publié le 24/08/2012 à 08h39
Témoignage
Marcel Tabaran a été l'un des libérateurs de Tarbes, avec le groupe Murray
Marcel Tabaran est aujourd'hui âgé de 91 ans. Il avait 23 ans à la Libération de Tarbes et s'en souvient très bien, puisqu'il y a directement participé :
«J'avais une fausse identité depuis un an, je m'étais évadé d'Allemagne pour me soustraire au STO. Je m'appelais alors Marcel Taresca. Je suis rentré en octobre 1943 et je me suis engagé pour
la durée de la guerre. A 23 ans, on s'engage rapidement. Je me suis engagé dans le groupe Murray : c'était un prof de gym épatant, un homme extraordinaire. Depuis quelques jours, ça grognait un
peu partout. ça a commencé le 18 août, de façon un peu bizarre : un pneu a éclaté devant le magasin La Ruche et les combats ont commencé. Le lendemain, on a remonté l'avenue Bertrand-Barère pour
aller au Moderne et on a attaqué, nous les jeunes. Les Allemands ont filé vers la caserne Larrey, qu'on a attaquée aussi et où on a pu récupérer des armes.
Aux allées Leclerc, qui n'étaient pas comme elles sont maintenant, mais avec des arbres au milieu et deux routes sur les bords, on avançait d'arbre en arbre ; on ne voyait pas bien Murray.
Quelqu'un lui a lancé un képi : il l'a mis et on a pu le suivre plus facilement. Nous avons anéanti une mitrailleuse et on a pu rentrer dans la caserne. Les Allemands se sont enfuis en camions,
vers la route de Toulouse. Nous les avons attendus à Piétat, et on leur a balancé des grenades. Le chef de la Gestapo était en voiture : son chauffeur a été tué mais lui, il a réussi à s'enfuir
dans un camion. Nous avons récupéré deux camions et nous avons attendu les ordres.»
Casse-croûte
«Le lendemain matin, nous étions toujours là, sans rien à manger. On a regardé dans les camions et miracle ! il y avait plein de conserves et du pain. On a cassé la croûte et on est
redescendus sur Tarbes, après être allés à Burg et Tournay, où on a fait des prisonniers que nous avons ramenés à Tarbes le 21 août. Tous les groupes de résistants s'étaient joints, la vie était
belle, on avait gagné ! Le 23 août, on a défilé devant la population qui nous criait «Bravo, bravo, bravo !». La ville était couverte de drapeaux, c'était la fête. Bien sûr, il y a eu quelques
saloperies, des filles tondues, quelques vengeances, comme partout et ce n'est pas très joli. L'ambiance à Tarbes n'était plus du tout la même qu'en juin, quand il y a eu les bombardements
massifs. C'était la joie, partout. Une très grande joie, je m'en souviens très bien.»