Quantcast
Channel: Mémoires de Guerre
Viewing all articles
Browse latest Browse all 30791

Roger Hanin, le grand patron

$
0
0

DISPARITION - L'acteur est mort mercredi à l'âge de 89 ans. Comédien, beau-frère du Président, grande gueule, retour sur sa carrière.

Roger Hanin à Paris en septembre 1969, sur le tournage du téléfilm «Plus jamais seul»

Roger Hanin à Paris en septembre 1969, sur le tournage du téléfilm «Plus jamais seul»

«Il y a des gens qui disent : “je n’ai pas eu la carrière que j’aurais voulue”. Je dis, moi : “j’ai eu une carrière plus grande que celle que j’aurais espérée, maintenant j’arrête”.» C’était en novembre 2008, Roger Hanin, 83 ans, annonçait qu’il mettait un terme à sa carrière sans «amertume» ni «nostalgie». Ce mercredi matin, l’acteur est mort d’une détresse respiratoire à l’hôpital parisien Georges-Pompidou, à l’âge de 89 ans.

Il laisse derrière lui une filmographie étrange : beaucoup de seconds rôles, mais quelques succès populaires marquants, voire impressionnants. A défaut d’être une grande figure du cinéma français, c’était une gueule, souvent cantonnée au rôle de grand dur par son physique imposant. Mais il était aussi Navarro, se fondant avec son personnage de commissaire qui marquera l’histoire de la série télé française dans les années 90, réunissant des millions de téléspectateurs sur TF1. Et, enfin, c’était le beau-frère, «le beauf», celui qui se mariera en 1959 avec la sœur de Danielle Mitterrand.

Hanin, le parrain

Hanin avait entamé des études de pharmacie avant de faire de la figuration dans un petit film. Enthousiasmé, il s’inscrit au cours d’art dramatique avec René Simon et Michel Vitold et entame une carrière au cinéma. Il tournera près d’une centaine de films. Son imposante stature, son allure de «gangster italo-américain bien nourri», selon un biographe, lui ouvre quelques portes. Il se fait un nom avec les séries du Gorille et du Tigre et tiendra beaucoup de seconds rôles avec des réalisateurs tels que Luchino Visconti dans Rocco et ses frères (1959), Jules Dassin dans Celui qui doit mourir (1957), ainsi qu’avec Jean-Luc Godard (A Bout de souffle), Claude Chabrol, Georges Lautner ou Edouard Molinaro.

L’année 1978 marque un tournant. Alexandre Arcady lui propose de jouer un commerçant pied-noir qui, après la guerre en Algérie, revient en France. Avec Le coup de Sirocco, Roger Hanin devient l’ambassadeur de ces rapatriés. Toujours dirigé par Arcady, il tourne peu après un autre de ses grands succès, Le grand pardon (1981).

Il a lui-même dirigé des films, notamment Train d’enfer, inspiré d’un fait divers réel : deux légionnaires défenestrent un Maghrébin dans un TGV.

Hanin, le commissaire

Des années à dire à son téléphone «Navarro, j’écoute», à balancer de gros scuds aux malfaiteurs tout en se mettant bien avec les indics, Hanin n’a jamais autant eu la classe – certes, la classe TF1 – qu’au comico. La série Navarro, c’est la renaissance de Roger Hanin, son plus grand succès populaire. Le premier épisode est diffusé sur TF1 en octobre 1989. Il tiendra le rôle du commissaire intraitable-mais-chaleureux durant 108 épisodes, réunissant jusqu’à 10 millions de téléspectateurs par soir. La série s’arrêtera en 2005. Avec Navarro, il obtiendra le 7 d’Or du meilleur comédien en 1990.

Hanin, le «beauf»

En épousant la sœur de Danielle Mitterrand, Christine Gouze-Rénal (ci-dessous), Roger Hanin est devenu le beau-frère de François Mitterrand. «C’est une nouvelle triste parce que Roger Hanin a beaucoup compté dans notre vie de famille : on a beaucoup de souvenirs, il était très présent», a dit Gilbert Mitterrand à l’AFP, peu après la mort de l’acteur. Mais qui dit famille dit baston. En 2013, le «beauf» du Président a réclamé à Jean-Christophe Mitterrand ainsi qu’à son frère, Gilbert, 385 000 euros. Cette somme correspond à la moitié de la caution que Danielle Mitterrand avait dû réunir début 2001 pour sortir Jean-Christophe de sa cellule VIP de la prison de la Santé. L’affaire avait été portée en justice.

 

L'acteur français Roger Hanin s'entretient avec son épouse la productrice de cinéma Christine Gouze

L'acteur français Roger Hanin s'entretient avec son épouse la productrice de cinéma Christine Gouze

Hanin, la grande gueule

Figure de la Mitterrandie, il supportait difficilement la critique envers l’ancien président. Il avait qualifié, en 2000, Lionel Jospin de «vraiment méprisable» parce que le Premier ministre avait parlé de «devoir d’inventaire» des années Mitterrand. En 2003, ce fils de communiste adhère au PCF et critique l’état «calamiteux» dans lequel se trouvait le PS : «Jospin a fait l’inventaire des années Mitterrand, mais qui fera l’inventaire des années Jospin ?», s’interrogeait-il, en ironisant sur «la figure si charismatique» de François Hollande.

Mais en 2007, changement à 180 degrés : c’est Nicolas Sarkozy qu’il choisit, persuadé que l’homme de Neuilly est en réalité de gauche. Il l’explique alors sur le plateau de Marc-Olivier Fogiel, expliquant que Ségolène Royal ne faisait pas le poids, qu’elle n’était pas «outillée». Et en profitant pour placer une petite remarque bien miso à Isabelle Mergault, présente en même temps sur le plateau. 

Autre coup d’éclat, sur le plateau de Guillaume Durand cette fois, où il traite Jean-Marie Le Pen de «véritable nazi».


Viewing all articles
Browse latest Browse all 30791

Trending Articles



<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>