisman ».

Car l’enquête piétine. On ne sait toujours pas si Alberto Nisman s’est suicidé ou s’il a été assassiné. Il disposait de dix gardes du corps, membres de la police fédérale. Deux d’entre eux, chargés de sa surveillance au moment de sa mort, ont été limogés, le 27 janvier, après avoir fourni des témoignages contradictoires. Le premier journaliste à avoir fait état de la mort du procureur Nisman a quitté l’Argentine pour se réfugier en Israël car il dit craindre pour sa vie. « Je pars parce que ma vie est en danger », a affirmé Damian Pachter, journaliste au Buenos Aires Herald.

La seule personne mise en cause par la justice est pour l’instant un informaticien de 35 ans, Diego Lagomarsino, collaborateur de Nisman, qui est accusé d’avoir prêté au magistrat, la veille de sa mort, son arme personnelle, ce qui constitue un délit. D’après les investigations, il est la dernière personne à avoir vu Alberto Nisman en vie.

L’histoire récente de l’Argentine est ponctuée de morts douteuses, aux allures mafieuses, jamais éclaircies, qui confortent dans l’esprit des citoyens un sentiment d’impunité. Plus de vingt ans après, les attentats antisémites contre l’ambassade d’Israël en 1992, puis deux ans plus tard contre l’AMIA, n’ont toujours pas été élucidés. Plus de 70 % des Argentins ne croient pas au suicide de Nisman.

Allemagne: l’hommage du président Joachim Gauck aux victimes du nazisme

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Le président allemand Joachim Gauck a prononcé un discours en hommage aux victimes du nazisme, mardi 27 janvier, devant les députés du Bundestag, 70 ans après la libération d’Auschwitz.

Allemagne: l’hommage du président Joachim Gauck aux victimes du nazisme

Trois point à retenir dans son intervention:

  • pas d’identité allemande sans Auschwitz;
  • l’Allemagne transformée par l’immigration et par les jeunes qui n’ont pas connu la guerre devient « une communauté de responsabilité« ;
  • l’Allemagne a une mission de protection des « droits de chaque être humain. »

Extraits:

« Pas d’identité allemande sans Auschwitz »:

    « Les générations futures vont certainement chercher des nouvelles formes de commémoration. Et tandis que l’Holocauste ne sera pas nécessairement parmi les éléments centraux de l’identité allemande pour tout le monde dans notre pays, il faudra encore tenir pour vrai qu’il n’y a pas d’identité allemande sans Auschwitz. La mémoire de l’Holocauste demeure l’affaire de tous les citoyens qui vivent en Allemagne. »

« Une communauté de responsabilité »:

    « Approcher l’Holocauste comme un crime contre l’humanité offre une point d’accès pour les immigrants qui ne s’identifient pas – ou pas encore- comme Allemands. Cette approche n’est pas toujours facile. Certains immigrants ont expérimenté eux-mêmes la persécution dans leur pays d’origine. Certains viennent de pays où l’antisémitisme et de la haine d’Israël sont répandus. Dans les cas où de telles attitudes ont une influence persistante sur les immigrants et affectent leur perception des événements actuels, nous devons jamais nous lasser de leur transmettre la vérité historique et les valeurs de cette société. »

    « Chacun d’entre nous qui se considère chez lui en Allemagne est responsable du chemin que notre pays prendra. Une jeune femme issue d’une famille d’immigrants l’a magnifiquement exprimé dans une lettre « Je n’ai pas d’ancêtres allemands mais j’aurai des descendants allemands. Et ils me tiendront responsable des injustices et des brutalités qui sont réalisées sur notre sol aujourd’hui. « 

    « Avec cette déclaration, elle fait partie d’une communauté de responsabilité partagée, indépendamment de toute communauté d’expérience commune. »

« Une mission de protection des droits de chaque être humain »:

    « Nos obligations morales ne peuvent pas être remplies uniquement dans le souvenir. Il existe aussi en nous une certitude profonde et durable que le souvenir nous donne une mission. »

    « Cette mission nous dit de protéger et de préserver l’humanité. Elle nous dit de protéger et préserver les droits de chaque être humain. »

    « Nous disons cela à un moment où nous devons travailler en Allemagne pour atteindre une nouvelle compréhension de la coexistence de différentes traditions religieuses et culturelles. La communauté dans laquelle nous voulons tous vivre ne fera que s’épanouir si nous respectons la dignité de l’individu et si nous vivons dans la solidarité.«

Holocauste: l’ambivalence des Allemands

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La fondation Bertelsmann a publié, lundi 26 janvier, une enquête sur le rapport des Allemands et des Israéliens au passé (l’Holocauste) et au présent (« L’Allemagne et Israël aujourd’hui: un passé qui unit, un présent qui sépare »).

Holocauste: l’ambivalence des Allemands

Trois points à retenir:

1. l’ambivalence des Allemands par rapport au passé nazi

37% des Allemands considèrent «tout à fait exacte» l’affirmation «Nous devrions plutôt nous occuper des problèmes actuels que des crimes contre les Juifs, qui ont été commis il y a plus de 60 ans», contre 27% des Israéliens de confession juive.

55% des Allemands se prononcent en faveur de l’affirmation selon laquelle il faudrait «enfin tirer un trait sur le passé» contre seulement 22% des juifs israéliens.

42% des Allemands estiment que l’affirmation «Aujourd’hui, près de 70 ans après la fin de la guerre, nous ne devrions plus autant parler de la persécution des juifs, mais enfin tirer un trait sur le passé» est «fausse», soit plus du double qu’en 1991, où ils n’étaient que 20% à le penser.

2. les Israéliens ont une image positive de l’Allemagne. Les Allemands ont une image plutôt négative d’Israël

68% des Juifs israéliens interrogés affirment avoir une image positive de l’Allemagne alors que 48 % des Allemands ont une image négative d’Israël. 

3. l’existence d’un certain antisémitisme en Allemagne

35 % des Allemands comparent la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens avec le nazisme contre 30 % en 2007.

23 % des Allemands pensent que les Juifs ont trop d’influence dans le monde contre 36 % au début des années 1990.

Le Royaume-Uni commémore la mort de Churchill

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Les Britanniques célèbrent solennellement vendredi le cinquantième anniversaire de la mort de Winston Churchill, le «Vieux Lion» qui défia Hitler et dont le courage, l'audace et la pugnacité sont encore cités en exemple au Royaume-Uni et au-delà.

Churchill s'est éteint le 24 janvier 1965 à Londres à l'âge 90 ans et «ce jour-là, c'est l'Empire britannique qui est mort avec lui», écrivait récemment le quotidien Daily Telegraph

Churchill s'est éteint le 24 janvier 1965 à Londres à l'âge 90 ans et «ce jour-là, c'est l'Empire britannique qui est mort avec lui», écrivait récemment le quotidien Daily Telegraph

Churchill s'est éteint le 24 janvier 1965 à Londres à l'âge 90 ans et «ce jour-là, c'est l'Empire britannique qui est mort avec lui», écrivait récemment le quotidien Daily Telegraph, signe de l'empreinte de géant que l'ancien Premier ministre et chef de guerre a laissé sur ses compatriotes.

Ses funérailles nationales ont eu lieu le 30 janvier 1965 en présence de la reine Elizabeth II. Retransmise en direct à la télévision, la cérémonie funéraire est suivie par 350 millions de personnes à travers le monde.

