Jacques René Mesrine né le 28 décembre 1936 à Clichy-La-Garenne et mort à 42 ans le 2 novembre 1979 à la porte de Clignancourt à Paris, est un criminel français ayant
opéré principalement en France mais aussi au Québec, en Espagne et une fois en Suisse, en Italie et en Belgique à Bruxelles. Il est surnommé « L'homme aux mille visages » ou, à tort, et de son
propre aveu, « le Robin des Bois français ». Par ailleurs, il se donnera lui-même le surnom de « Le Grand ». Déclaré « ennemi public numéro un » au début des années 1970, il est notamment connu,
en France, pour des braquages médiatisés et pour ses évasions.
Jacques Mesrine est issu d'une famille bourgeoise, il est le fils d'André Mesrine (1908-1973) et de Monique Mesrine, commerçants aisés du textile. C'est à Clichy-La-Garenne (au 31 ou au 5 de
l'avenue Anatole-France) qu'il grandit et qu'il se met à fréquenter le quartier populaire de Pigalle à Paris. Ses parents ont pourtant des projets pour lui : ils souhaiteraient plus tard le voir
intégrer l'école des hautes études commerciales (HEC), mais il n'aime pas l'école. Il effectue une partie de sa scolarité au collège libre de Juilly, tenu par les oratoriens. Il en est renvoyé à
cause de violences exercées envers le proviseur. Il devient alors représentant en tissus. Il avait comme camarade au Juilly Jean-Jacques Debout.
Brièvement marié de juillet 1955 à 1956 avec Lydia de Souza, alors qu'il n'a que dix-neuf ans, Jacques Mesrine s'engage dans la guerre d'Algérie comme commando-parachutiste. C'est durant celle-ci
qu'il prend un pistolet .45 ACP et le rapporte en France. Il l'aura constamment sur lui. Jacques René Mesrine sera décoré par le général de Gaulle de la croix de la Valeur militaire. Il revient
en France en mars 1959, après avoir reçu un certificat de bonne conduite de la part de la 626e compagnie. D'après ses proches, l'expérience de l'Algérie l'a profondément marqué ; il aura été
plusieurs fois de « corvée de bois » (exécution sommaire de prisonniers algériens en dehors des enceintes militaires). Il participe à de nombreux cambriolages dès l'âge de vingt-trois ans. Le 4
novembre 1961, il a un enfant (une fille qui s'appellera Sabrina) avec Maria de la Soledad qu'il a rencontrée lors de vacances en Espagne. Il ne se mariera qu'une seule fois. C'est à cette époque
qu'il est arrêté et condamné pour la première fois à payer une amende pour port d'armes prohibées.
Le 17 janvier 1962, il est arrêté au Neubourg, à côté de Louviers, où ses parents avaient une maison de campagne, alors qu'il tentait, avec trois complices, de braquer le Crédit agricole. Il est
condamné, pour la première fois, à dix-huit mois de prison en mars 1962. Il passera son temps d'incarcération dans les prisons d'Évreux, puis d'Orléans. Il est relâché en 1963. Il souhaite alors
quitter la vie criminelle et trouve un emploi dans une entreprise d'architecture d'intérieur. Mais il perd son travail suite au chômage technique de celle-ci et redevient criminel. Le 2 décembre
1965, il est arrêté à Palma de Majorque en train de voler des documents politiques dans le bureau du gouverneur militaire. La police locale le soupçonne de travailler pour les services secrets
français. Il est condamné à six mois de prison.
En octobre 1966, il ouvre un restaurant à Santa Cruz de Tenerife dans les îles Canaries. Parallèlement Jacques Mesrine continue son activité criminelle. En décembre 1966, il attaque une
bijouterie à Genève, en Suisse. En mai 1967, il ouvre une auberge à Compiègne, en France. Le 15 novembre 1967, il cambriole un hôtel à Chamonix où il est reconnu. Le 8 décembre, il braque une
maison de haute couture parisienne où il est, là aussi, reconnu. Maria de la Soledad le quitte et leurs trois enfants, Sabrina Mesrine (1961), Bruno Mesrine (1964) et Boris Mesrine (1966), sont
confiés aux parents de Mesrine.
