Henri Borgeaud est un homme
politique français né le 4 août 1895 à Alger et mort le 24 mai 1963 à 67 ans à Paris des suite d'un cancer. Issu d'une famille d'origine suisse établie, lors de sa naissance, depuis trois
générations en Algérie, et qui avait acquis, au moment de la séparation de l'Église et de l'État, le domaine de la Trappe de Staouéli. Henri fit ses études à Alger, puis à l'Institut agronomique
de Paris. Lorsque la Première Guerre mondiale éclata en 1914, il demanda sa naturalisation et devint Français en 1915.
Après quelques mois d'instruction à Saumur, il se retrouva dans les tranchées, où il gagna sa Légion d'honneur, en récompense de sa conduite au front. Dès le début de ses activités au domaine,
Henri fit preuve de telles capacités, à la fois agricoles et financières, que son père se déchargea peu à peu sur lui. Henri Borgeaud se consacra à son domaine et lui donna une impulsion qui
déborda largement les limites de l'Algérie. Il n'eut qu'un seul vice, celui de la politique, avec son cortège de gloires éphémères et ses bassesses outrageantes. Il eut même quelques possibilités
d'être pressenti pour la présidence de la République et c'est sur forte insistance de sa femme qu'il refusa.
Le domaine possédait plusieurs cordes à son arc. Les agrumes et le maraîchage se développèrent. Clémentines et oranges devinrent des apports intéressants. La place des primeurs telles que pommes
de terre et autres raisins de table fut prépondérante. La réussite d'Henri Borgeaud est aussi celle de son personnel. Véritable entreprise, gérée par une main de maître, le domaine Borgeaud
devient un étendard dont les couleurs dépassent les frontières de l'Algérie, de la France. Emblème d'une réussite commerciale incontestée, il attisa les jalousies et les bassesses. L'homme qui
représentait le domaine de la Trappe avait son talon d'Achille : La politique. Henri Borgeaud avait su, certes d'une façon paternaliste, donner à son personnel le goût de la réussite et concéder
des avantages sociaux alors inconnus en terre Algérienne.
Le domaine de La Trappe s'étendait sur 1.290 hectares dont 1.224 constituent l'exploitation agricole et 66 sont occupés par les bâtiments, les parcs et jardins, et le lotissement des Pins où, au
bord de la mer, dans un décor de dunes, se dressent, dans une pinède, les coquettes villas de la " gentry " algéroise. Comme au temps des trappistes qui l'y avaient pratiquement introduit vers
1860, en substitution aux céréales jusque-là dominantes, la vigne est reine. Elle y occupe 725 ha dont plus de 500 hectares de vigne à vin qui produit, bon an, mal an, de 25 à 30 000 hectolitres
de vins rouges et blancs et de vins de liqueur dont la réputation a largement franchi les frontières, non seulement de l'Algérie, mais aussi de la Métropole
En mars 1963 M. Danjou, le gérant, sonne très tôt à la porte de ses patrons. M. Borgeaud se précipite hors de son lit. Des automitrailleuses encerclent le domaine, canons pointés sur la villa. A
la grille, un préfet et des officiers l’attendent. On laisse aux époux Borgeaud deux heures et la possibilité d’emporter une valise. Ce temps écoulé, le préfet rentre dans la chambre, sans même
avoir frappé, et les presse. À ce moment précis, les borgeaud eurent ces paroles: "Qu’avons-nous fait pour mériter un traitement pareil?" et le préfet leur répondit qu'ils ne voulaient plus de
rois chez eux. Henri Borgeaud alla payer ses employés, et sa besogne terminée, il revient voir sa femme et lui recommanda de ne pas tarder. Puis dignement, ils partirent abandonnant leur univers,
oubliant leur valise, les mains vides sans un regard en arrière, ni vers les statues des saints ni vers les vignes, ni même vers leur maison. Le Règne prenait fin, après 60 ans de travail, de
liens avec cette terre qu’ils aimaient tant, et à ce moment-là une vingtaine d’ouvriers de la Trappe assistaient à leur départ. De retour en France, le couple acheta un domaine près de
Cocherelle, mais le samedi 24 mai 1963 Henri Borgeaud atteint d'un cancer, décède des suites d'une opération, il avait 67 ans.
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Borgeaud Henri
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