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1ère audition de Knochen Helmut

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Direction des Renseignements Généraux - 2ème Section

1ère audition de l'intéressé

c/Knochen Helmut, 36 ans, ex-chef de la Police de Sûreté et du S.D. en France, actuellement détenu.

Le 23 décembre 1946

Berge Marc, Divisionnaire à la Direction des Renseignements généraux, Paris, 11, rue des Saussaies assisté de l'Inspecteur Jeanjan Henri de votre Serv.

Vu les instructions de M. le Directeur des Renseignements Généraux,

Avons fait comparaître devant nous, Knochen Helmut, ex-chef de la S.I.P.O. et du S.D. à Paris, qui répond comme suit à nos interpellation :

1ère audition de Knochen Helmut1ère audition de Knochen Helmut

Je me nomme Knochen Helmut, Herbert, né le 14 Mars 1910 à Magdebourg (Allemagne) de Karl et Reichardt Marie. Mes parents sont décédés en 1945, à la suite d'un bombardement de l'aviation anglo-américaine sur Magdebourg. Mon père était intituteur. J'ai une soeur âgée de 32 ans qui est mariée à Hoego Walter, ex-officier de D.C.A. et juge d'instruction. Ils résident actuellement dans la zone russe à Halberstadt et j'ignore quelle est leur situation exacte. J'ai fait mes études à Leipzig, Halle et Goettingen où j'ai obtenu mon doctorat en philosophie. A Berlin, par la suite, j'ai suivi des cours d'économie nationale.

A la fin de mes études, j'ai épousé en juillet 1936, à Magdebourg, Melle Schreiber Erika, dont j'ai eu une fille née en 1939. En 1935, je suis entré comme rédacteur au D.N.B. où je me suis surtout occupé de l'organisation des Jeux Olympiques. Après une tentative infructueuse pour embrasser la carrière diplomatique, j'ai quitté le D.N.B. en 1936 et suis entré au S.D. à la section de la Presse. Nos bureaux étaient installés Wilhelstrasse 103 à Berlin, et j'était chargé, sous les ordres du Professeur Six, d'étudier les tendances de la presse et de la littérature allemandes d'abord et étrangères ensuite, afin de déceler l'activité des organisations anti-nazies. Je m'occupais également des Sociétés Secrètes, la Franc-Maçonnerie notamment et des émigrants.

En 1939, une modification est inervenue dans l'organisation du S.D. et au mois de juillet, la Section VI - Renseignements Généraux - Etranger à été contituée. Cette Section était dirigée par le Général Jorst, et j'ai eu le commandement d'un groupe. A la déclaration de guerre, en septembre 1939, j'ai conservé ce poste et au moment de l'occupation de Paris par l'armée allemande, j'ai été envoyé avec une vingtaine de collaborateurs dans la capitale française pour y faire des recherches sur la Franc-Maçonnerie et les Allemands émigrés en France. J'avais le commandement de ce groupe avec le grade de Commandant.

Après avoir séjourné quelques semaines à l'Hôtel du Louvre, j'ai installé mes services au 72 de l'avenue Foch. Mon chef était le Général Thomas qui avait ses bureaux 57 Bd Lannes et était le représentant direct de Heydrich, pour la France et la Belgique. En 1941, j'ai été nommé Lieutenant-Colonel et en 1942, au moment de l'arrivée d'Oberg, Colonel. Jusqu'à l'arrivée du Général Oberg, j'avais le commandement suprême du S.D. et de la S.I.P.O. celle-ci étant cependant plus directement placée sous la direction du Commandant Boemelbueg qui était toutefois sous mes ordres. Ce dernier avait ses bureaux 11, rue des Saussaies.

