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Giap Vo Nguyen

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Giap Vo Nguyen Võ Nguyên Giáp, né le 25 août 1911 à An Xá (actuel Viêt Nam, alors en Indochine française) et mort le 4 octobre 2013 à Hanoï, à l'âge de 102 ans, est un général et homme politique vietnamien. Chef de l'Armée populaire vietnamienne pendant la guerre d'Indochine et ministre de la défense du Nord Viêt Nam durant la guerre du Viêt Nam, il est le seul général ayant vaincu à la fois l'armée française et l'armée américaine au cours de sa vie. Il est connu pour être le vainqueur de la bataille de Ðiện Biên Phủ (1954), qui a sonné la défaite et le départ des Français d'Indochine. Le général Vo Nguyên Giap est entré dans l’histoire militaire et les études militaires et stratégiques de son vivant, admiré par ses amis et ennemis, dont le général français Raoul Salan et le général américain William Westmoreland. « Général autodidacte », selon ses propres termes, il n'a suivi les cours d'aucune académie militaire.

Né en 1911 à An Xá, dans la province de Quảng Bình, Võ Nguyên Giáp est un fils d'un mandarin pauvre et nationaliste. À l'école maternelle, il apprend quelques rudiments de français. En 1924, il fréquente la prestigieuse école Quốc Học à Huế (Ngô Dinh Diêm et Hô Chi Minh y ont été élèves). C'est là que commence son apprentissage politique. Dès l'âge de 14 ans, il commence à militer contre la présence française. Il est expulsé de l'école à la suite de l'échec d'un mouvement de protestation contre l'interdiction des menées nationalistes. Il reçoit l'éducation du lycée français Albert-Sarraut puis enseigne l'Histoire dans une école privée de la capitale. De 1930 à 1932, il est emprisonné à la prison de Lao Bảo, où il rencontre Nguyễn Thị Quang Thái9, qu'il épousera en 1939 et qui lui donnera une fille. De 1933 à 1938, il poursuit des études d’histoire, de droit et d’économie à l'université de l'Indochine à Hanoï. Le poète réunionnais Raphaël Barquisseau est son professeur. En 1937, Giáp devient lui-même professeur d'histoire à l'école Thang-Long à Hanoï et adhère au Parti communiste vietnamien. C'est un admirateur de Bonaparte — dont il étudie les campagnes et les tactiques, en particulier « l'effet de surprise » —, à tel point que ses élèves le surnomment « le général » ou « Napoléon ».

En 1939, il fuit en Chine à la déclaration de guerre qui voit l'interdiction du Parti communiste indochinois lié à l'Union soviétique, elle-même alliée des Allemands par le pacte germano-soviétique. Marxiste convaincu, il porte une véritable haine au capitalisme qu'il rend en particulier responsable des décès de sa première épouse morte en prison en 1941 et de sa belle-sœur guillotinée à Saïgon par l'Administration coloniale française. Il prend part au Congrès de Tsin-Ti qui voit la fondation du Việt Minh, puis est chargé par Hồ Chí Minh de l'organisation de la guérilla contre les Japonais en Indochine. En 1944, il fonde l'Armée populaire vietnamienne (APV). Après le coup de force des Japonais du 9 mars 1945, il profite de la disparition de l'administration française pour intensifier le recrutement de membres du Viêt-Minh.

Le 8 mars 1946, le général Salan, commandant des forces françaises de l'Indochine du Nord, reçoit à sa demande, à Hanoï, Võ Nguyên Giáp qu'il ne connaît pas directement. Il vient discuter des conditions d’application, sous l'aspect militaire, de la convention franco-vietnamienne signée le 6 mars précédent. Ces discussions conduisent, le 3 avril, à la signature d'un accord entre le général Salan et Võ Nguyên Giáp. Les deux hommes se revoient le 7 avril 1946 au matin, quand Nguyên Giáp se rend au domicile du général Salan pour offrir à son épouse un petit paravent laqué (leur fille Dominique étant née trois semaines plus tôt), et, le soir, lors d’un dîner avec Hồ Chí Minh, dîner au cours duquel les différends relatifs à l'application des Accords de mars apparaissent au grand jour.

Au cours de la conférence préparatoire de Đà Lạt, du 17 avril au 11 mai 1946, le général Salan, alors chef de la mission militaire française, a pour principal interlocuteur Võ Nguyên Giáp avec lequel il noue des relations personnelles au cours des soirées suivant les séances officielles. Giáp aurait été alors jusqu'à offrir à Salan le commandement des troupes de la République démocratique du Viêt Nam. Bien des années plus tard, le général américain Westmoreland rendra hommage à Giáp dans un livre intitulé Võ Nguyên Giáp.

Giap retrouve Salan à Hanoï le 16 mai suivant, au cours d’un dîner informel, avant d’accompagner Hồ Chí Minh à la conférence de Fontainebleau avec Phạm Văn Đồng, le diplomate, resté alors à Paris. Quand le général Salan revient en Indochine le 19 mai 1947, c'est la guerre. Jusqu'à son retour en métropole le 28 mai 1953, il aura trouvé face à lui un adversaire implacable en la personne de Võ Nguyên Giáp. En son nom, un diplomate vietnamien viendra saluer au Val de Grâce en juillet 1984 la dépouille du général Salan, devenu entretemps l'ancien chef de l'OAS. Ainsi Raoul Salan occupa-t-il une grande place dans la vie de Võ Nguyên Giáp qui le tenait en haute estime.

