Une longue liste de remises de décorations et d’honneurs signées par le président russe Vladimir Poutine a été rendue publique lundi 9 mars sur le portail officiel du gouvernement. Parmi les dizaines de noms présents dans ce document de 25 pages, deux sont parmi les plus controversés du moment, Ramzan Kadyrov et Andreï Lougovoï.
Ramzan Kadyrov passe en revue des membres des forces spéciales tchétchènes, à Grozny, le 28 décembre 2014
Le premier, président de la république autonome de Tchétchénie, a fait une intervention remarquée dimanche 8 mars après la présentation devant un tribunal de cinq hommes d’origine tchétchène, suspectés d’avoir participé au meurtre de l’opposant russe Boris Nemtsov, en plein cœur de Moscou, le 27 février. Quelques heures plus tard, sur son compte Instagram, Ramzan Kadyrov avait qualifié Zaour Dadaïev, un ancien membre des forces spéciales tchétchènes considéré par les enquêteurs comme le principal suspect, de « vrai patriote de la Russie ».
Loin de prendre ses distances avec le responsable tchétchène, qu’il a lui-même propulsé en 2007 à la tête de cette république musulmane membre de la fédération de Russie, le président Poutine a signé dimanche le décret remettant l’Ordre de l’honneur à M. Kadyrov pour ses « réalisations exceptionnelles », ses « activités sociales », et ses « nombreuses années de travail assidu ».
« Compassion » et « humanité »
Ce n’est pas la première fois que le dirigeant tchétchène est ainsi honoré. Il y a plus de dix ans, il s’était vu décerné le titre de « Héros de la Russie », suivi d’une médaille du Courage reçue en 2003, et une autre pour services rendus à la patrie en 2006. Parmi les prix publics remis à M. Kadyrov, il faut encore signaler une récompense octroyée pour sa « compassion » et son « humanité » à travers son soutien aux « enfants et veuves » de la Tchétchénie, un territoire ravagé par deux conflits meurtriers contre l’armée russe.
Le second personnage controversé dans la liste publiée lundi est Andreï Lougovoï, député de la Douma sous l’étiquette des libéraux-démocrates, le parti du nationaliste Vladimir Jirinovski, qui s’est vu de son côté décerner la médaille de l’Ordre du mérite pour la patrie en raison de sa « grande activité au développement des relations législatives et parlementaires ». Ancien agent du KGB (les services secrets russes, remplacés depuis par le FSB), M. Lougovoï est soupçonné d’avoir participé en 2006, à Londres où il se trouvait alors, au meurtre d’Alexandre Litvinenko, empoisonné au polonium et décédé peu après. La Grande-Bretagne demande son extradition, que la Russie refuse. Coïncidence : le procès de l’affaire Litvinenko s’est ouvert dans la capitale britannique le 27 janvier dernier.