Baudouin Léopold Philippe Marie Charles Antoine Joseph Louis de Belgique (3 juin 1869 - 23 janvier 1891), prince de Belgique,
duc de Saxe, prince de Saxe-Cobourg-Gotha est le fils de Philippe comte de Flandre et de la comtesse de Flandre, Marie de Hohenzollern-Sigmaringen. Il est donc le neveu du roi Léopold II ainsi
que son successeur présomptif, suite au décès du prince Léopold (fils du roi Léopold II) quelques mois plus tôt (janvier 1869). Baudouin de Belgique meurt à l'âge de 21 ans, emporté par une
pneumonie. C'est donc son frère, le prince Albert qui deviendra roi des Belges, sous le nom d'Albert Ier.
Privé d'héritier à la troisième génération de la récente dynastie belge, le roi Léopold II attend impatiemment la délivrance de sa belle-sœur la comtesse de Flandre. Le 4 juin 1869, le Moniteur
publie à sa première page la nouvelle suivante : « Hier, 3 juin, à six heures quinze minutes du soir, S.A.R. Mme la Comtesse de Flandre est heureusement accouchée d'un Prince. Son Altesse Royale
et l'auguste enfant se portent bien. Cette heureuse nouvelle a été transmise par télégraphe aux autorités du pays et aux ministres du Roi à l'étranger. » Le prince qui vient de naître reçoit les
noms de Baudouin-Léopold-Philippe-Marie-Charles-Antoine-Joseph-Louis.
Pour les Belges, le prénom de Baudouin rappelle habilement de glorieux souvenirs d'autrefois auxquels on tente d'associer le nouveau-né. Le comte de Flandre avait voulu ainsi renouer la trame
interrompue des temps historiques en donnant à son fils le nom de Baudouin-Bras-de-fer, le grand Forestier de Flandres, de Baudouin VII de Flandre, le protecteur des faibles, le vengeur des
opprimés, l'implacable justicier, de Baudouin V de Flandre, le Courageux, Comte de Flandre, de Hainaut et de Namur, nommé Marquis du Saint-Empire par Frédéric Barberousse à cause de ses hauts
exploits, de Baudouin IX de Constantinople, le plus illustre de la lignée, - ce Belge héroïque qui planta l'étendard au Lion de Flandre sur le dôme de Sainte-Sophie et s'assit en conquérant sur
le trône des empereurs romains, fondant en Orient l'empire des Latins.
La jeunesse du Prince est studieuse. L'horaire scolaire très dense inclut l'équivalent des cours dispensés en humanités, hormis la langue grecque. À partir de 1876, son premier gouverneur, Jules
Bosmans, un avocat d'obédience libérale, joue un rôle considérable dans la formation de son élève. Il ne se contente pas de lui inculquer des savoirs théoriques, il invite le prince à s'exprimer
de manière personnelle sur des thèmes d'actualité, tels que la question sociale ou les avancées de la politique colonialiste de son oncle le roi Léopold II.
En ce qui regarde les arts militaires, c'est Oscar Terlinden, officier d'ordonnance du comte de Flandre, qui dès 1881 l'initie à la théorie avant que le jeune prince entre à l'Ecole Royale
Militaire le 2 mai 1884. Il fut le premier prince de sa famille à intégrer un établissement scolaire public. Tout ce qui concerne le domaine des arts militaires (tactique, fortifications,
commandement) l'intéresse particulièrement. L'introduction dans l'armement du fusil à tir rapide et des poudres nouvelles lui suggère le sujet d'une conférence qu'il donne au régiment des
carabiniers avec une telle entente de la question que, spontanément, les officiers demandent que le Prince permette l'impression de son travail. Cependant sa modestie s'y refuse. "Mon travail
n'est pas assez intéressant, leur dit-il, à mon âge on pose les questions, on peut discuter, mais on n'en donne pas la solution." Baudouin manifeste également un vif intérêt pour les sciences,
tout particulièrement la chimie.
Dès ses dix ans, le prince Baudouin est à même de s'exprimer dans un allemand et un anglais corrects. Il possède également de bonnes notions de néerlandais qu'il maîtrise cependant moins bien -
surtout oralement - que les autres langues qu'il connaît. L'instrumentalisation de sa connaissance de la langue néerlandaise correspond en réalité à une manœuvre du Roi soucieux de s'attirer les
faveurs de la communauté flamande. A Bruges le 17 août 1887, lors des fêtes de l'inauguration du monument dédié aux héros des Mâtines Brugeoises Breydel et De Coninck, Baudouin répond brièvement
et adéquatement en néerlandais à une allocution de bienvenue. La presse monarchiste amplifiera à dessein cet épisode afin de donner des gages à une communauté dont les revendications
linguistiques commencent à s'exprimer. Baudouin est donc demeuré pour la postérité le "prince bilingue".
Favorablement apprécié dans les Flandres suite à l'allocution prononcée à Bruges, Baudouin se rend également dans d'autres région du pays, notamment à Quaregnon lors de la catastrophe minière de
1888, ou aux fêtes jubilaires de Liège en 1890 en qualité de représentant du roi Léopold II. Sa présence dans la grande cité wallonne lui vaut une série d'ovations toutefois minorées par quelques
protestations socialistes. Au banquet donné par la division d'artillerie de la garde civique à tous ses frères d'armes du pays, le prince Baudouin répond au toast du bourgmestre de Liège en des
termes patriotiques qui sont couverts d'applaudissements. Le roi Léopold II souhaite donc présenter un héritier soucieux du bien-être de ses futurs sujets, tant en Belgique qu'à l'étranger où il
envoie Baudouin le représenter (notamment aux manœuvres de Hanovre et de Minden en septembre 1889).
Influencé par son gouverneur Bosmans, le Prince suit d'un œil attentif l'évolution économique et sociale de son temps. L'une des premières personnes qu'il fait appeler pour s'entretenir
longuement avec elle est un professeur d'université qui revient de Berlin, où il avait étudié les institutions protectrices de l'hygiène et de la vieillesse de l'ouvrier. Lors d'une visite en
juillet 1890 aux usines de Couillet, il s'informe surtout au sujet des écoles, de l'hôpital, des caisses de secours et de retraite. Il entre dans plusieurs des maisons ouvrières de
l'établissement, interroge de nombreux ouvriers. La vision que Baudouin a de la question sociale est certes empreinte de paternalisme, mais son intérêt pour la question sociale est sincère. En
dépit de quelques attaques ponctuelles de la presse hostile à la royauté, la popularité du Prince est donc bien assise.
Le 23 janvier 1891, dès l'aube, une sinistre rumeur court dans les rues de Bruxelles. A sept heures du matin la nouvelle éclate, invraisemblable, stupéfiante, comme un coup de tonnerre dans un
ciel sans nuage. Quelques instants plus tard le télégraphe fait parvenir dans tout le pays ce douloureux message : " S.A.R. Monseigneur le Prince Baudouin est mort cette nuit à une heure quarante
cinq minutes". Cette mort brutale donne lieu à diverses spéculations - la plus récurrente prétend à un décès suite à un duel - sans qu'aucune d'elle ait jamais pu être prouvée.
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Baudouin de Belgique
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