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Castelmaurou. Le Résistant inconnu identifié par son ADN, 68 ans après

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La Dépêchepublié le 01/06/2012 à 07h55 par Emmanuel Haillot

Bois de la Reulle (Haute-Garonne)



Charles Charley de Hepcée

Charles « Charley « de Hepcée ( 1911 - 1944 ). Photo prise dans le restaurant belge « Chez Gaston» ( collection André Bar)

 

68 ans après le massacre du Bois de la Reulle, au nord de Toulouse, le corps d'un des cinq Résistants inconnus fusillés par les nazis a été identifié par son ADN. Les recherches ont été menées par sa fille, un historien de Castelmaurou et ses amis.

L'amour et l'acharnement auront eu raison du vide et du silence qui entouraient un des martyrs du bois de la Reulle, au nord de Toulouse. Soixante-huit ans après la fusillade de 15 Résistants, le 27 juin 1944, dans ce lieu juché entre les communes de Gragnague et de Castelmaurou, un des cinq soldats inconnus vient d'être identifié par son ADN. Aviateur belge en mission de renseignements en France durant la guerre, Charley de Hepcee devient donc la 11 e victime connue du massacre de ces courageux combattants. Une grande cérémonie aura lieu le 30 juin pour célébrer l'événement. Son corps rejoindra ensuite sa terre natale, dans le cimetière de la grande propriété familiale.

Il aura fallu toute la motivation et l'investigation sans relâche de l'historien-écrivain Georges Muratet et de Rose de Hepcee, la fille de l'aviateur, pour enfin donner un nom à ces dizaines d'ossements exhumés auscultés, durant des mois, par l'Institut médico légal de Strabourg en liaison avec celui de Toulouse. Cette quête passionnée fait suite aux recherches infructueuses menées par l'épouse de Charley, Micheline Simone de Sélys de Longchamps.

Mais la vie réserve toujours des surprises… Ici, ce sera celle de réunir Georges et Rose à quelques encablures du bois où les Allemands commirent ces actes abominables probablement en guise de représailles (lire ci-contre). Pierre angulaire de cette aventure historique, humaine et collective, Georges Muratet retient systématiquement ses larmes à l'évocation de la fabuleuse découverte : « En voyant ces Résistants inconnus, je me suis dit qu'il fallait tout faire pour les sortir de l'anonymat. Nous avons frappé à toutes les portes, la ville de Castelmaurou, le Souvenirs Français, les archives départementales, nationales, militaires, les ministères, les tribunaux, et tant d'autres… Puis j'ai croisé le chemin de Rose, enfin. Nous avons échangé nos informations. Elles corroboraient le fait que Charley était là… Nous avons pleuré toutes nos larmes et continué la quête ensemble ». Rose de Hepcee a donc eu le nez fin en choisissant de bifurquer à Castelmaurou un jour de vacances en famille dans le Sud de la France, cet été 2008. « Le nom du village lui parlait car il figurait dans les dossiers sur son père! C'était un homme de grande valeur qui joua un rôle immense pour lutter contre la barbarie nazie », explique George Muratet.

Un seul survivant

Charley de Hepcee a en effet sans relâche organisé la résistance à l'ennemi. Démobilisé en 1940, il quitte rapidement son pays. Il devient par la suite chef de réseau dans les Pyrénées et participe, entre autres activités, à la création du réseau de renseignements « Rose-Claire ». Au passage de l'Iraty (64), il occupe une scierie désaffectée dans laquelle il organise, avec d'autres Résistants, un passage de cargaisons de légumes et agrumes depuis l'Espagne. Recherché par la Gestapo, il sera transféré à Saint-Girons en Ariège, avant de rejoindre la prison Saint-Michel à Toulouse. C'est de là que lui et 15 condamnés partiront vers le bois de la mort. La tuerie aurait duré toute la journée. Un seul des seize hommes échappe au peloton d'exécution en s'enfuyant dans les bois. Les autres continueront à creuser leur tombe sous le regards des hommes du lieutenant SS Anton Philip. La tragédie est écrite. Résistant face à l'oubli, Georges Muratet a entrepris de la transmettre aux futures générations grâce à ses écrits. Et avec l'espoir, aussi, de donner un jour un nom à ces héros inconnus que la science peut désormais faire rentrer dans l'Histoire.

Tuerie : la piste du "courrier de Nice"

La question du choix du bois de la Reulle n'est pas totalement tranchée. Mais elle avance à grands pas, à en croire l'écrivain -historien Georges Muratet. Pour lui, «il s'agit certainement d'abord d'un choix pour la tranquillité des lieux». «Mais, dit-il, il faut explorer la piste de l'affaire du « courrier de Nice». Messac, un des pontes d e la Gestapo toulousaine est tué à Monges, dans le Lauragais par des Résistants lors d'une opération de capture qui tourne mal. Des documents précieux pour les SS qui partaient pour Nice, sont récupérés. Ce qui contrarie beaucoup les Allemands... il nous faut avancer sur cette hypothèse qui pour moi n'est pas à écarter même si le plus urgent est l'identification des quatre corps restants».


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