Le 6 février 1968, il échappe aux policiers et fuit au Canada dans la province de Québec avec Jeanne Schneider, maîtresse rencontrée après son divorce. Cette dernière était une call-girl, dont
les souteneurs ont été abattus par Mesrine, selon ses dires. À cette époque, il n'est recherché que pour escroqueries. En juillet 1968, les deux arrivent à Montréal. Le couple entre au service
d'un millionnaire handicapé, Georges Deslauriers, qu'ils enlèvent le 12 janvier 1969, après avoir été renvoyés et demandent une rançon de 200 000 USD à son frère, Marcel. Mais Georges Deslauriers
réussit à s'échapper. Dès lors, Mesrine se lance dans le grand banditisme. Le 26 juin 1969, le couple Mesrine-Schneider quitte le motel des trois sœurs à Percé où il s'était réfugié et franchit
illégalement la frontière des États-Unis. Le 30 juin, le corps étranglé d'Évelyne Le Bouthilier, patronne du motel, est découvert dans sa résidence à Percé. En fuite aux États-Unis, Mesrine est
arrêté à Texarkana, dans l'Arkansas, et extradé vers le Québec. À sa sortie d'avion, il fanfaronne devant les journalistes et déclare, reprenant une phrase du général de Gaulle : « Vive le Québec libre ! » Accusé de meurtre et de kidnapping, Mesrine se retrouve à la une des journaux
québécois. Il est déclaré ennemi public numéro un.
Le 17 août 1969, Mesrine et Schneider s'évadent de la prison de Percé, mais ils sont repris le lendemain. Toujours en août 1969, ils sont condamnés respectivement à dix et à cinq ans de prison
pour l'enlèvement et la séquestration de Georges Deslauriers. En janvier 1971, Mesrine et Schneider sont acquittés pour le meurtre d'Évelyne Le Bouthilier. Mais cette accusation d'un meurtre
qu'il déclara ne pas avoir commis, malgré un important faisceau de présomptions, fut pour Mesrine un des thèmes principaux de son deuxième livre, Coupable d'être innocent, écrit en 1979.
Le 21 août 1972, il s'évade de la prison de Saint-Vincent-de-Paul avec cinq autres détenus dont notamment Jean-Paul Mercier. Alain Normandeau criminologue et directeur d'un projet de réinsertion,
le rencontre à trois reprises dans sa cellule en 1972 ; il se souvient : « Jacques Mesrine n'était pas très grand, mais il avait un charisme incroyable. Il séduisait tout le monde, autant par ses
propos que par sa prestance. Pour tout dire, il a même convaincu les gardiens de s'élever contre l'administration de la prison. Suivant ses conseils, ils ont organisé une conférence de presse
très courue par les médias.». La prison de Saint-Vincent est alors entourée de deux murets de barbelés et d'un mur de quatre mètres. Dans les miradors, nuit et jour chaque sentinelle fait le
guet, sept jours par semaine. Les cellules sont alors éclairées en permanence et le plafond constitué de grillages sur lequel les gardiens font des rondes.
À l'époque il y avait 65 gardiens pour 62 détenus. Le 21 août 1972, Mesrine (qui a repéré que les rondes sont moins fréquentes le week-end et qui s'est procuré limes, outils et une échelle de
peintre) s'évade avec Jean-Paul Mercier, André Ouellet, Pierre Vincent et Robert Imbault en cisaillant les grillages de la cour de promenade (Jocelyne Deraiche est accusée d'avoir aidé à
l'évasion de Mesrine et condamnée à 23 mois de prison). Leurs cavales sont émaillées de nombreux méfaits. Le 26 août, ensemble, ils braquent la caisse populaire de Saint-Bernard de Dorchester,
puis, dix minutes plus tard, ils font de même avec celle de Saint-Narcisse de Lotbinière, soit deux le même jour. Leur butin s'élève à 26 000 USD. Le 28 août, ils braquent la Toronto Dominion
Bank à Montréal. Ils la braquent à nouveau trois jours plus tard.
Le 3 septembre, ils échouent dans leur tentative de libérer trois prisonniers de la prison de Saint-Vincent-de-Paul, celle où ils se trouvaient prisonniers et ils blessent grièvement deux
policiers. Une semaine plus tard, pendant qu'ils s'exercent au tir, Mesrine tue deux garde-chasses en compagnie de Jean-Paul Mercier, près de Saint-Louis-de-Blandford au Québec. En octobre, après
d'autres braquages à Montréal, ils effectuent un court passage à New York, au palace du Waldorf-Astoria. Puis, d'octobre à novembre 1972, Mesrine fuit au Venezuela avec Jean-Paul Mercier et leurs
deux maîtresses. Plus tard, Mercier les quittera pour revenir au Québec. Jean-Paul Mercier sera tué d'une balle dans la tête par la police canadienne lors d'une de ses tentatives de casse deux
ans plus tard. Quant à Jeanne Schneider, elle finira sa peine en France à la prison de Fleury-Mérogis. À sa sortie, elle restera en France.