Pour le cinquantième anniversaire de sa mort, des célébrations sont organisées tout au long de l'année au Royaume-Uni avec, en point culminant vendredi, une procession funéraire sur la Tamise. Comme en 1965, lorsque la dépouille de Churchill fut convoyée sur le Havengore, une barge de 26 mètres.

«Le Havengore (l')avait emmené pour un dernier voyage exceptionnel après un service religieux (en la cathédrale) Saint-Paul», raconte à l'AFP son arrière-petit-fils, Randolph Churchill. «Ce souvenir restera à jamais gravé dans la mémoire collective».

Vendredi, le passage de l'embarcation devait être salué au son des canons du HMS Belfast, navire de guerre transformé en musée, tandis qu'une cérémonie est prévue devant le palais de Westminster, la résidence du Parlement en plein coeur de Londres.

Fastueuses et solennelles, ces commémorations témoignent de l'héritage de cet homme connu pour son caractère impétueux, ses cigares et son chapeau melon.

«Un demi-siècle après sa mort, Winston Churchill continue d'inspirer le pays dont il a préservé la liberté, mais aussi le monde entier», a déclaré le chef du gouvernement britannique David Cameron, reconnaissant volontiers que «Churchill fut le meilleur des premiers ministres».

Churchill n'a pourtant pas toujours été considéré comme un héros national: «Soyons honnêtes, Churchill, c'était souvent une catastrophe», souligne The Times dans un article publié cette semaine.

Son échec le plus retentissant reste probablement la désastreuse expédition des Dardanelles (février 1915-janvier 1916) qui se solda par une déroute et 180 000 morts du côté allié.

«Nous ne nous rendrons jamais»

Mais Churchill n'a pas manqué son rendez-vous avec l'Histoire: premier ministre de 1940 à 1945, il mène la Grande-Bretagne à la victoire dans la Seconde Guerre mondiale, et trouve les mots pour rassembler derrière lui tout un peuple inquiet de la progression des troupes du IIIe Reich dans toute l'Europe.

«Nous nous battrons sur les plages. Nous nous battrons sur les terrains de débarquement. Nous nous battrons dans les champs, et dans les rues, nous nous battrons dans les montagnes. Nous ne nous rendrons jamais», lance-t-il ainsi en juin 1940.

«Il est parvenu à changer le cours de l'histoire en faisant preuve de leadership à un moment où le pays perdait la foi», estime Randolph Churchill.

Cet homme de mots et d'action était également un homme de lettres, prix Nobel de littérature en 1953, mais aussi un peintre doué, un art où, comme en politique, il prônait «l'audace».

Objet d'un véritable culte depuis sa mort, Churchill est, pour beaucoup de Britanniques, bien davantage qu'une figure historique, explique Richard Toye, professeur de l'Université d'Exeter, auteur de plusieurs ouvrages sur le «Vieux Lion».

«Les gens continuent d'avoir un rapport émotionnel avec lui (...) et certains vivent une attaque contre Churchill comme si elle s'adressait à eux-mêmes», ajoute l'universitaire.

La passion Churchill a depuis longtemps dépassé les frontières britanniques et on ne compte plus les hommages aux quatre coins du monde.

Dernièrement en France, les élèves de l'École nationale d'administration (ENA) ont baptisé leur promotion 2014-2015 «Winston Churchill».

Aux États-Unis, le Congrès a inauguré en 2013 un buste en bronze du «meilleur ami» de l'Amérique,héros international et pourtant tellement «british».

«Si le Britannique -- son excentricité, sa grande générosité, sa force de caractère -- devait être incarné par une personne, ce serait Winston Churchill», disait Mo Mowlam, une ancienne ministre de Sa Majesté.

Le Royaume-Uni commémore la mort de Churchill, le "Vieux Lion" éternel

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Les Britanniques célèbrent solennellement vendredi le cinquantième anniversaire de la mort de Winston Churchill, le "Vieux Lion" qui défia Hitler et dont le courage, l'audace et la pugnacité sont encore cités en exemple au Royaume-Uni et au-delà.

Photo non datée de Winston Churchill faisant le signe de la victoire - Randolph Churchill pose le 29 janvier 2015 devant un portrait de son arrière-grand-père Winston Churchill, à bord du Havengore, le bateau qui transporta l'ancien Premier ministre britannique pour son dernier voyagePhoto non datée de Winston Churchill faisant le signe de la victoire - Randolph Churchill pose le 29 janvier 2015 devant un portrait de son arrière-grand-père Winston Churchill, à bord du Havengore, le bateau qui transporta l'ancien Premier ministre britannique pour son dernier voyage

Photo non datée de Winston Churchill faisant le signe de la victoire - Randolph Churchill pose le 29 janvier 2015 devant un portrait de son arrière-grand-père Winston Churchill, à bord du Havengore, le bateau qui transporta l'ancien Premier ministre britannique pour son dernier voyage

Churchill s'est éteint le 24 janvier 1965 à Londres à l'âge 90 ans et "ce jour-là, c'est l'Empire britannique qui est mort avec lui", écrivait récemment le quotidien Daily Telegraph, signe de l'empreinte de géant que l'ancien Premier ministre et chef de guerre a laissé sur ses compatriotes.

Ses funérailles nationales ont eu lieu le 30 janvier 1965 en présence de la reine Elizabeth II. Retransmise en direct à la télévision, la cérémonie funéraire est suivie par 350 millions de personnes à travers le monde.

Pour le cinquantième anniversaire de sa mort, des célébrations sont organisées tout au long de l'année au Royaume-Uni avec, en point culminant vendredi, une procession funéraire sur la Tamise. Comme en 1965, lorsque la dépouille de Churchill fut convoyée sur le Havengore, une barge de 26 mètres.

"Le Havengore (l')avait emmené pour un dernier voyage exceptionnel après un service religieux (en la cathédrale) Saint-Paul", raconte à l'AFP son arrière petit-fils, Randolph Churchill. "Ce souvenir restera à jamais gravé dans la mémoire collective".

Vendredi, le passage de l'embarcation devait être salué au son des canons du HMS Belfast, navire de guerre transformé en musée, tandis qu'une cérémonie est prévue devant le palais de Westminster, la résidence du Parlement en plein cœur de Londres.

Fastueuses et solennelles, ces commémorations témoignent de l'héritage de cet homme connu pour son caractère impétueux, ses cigares et son chapeau melon.

"Un demi-siècle après sa mort, Winston Churchill continue d'inspirer le pays dont il a préservé la liberté, mais aussi le monde entier", a déclaré le chef du gouvernement britannique David Cameron, reconnaissant volontiers que "Churchill fut le meilleur des Premiers ministres".

Churchill n'a pourtant pas toujours été considéré comme un héros national: "Soyons honnêtes, Churchill, c'était souvent une catastrophe", souligne The Times dans un article publié cette semaine.

Son échec le plus retentissant reste probablement la désastreuse expédition des Dardanelles (février 1915-janvier 1916) qui se solda par une déroute et 180.000 morts du côté allié.

'Nous ne nous rendrons jamais'

Mais Churchill n'a pas manqué son rendez-vous avec l'Histoire: Premier ministre de 1940 à 1945, il mène la Grande-Bretagne à la victoire dans la Seconde Guerre mondiale, et trouve les mots pour rassembler derrière lui tout un peuple inquiet de la progression des troupes du IIIe Reich dans toute l'Europe.

