Ramzan Akhmadovitch Kadyrov, né le 5 octobre 1976 à Tsenteroï (URSS, Tchétchénie), est un homme politique russe actuel président de la République de Tchétchénie depuis le 15 février 2007.
Il fut le Premier ministre par intérim du 17 novembre 2005 au 28 février 2006, après l'accident de voiture de son prédécesseur Sergueï Abramov. Il entre en fonction comme Premier ministre le 4 mars 2006 avec approbation du Parlement de la république. C'est la première fois depuis la fin du conflit avec le centre fédéral que la Russie autorise la nomination en Tchétchénie d'un premier ministre d'ethnie tchétchène et non d'ethnie russe. Il a été explicitement accusé de l'assassinat de Natalia Estemirova, le 15 juillet 2009, par l'ONG Memorial. Plusieurs associations travaillant à la défense des droits de l'homme considèrent que, s'il n'a peut-être pas lui-même exécuté le crime, il en a à tout le moins « absous par avance les auteurs ». Élève téméraire et impétueux à l'école, Ramzan Kadyrov s'est efforcé de gagner le respect de son père Akhmad Kadyrov, qu'il a toujours cherché à imiter. Amateur de boxe, il a rencontré en 2005 l'ancien champion du monde des poids lourds Mike Tyson.
À la suite de l'assassinat de son père, le président tchétchène et ancien grand mufti Akhmad Kadyrov, le 9 mai 2004, il devient vice-Premier ministre de la République de Tchétchénie. Également à la tête des Services de sécurité de la présidence tchétchène (une milice de 5 000 hommes, les Kadyrovtsy), Kadyrov a souvent été accusé d'être violent et antidémocrate. Il reçoit le soutien du président Vladimir Poutine et s'engage dans une lutte de pouvoir pour diriger l'armée avec les chefs de guerre tchétchènes Souliman Sadoulaev et Saïd-Magomed Sadoulaev qui représentent chacun des intérêts politiques différents. En décembre 2005, après un grave accident de voiture du premier ministre Sergueï Abramov à Moscou (qui est considéré comme n'étant pas un acte terroriste), Ramzan Kadyrov devient premier ministre de Tchétchénie par intérim. Après une longue période de convalescence, Abramov donne finalement sa démission, le 28 février 2006, au profit de Ramzan Kadyrov.
Ramzan Kadyrov est en réalité le véritable maître de la Tchétchénie, à côté du nouveau parlement docile avec un contrôle direct ou indirect de 12 000 à 34 000 hommes armés, souvent d'anciens combattants anti-russes chevronnés. Publiquement pro-fédéral et ostensiblement anti-wahhabite, se montrant souvent à côté de Vladimir Poutine, il prône, d'un autre côté, une islamisation des mœurs et des coutumes tchétchènes et agit souvent en nationaliste radical. Ramzan Kadyrov interdit de présence en Tchétchénie les organisations non gouvernementales danoises, au moment de la crise internationale des caricatures de Mahomet, le 7 février 2006. L'une d'entre elles travaille activement dans le domaine humanitaire. Le 15 février 2007, il est nommé par Vladimir Poutine, président par intérim après la démission de Alou Alkhanov. Il devient officiellement président le 2 mars. En 2004, Ramzan Kadyrov est décoré par Vladimir Poutine de la médaille du Héros de la Russie, la plus haute distinction du pays. Il est également nommé académicien de l'Académie des sciences naturelles de la Russie et de celle de la République Tchétchène.
Kadyrov est marié depuis 1996 à Medni Moussaïevna Kadyrova (née le 7 septembre 1978), dont il a sept enfants: quatre filles: Aïchat (née le 31 décembre 1998), Karina (née le 17 janvier 2000), Hedy (née le 21 septembre 2002) et Tabarik (née le 13 juillet 2004; et trois fils: Akhmad (né le 8 novembre 2005, nommé ainsi en honneur de son grand-père Akhmad Kadyrov), Zelimkhan (né le 14 décembre 2006), et Adam (né le 24 novembre 2007). En 2007, il a adopté deux autres fils. Pour son trente-cinquième anniversaire le 5 octobre 2011, des vedettes acceptent son invitation pour des montants inconnus : Jean-Claude Van Damme, Hilary Swank, Vanessa Mae (celle-ci pour 500 000 dollars selon la presse locale). Kevin Costner, Eva Mendes, Shakira ou Mike Tyson, bien qu'invités, n'ont pas assisté à cet anniversaire. En janvier 2015, il est en tête des manifestations pour protester contre les caricatures de Mahomet publiées par « Charlie Hebdo ».