Le Général Oberg était le chef de toute la police allemande en France et était chargé des rapports avec le gouvernement français, le gouvernement militaire allemand et l'Ambassade d'Allemagne. Quant à moi, mes fonctions sont restées les mêmes jusqu'à notre repli, à cette seule différence près, que j'étais placé sous les ordres du Général Oberg au lieu de l'être sous ceux du Général Thomas, qui a été envoyé sur le front russe à la fin de 1941. Ayant divorcé en 1939, je me suis remarié le 27.02.1943 à Paris, à Willerbel Ruth, qui m'a donné un fils né en 1941 à Halmenklee. Le mariage a été célébré à l'Ambassade.

Au moment du repli, j'ai quitté Paris avec le Général Oberg et le Général Scheer, chef de la Police de Sécurité Publique (Ordnungs polizei). A Vittel, fin août 1944, le Général Oberg m'a notifié un ordre d'Himmler m'enjoignant de me présenter à Berlin devant Kaltenbrunner, le successeur de Heydrich. A Berlin, Kaltenbrunner m'a signifié que j'étais dégradé et incorporé comme simple grenadier dans la Waffen SS. Mon successeur a été désigné en la personne de Suhr, Lieutenant Colonel, ex-commandeur de Toulouse.

J'ai aussitôt rejoint le camp d'instruction de Beneschau en Tchécoslovaquie où j'ai suivi des cours de lutte anti-chars jusqu'en janvier 1945. Le 15 janvier 1945, j'ai été rappelé à Berlin à la Section VI qui venait d'absorber l'Abwehr, pour y recevoir des cours d'instruction. J'ai visité les bureaux de Berlin, de Prague, de Munich, de Merano et de Vienne, afin de me rendre compte du fonctionnement des Services Sichereitspolizei-Abwehr. De Vienne, je devais me rendre en Hongrie, mais je n'ai pu le faire, ce pays étant déjà occupé par les Russes.

J'effectuais alors un travail d'information sous les ordres du chef de la Section VI, le Général Schellenberg et c'est ainsi que j'ai été amené à prendre contact avec le Dr. Hoetel, représentant de la Section VI à Vienne qui avait effectué plusieurs voyages de liaison avec les bureaux du Général Américain Donovan à Berne. Le but de ces conciliabules était d'obtenir des Américains, la sauvegarde du groupe d'armée du Feldmarschall Rendulic et son utilisation éventuelle par eux, contre les Russes. Ces tractations n'ont pas abouties.

La débâcle allemande étant intervenue, je me suis retiré dans un petit village près de Göttingen, dans le Hanovre où je suis resté jusqu'au début de 1946. Le 14 janvier 1946, je me suis rendu en zone américaine et j'ai été arrêté le 16 près de Kronach. Transféré à Bamberg, j'ai été cité comme témoin au Tribunal de Nuremberg où j'ai déposé dans les affaires Katelbrunner et Ribbentrop, ainsi que pour les différentes organisations nazies.

Interné trois mois à Dachau, j'ai été remis aux autorités françaises qui m'ont placé sous surveillance au camp de Reutlingen dans le Wurtemberg. Transféré en France via Strasbourg, je suis arrivé à Paris le 9 novembre 1946. Ma femme réside actuellement à Hahnenklee, en zone anglaise. Tout ce que je possèdais comme biens mobiliers ou immobiliers, a été détruit par les bombardements. Mon compte à la Sparkasse Berlin, qui se montait à environ quinze mille marks, est actuellement bloqué. Au moment de mon arrestation, j'avais 400 marks sur moi, qui ont été saisis par les autorités américaines.

Lecture faite persiste et signe
Le Commissaire Divisionnaire Marc Berge

Mention

Mentionnons que le nommé Knochen Helmut s'exprime correctement en français et n'a pas besoin de l'assistance d'un interprète.

Le Commissaire Divisionnaire Marc Berger

Carl Oberg - Heydrich et Helmut Knochen à Paris en juin 1942

Carl Oberg - Heydrich et Helmut Knochen à Paris en juin 1942

Dans le P.V. n° 5, Knochen s'étend sur l'activité des diverses sections du B.D.S. (service de sûreté) à Paris et fait allusion aux agents français qu'elles utilisaient.