Il retourne en France en décembre, où il commet le braquage de la paie d'une usine de Gisors pour un montant de 320 000 francs et d'une caissière retirant 280 000 francs d'une banque. Le 5 mars
1973, lors d'une altercation avec une caissière d'un café-bar, Mesrine brandit un revolver. Un policier tente d'intervenir et est grièvement blessé. Trois jours plus tard, Mesrine est arrêté à
Boulogne-Billancourt. En mai, il est condamné en France à 20 ans de prison. Le 6 juin, il doit comparaître pour une petite affaire de chèques sans provisions mais il s'évade du tribunal de
Compiègne en prenant en otage le président du tribunal, grâce à une arme dissimulée dans les toilettes par Michel Ardouin dit « le Porte-Avions » et Alain Caillol, un des ravisseurs du baron
Empain avec lequel Mesrine est monté sur des braquages 8 . Le 21 juin, il attaque à main armée l'imprimerie Lang pour s'emparer de la paie des employés, rue Curial dans le 19e arrondissement de
Paris, soit environ 300 000 francs.
Petit intermède dans sa folle activité, il s'offre quelques vacances de juillet à août dans une station balnéaire de la côte normande, Trouville. Mais début août, il reprend ses activités en
s'attaquant au Crédit lyonnais de l'avenue Bosquet dans le 7e arrondissement de Paris. Après ce coup retentissant, il se tient tranquille deux mois. Mais le 27 septembre, il braque deux banques
coup sur coup. Il est arrêté par le commissaire Robert Broussard une première fois le 28 septembre 1973, à son appartement rue Vergniaud en présence de Pierre Tébirent dans le 13e arrondissement
de Paris. Cette arrestation reste célèbre puisque le truand, cigare aux lèvres, ouvrit la porte aux policiers après vingt minutes de négociations à travers la porte et offrit le champagne au
commissaire. Mesrine plaisante avec Broussard : « Tu ne trouves pas que c'est une arrestation qui a de la gueule ? » Mesrine se tourne alors vers un compagnon de cellule, Jean-Charles Willoquet,
qui organise en intérieur une évasion montée à l’extérieur par Martine, son amie. Celui-ci s'échappe sans faire profiter Mesrine de cette évasion. Une fois dehors, il lui promet de l'aider à
sortir. Il prend du retard, mène Mesrine en bateau et finit par se faire reprendre le premier décembre 1975.
C'est durant ce séjour en prison qu'il écrit son autobiographie L'Instinct de mort, qui paraît en février 1977. Dans ce livre, il déclare avoir tué trente-neuf personnes. À ce sujet, un
criminologue, René Reouven, commente : « Il y a chez Mesrine un petit tueur qui se voudrait grand et si l'on peut comptabiliser les crimes qu'il a commis, on ne saurait en faire autant pour ceux
qu'il revendique ». Le 19 mai 1977, Mesrine est condamné à 20 ans de prison pour attaques à main armée, recel et port d'armes par la cour d'assises de Paris présidée par le juge Petit. Durant ce
procès, il se produit une anecdote célèbre : il défait le noeud de sa cravate, en sort des petites clés, qui sont des clés de menottes, puis il les lance à la figure des juges pour prouver la
corruption de la police et de la justice. Il est transféré au quartier de haute sécurité de la prison de la Santé. Cette incarcération est à l'origine d'un combat médiatique qu'il entend mener et
diffuser par le biais de la presse afin de faire fermer les quartiers de haute scurité, qu'il juge dégradants et inhumains9. Il parvient à s'évader le 8 mai 1978, à 10 heures du matin, accompagné
de François Besse et de Carman Rives. Grâce à des complicités au sein de la prison (qui introduiront des armes à leur intention), Mesrine et Besse parviennent à neutraliser leurs gardiens,
escaladent le mur d'enceinte et s'évadent de cette prison réputée inviolable, laissant derrière eux Carman Rives, abattu par la police.