"Nous nous battrons sur les plages. Nous nous battrons sur les terrains de débarquement. Nous nous battrons dans les champs, et dans les rues, nous nous battrons dans les montagnes. Nous ne nous rendrons jamais", lance-t-il ainsi en juin 1940.

"Il est parvenu à changer le cours de l'histoire en faisant preuve de leadership à un moment où le pays perdait la foi", estime Randolph Churchill.

Cet homme de mots et d'action était également un homme de lettres, prix Nobel de littérature en 1953, mais aussi un peintre doué, un art où, comme en politique, il prônait "l'audace".

Objet d'un véritable culte depuis sa mort, Churchill est, pour beaucoup de Britanniques, bien davantage qu'une figure historique, explique Richard Toye, professeur de l'Université d'Exeter, auteur de plusieurs ouvrages sur le "Vieux Lion".

"Les gens continuent d'avoir un rapport émotionnel avec lui (...) et certains vivent une attaque contre Churchill comme si elle s'adressait à eux-mêmes", ajoute l'universitaire.

La passion Churchill a depuis longtemps dépassé les frontières britanniques et on ne compte plus les hommages aux quatre coins du monde.

Dernièrement en France, les élèves de l’Ecole nationale d'administration (ENA) ont baptisé leur promotion 2014-2015 "Winston Churchill".

Aux Etats-Unis, le Congrès a inauguré en 2013 un buste en bronze du "meilleur ami" de l'Amérique,héros international et pourtant tellement "british".

"Si le Britannique -- son excentricité, sa grande générosité, sa force de caractère -- devait être incarné par une personne, ce serait Winston Churchill", disait Mo Mowlam, une ancienne ministre de sa Majesté.

Les 150.000 cigares de Winston Churchill

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WINSTON CHURCHILL - Winston Churchill est un guerrier, un homme politique, un homme de lettres, un peintre...une personnalité aux multiples façettes. Voici quelques chiffres clés révélateurs de la longue et exceptionnelle vie de ce géant du XXème siècle.

Les 150.000 cigares de Winston Churchill

6

Souverains, de Victoria (1837-1901) à Elisabeth II (depuis 1962), servis par Winston Churchill.

12

Septembre 1908 il épouse Clémentine Hozier. Ils ont 5 enfants. Diana, Randolph, Sarah, Marigold et Mary. «En septembre 1908, je me mariais et, depuis lors, j'ai connu le bonheur».

15

Fonctions ministérielles dont 9 fois ministre à des postes importants tels que la défense, l'intérieur, 1er Lord de l'Amirauté, et premier ministre.

19

Millimètres de diamètre le double corona, cigare favori de Churchill. Ce cigare porte désormais son nom.

21

Fois candidat à des élections législatives. La première fois en juillet 1899 à Oldham où il est battu. La dernière en octobre 1951 à Woodford, il n'est pas élu.

43

Livres dont 6 volumes de Mémoires de guerre (parus entre 1948 et 1954), 2 biographies (l'une sur son père et l'autre sur un de ses ancêtres), une histoire des peuples de la langue anglaise, un roman de cape et d'épée...

64

Ans de carrière parlementaire (sous 13 premiers ministres).

90

Coups de canons tirés le jour de la cérémonie de ses funérailles.

92

% popularité du Premier ministre Winston Churchill en 1943 (sondage Gallup).

368

Discours entre 1931 et 1939.

537

Peintures impressionnistes. Churchill commence à peindre vers 40 ans. Dans un livre Painting as a pastime, il décrit sa passion de peindre qui lui permet de calmer ses angoisses.

1941

Première visite de Churchill aux États-Unis.

150 000

Nombre approximatif des cigares fumés par Churchill tout au long de sa vie.

Sources:

The Churchill centre

Les géants du XXe siècle Churchill de François Bedarida, Fayard, 2012

30 janvier 1965 : l'adieu de l'Angleterre à Sir Winston Churchill

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WINSTON CHURCHILL - Sir Winston Churchill meurt le 24 janvier 1965 à Londres. Le «Vieux lion» a droit à des obsèques nationales en présence de la reine Élisabeth et d'une cohorte prestigieuse de rois, de chefs d'État, de ministres, et d'hommes d'Église.

La disparition de sir Winston Churchill bouleverse tout le Royaume-Uni. Le long du cortège funéraire, une foule immense suit le dernier trajet de ce «grand homme

La disparition de sir Winston Churchill bouleverse tout le Royaume-Uni. Le long du cortège funéraire, une foule immense suit le dernier trajet de ce «grand homme

Sir Winston Churchill est le troisième ministre de l'Histoire du Royaume-Uni à recevoir un hommage d'une telle solennité, après l'Amiral Nelson en 1805 et le duc de Wellington en 1852. En effet, les obsèques nationales sont réservées d'habitude aux souverains. Par décret de la reine, sir Churchill reçoit les honneurs des funérailles nationales dans la cathédrale Saint-Paul. On compte pas moins de 112 pays représentés lors de la cérémonie (seule la Chine populaire est absente). Auparavant pendant trois jours et trois nuits, un flot humain défile silencieusement devant le catafalque de Churchill exposé dans Westminster Hall. Le 30 janvier 1965, sur le trajet, de Westminster Hall à la cathédrale de Saint-Paul, la foule immense salue une dernière fois le «Vieux lion». Après l'office religieux, le cortège part jusqu'à la Tour de Londres. La Marine embarque le cerceuil sur une vedette qui remonte la Tamise jusqu'à la gare de Waterloo. Ensuite la dépouille mortelle est emmenée par train jusqu'à Bladon près du château de Blenheim (château des Marlborough). Sir Winston Churchill y repose auprès de Randolph son père.

 

Article paru dans Le Figaro du 1er février 1965.

NON, ce ne fut pas un jour de tristesse. Ce fut quelque chose de tout à fait différent, plus grand, plus hiératique , l'intégration définitive de Churchill au décor historique de l'Angleterre avec tout son déploiement de couleurs, de souvenirs féodaux, et de traditions généalogiques et héraldiques. Sans doute n'y a-t-il plus qu'un seul pays au monde, le 30 janvier 1965, l'Angleterre éternelle et royale, à pouvoir nous offrir un spectacle d'une telle tenue et d'une telle perfection. C'est un pays sans art, qui n'a pas de prétentions à la beauté formelle ni aux sortilèges du verbe. Une mise en scène littéraire à la Malraux n'y serait pas de mise. Du reste, il n'est même pas question de mise en scène.

L'Angleterre a tout sous la main, et le règlement de son cérémonial, qu'il soit joyeux ou qu'il soit funèbre, lui fournit la panoplie, les accessoires, la musique, le rythme, les marques véritables et encore vivantes de la majesté. Tout cela accompagné d'un cérémonial prodigieux dans son raffinement, que seuls parfois les initiés sont à même de connaître et de pouvoir apprécier.

L'effet cumulatif de cette splendeur organisée et hiérarchisée est d'une telle puissance qu'il est difficile de le décrire avec des mots, C'est par là pourtant que l'émotion se crée, que le deuil transparaît à travers la beauté ou la beauté à travers le deuil, et qu'on se surprend à avoir le frisson ou à être au bord des larmes.