Ardant - Directeur de la Société Générale - Dassonville

A la page 7 du P.V. n° 5, à propos de la Section III Knochen s'exprime ainsi, mettant en cause Ardant, Directeur de la Société Générale et som ami Dasonville, qui ont réalisé des "bénéfices absolument énormes".

Sur la question financière, la Section III fournissait des rapports concernant l'activité des banques françaises ou étrangères. Elle travaillait en liaison avec le Dr. Caesar, Directeur de banque en Allemagne et chargé d'observer ces questins à Paris, ainsi qu'avec Schafer, ancien Président de la Koten Bank de Dantzig, un des Présidents de la Reichsbank à Berlin, Directeur de l'Aérobank à Paris et conseiller allemand près de la Banque de France.

La Section III a facilité la tâche du Dr. Caesar qui avait pour mission d'assurer la ocntinuité des opérations des banques anglo-américaines et notamment de la Barclay's Bank. Les renseignements dont la Section III a pu avoir besoin lui ont été fournis par M. Ardant, Directeur de la Société Générale avec qui Maulaz était en rapports. J'ai fait la connaissance de Ardant par l'intermédiaire de mon ami Dassonville, dans les circonstances suivantes.

Un peu plus tard, le Général Michel a envisagé l'aryanisation du groupe Worms et a proposé de la confier à des Allemands. Je suis alors intervenu auprès de lui, en disant que Dassonville ayant déjà la Grande Maison de Blanc, il y aurait intérêt, à mon avis, de lui confier l'affaire Worms. Je proposai, en même temps, Ardant pour la question financière. Etant donné que, d'une part, Dassonville était mon ami, et que d'autre part, Ardant avait la pleine confiance du Général Michel, de ses services dirigés par le Dr Blanke et de Laval, il n'y a pas eu de difficultés.

Dassonville et Ardant assistés de Me Loncle ont donc réglé la question Worms. J'ai vu plusieurs fois Ardant chez Dassonville ou à mon bureau, mais c'est surtout Maulaz qui a discuté des détails avec lui et avec le Dr. Blanke, Directeur de l'aryanisation chez Michel.

Le Groupe Worms possédait des usines en Espagne et en Roumanie et Ardant et Dassonville m'ont demandé de me procurer des renseignements sur ces deux pays. Je me suis alors aperçu, en étudiant l'affaire, que le groupe Worms était un véritable Konzern, difficile à aryaniser entièrement et qu'en réalité, Dassonville et Ardant n'étaient que les hommes de paille de Worms qui continuait à tirer les ficelles dans la coulisse. Je me suis toutefois gardé de parler du fait à Michel, pas plus qu'à Dassonville d'ailleurs.

Ardant et Dassonville se sont rendus à plusieurs reprises en Espagne et à Berlin une fois, pour y rencontrer Schwiering, homme d'affaires allemand, spécialisé dans les questions balkaniques. Schwiering était renseigné sur ce qui se passait en Roumanie, par un nommé Dr. Bouja, résidant à Bucarest. Les usines de Roumanie du Groupe Worms se nommaient Cimentul-Titan.

La Berliner Handens Geselschaft de Berlin s'intéressait à l'affaire Worms. Lorsque les Roumains se sont aperçu que Berlin et Paris s'intéressaient à la fois à l'affaire Worms, ils ont cherché à profiter du fait pour augmenter leurs prétentions dans la vente des usines. Cette surenchère n'ayant toutefois pu aboutir définitivement, par suite de la fin rapide de la guerre. Sur le plan renseignements, Ardant nous fournissait toutes les indications que nous pouvions désirer tant au point de vue bancaier, qu'au point de vue financier.