Dans l'un de ses derniers articles publié le 11 septembre 2006, la journaliste assassinée Anna Politkovskaïa écrivit : « Qu'est-ce que le syndrome Kadyrov ? On peut le caractériser par les traits suivants que sont l'insolence rustre et la cruauté masqués par du courage et de l'amabilité. En Tchétchénie les Kadyrovsky frappent les hommes et les femmes à partir du moment où ils pensent que c'est nécessaire. Ils les décapitent de la même façon que leurs ennemis wahhabites. Et tout ceci est justifié et commenté par les plus hautes autorités comme des « détails permettant de placer les Tchétchènes en faveur de la Russie. » » Un proche de Kadyrov, Adam Delimkhanov, vice-premier ministre tchétchène et député à la Douma de Russie Unie, est accusé le 5 avril 2009 par la police de Dubaï d'avoir commandité le meurtre du chef de guerre pro-russe Soulim Iamadaïev. De nombreux meurtres d'opposants à Kadyrov ont eu lieu depuis septembre 2008, notamment entre septembre et janvier 2009, Mussa Assaev, Islam Djanibekov, Gazi Edilsoultanov tous tués à Istanbul et le 13 janvier 2009, Oumar Israïlov, tué à Vienne. Israïlov avait évoqué les prisons privées de Kadyrov.
Selon Le journal Le Monde, « Avec la bénédiction de Moscou, Kadyrov semble donc bénéficier d'un droit de vie et de mort sur ses sujets. Les opposants de Kadyrov — six au total — ont donc été assassinés en de multiples endroits situés hors de Tchéchénie : Vienne, Istanbul, Dubaï, et Moscou. » Selon l'hebdomadaire L'Express, le président tchétchène est aidé dans sa tâche par le Service fédéral russe de sécurité (le FSB), ainsi que par le réseau diplomatique russe à l'étranger. Sont venus se rajouter ensuite les assassinats de Natalia Estemirova (15 juillet 2009 à Grozny), puis début août 2009, toujours à Grozny, de la responsable d'une organisation caritative pour les enfants, Sauvons les générations, Zarema Sadoulaïeva et son mari Alik Djabraïlov, trouvés dans le coffre d'une voiture, tués par balle. À la suite du meurtre, le 15 juillet 2009, de Natalia Estemirova, qui travaillait pour la défense des droits de l'homme en Tchétchénie, la Fédération internationale des droits de l'homme a déclaré : « Si M. Kadyrov n'est pas directement responsable de ce meurtre, il en a en tout cas clairement à l'avance absous les auteurs. Et les autorités russes ont accepté cela sur leur sol, elles ont laissé faire, elles en portent la responsabilité. »
L'ONG Memorial a déclaré que la Russie souffrait de terrorisme d'État. Le président de Memorial, Oleg Orlov, a affirmé que Ramzan Kadyrov avait menacé Natalia Estemirova et que le président Medvedev, n'avait pas d'objections à ce que Ramzan Kadyrov, lui-même président de la Tchétchénie, soit un meurtrier. Oleg Orlov a formellement accusé Ramzam Kadyrov, le président pro-russe de Tchétchénie, disant : « Je sais, je suis sûr de l'identité du coupable, nous le connaissons tous, son nom est Ramzan Kadyrov. » Selon l'association Human Rights Watch, dans cette région, « les enlèvements sont encore une pratique courante pour se débarrasser de ceux qui critiquent le pouvoir. » Anne Le Huérou, de la Fédération internationale des droits de l'homme, a ajouté à cette occasion : « beaucoup de défenseurs des droits de l'homme comparent le régime de Kadyrov aux années 1936-1938, lors de la pire période de la terreur stalinienne. Il semble que désormais, le seul choix restant soit de se rallier à Ramzan Kadyrov. »
À la suite des accusations de Memorial, Ramzan Kadyrov a porté plainte auprès de la Direction de la police de Moscou contre les propos dits « diffamatoires » et « calamiteux » du président de l'association, Oleg Orlov, auquel Ramzan Kadyrov a rappelé la notion de présomption d'innocence. Ramzan Kadyrov a réclamé de ce fait 10 millions de roubles (227 000 euros) à Oleg Orlov. Le 6 octobre 2009, le tribunal civil Tverskoï de Moscou a condamné Oleg Orlov, de l'ONG Memorial, à verser à Kadyrov 20 000 roubles de dommages et intérêts, soit 450 euros, et à publier un démenti sur son site internet. Memorial a de son côté été condamnée à 50 000 roubles (1 140 euros) de dommages et intérêts. Ramzan Kadyrov fait l'objet d'une interdiction de pénétrer dans le territoire des pays de l'Union européenne, depuis le 26 juillet 2014, ainsi que du gel de ses « éventuels avoirs » en Union européenne, dans le cadre des sanctions européennes à l'encontre de la Fédération de Russie pour son immixtion dans la crise ukrainienne de 2013-2014.