Churchill venait à eux

Tels sont du moins, nos sentiments, le 31 janvier 1965 au soir. Les démocrates professionnels, ceux qui veulent absolument ne voir la vie humaine qu'en termes prosaïques, ont tort. La vérité, celle de l'Angleterre chevaleresque et indomptable, à laquelle sir Winston Leonard Spencer Churchill, chevalier de la Jarretière, compagnon d'honneur, etc., appartenait par toutes ses fibres, est pourtant bien là. C'est à lui que sa reine a rendu les derniers honneurs, entourée des Grands de ce monde.

    Les souverains britanniques ont droit à un tapis bleu bleu de roi. C'est la couleur de la bande de moquette qui avait été étendue dans l'axe médian de la nef de Saint-Paul

Les souverains britanniques ont droit à un tapis bleu - bleu de roi. C'est la couleur de la bande de moquette qui avait été étendue dans l'axe médian de la nef de Saint-Paul. Trois fauteuils dorés, tendus de velours rouge, avaient été installés sous le dôme bâti par sir Christopher Wren, à quelques mètres du catafalque, tendu de noir et d'argent. Tous les lustres avaient été allumés dès 8 heures du matin. Le programme de la cérémonie, régie par le duc de Norfolk, grand maréchal d'Angleterre en précisait le détail, minute par minute. Il était contenu dans une brochure encadrée de violet deuil, frappée aux armes du défunt c'est-à-dire de l'écu des Spencer Churchill, entouré d'une jarretière portant la devise célèbre: «Honni soit qui mal y pense». Précisons que cette devise remplace par droit de présence celle qui appartient en propre à la famille du défunt et qui est rédigée mystérieusement en espagnol: «Fiel pero desdichado» (Fidèle mais malheureux).

L'église est vaste. C'est une des plus spacieuses de la chrétienté occidentale, et les Londoniens, en sont très fiers. Le public ordinaire n'y était pas admis. Elle était entièrement remplie de notables; certains en jaquettes, d'autres en uniformes médailles et plaques de décorations sur la poitrine, croix en sautoir ou en écharpe toutes commanderies au vent, chapeaux haut de forme, bicornes à plumages, gants blancs à la main.

Par moment les vantaux du grand portail ouest s'entrouvraient pour laisser entrer quelque personnage illustre. A ce moment, l'air glacial du dehors pénétrait dans la nef, et tous les dignitaires se mettaient à tousser.

Des écrans de télévision avaient été accrochés aux piliers. Ils ont montré, à partir de 9h.45 du matin, la levée du corps à Westminster, l'installation du cercueil sur la prolonge d'artillerie et la mise en marche du cortège. Ceux qui étaient à l'Intérieur de Saint-Paul pouvaient ainsi voir Churchill venir à eux.

Une précision stupéfiante

Le programme - nous allions dire le scénario - s'exécuta avec une précision stupéfiante. Nous assistâmes ainsi, assis entre deux messieurs abondamment décorés, aux actes d'une sorte de ballet funèbre. Nous avons vu défiler les membres du chapitre, les chanoines mineurs, les prébendaires de Saint-Paul, tous marchant d'un pas mesuré, le talon gauche rejetant avec art l'ourlet de leur soutane. Ils ont descendu la nef en procession pour accueillir à la porte les puissances et les gloires.

Des «gentlemen-huissiers à verge violette» faisaient office d'ouvreuses et surveillaient la patience et la dignité de l'assistance. D'autres personnages revêtus de l'uniforme écarlate des dignitaires de la Maison de la Reine, orné de broderies d'or de plus en plus fournies selon leur grades, assuraient la supervision stratégique de ce service d'ordre qui était, en fait, un cérémonial de Cour.

Les délégations arrivent

Voici, vêtu d'une ample toge de soie noire brodée d'or, coiffé de la perruque de laine, le speaker de la Chambre. Il entre, toujours en procession, précédé de la Masse de vermeil qui est le symbole de ses fonctions, suivi du fonctionnaire préposé à sa bourse, de ses greffiers, de son porteur de traîne.

    Signe de deuil: ces messieurs ont remplacé leur jabot de dentelle par des «pleureuses» en simple toile empesée, et les boucles de leurs souliers sont ornées de jais au lieu d'être garnies de strass.

Le Lord-Chancelier, qui est le président de la chambre des Lords, suit à distance avec ses acolytes particuliers. Son costume est encore plus riche, mais il vient en second parce que ce sont les communes qui ont primauté sur les pairs dans le système démocratique parlementaire britannique. Signe de deuil: ces messieurs ont remplacé leur jabot de dentelle par des «pleureuses» en simple toile empesée, et les boucles de leurs souliers sont ornées de jais au lieu d'être garnies de strass.

Pendant que ces «entrées» se succèdent à l'intérieur de la cathédrale, la télévision nous montre la procession qui se rapproche. Elle a franchi Whitehall et aborde Trafalgar Square.

A 10h.10, l'assistance se lève. Elle voit apparaître dans le couloir central un vieillard d'apparence débonnaire, revêtu d'un manteau militaire gris à revers rouges: c'est le vieux maréchal Koniev, très «bon-papa», un peu étonné d'avoir à défiler au milieu de cette pompe.

Les Américains suivent. Puis, c'est au tour des délégations étrangères non souveraines.

    À 10h.25, c'est l'arrivée des rois. Ils sont escortés, en procession, jusqu'aux fauteuils qui leur sont réservés sous le dôme à gauche du catafalque

À 10h.25, c'est l'arrivée des rois. Ils sont escortés, en procession, jusqu'aux fauteuils qui leur sont réservés sous le dôme à gauche du catafalque: Juliana de Hollande et le prince de Bernhardt, Frédérik de Danemark, Olav de Norvège, le jeune Constantin de Grèce et le grave Baudouin de Belgique. Le général de Gaulle enfin marche au côté du grand-duc Jean de Luxembourg tous les deux en uniforme kaki.

L'éclairage de Saint-Paul n'est pas indulgent pour le teint et pour les âges. Il accentue les rides et les bouffissures. Il met l'accent sur les voûtures, l'acné juvénile et les faux plis. Les rois sont des gens fatigués.

À la télévision cependant la procession se rapproche toujours. Elle n'est plus très loin. L'assistance se lève derechef et se tourne avec ensemble vers la porte d'entrée. Une grande croix d'or s'avance lentement dans le couloir central. Elle est portée par un jeune choriste de Saint-Paul, vêtu d'une aube, le cheveu abondant et ondulé tirant sur le roux, qu'on a sélectionné visiblement pour sa ressemblance avec les anges de Boticelli. D'autres croix suivent, des évêques, des crosses, des chanoines, le lord-maire de Londres portant manteau d'hermine et brandissant son sabre de deuil, tirant à sa suite un personnage à toque de vison qui porte le titre de «remembrancer» de la City de Londres et qui est, en fait, son agent de liaison avec les commissaires parlementaires.

Enfin, voilà la reine

Et voilà enfin Elisabeth II, vêtue d'un petit manteau d'astrakan, coiffée d'un petit béret noir. A deux mètres à sa gauche marche le prince Philipp et, à droite, le prince de Galles en costume noir ordinaire, la raie impeccable, les mains dans le dos comme le fait son père.