Võ Nguyên Giáp devient ministre, chargé des forces de sécurité, du premier gouvernement Hồ Chí Minh, et à ce titre organise des « purges », dont sera victime en 1951 le lieutenant-général Nguyen Binh. En 1946, il est nommé ministre de la Défense nationale de la République démocratique du Viêt Nam. C'est lui qui dirige les actions militaires contre les Français. Il est notamment le vainqueur de la bataille de Ðiện Biên Phủ (mai 1954), qui entraîne la signature des accords de Genève, en juillet 1954, qui instaurent une partition du pays le long du 17e parallèle et à l'issue desquels la France quitte la partie nord du Viêt Nam.

En 1960, les combats recommencent au sud. Une insurrection communiste (les communistes sud-vietnamiens étant appelés en abrégé Viêt Cong) contre le gouvernement pro-occidental de Saïgon va se développer et bientôt être soutenue et armée par le Viêt Nam du nord. Giáp va y jouer un rôle déterminant. Il dirige les opérations de l'ensemble de la guerre durant quinze ans et forcera les Américains à quitter le sud du pays. Il obtient la victoire finale en 1975 à la suite de la « campagne Hồ Chí Minh » durant laquelle il lance ses célèbres mots d'ordre aux soldats communistes : « rapidité, audace et victoire sûre ». Le 30 avril, ses troupes entrent à Saïgon.

Giap, grâce à ses manœuvres souvent anticonformistes, a la réputation de n'avoir jamais connu la défaite. Il faut distinguer ici la légende de la réalité : en 1951 il a été battu à plusieurs reprises par le général de Lattre de Tassigny, d'abord à Vinh Yen (18 janvier 1951), Dong Trieu, Mao Khé (mars 1951), Ninh Binh (mai 1951), à la bataille du Day (juin 1951) et à Nghia Lo (octobre 1951). Puis, en 1972, ses troupes subirent un grave revers à la bataille de Kon Tum — l'homme par qui Giap fut défait cette fois-là était un stratège civil américain, John Paul Vann, ancien lieutenant-colonel exclu de l'armée pour ses positions critiques face à la stratégie du général Westmoreland. Mais, s'il lui est arrivé de perdre des batailles, comme d'autres chefs militaires, il est vrai qu'il gagna deux guerres, contre les Français puis contre les Américains.

En 1976, il participe à la réunification du Viêt Nam et devient vice-Premier ministre du gouvernement de la République socialiste du Viêt Nam, mais il perd le commandement des forces armées8. Il démissionne du poste de ministre de la Défense en 1980. En 1982, il est exclu du bureau politique du Parti communiste vietnamien (PCV)8, officiellement pour des raisons d'âge et de santé, mais on parle de divergences avec les deux hommes forts du Viêt Nam, le secrétaire général du PCV Lê Duẩn et le chef de la commission d'organisation du PCV, Lê Đức Thọ. Cependant, il reste vice-premier ministre jusqu’en 1991 et il est réhabilité lors du 6e congrès du PCV en 1986. Võ Nguyên Giáp vivait retiré à Hanoï, mais s'exprimait régulièrement sur l'évolution politique de son pays. Võ Nguyên Giáp meurt le 4 octobre 2013 dans l'après-midi, selon une source gouvernementale, à l'âge de 102 ans.

Võ Nguyên Giáp fut le commandant en chef de l'Armée populaire du Viêt Nam durant trente ans et l'un des principaux acteurs de la Bataille de Điện Biên Phủ. À propos de cet événement décisif de la Guerre d'Indochine, plusieurs ouvrages publiés affirment que le général Henri Navarre, le commandant en chef du corps expéditionnaire français, a, lors de l'opération Castor, largué ses parachutistes sur Ðiện Biên Phủ en se fiant à des renseignements qui signalaient le mouvement vers le nord-ouest d'unités de l'armée vietnamienne ayant franchi la Da (rivière Noire). Dans ses Mémoires, le général Giáp explique que l'occupation de Ðiện Biên Phủ au cours de l'hiver et du printemps 1953-1954 était intentionnelle et succédait à l'« Opération Mouette » dans le delta du Nord. Celle-ci devait permettre à Navarre d'avoir les mains libres pour pouvoir lancer l'opération Atlante visant à occuper les trois provinces libres de la Ve interzone, dans le Centre méridional. Il estime que c'était là une action raisonnable, une nécessité dans l'exécution du plan Navarre et que, par conséquent, il ne s'agissait pas, du moins initialement, d'une erreur de la part de Navarre. Cinquante ans après, le général Giáp raconte notamment comment il a réussi par deux fois à sauver ses troupes, s'abstenant même parfois de combattre en laissant Navarre se croire vainqueur.

En 1998, dans un entretien, le général américain William Westmoreland, critiquait les prouesses militaires de Giàp. Tout en reconnaissant qu'il fut un « adversaire formidable » Westmoreland déclarait que, si celui-ci avait « été formé aux tactiques de guérilla en petites unités, il avait persisté dans une guerre de grandes unités avec des pertes terribles pour ses propres hommes. De son propre aveu, au début de 1969 je crois, il avait perdu, quoi, un demi-million de soldats ? Il a déclaré cela. Maintenant, un tel mépris pour la vie humaine peut en faire un adversaire formidable, mais cela n'en fait pas un génie militaire. Un commandant américain perdant des hommes comme cela n'aurait guère duré plus de quelques semaines ».

Le 4 octobre 2013, un responsable gouvernemental a annoncé que Võ Nguyên Giáp était mort à l'hôpital militaire central 108 à Hanoï où il était hospitalisé depuis 2009. Il avait 102 ans (103 selon la façon de compter l'âge en Asie). Des funérailles nationales ont eu lieu les 12 et 13 octobre en présence des principaux dirigeants vietnamiens. Elles ont été retransmises en direct dans tout le pays par la chaîne de télévision nationale Vietnam Television et la radio nationale Voix du Vietnam. Võ Nguyên Giáp a été enterré dans sa province natale de Quang Binh le 14 octobre.


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