J'affirme que dans cette affaire, et bien que mon patronage ait permis à Ardant et à Dassonville de réaliser des bénéfices absolument énormes, n'avoir reçu aucune ristourne. J'ai simplement rendu service à Dassonville, qui était mon ami et la seule question qui ait été agitée en matière de remerciements, a été celle de me confier un poste dans ses entreprises après la guerre.

En ce qui concerne Dassonville, Knochen est encore plus précis à la page 54, du même P.V.. Il s'exprime ainsi : Dassonville est venu me voir à mon bureau lorsque je suis arrivé à Paris en 1940 et je me suis rappelé que j'avais déjà fait sa connaissance en Saxe en 1936. D'une famille industrielle du Nord, en rapports avec les Allemands depuis longtemps, Dassonville étrait très collaborationniste et demeurant à côté de chez moi, nous sommes très vite devenus de bons camarades.

J'ai connu, par son intermédiaire, le Prince Troubetzkoy, le Comte de Limure, Mme Prades, Dubonnet, Devilder de la Grande Maison de Blanc, Ardant, etc... De mon côté, je l'ai présenté au Général Michel où je lui ai fait faire la connaissance de Maulaz, Boemelburg et Alisch. Il était déjà connu chez Laval par Ardant, mais il a été introduit auprès du Président par mon patronage.

Dassonville était un ami de Guerard et de tendance doriotiste. Dassonville était mon agent personnel et les renseignements qu'il m'a donnés portaient sur tous les problèmes en général. Lorsqu'il s'agissait de renseignements particuliers, il les communiquait directement au chef de Section intéressé Maulaz, Boemelburg ou autres.

C'est lui qui m'a signalé les affaires Worms, Loiseau, Rousseau et Grande Maison de Blanc et je les lui ai fait obtenir par l'intermédiaire du Général Michel. Il m'a présenté Escobar comme déjà dit et m'a fourni des rapports précis sur le débarquement allié qu'il avait reçus d'Espagne. Dassonville était marié avec une Irlandaise, mais je ne crois pas qu'elle ait été au courant, en détail, du travail qu'il effectuait pour moi.

Je n'ai pas eu besoin de rétribuer directement Dassonville, car il a réalisé une fortune considérable avec les affaires que je lui ai fait obtenir. Enfin, les conversations qu'il me ménageait avec des membres de la haute société parisienne, étaient très précieuses pour mon information personnelle.

P.V. n° 5, page 9 : Marcel Boussac - Poursuivant ses déclarations, Knochen met en cause Marcel Boussac en termes particulièrement précis :

Pour les matières premières, les renseignements nous étaient fournis du côté allemand par le Général de l'administration militaire, Jehle, du Militarbefehlshaber et du côté français, par Marcel Boussac.

J'ai fait la connaissance de Marcel Boussac par l'intermédiaire de Maulaz qui le fréquentait. Je lui ai été présenté par Maulaz dans son appartement et je l'y ai rencontré, par la suite, à déjeuner ou à dîner.

Marcel Boussac approuvait la politique de Laval mais lui reprochait, cependant, un manque d'énergie et surtout son laissez-aller dans l'administration économique du pays. Il ne reprochait pas, en somme, à Laval ce qu'il faisait, mais bien plutôt ce qu'il ne faisait pas, Boussac était partisan d'une collaboration absolue avec l'Allemagne, afin d'augmenter la production de la France, production dont nos deux pays auraient pu profiter à la fois.

Les renseignements que Marcel Boussac nous fournissait étaient très important, du fait qu'il était une "tête" de l'industrie française et de l'économie et parce qu'il représentait la centralisation de tous ceux qu'il avait pu glaner auprès des diverses personnalités politiques, littéraires, économiques, etc... qu'il connaissait et fréquentait.

Lischka, mon adjoint permanent et Lehrer, homme d'affaires allemand, ayant habité la France avant guerre et qui s'occupait plus particulièrement des usines électriques et hydrauliques, fréquentaient Boussac.