La reine, à quarante ans, est pleine de naturel et de bonne grâce. On voit qu'elle sait marcher en public, ce qui n'est pas donné à tout le monde. En remontant la nef, elle jette à droite et à gauche le regard à la fois bienveillant et stricte d'une maîtresse de maison qui chercherait à s'assurer que tout est en bon ordre dans sa demeure.

La reine mère suit. Puis la princesse Margaret et son mari, le comte de Snowdon, le duc de Gloucester, la duchesse de Kent et les autres membres de la famille royale de Windsor.

Le protocole ne la fera pas attendre un instant: déjà les bannières de la procession se profilent à contre-jour dans le portail de la cathédrale.

Très lentement, le convoi s'avance dans l'axe de la nef. Il est précédé par une véritable escouade de personnages en trabans armoriés de style shakespearien. Ce sont les «poursuivants», les «hérauts», les «rois d'armes», et enfin le plus décoratif de tous: le roi d'armes du très noble ordre de la Jarretière. Ces personnages de haute figuration portent des noms à faire rêver: Clarenceux, Portcullis, Rouge, Dragon, Bleu Manteau. Ce sont des messieurs d'un âge certain, claudicant, portant moustache d'officier de la garde, et, pour deux d'entre eux, un monocle.

Le poids des ans est encore plus sensible lorsque nous voyons défiler ceux qui ont l'honneur de porter symboliquement les cordons du poêle: les maréchaux sont voûtés, mais ils font un grand effort pour se tenir droit; Eden, le visage ravagé, surveille d'un œil soucieux son voisin Attlee, âgé de quatre-vingt deux ans diminué par la maladie et qui éprouve visiblement de la peine à marcher. Seuls les lords Alexander et Mountbatten, qui sont les derniers de ce groupe, font relativement bonne figure: «My God, murmure mon voisin, comme ils sont devenus vieux!»

Un cantique américain

Les porteurs des décorations apparaissent à leur tour. Ce sont quatre officiers des hussards irlandais de la reine: les décorations et les médailles sont épinglées sur des coussins de velours noir. Nous les avons comptées d'aussi près que nous avons pu. C'était, en grande majorité, des marques de distinctions britanniques. Ni la légion d'honneur ni l'ordre de la Libération n'y figuraient.

Le cercueil s'avance enfin, porté par huit grenadiers, robustes gaillards qui sont crispés par l'effort, la joue collée à l'étamine du drapeau, la sueur au front. Ils portent la bière sur le catafalque et l'installent, dans un silence total.

Le service religieux commence. Nous ne le décrirons pas. Il est court, avec plus de musique que de prières. On y a inclus les cantiques que Churchill aimait, cantiques robustes et triomphants, sans floritures vocales d'aucune sorte, que l'assistance chante en chœur. Ce sont ces hymnes qu'ils chantent à l'école, qu'ils chantent sur les bateaux de la Navy, aux services du dimanche, dans les camps de l'Inde ou de l'Afrique, dans les coins les plus éloignés de ce qui fut l'empire britannique de Kipling.

Sans doute parce que Churchill, était fils d'une Américaine et citoyen d'honneur des Etats-Unis, un cantique particulièrement populaire outre-Atlantique figure également au programme: c'est Glory, Glory Halleluia!

Une prière est ensuite chantée par les chœurs de Saint-Paul. C'est une mélodie russe empruntée telle quelle au rituel de l'Eglise orthodoxe et traduite en anglais.

    La cérémonie dure trente minutes et se termine par un «God save the Queen» que l'assistance reprend en chœur

La cérémonie dure trente minutes et se termine par un God save the Queen que l'assistance reprend en chœur. Une trompette de la garde, posté sur la galerie supérieure du dôme, sonne Aux Morts. Un deuxième trompette, appartenant, lui, à l'infanterie, lui répond immédiatement par Le Réveil symbole de résurection.

Le dernier adieu

Les grenadiers reprennent le cercueil et le hissent de nouveau à bout de bras, tandis que les grands orgues de Saint-Paul jouent la Marche funèbre de Haendel, dans un grand tonnerre d'harmonique répercuté par la voûte. La procession se dirige vers le grand portail. La reine suit à quelques mètres, très grave. Viennent ensuite les rois, les princes, les envoyés spéciaux de plus de cent pays, la famille, lady Churchill, sous un voile de crêpe, appuyée sur le bras de son fils, Randolph, très pâle et plus noble d'apparence qu'on a l'habitude de la voir dans ses activités journalistiques.

Les cousins Marlborough viennent après. Puis les membres du Parlement, les notabilités étrangères. Il fait très froid dehors. Le groupe des puissants et des glorieux s'arrête sous les colonnes du péristyle de la cathédrale, tandis que, plus bas, les grenadiers installent le cercueil de Churchill sur la prolonge d'artillerie. Les cloches de la cathédrale sonnent à toute volée. Le cortège funèbre se remet en marche. Les rois, les princes, les maréchaux, les ministres portent la main à leur casquette, à leur képi. C'est leur dernier adieu à Churchill qui s'en va. Ils ne le verront plus.

C'est fini. Les Rolls-Royce de la Cour, les voitures particulières de toute espèce emmènent les invités d'honneur. Les horse guards, dans leur manteau rouge, s'en vont. Les bonnes gens de Londres commencent à remballer leurs bouteilles thermos et à replier leurs couvertures.

Les cloches de la cathédrale continuent à sonner pendant que le convoi se dirige vers la Tamise. La journée n'est pas officiellement jour de deuil. Chaque citoyen britannique a le loisir de la passer comme bon lui plaira. On a joué au football dès l'après-midi et les théâtres comme les cinémas sont restés ouverts.


PHOTOS. Mort de Winston Churchill il y a 50 ans: Londres commémore le "Vieux Lion" éternel

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INTERNATIONAL - Les Britanniques ont célèbré solennellement vendredi le cinquantième anniversaire de la mort de Winston Churchill, le "Vieux Lion" qui défia Hitler et dont le courage, l'audace et la pugnacité sont encore cités en exemple au Royaume-Uni et au-delà.

Londres commémore Winston Churchill, mort il y a 50 ans

Londres commémore Winston Churchill, mort il y a 50 ans

Churchill s'est éteint le 24 janvier 1965 à Londres à l'âge 90 ans et "ce jour-là, c'est l'Empire britannique qui est mort avec lui", écrivait récemment le quotidien Daily Telegraph, signe de l'empreinte de géant que l'ancien Premier ministre et chef de guerre a laissé sur ses compatriotes.

Ses funérailles nationales ont eu lieu le 30 janvier 1965 en présence de la reine Elizabeth II. Retransmise en direct à la télévision, la cérémonie funéraire est suivie par 350 millions de personnes à travers le monde:

PHOTOS. Mort de Winston Churchill il y a 50 ans: Londres commémore le "Vieux Lion" éternel

Pour le cinquantième anniversaire de sa mort, des célébrations sont organisées tout au long de l'année au Royaume-Uni avec, en point culminant vendredi, une procession funéraire sur la Tamise. Comme en 1965, lorsque la dépouille de Churchill fut convoyée sur le Havengore, une barge de 26 mètres.

"Le Havengore (l')avait emmené pour un dernier voyage exceptionnel après un service religieux (en la cathédrale) Saint-Paul", raconte son arrière petit-fils, Randolph Churchill. "Ce souvenir restera à jamais gravé dans la mémoire collective".