Mesrine et Besse dévalisent une armurerie pour s'emparer d'armes. Le 26 mai 1978, il braque le casino de Deauville avec son compagnon de cavale, François Besse. Ils volent 70 000 francs. Le
braquage tourne mal, faisant deux blessés, mais les deux évadés parviennent à fuir en prenant en otage une famille de fermiers. Deux jours plus tard, une vaste opération est déclenchée pour
tenter de retrouver Besse et Mesrine. Plus de 300 gendarmes, ainsi qu'une section du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale assistée de policiers de la brigade antigang, sont déployés
pour les rechercher ; en vain. Ils s'enfuient avec la famille de fermiers dans une DS en allant à Paris. Les deux gangsters sont dans le coffre et la famille, dans la voiture. C'est à cette
période qu'il se met à écrire son deuxième livre, Coupable d'être innocent, plus politique que le premier, qui paraîtra après sa mort en 1979. Il continue les braquages, comme celui de la Société
générale du Raincy le 30 juin 1978, tandis que la police poursuit ses efforts pour le localiser. La police craint le pire.
Mesrine nargue les autorités en donnant des entretiens à des journalistes. Ainsi à Paris Match, le 4 août 1978, Isabelle Pelletier reçoit ses déclarations. Il se montre menaçant envers quiconque
voudrait tenter de l'arrêter. Il veut abolir les quartiers de haute sécurité (QHS) et va jusqu'à sommer Alain Peyrefitte de fermer les QHS sous peine de menaces, ministre de la Justice de
l'époque. Sa notoriété entraîne une guerre des polices entre Lucien Aimé-Blanc, chef de l'Office central pour la répression du banditisme, et Robert Broussard, chef de l'antigang, pour l'arrêter.
En juillet 1978, il rencontre Sylvia Jeanjacquot dans un bar à hôtesses. Il part en Algérie avec elle, puis retourne en France. Il reste caché dans le 18e arrondissement de Paris.
Le 10 novembre 1978, il essaie d'enlever le juge Petit, président de la cour d'assises de Paris à l'époque, qui l'avait condamné à vingt ans de prison en 1977, avec la complicité de Jean-Luc
Coupé dit « Nounours ». Il voulait enlever le juge pour se venger de sa condamnation. Le juge n'étant pas chez lui, il prend sa famille en otage, et attend son retour. Mais la famille réussit à
prévenir la police, par l'intermédiaire d'une des filles et d'un des fils du juge. Mesrine s'échappa sous le nez de la police grâce à son déguisement mais son complice, Jean-Luc Coupé, est
arrêté. En janvier 1979, il accorde un entretien à Libération, déclaré personnage médiatique de l'année pour le journal de gauche. Le 21 juin 1979, il enlève le milliardaire Henri Lelièvre avec
la complicité du braqueur Michel Schayewski dit « Le Viking », en se faisant passer pour un membre de l'OLP. Après vingt-huit jours d'enlèvement, il demande une rançon de six millions de francs
et demande à Henri Lelièvre de choisir une personne de confiance pour l'apporter. Suite à cet évènement, une unité anti-Mesrine est créée en août 1979. Il dépense l'argent de la rançon en montres
et dans des grands magasins, et achète une BMW 528i, la même que celle de la BRI sur laquelle il avait tiré lors de la première tentative de remise de rançon pour Henri Lelièvre.
Le 10 septembre 1979, Mesrine et Charlie Bauer tendent un guet-apens dans la forêt d'Halatte (Oise) près de
Senlis au journaliste de Minute Jacques Tillier. Après l'avoir emmené dans les profondeurs d'une grotte, Mesrine le torture, le met à nu, le tabasse et le blesse grièvement par trois balles en
lui tirant dans la joue (« pour l'empêcher de dire des conneries »), le bras (« pour l'empêcher d'écrire des conneries ») et la jambe (« par simple plaisir », affirmera-t-il plus tard). Il le
laisse pour mort. Mesrine reprochait à ce journaliste de l'avoir diffamé en écrivant qu'il n'était pas une personne « réglo » avec ses associés et que c'était un bandit sans honneur, en août
1979. Mesrine a pris en photos l'événement. Tillier arrive à s'en tirer. Il écrit des lettres aux journalistes disant qu'il ne voulait pas le tuer.
