De riches Arabes prétendus donateurs d’Al-Qaida étaient des clients de HSBC.
Six mois se sont écoulés depuis les attentats du 11 septembre 2001. Aux Etats-Unis, les enquêteurs américains travaillent à démanteler le réseau financier d’Oussama ben Laden. En mars 2002, avec l’aide des forces spéciales bosniaques, ils lancent un raid au sein de la Fondation internationale de bienfaisance, à Sarajevo. Sur les disques durs saisis, les enquêteurs découvrent un dossier intitulé «L’histoire d’Oussama». L’un des fichiers numérisés dévoile une liste de vingt noms en arabe, soit les supposés plus grands donateurs de l’organisation terroriste Al-Qaida. Ils baptiseront ce prétendu réseau de financement du terrorisme «Golden Chain» (la «Chaîne d’or»).
La banque aurait dû savoir
Aujourd’hui, treize ans après cette découverte, les SwissLeaks révèlent que des présumés parrains de Ben Laden avaient placé leurs fonds en Suisse, chez HSBC. Plusieurs membres de la «Chaîne d’or» figurent en effet dans la liste Falciani. Ces personnes sont issues de cercles influents en Arabie saoudite. Des «cheikhs» et des «princes» qui font la une des magazines d’affaires et apparaissent dans les fiches en tant que gestionnaires ou propriétaires de grands conglomérats mondiaux. HSBC savait-elle que certains de ses clients prestigieux auraient pu financer le terrorisme? Dans la plupart des cas, oui: la banque n’avait qu’à lire les journaux.
A l’exemple de ce Saoudien de 70 ans, patron d’un conglomérat international. En juillet 1999, ce natif de Djeddah ouvre un compte à son nom chez HSBC à Genève. Le 8 juin 2003, l’hebdomadaire britannique The Sunday Times le mentionne nommément dans son enquête sur la «Chaîne d’or». La banque est face à un dilemme puisque le nom de ce client n’apparaît pas dans les listes officielles de l’anti-terrorisme. Nous nous serions volontiers entretenus avec HSBC. Mais la banque a rejeté nos sollicitations, nous renvoyant à une déclaration générale écrite.
Sur la base des SwissLeaks, il est établi que ce conglomérat saoudien et ses clients sont restés chez HSBC. Entre 2006 et 2007, le mouvement des comptes de la société oscille aux alentours de 70 millions de dollars. De même que le compte de cette société d’investissements, dont le bénéficiaire est un Saoudien, fluctue autour des 200 millions de dollars. Dès 2003, HSBC, alors l’une des banques les plus actives en Arabie saoudite, a édicté des règles plus strictes dans le démantèlement de ces financements du terrorisme. Mais cela n’a pas empêché les supposés mécènes de Ben Laden de faire des affaires. D’autres exemples figurent au sein de la liste Falciani. Dans au moins trois cas, il s’avère que HSBC a poursuivi la relation bancaire avec des clients soupçonnés publiquement d’avoir financé le terrorisme.