Vendredi, le passage de l'embarcation a été salué au son des canons du HMS Belfast, navire de guerre transformé en musée, tandis qu'une cérémonie s'est déroulée devant le palais de Westminster, la résidence du Parlement en plein cœur de Londres. 

 

PHOTOS. Mort de Winston Churchill il y a 50 ans: Londres commémore le "Vieux Lion" éternelPHOTOS. Mort de Winston Churchill il y a 50 ans: Londres commémore le "Vieux Lion" éternel

Fastueuses et solennelles, ces commémorations témoignent de l'héritage de cet homme connu pour son caractère impétueux, ses cigares et son chapeau melon.

"Un demi-siècle après sa mort, Winston Churchill continue d'inspirer le pays dont il a préservé la liberté, mais aussi le monde entier", a déclaré le chef du gouvernement britannique David Cameron, reconnaissant volontiers que "Churchill fut le meilleur des Premiers ministres".

Churchill n'a pourtant pas toujours été considéré comme un héros national: "Soyons honnêtes, Churchill, c'était souvent une catastrophe", souligne The Times dans un article publié cette semaine. Son échec le plus retentissant reste probablement la désastreuse expédition des Dardanelles (février 1915-janvier 1916) qui se solda par une déroute et 180.000 morts du côté allié.

"Nous ne nous rendrons jamais"

Mais Churchill n'a pas manqué son rendez-vous avec l'Histoire: Premier ministre de 1940 à 1945, il mène la Grande-Bretagne à la victoire dans la Seconde Guerre mondiale, et trouve les mots pour rassembler derrière lui tout un peuple inquiet de la progression des troupes du IIIe Reich dans toute l'Europe.

"Nous nous battrons sur les plages. Nous nous battrons sur les terrains de débarquement. Nous nous battrons dans les champs, et dans les rues, nous nous battrons dans les montagnes. Nous ne nous rendrons jamais", lance-t-il ainsi en juin 1940.

"Il est parvenu à changer le cours de l'histoire en faisant preuve de leadership à un moment où le pays perdait la foi", estime Randolph Churchill.

Cet homme de mots et d'action était également un homme de lettres, prix Nobel de littérature en 1953, mais aussi un peintre doué, un art où, comme en politique, il prônait "l'audace".

Objet d'un véritable culte depuis sa mort, Churchill est, pour beaucoup de Britanniques, bien davantage qu'une figure historique, explique Richard Toye, professeur de l'Université d'Exeter, auteur de plusieurs ouvrages sur le "Vieux Lion". "Les gens continuent d'avoir un rapport émotionnel avec lui (...) et certains vivent une attaque contre Churchill comme si elle s'adressait à eux-mêmes", ajoute l'universitaire.

La passion Churchill a depuis longtemps dépassé les frontières britanniques et on ne compte plus les hommages aux quatre coins du monde. Dernièrement en France, les élèves de l’Ecole nationale d'administration (ENA) ont baptisé leur promotion 2014-2015 "Winston Churchill".

Aux Etats-Unis, le Congrès a inauguré en 2013 un buste en bronze du "meilleur ami" de l'Amérique,héros international et pourtant tellement "british".

"Si le Britannique –son excentricité, sa grande générosité, sa force de caractère– devait être incarné par une personne, ce serait Winston Churchill", disait Mo Mowlam, une ancienne ministre de sa Majesté.

 

Londres se rassemble autour de la Tamise en mémoire de Churchill

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À l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Winston Churchill, Londres célèbre vendredi 30 janvier son ancien Premier ministre avec une procession sur la Tamise.

Winston Churchill visite les ruines de la cathédrale de Coventry en 1941

Winston Churchill visite les ruines de la cathédrale de Coventry en 1941

Pour le cinquantième anniversaire de la mort de Winston Churchill, des célébrations sont organisées tout au long de l’année au Royaume-Uni. Point culminant, vendredi 30 janvier, à Londres, où une procession funéraire sur la Tamise est prévue, comme en 1965, lorsque la dépouille de Churchill fut convoyée sur le Havengore, une barge de 26 mètres.

« Le Havengore l’avait emmené pour un dernier voyage exceptionnel après un service religieux, à la cathédrale Saint-Paul », raconte son arrière petit-fils, Randolph Churchill. « Ce souvenir restera à jamais gravé dans la mémoire collective ».

Salué au son des canons

Vendredi 30 janvier dans l’après-midi, le passage de l’embarcation sera salué au son des canons du HMS Belfast, navire de guerre transformé en musée, tandis qu’une cérémonie est prévue devant le palais de Westminster, la résidence du Parlement en plein cœur de Londres.

Fastueuses et solennelles, ces commémorations témoignent de l’héritage de cet homme connu pour son caractère impétueux, ses cigares et son chapeau melon.

« Vieux lion » éternel

Winston Churchill est mort un 24 janvier, âgé de 90 ans et « ce jour-là, c’est l’Empire britannique qui est mort avec lui », écrivait récemment le quotidien Daily Telegraph, signe de l’empreinte de géant que l’ancien Premier ministre et chef de guerre a laissé sur ses compatriotes.

Ses funérailles nationales ont eu lieu le 30 janvier 1965 en présence de la reine Elizabeth II. Retransmise en direct à la télévision, la cérémonie funéraire est suivie par 350 millions de personnes à travers le monde.

« Un demi-siècle après sa mort, Winston Churchill continue d’inspirer le pays dont il a préservé la liberté, mais aussi le monde entier », a déclaré le chef du gouvernement britannique David Cameron, reconnaissant volontiers que « Churchill fut le meilleur des Premiers ministres ».

Churchill n’a pourtant pas toujours été considéré comme un héros national : « Soyons honnêtes, Churchill, c’était souvent une catastrophe », souligne The Times  dans un article publié cette semaine.

Son échec le plus retentissant reste probablement la désastreuse expédition des Dardanelles (février 1915-janvier 1916) qui se solda par une déroute et 180 000 morts du côté allié.

« Nous ne nous rendrons jamais »

Mais Churchill n’a pas manqué son rendez-vous avec l’Histoire : Premier ministre de 1940 à 1945, il mène la Grande-Bretagne à la victoire dans la Seconde Guerre mondiale, et trouve les mots pour rassembler derrière lui tout un peuple inquiet de la progression des troupes du IIIe Reich dans toute l’Europe.

« Nous nous battrons sur les plages. Nous nous battrons sur les terrains de débarquement. Nous nous battrons dans les champs, et dans les rues, nous nous battrons dans les montagnes. Nous ne nous rendrons jamais », lance-t-il ainsi en juin 1940.

« Il est parvenu à changer le cours de l’histoire en faisant preuve de leadership à un moment où le pays perdait la foi », estime encore Randolph Churchill.

Prix Nobel de littérature

Cet homme de mots et d’action était également un homme de lettres, prix Nobel de littérature en 1953, mais aussi un peintre doué, un art où, comme en politique, il prônait « l’audace ».

Objet d’un véritable culte depuis sa mort, Churchill est, pour beaucoup de Britanniques, bien davantage qu’une figure historique, explique Richard Toye, professeur de l’Université d’Exeter, auteur de plusieurs ouvrages sur le « Vieux Lion ».

