Paul Jean Léon Van Aerschodt, Juan Pablo Simons2 dans la clandestinité3, né à Houdeng-Aimeries, le 18 décembre 1922 et décédé à
San Sebastian le 6 octobre 2011, est un collaborateur belge du nazisme qui fut condamné à mort par contumace en avril 1946 par le tribunal de guerre de Charleroi. La sentence devait être exécutée
à Charleroi. Ayant pris la fuite, en Espagne puis en Bolivie, on le crut mort avant de retrouver sa trace et de procéder à son arrestation le 28 octobre 2008. Sa peine étant prescrite depuis
1976, il fut relaxé et regagna l'Espagne où il décédera le 6 octobre 2011.
Paul Van Aerschodt nait à Houdeng-Aimeries en 1922. Son dernier domicile connu en 1945 est celui où il est né, rue Boël (actuellement rue Victor Juste) dans cette localité. Issu d'une famille de
carilloneurs flamands, la famille Van Aerschodt est venue s'installer en wallonie. Les parents, catholiques, sont tous deux professeurs. Adolescent, il fréquente la Jeunesse étudiante chrétienne
et subit l'influence de son aumônier, Louis Dumoulin8, rexiste convaincu. Il côtoiera ainsi la Hitlerjugend et apprendra l'allemand. « Ce fut mon seul camp des Hitlerjugend. Il a duré quinze
jours. C’était près d’Ulm. J’en suis revenu avec un Mein Kampf dédicacé par Baldur von Schirach »9. Au collège Saint-Joseph de La Louvière où il termine ses humanités, Il dénonce son professeur
d'ajustage, Monsieur Mathieu, à la kommandantur de Mons pour les propos politiques et patriotes qu'il tient en classe. Inquiété, il ne sera toutefois pas arrêté.
Durant la Seconde Guerre mondiale, de février 1941 à fin août 1944, il collabore activement avec les nazis en dénonçant les réfractaires au Service du travail obligatoire. Agent administratif de
la Werbestelle, il avait pour mission de dresser les listes, au départ des registres civils, des travailleurs répondant aux conditions du travail obligatoire. Directement accrédité par les
autorités allemandes, il se présentait dans les différentes administrations communales du Hainaut et d'une partie du Brabant wallon.
Il était le premier des prévenus de ce que la presse avait appelé de «procès de la werbestelle» de La Louvière. Le chef d'accusation était d'avoir "volontairement et en connaissance de cause
participé au fonctionnement d’un organisme ennemi destiné à recruter la main-d’œuvre nécessaire au Reich". Lors du verdict, le 18 avril 1946, sur les 27 personnes, responsables de la déportation
de 2500 personnes et de la mort de 20 compatriotes, qui furent jugées, sept, dont Van Aerschodt, furent condamnées à mort. Il fut également condamné à verser à l'état belge 500.000 francs belges
à titre de dommage et intérêt. En outre, le 20 mars 1947, il fut déchu de sa nationalité belge. Incarcéré dans la prison annexe de Charleroi, il parvient néanmoins à s'évader pour l'Espagne la
nuit du 28 au 29 janvier 1945. Il y est repris une seconde fois et transféré au camp pour étranger de Miranda del Ebro. Absent lors de son procès, réputé "fugitif et latitant", il sera donc
comdamné à mort par contumace en avril 1946. La sentence sera confirmée en 1947.
En Espagne, Il épouse une Bolivienne. Le couple aura cinq enfants. En 1947, grâce à ses appuis franquistes et celui d'un évêque, il prend la fausse identité de Juan Pablo Simons et obtient un
visa pour la Bolivie via l'Argentine où la famille s'installe échappant ainsi définitivement à l'exécution de sa sentence. Vivants à La Paz, ils tiennent un restaurant: le Corso. Il déclarera
plus tard que dans ce restaurant, il rencontrera Martin Bormann et Klaus Barbie qui fréquentèrent son établissement situé dans le quartier Florida. Il dira avoir rencontré à 4 reprises Martin
Bormann en 1960, y compris dans sa villa. Il se faisait appeler Augustin von Lanbach et portait la soutane des pères rédemptoristes. Il est à ce propos intéressant de constater que cette fausse
identité est citée dès 1981 par Paul Manning, p. 288 de son livre "Bormann : Nazi in Exile" : [Martin Bormann] did return to Europe in secret (...) He traveled as Monsignore Augustin von der
Lange-Lanbach, on a forged Vatican passport".
En 1957, il rencontre sa mère en France, dans une localité proche de la frontière belge. En 1964, il regagne l'Espagne et s'établit à San Sebastian. De 1969 au 31 décembre 1976, malgré ses
condamnations, il travaille pour les Nations unies au BIT, on le verra ainsi photographié au côté de Kurt
Waldheim. Il assumait une charge d'expert en tourisme et effectua différentes missions pour le BIT. Il voyagera ainsi à Chypre, en Roumanie, en Afghanistan, en Allemagne de l'Est. Engagé sous
un faux nom, Paul Jean Léon Simons de Aerschot, les Nations Unies ignorèrent tout de son passé de collaborateur. Van Aerschodt évitera toujours soigneusement le territoire belge, même après la
prescription survenue en 1976. Il ne remettra les pieds en Belgique qu'en 2002. Le 17 janvier 2002, tandis que la Belgique le croyait mort depuis vingt ans sur base d'un faux certificat de décès
produit par une instance bolivienne, l'attention d'un ancien résistant consulté pour ses connaissances juridiques est attirée par une vente concernant la sœur de Van Aerschodt, il y est également
question d'un frère, Juan Pablo Simons. Ceci signa le début d'une traque de six années et demi menée par une fraternelle d'anciens résistants issus de la RUSRA et conduira à son arrestation musclée, par la sûreté de l'État belge, le 28 octobre 2008.
Paul Van Aescshodt était resté en contact avec sa sœur. Ne faisant pas confiance aux banques, elle et son mari, avaient ammassé leurs économies dans une valise, soit 832 000 euros. Au décès de
son beau-frère, le 24 octobre 2008: « «Van Aerschodt a su alors que le moment était enfin arrivé de rafler la valise à sa sœur, et ses 832.000 euros» ». La section terrorisme de la P.J. de Liège
l’interpella lors de sa venue en Belgique, 4 jours plus tard. Il fut arrêté en rue à Overijse par trois hommes en civil qui le jetèrent sans ménagement dans un véhicule . Il est amené au palais
de justice de Bruxelles où il est attendu par le magistrat Van Leeuw. Sa peine étant prescrite depuis 1976, il fut relaxé et regagna l'Espagne où il décèdera, le 6 octobre 2011.
Un journaliste de la Dernière heure, Gilbert Dupont, recueille son témoignage quelques mois avant sa mort. Paul Van Aerschodt, depuis son domicile de San Sebastian, revient sur son passé de
collaborateur: «Oui, j'étais un collabo, et alors ?» … «Il fallait bien que je fasse quelque chose. Je n’allais pas vendre des chaussures quand même?». Il minimise son action. Il n’était, à
l'entendre, qu’un “simple maillon administratif sans pouvoir exécutif” et que par son action, il aurait sauvé de nombreuses personnes de la déportation. Sans exprimer de remords, il parle de
"faux-pas", "d'erreur d'aiguillage", "d'orientation".
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Aerschodt Paul Van
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