Fin octobre 1979, Emmanuel Farrugia (commandant de police) et Paul Rément (capitaine de police), hommes du commissaire divisionnaire Lucien Aimé-Blanc, chef de l'Office central pour la répression
du banditisme (OCRB), repèrent l'appartement de Mesrine rue Belliard, dans le 18e arrondissement de Paris. Ceci est rendu possible par le biais d'un indicateur, donné par Jacques Tillier qui
voulait se venger, qui dénonce Charlie Bauer comme complice actif de Mesrine et grâce aux écoutes des coups de
téléphone que Charlie Bauer passait à Jacques Mesrine. Maurice Bouvier, alors directeur central de la police
judiciaire, saisit la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) du commissaire principal Robert Broussard, territorialement compétente pour procéder à l'arrestation de Jacques Mesrine. Le
vendredi 2 novembre 1979 à 15 h 15, Mesrine, au volant de sa voiture avec sa compagne Sylvia Jeanjacquot, est encerclé par les hommes de la BRI, porte de Clignancourt à Paris. Un camion bâché,
qui s'est inséré devant son véhicule, dissimule des tireurs qui ouvrent le feu sur lui et sa compagne. Vingt et une balles sont tirées. On retrouvera dix-huit impacts de balles à haute vélocité
sur son corps. Il est tué en possession de grenades et d'armes de poing dissimulées à ses pieds. Sa compagne, grièvement blessée, perd un œil dans la fusillade.
La mort de Mesrine est un premier cas de remise en cause de la légitime défense invoquée par la police, car celle-ci aurait ouvert le feu sans sommation. Deux nouveaux témoins ont apporté des
éclaircissements en octobre 2008 sur France Inter, Guy Peynet, qui était en 1979 le patron du bar Le Terminus, porte de Clignancourt, n’a jamais été entendu sur procès-verbal dans la procédure
judiciaire ; il a envoyé une lettre, jointe au dossier. Il affirme que les policiers n’ont pas effectué de sommations avant de tirer sur Mesrine. Tout ce qu’il a entendu, c’est une rafale de
coups de feu suivie du cri : « Bouge pas ! T’es fait ! »10. Geneviève Adrey ne s’est jamais exprimée publiquement depuis le 2 novembre 1979. Ce jour-là, alors étudiante en musicologie, elle se
trouve dans une cabine téléphonique, avec une amie, porte de Clignancourt, à quelques mètres de la voiture de Jacques Mesrine. Elle raconte avoir entendu des rafales de mitraillette ou, en tout
cas, des coups de feu très rapprochés, mais en aucun cas des sommations10.
Les sommations restent toutefois un acte militaire auquel étaient soumis les gendarmes et non les policiers. La légitime défense n'est en aucun cas soumise à l'obligation d'effectuer des
sommations. On rappelle toutefois à cette occasion un avertissement que Mesrine avait dit à Broussard : « Quand nous nous rencontrerons à nouveau, ce sera à celui qui tirera le premier »9. En
outre, les policiers ont témoigné qu'au lieu de se rendre et de lever les mains, il eut un mouvement latéral comme s'il allait se saisir de quelque chose. Après coup, on constatera la présence de
deux grenades et de pistolets automatiques dans un sac à ses pieds. Il dit sur une cassette retrouvée par les enquêteurs à destination de sa dernière compagne, Sylvia Jeanjacquot : « Si tu
écoutes cette cassette, c'est que je suis dans une cellule dont on ne s'évade pas ».
L'instruction est rouverte en mars 2000. Elle débouche sur un non-lieu, le 14 octobre 2004. Le 6 octobre 2006, la Cour de cassation française a déclaré irrecevable le pourvoi en cassation de la
famille Mesrine suite au non-lieu prononcé le 1er décembre 2005 par la chambre d'instruction de la Cour d'Appel de Paris. Jacques Mesrine est enterré au cimetière Nord de Clichy-La-Garenne, la
ville qui le vit naître. Sa BMW 528i métallisée (Sylvia Jeanjacquot raconte l’achat dans son livre Ma vie avec Mesrine, éd. Plon 2011) immatriculée 83 CSG 75 est restée avec les scellés de
justice vingt-huit ans dans une fourrière à Bonneuil-sur-Marne avant d'être broyée dans une casse d'Athis-Mons le 14 mai 2007.
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Mesrine Jacques
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