Lehrer connaissait personnellement Laval et de Brinon et renseignait Maulaz sur les affaires économiques en général. Il s'est également rendu en Suisse d'où il nous a rapporté des rapports sur la production de guerre des pays ennemis et la situation militaire et politique en général. Je me souviens d'avoir déjeuné ou dîné avec lui chez Maulaz en compagnie de Boussac.

Pour conclure, en ce qui concerne Boussac, je puis dire que les renseignements qu'il nous a fournis, nous ont permis d'adresser d'excellents rapports au R.S.H.A. à Berlin, rapports qui ont été très appréciés.

Bien entendu, de notre côté, nous avons tout fait pour être agréable à Boussac et avons accueilli favorablement ses demandes ainsi que celles de ses amis. Je pense qu'il a dû retirer de très appréciables avantages de sa collaboration avec Lehrer, mais je n'entrais pas dans le détail des combinaisons de ces deux hommes d'affaires. Boussac était également en bons termes avec Michel.

Il y a un seul point sur lequel il a été mécontent, c'est celui de ses chevaux, car Ribbentrop, je crois, avait réquisitionné ou acheté un de ses meilleurs chevaux.

P.V. n° 5, page 9 : Mercier - Knochen parle ensuite d'un important industriel :

Parmi les gros industriels qui ont travaillé pour nous sur le plan "renseignements", je puis citer Mercier qui était un agent du Général Michel.

Mercier habitait dans un immeuble situé derrière mon bureau, Square du Bois de Boulogne, à proximité de la demeure de Dassonville. Il voyait très souvent le Général Michel qui le fréquentait à titre privé. Il est probable aussi que Mercier donnait des renseignements à Maulaz (agent allemand appartenant à la Section III - Questions financières).

Je précise encore une fois que les renseignements fournis par ces personnages avaient pour nous une importance particulière, du fait de leurs relations très étendues.

P.V. n° 5, page 10 : Kopp

Un homme d'affaires français très averti de toutes les questions économiques et qui avait déjà fourni un travail très important à Boemelburg sur le plan politique a été un collaborateur précieux pour Maulaz. Il s'agit de Kopp, peut-être d'origine allemande qui résidait en France depuis très longtemps. Il a fourni d'excellents renseignements sur l'industrie notamment les diamants destinés à cette branche économique.

Kopp avait des connaissances et des relations si étendues qu'il pouvait renseigner Maulaz au pied levé chaque fois que celui-ci recevait une demande quelconque du R.S.H.A.. Il était en relations avec de nombreux Ministres et leurs services. Je n'ai jamais pris contact personnellement avec Kopp. 

"Le Français Kopp, d'origine allemande et qui connaissait parfaitement les organisations et les partis politiques français, était aussi un bon collaborateur de Boemelburg. Plus tard, comme je l'ai déjà dit, il a travaillé avec Maulaz à la Section III.

P.V. n° 5, page 13 : Abel Bonnard-Mouraille

A propos des questions culturelles (Université, étudiants), Knochen s'exprime ainsi : "Pour toutes ces questions, la Section III a eu des contact avec les chefs du cabinet des Ministres intéressés et notamment pour l'Education Nationale, avec Abel Bonnard et Mouraille. Ce dernier étais plus particulièrement en rapport avec le Cdt. Duffner, chargé de ces questions à la Section III, et a eu avec lui des contacts direcs, de sa propre initiative portant sur toutes les questions en général.

P.V. n° 5, page 13 : Fabre-Luce et Knochen poursuit :

Je signale, au passage, le cas de Fabre-Luce, qui avait collaboré avec les Allemands assez longtemps et publié deux volumes qui nous étaient favorables puis, changeant brusquement son fusil d'épaule, avait fait circuler sous le manteau, un troisième ouvrage dirigé contre l'Allemagne. Il n'a été que faiblement sanctionné par une amende et quelques jours de prison. Je parle du fait pour souligner que mon service n'a pas insisté sur des mesures de rigueur.