« Les gens continuent d’avoir un rapport émotionnel avec lui (…) et certains vivent une attaque contre Churchill comme si elle s’adressait à eux-mêmes », ajoute l’universitaire.

La passion Churchill

La passion Churchill a depuis longtemps dépassé les frontières britanniques et on ne compte plus les hommages aux quatre coins du monde.

Dernièrement en France, les élèves de l’Ecole nationale d’administration (ENA) ont baptisé leur promotion 2014-2015 « Winston Churchill ».

Aux États-Unis, le Congrès a inauguré en 2013 un buste en bronze du « meilleur ami » de l’Amérique, héros international et pourtant tellement « british ».

« Si le Britannique – son excentricité, sa grande générosité, sa force de caractère – devait être incarné par une personne, ce serait Winston Churchill », disait Mo Mowlam, une ancienne secrétaire britannique pour l’Irlande du Nord.

UK 'must draw on Churchill courage'

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Britain must draw on the "courage and resolve" inspired by Winston Churchill to battle the affronts to freedom faced today, David Cameron declared on the 50th anniversary of the wartime leader's state funeral. 

The Prime Minister paid tribute to "a great leader and a great Briton" after laying a wreath at the feet of the statue of his illustrious predecessor in the House of Commons Members' Lobby as part of a day of commemorative events.

Churchill is still remembered with affection by the country as a statesman, bon viveur and reformer, Mr Cameron said, but most of all as a patriot - with lessons to teach the modern world.

Prime Minister David Cameron speaks during a memorial service for Sir Winston Churchill in Westminster Hall, London

Prime Minister David Cameron speaks during a memorial service for Sir Winston Churchill in Westminster Hall, London

"He knew that Britain was not just a place on the map but a force in the world, with a destiny to shape events and a duty to stand up for freedom," he said in the shadow of the famous bronze sculpture of Churchill.

"That is why in 1940 - after France had fallen, before America or Russia had entered the war - he said this: 'Hitler knows that he will have to break us in this island or lose the war. If we can stand up to him all Europe may be free - and the life of the world may move forward into broad, sunlit uplands.'

"Churchill was confident that freedom and democracy would win out over barbarism and tyranny in the end... and it did.

"And with every affront to freedom in this century, we must remember that courage and resolve in the last century."

Wreaths were laid by Commons Speaker John Bercow, his Lords counterpart Baroness d'Souza and Tory MP Sir Nicholas Soames - Churchill's grandson - after a service in Parliament's St Mary's Undercroft chapel.

The three main party leaders - none of whom were born when Churchill was buried - also took part along with 17-year-old Stockton Sixth Form College student Nathania Ewruje.

The winner of the English-Speaking Union's (ESU) Winston Churchill Cup for Public Speaking, she recited from a 1955 speech of the ex-premier.

Mr Bercow praised Churchill's "recognition and fulfilment of the role of the House of Commons" as "the essence of our democracy" during an extraordinarily long parliamentary career.

And he suggested it was emblematic of the stature of the great man that he refused all pleas for him to take a seat in the Lords - adding he was very much "a green benches man".

A procession from the service was led by the Speaker's Chaplain Rose Hudson-Wilkin - ending under what is known as the Churchill Arch.

It was the former prime minister who said the entrance to the Commons chamber should be rebuilt using fragments of stone remaining after it took a direct hit from a German bomb, as a monument to the ordeals of war and the fortitude of those who stood firm.

Over decades it became tradition for MPs to touch the foot of the Churchill statue for luck when entering for debates - though the resulting shiny patch was recently repaired.

Mr Cameron - who noted that Churchill was born and is buried in the Oxfordshire constituency he now represents - said he was inspired when he first heard his voice "booming out" on records he unearthed as a boy at his grandmother's house.

As a statesman he was the first to recognise the People's Republic of China, helped realise the dream of a Jewish homeland and fought in person on the frontier in the Malakand Field Force, he noted.

"From the Battle of Omdurman to Britain's acquisition of the H bomb there stretched nearly sixty years and throughout it all he was right at the heart of events."

It was often overlooked that he was also a "reformer", he said, " who pushed for prison reform, championed old age pensions, and introduced labour exchanges for the unemployed".

And he " believed that a nation was made great not just by its military might but by how its poorest and frailest citizens were treated and that is another important part of his legacy.

"But if there is one aspect of this man I admire more than any other - it is Churchill the patriot."

He joked that he did not follow Churchill in at least one area.

"The bottles of Pol Roger in Number 10, the practice of taking his Cabinet out for lunch at the Savoy Grill. Sadly for my Cabinet, that is not quite the current regime."

Among those attending was Randolph Churchill, was said his great-grandfather would have been "surprised but thrilled" at the commemorations.

Laying a wreath at another well-known statue of the wartime leader, in Parliament Square, he said: "It was a time when people said that the nation came to a halt and people on the streets stood and paid their respects to the great man passing.

"I think he would be extremely surprised but thrilled that we are a country that thrives on its parliamentary democracy, where we have our freedoms and liberties, that we cherish them, and he would be thrilled that modern Britain has achieved so much in its own way."

He said it was also a chance to remember the heroes who fought for Britain in two world wars.

"Here we are today, 50 years on, in what Churchill referred to as the 'broad sunlit uplands', and what's sad is that we are losing that remarkable generation that served us so well in two world wars.

"It is wonderful to mark this point and remember those heroes."

Later in the day, members of Churchill's family will take part in a flotilla on the River Thames along the same route taken by his funeral.

It will include the merchant vessel Havengore, which carried his coffin, from Tower Bridge to the waters opposite the Palace of Westminster, where a wreath will be laid.

In the evening, a ceremony will be held at Westminster Abbey.

Churchill was laid to rest in the family vault at St Martin's Church in the village of Bladon, and his body was conveyed to the county on a train from London's Waterloo station to Hanborough in Oxfordshire, pulled by Southern Railway's number 34051 Battle of Britain class locomotive, named Winston Churchill in his honour.

Today the full train - the locomotive and tender, a parcel van that bore the coffin and a luxury Pullman carriage called Lydia that carried family and funeral guests - is being put back together at the National Railway Museum in York for the first time in 50 years.

During its £35,000 restoration, the locomotive was repainted with BR "Brunswick" green livery, its missing whistle was replaced and rust was repaired.

The parcel van has also been restored to its former glory and the full train is now back to its best, ready to be displayed in the museum until May 3 as part of an exhibition, Churchill's Final Journey.

Churchill's career in the Commons began in 1900 and ended just short of 64 years later, the longest in the 20th Century, and Mr Bercow said even then he only stood down at the October 1964 election "with some reluctance".

He fought 21 parliamentary elections "under no fewer that five banners including Liberal, Conservative and Independent Constitutionalist", won 16 of them and represented five different constituencies "as diverse as Dundee, Oldham and Epping", the Speaker reminded the ceremony.

"And I think it is emblematic of the whole significance and stature of the man that he never became a member of the House of Lords despite many, many invitations, opportunities and possibly even exhortations".

"He was, and this is crucial to an appreciation of him, a green benches man, a House of Commons man through and through, where he delivered thousands of speeches."

With the three party leaders standing directly before him , he said: " I think in our overall appreciation of Churchill the parliamentarian, perhaps the single most important point is Churchill's recognition that the House of Commons was not an element of our democracy; the House of Commons was the essence of our democracy."

