L'organisation Otto, dont le siège était à Paris, d'abord 23, square du Bois-de-Boulogne, puis 6, rue Adolphe-Yvon (16°), Feldpostnummer 20.803, avait pour objet l'achat de marchandises de toutes sortes, à la seule exception des huiles comestibles et des graisses, mais plus particulièrement des métaux, des textiles, des cuirs et peaux, des produits alimentaires, des semences de légumes, des épices, du matériel sanitaire.
Le directeur en était l'ingénieur allemand Hermann Otto Brandel. Ce dernier faisait partie des Services de Contre-espionnage allemand, installés à l'Hôtel Lutétia à Paris, et dirigés par le Capitaine Radeke ; il arriva à Paris dès juillet 1940, et créa aussitôt avec celui-ci l'organisation d'achat qui devait être désignée par la suite par son prénom, sous lequel il était connu à Paris. Le personnel qui devait atteindre 400 personnes, tant dans les bureaux de la rue Adolphe-Yvon qu'aux Docks de Saint-Ouen où étaient livrés les marchandises était dirigé par un état-major international composé comme suit :
- Secrétaire particulière d'Otto : Melle Mary Jacobsen (Anglaise),
- Secrétaire général : Franzen (Belge),
- Contrôleur militaire : Major Poeschel (Allemand), Acheteur général : Wiroth dit Dubois (Luxembourgeois),
- Surveillance et police : Martin dit von Mérode (Français),
- Directeur des Docks : Lieutenant Uthoff (Allemand)
Directeurs des branches :
- Cuirs et métaux : Dr Fuchs (Allemand),
- Textiles : Kramer (apatride) puis Mme Gerb (Autrichienne),
- Divers : Zernotisky (Allemand) et Peter (Allemand)
Toutes les archives de l'organisation furent brûlées dans la deuxième quinzaine de juillet 1944. Les recherches en coordination avec les autorités américaines et britanniques ont abouti à l'arrestation de Brandel et de sa secrétaire le 6 août 1946 à Munich. Brandel s'est pendu dans sa cellule la nuit suivante. Miss Mary Jacobsen fut détenue pendant un temps à la prison de Munich-Stâdelheim, avant de disparaître. Il semble qu'à l'origine Otto ait été financé par Todt et par la Reichskreditkasse. On a pu reconstitué comme suit l'activité d'otto, à partir des déclarations du caissier Georges, personnage dont Melle Jacobsen, interrogée à la prison de Munich dit : « Beaucoup d'irrégularités venaient de lui... il nous à volés ! ».
- de janvier à mars 1941 15 millions par jour soit 1 milliard
- d'avril à septembre 1941 30 millions par jour soit 4,5 milliards
- d'octobre 1941 à septembre 1942 50 millions par jour soit 15 milliards
- octobre 1942 100 millions par jour soit 2,5 milliards
- novembre et décembre 1942 150 millions par jour soit 7,5 milliards
- Janvier et février 1943 100 millions par jour soit 5 milliards
- mars et avril 1943 liquidation 1 milliard
- Soit au total 36 à 37 milliards
Ces chiffres, très approximatifs, puisqu'ils portent sur une moyenne de payements journaliers cités de mémoire par un caissier français multipliée par un coefficient de 25 jours ouvrables par mois, sont recoupés à concurrence de 21 milliards de francs de comptes d"Otto tenu à Berlin par la ROGES. A noter cependant une petite divergence de 2,4 milliards de francs entre ces comptes et les comptes de la ROGES chez Otto, au 23 juin 1944.
Sources
- Otto acheta notamment pour les Dr Kleber et Höske de l'Aufbaustab K des Reichsministériums für die besetzten Ostgebiete 327.531.550 francs de matériel sanitaire : lits d'hôpital, firigidaires, lampes pour rayon infra-rouge et ultra-violets, dentifrices, etc...
- Pöeschel : Il était semble t'il un homme de Wilhelm Canaris, chef du service de renseignement allemand l'Abwehr. Arrêté par le S.D. fin juin 1944 alors qu'il tentait de passer en Espagne, il fût condamné à mort par le Tribunal du Peuple et pendu à Berlin.
- Parquet Général - Cour de Justice de la Seine dossier n° 242 CJ 44 affaire Van Houten dit d'Humières - Bernard Lucien tous fournisseurs du bureau d'achat Otto.
- Parquet Général - Cour de Justice de la Seine dossier n" 616 CJ 44 affaire Jouanneteau Lucien, ex-inspecteur de police il se mettra au service du bureau d'achat Otto et de la Gestapo de Neuilly.
- Parquet Général - Cour de Justice de la Seine dossier n° 1248 CJ 45 affaire Foucret Pierre, fournisseur du bureau d'achat Otto.
- Parquet Général - Cour de Justice de la Seine dossier n° 1291 CJ 45 dossier général sur le trafic du cuir, par l'intermédiaire du bureau d'achat Otto. Assassinat de Joseph Ribes, président du syndicat des cuirs.
- Parquet Général - Cour de Justice de la Seine dossier n° 1691 CJ 45 affaire Isebe - Fissier, tous deux fournisseurs du bureau d'achat Otto.
- Parquet Général - Cour de Justice de la Seine dossier n° 2360 CJ 45 affaire Poussin René, fournisseur des bureaux d'achats Otto, Italo Continentale et Masuy.
- Parquet Général - Cour de Justice de la Seine dossier n° 2540 CJ 45 affaire Rozenthalis Génia en tant que fournisseur du bureau d'achat Otto.
- Parquet Général - Cour de Justice de la Seine dossier n° 2958 CJ 45 affaire Van Houten Gédéon, fournisseur du bureau d'achat Otto.
- Parquet Général - Cour de Justice de la Seine dossier n° 3775 CJ 46 affaire de Surmont Michel, fournisseur du bureau d'achat Otto.