Knochen expose l'activité de la Section IV - Service de Sûreté - qui représentait le pouvoir exécutif du B.D.S.

Chargée de la lutte contre les ennemis du Reich en général, la Section IV avait pour mission d'assurer la protection des troupes allemandes, de leurs services et des institutions aussi bien allemandes que françaises en collaboration avec la police du Gouvernement de Vichy.

P.V. n° 5, page 15 : Bousquet et la découverte de postes clandestins - Knochen donne, à propos de la recherche des postes clandestins, des détails précis sur l'activité personnelle de Bousquet.

Bousquet a également fourni du personnel et s'est chargé de camoufler les officiers allemands - qui parlaient presque tous le français - en Français authentiques. Il a fait le nécessaire, en l'occurence, pour que leur soient délivrées fausses cartes d'identité, d'alimentation, ausweiss, etc... J'ignore qui Bousquet avait désigné pour diriger l'équipe du côté français.

Cette expédition a reçu le nom "Opération Donar". Après une préparation technique qui a consisté à déceler l'endroit précis d'où partaient les emissions, le kommando "Donar" a réussi à découvrir 15 à 20 postes dans la région de Lyon. Ceci se passait vers le mois d'août 1942, c'est-à-dire avant l'occupation de la zone sud.

Captation de messages destinés à la Résistance

Continuant l'exposé de l'activité de la Section IV Knochen poursuit :

P.V. n° 5, page 15 : Affaire dite de la "Frech Section" Archambaud et Hericourt

Fin 1942, début 1943, se situe l'affaire dite de la "French Section" dont s'est occupée la Section IV. L'Abwehr avait réussi à obtenir des renseignements très précis et même à entrer en contact avec Londres. En collaboration avec la Section IV, elle a étudié le moyen d'exploiter les résultats obtenus.

Nous avons réussi, dans ce moment, à capturer les émissaires importants parachutés par Londres en France. Je me souviens des noms de : Archambaud, Prosper ou Gilbert et Hericourt. Ces derniers étaient porteurs de documents importants et d'instructions générales pour la France fort complètes. Le dépouillement de ces documents et l'interrogatoire des intéressés nous ont permis de connaître toute l'organisation anglaise en France.

Par la suite, Archambaud et Hericourt sont entrés en rapports avec Londres sur nos directives et ont appris à nos agents la manipulation des appareils émetteurs, ce qui nous a permis de nous substituer aux agents anglais à l'insu de Londres, bien entendu.

Et plus loin, page 16, Knochen précise : J'ignore le sort qui a été réservé à Archambaud et à Hericourt, qui avaient été envoyés en Allemagne.

P.V. n° 5, page 17 : Recherche des organisations de Résistance - Colonet Fay. Après l'affaire de la "French Section", Knochen met en cause le Colonel Fay, arrêté à Bordeaux, en automne 1943.

Après le débarquement allié en Afrique du Nord, nous avons appris qu'il existait en France des organisations de Résistance agissant sous des directives françaises. Ces organisations avaient pour mission de commettre des attentats et d'effectuer des sabotages. Elles avaient évidemment, leurs réseaux d'espionnage et de renseignements.

L'Abwehrstelle de Dijon possédait, là-dessus, des renseignements assez précis. Nous avons donc cherché à découvrir les chefs français de ces organisations que nous pensions se trouver en Afrique du Nord avec Giraud ou de Gaulle à leur tête.

L'arrestation, à Bordeaux, en automne 1943, du Colonel Fay et son interrogatoire, nous ont révélé les secrets de cette organisation. Elle recrutait ses membres parmi les officiers d'active ou de réserve et les Chantiers de Jeunesse, les réfractaires et le Mouvement des Compagnon de France en faisaient partie.