That included a belief that during war as much as peacetime, "the cut and thrust of debate and the searing searchlight of scrutiny were vital" to test the mettle of the executive and give it legitimacy.

"The biggest tribute that we can pay to that giant .. is to hold on to the function of the House of Commons which he fought so hard and effectively to maintain and with which, by supreme personal example, he invested the institution."

Mr Bercow said he could confidently predict that Churchill would continue to inspire when the country came to mark the 100th anniversary.

The wreaths carried hand-written cards.

Mr Cameron's said: "Britain was so incredibly fortunate that in our hour of greatest need there came forward one of our greatest ever statesmen. 50 years on the light has not dimmed."

Deputy Prime Minister Nick Clegg wrote: "In memory of a man who defended our nation, defeated fascism, led the free world and has made generations of his fellow citizens proud to be British."

And Labour leader Ed Miliband's message read: "With gratitude, respect and admiration for the leadership you showed during Britain's darkest hour. Our country will always remember the hope you gave and the courage you inspired."

The statue of Sir Winston Churchill in Parliament Square, Westminster

The statue of Sir Winston Churchill in Parliament Square, Westminster

Randolph Churchill and Celia Sandys, the great-grandson and granddaughter of former Prime Minister Sir Winston Churchill, lay a wreath at his statue on Parliament Square in London to mark the 50th anniversary of his funeral.

Randolph Churchill and Celia Sandys, the great-grandson and granddaughter of former Prime Minister Sir Winston Churchill, lay a wreath at his statue on Parliament Square in London to mark the 50th anniversary of his funeral.

The grave of Sir Winston Churchill at St Martin's Church in Bladon, Oxfordshire

The grave of Sir Winston Churchill at St Martin's Church in Bladon, Oxfordshire

A picture from 1965 of the gun carriage carrying the coffin of Sir Winston Churchill through Trafalgar Square, London

A picture from 1965 of the gun carriage carrying the coffin of Sir Winston Churchill through Trafalgar Square, London

Cinquante ans après, Londres commémore les obsèques de Churchill

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Le bateau dans lequel le cercueil de Winston Churchill a descendu la Tamise lors de ses obsèques nationales en 1965 a refait le trajet vendredi à Londres à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'événement.

Randolph Churchill et Celia Sandys, les arrière-petits enfants de Winston Churchill, au pied de la statue de leur aïeul à Londres. La capitale britannique a célébré vendredi le cinquantième anniversaire des obsèques de l'ancien chef de gouvernement

Randolph Churchill et Celia Sandys, les arrière-petits enfants de Winston Churchill, au pied de la statue de leur aïeul à Londres. La capitale britannique a célébré vendredi le cinquantième anniversaire des obsèques de l'ancien chef de gouvernement

Le Premier ministre David Cameron avait auparavant donné le coup d'envoi des célébrations en déposant une gerbe au pied de sa statue au Parlement.

Chef du gouvernement pendant la Seconde Guerre mondiale, de 1940 à 1945, puis de 1951 à 1955, Winston Churchill est décédé le 24 janvier 1965.

Ses obsèques ont eu lieu en présence d'une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement, dont la reine d'Angleterre, un honneur rare pour un Premier ministre.

Churchill: le "Vieux Lion" est mort il y a 50 ans

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Couronnes de fleurs et salve de canons: le Royaume-Uni a célébré vendredi en grande pompe le cinquantième anniversaire de la mort de Winston Churchill, le "Vieux Lion" qui défia Hitler et dont le courage, l'audace et la pugnacité sont encore cités en exemple.

Churchill: le "Vieux Lion" est mort il y a 50 ans

Churchill s'est éteint le 24 janvier 1965 à Londres à l'âge 90 ans et "ce jour-là, c'est l'Empire britannique qui est mort avec lui", écrivait récemment le Daily Telegraph, signe de l'empreinte de géant laissé par l'ancien Premier ministre et chef de guerre. Ses funérailles nationales ont eu lieu le 30 janvier 1965 en présence de la reine Elizabeth II. Retransmises en direct à la télévision, elles ont été suivies par 350 millions de personnes à travers le monde. Pour le cinquantième anniversaire de sa mort, des célébrations sont organisées tout au long de l'année au Royaume-Uni. Leur point culminant a été une procession funéraire organisée vendredi sur la Tamise avec une réplique du Havengore, la barge de 26 mètres utilisée pour convoyer la dépouille de Churchill en 1965. 

L'embarcation a quitté vendredi vers 12H30 GMT un quai du centre de Londres, avec à son bord des membres de la famille Churchill et plusieurs musiciens en kilt qui ont joué de la cornemuse, sous les yeux de milliers de Londoniens massés le long des quais. Les passerelles du Tower Bridge se sont levées au passage du Havengore, salué au son des canons du HMS Belfast, navire de guerre transformé en musée. Une cérémonie s'est également déroulée au palais de Westminster, la résidence du Parlement. "Churchill, c'était la volonté de voir la liberté et la démocratie triompher de la barbarie et de la dictature", y a déclaré le Premier ministre David Cameron après avoir déposé une couronne de fleurs devant une statue en bronze du "Vieux Lion". "A chaque fois que la liberté est attaquée en ce siècle, nous devons nous souvenir du courage et de la détermination du siècle dernier", a-t-il dit, aux côtés du chef de l'opposition travailliste Ed Miliband, et du vice-Premier ministre Nick Clegg (libéral-démocrate). 

Fastueuses et solennelles, ces commémorations témoignent de l'héritage de cet homme connu pour son caractère impétueux, ses cigares et son chapeau melon. Churchill n'a pourtant pas toujours été considéré comme un héros national: "Soyons honnêtes, Churchill, c'était souvent une catastrophe", souligne The Times dans un article publié cette semaine. Son échec le plus retentissant reste probablement la désastreuse expédition des Dardanelles (février 1915-janvier 1916) qui se solda par une déroute et 180.000 morts du côté allié. Mais Churchill n'a pas manqué son rendez-vous avec l'Histoire: Premier ministre de 1940 à 1945, il mène la Grande-Bretagne à la victoire dans la Seconde Guerre mondiale, et trouve les mots pour rassembler derrière lui tout un peuple inquiet de la progression des troupes du IIIe Reich dans toute l'Europe. "Nous nous battrons sur les plages. Nous nous battrons sur les terrains de débarquement. Nous nous battrons dans les champs, et dans les rues, nous nous battrons dans les montagnes. Nous ne nous rendrons jamais", lance-t-il ainsi en juin 1940. "Il est parvenu à changer le cours de l'histoire en faisant preuve de leadership à un moment où le pays perdait la foi", a déclaré à l'AFP son arrière-petit-fils, Randolph Churchill. 

Cet homme de mots et d'action était également un homme de lettres, prix Nobel de littérature en 1953, mais aussi un peintre doué, un art où, comme en politique, il prônait "l'audace". Objet d'un véritable culte depuis sa mort, au Royaume-Uni comme dans le reste du monde, Churchill est, pour beaucoup de Britanniques, bien davantage qu'une figure historique, explique Richard Toye, professeur de l'Université d'Exeter, auteur de plusieurs ouvrages sur le "Vieux Lion". "Les gens continuent d'avoir un rapport émotionnel avec lui (...) et certains vivent une attaque contre Churchill comme si elle s'adressait à eux-mêmes", ajoute l'universitaire.

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