DISPARITION – Agé de 69 ans, Yves Bertrand a été retrouvé mort, lundi, à son domicile parisien. L'ancien patron des Renseignements généraux, de 1998 à 2004, avait été impliqué dans l'affaire Cleastream, acusé de diriger un "cabinet noir". Ce proche de Jacques Chirac était notamment l'auteur de fameux carnets au contenu sulfureux et qui lui ont valu beaucoup d'inimitiés.
Il emporte peut-être avec lui de lourds secrets. Yves Bertrand, qui se surnommait lui-même le "démineur de la République", a été retrouvé mort, lundi, à son domicile parisien. L'ancien directeur des Renseignement généraux (devenus en 2008 la Direction centrale du renseignement intérieur) était âgé de 69 ans. Les causes de son décès demeurent pour l'heure inconnues.
Homme de l'ombre, Yves Bertrand est plusieurs fois revenu à la une de l'actualité à partir de 2006, en plein coeur de l'affaire Clearstream. Dans cette affaire politico-financière, l'ex-grand flic, entré dans la police en 1970, avant de tenir les rênes des RG de 1992 à 2004, était suspecté par Nicolas Sarkozy d'avoir détenu un rôle-clé aux côtés de son ennemi intime, Dominique de Villepin. Il était notamment accusé d'avoir constitué un "cabinet noir" au profit de l'ancien Premier ministre et de Jacques Chirac, dont il était proche. Des accusations dont il s'est toujours défendu.
L'homme aux carnets
C'est dans le cadre de cette affaire tentaculaire que la justice a saisi en 2008 ses fameux carnets. Plus d'une vingtaine de cahiers dans lesquels Yves Bertrand consignait méthodiquement les rumeurs et autres ragots sur la vie publique et privée des politiques, sur une période allant de 1998 à 2003. De quoi faire trembler la Ve République, voire même déstabiliser le pouvoir en place. On prête ainsi à Yves Bertrand plusieurs "fuites" dans les médias qui ont pu nuire à Lionel Jospin, Premier ministre socialiste de 1997 à 2002. Dans son ouvrage, Les carnets noirs de la République, le journaliste Patrick Rougelet affirme qu'Yves Bertrand avait également collecté, en 2003, des informations sur Cécilia Sarkozy.
Une partie des contenus de ces sulfureux carnets saisis par la justice avaient été divulgués dans l'hebdomadaire Le Point, à la fin de l'année 2008. Une publication qui avait débouché sur une plainte déposée, entre autres, par Nicolas Sarkozy, alors président de la République, pour "atteinte à la vie privée" et "dénonciation calomnieuse". De son côté, Yves Bertrand a toujours argué du fait que ses écrits n'étaient que de simples "brouillons" et qu'il se considérait comme une "victime". Cette plainte sera classé sans suite en 2010.