P.V. n° 5, page 34 : A/S de Fonck - Knochen met en cause le Colonel Fonck à propos d'une liste d'officiers de marine à arrêter. Il s'exprime en ces termes :

La Luftwaffe a tout particulièrement insisté pour que Fonck soit mis sur la liste. Or, Fonck était en relations avec la Section IV du B.D.S. et je le connaissais personnellement. J'ai donc signalé l'intérêt qu'il représentait pour la Section IV et celui que je lui portais personnellement, mais ceci en vain, car son nom a néanmoins été communiqué à l'O.K.W. par l'Ob. West."

Plus loin, page 51 du même P.V., Knochen précise encore : Le Colonel Fonch était en liaison en 1940/1941 avec mon service pour les questions maçonniques et plus particulièrement avec le Capitaine Moritz."

Et Knochen poursuit :

"En 1941, il (le Colonel Fonck) est venu me voir personnellement en se présentant comme un envoyé secret de Pétain. Il n'avait pas de fonctions officielles dans le Gouvernement de Vichy mais voyait très souvent le Maréchal dont il avait la confiance.

Il m'a dit que le Maréchal détestait Laval aussi bien lui-même que sa politique et qu'il serait désireux que nous l'évincions pourl e remplacer par un autre gouvernement. Pétain aurait voulu, pour l'Intérieur, un Gouvernement plus nettement Révolution Nationale que celui de Laval et plus énergique en matière de lutte anti-franc-maçonnique.

Dans les grandes lignes, Pétain aurait voulu aligner l'organisation intérieure de la France sur la nôtre. Pour la question extérieure, le Colonel Fonck m'a dit que Pétain avait des liaisons très sérieuses avec les Américains et notamment Leahy et qu'il pourrait servir d'intermédiaire pour un arrangement entre les alliés et nous.

Fonck a encore ajouté que Laval était entouré de Francs-Maçons. Les hostilités étant alors commencées entre nous et la Russie, Fonck m'a déclaré qu'en cas d'accord de notre part pour le changement de Laval, Pétain mettrait à notre disposition un premier contingent d'officiers aviateurs qui se battraient de nos côtés. Fonck lui-même aurait commandé cette première équipe.

Enfin, Fonck m'a bien recommandé de garder ces propositions secrètes vis-à-vis de l'Ambassage. Abetz. J'ai aussitôt transmis un rapport détaillé à la Section IV du RSHA à Berlin, en spécifiant les recommandations de Fonck de ne pas tenir Abetz au courant.

Mais quelques temps après, Abetz m'a parlé des propositions Fonck et furieux de cette concurrence, m'a dit de faire très attention, étant donné que je connaissais pas suffisamment les questions politiques et que de toute manière, il était responsable de la conduite de la politique de collaboration. Il a critiqué l'entourage du Maréchal.

J'ai omis de dire que Fonck m'avait présenté une liste toute prête du Gouvernement qu'aurait désirée Pétain et je me souviens que Platon y figurait. En 1942, le Colonel Fonck m'a fait les mêmes propositions en insistant plus particulièrement sur les dangers communistes et bolcheviques.

J'ai fait un nouveau rapport à la RSHA. de Berlin mais ces propositions de Pétain aux S.S. n'ont eu, finalement, aucun résultat. J'ai revu Fonck par la suite qui était évidemment mécontent de l'échec des pourparlers et de l'indiscrétion commise par le R.S.H.A. vis-à-vis de Ribbentrop. Je précise, pour terminer, avec Fonck, que le RSHA. ne m'a jamais donné de directives au sujet de ces propositions, pas même pour maintenir le contact.

P.V. n° 5, page 55 : Knochen donne encore cette précision sur le Colonel Fonck :

"En ce qui concerne Fonck, j'ai oublié de dire qu'il m'avait déclaré avoir déjà pris les mêmes contacts avec Goering qu'avec moi. Quand je dis Goering, je veux dire un de ses représentants qui a pu être le Général Hanesse que Fonck connaissait personnellement.


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