Jean Shrimpton, née le 6 novembre 1942 à High Wycombe, est un mannequin anglais. Elle est une figure emblématique du Swinging London et connais au cours de sa carrière deux événements majeurs : une série de photographies de mode en 1962 pour Vogue avec David Bailey, ainsi qu'une apparition trois ans plus tard en Australie qui aura un retentissement important dans les médias. Elle est, durant les années 1960, le mannequin le mieux payé au monde.
Jean Rosemary Shrimpton est née en 1942 et grandit dans une ferme avec sa sœur Chrissie. Elle fait ses études à l'école St Bernard's à Langley. Âgée de dix-sept ans, elle poursuit ses études à Londres pour devenir secrétaire. Elle rencontre par hasard Cy Endfield qui lui suggère de rejoindre le Collège Lucie Clayton, école de mannequinat, où elle commence à travailler comme mannequin pour des catalogues. En 1960, elle débute réellement sa carrière et apparait par la suite en couverture de divers magazines de mode tel que Vogue, Harper's Bazaar, Glamour, Elle, ou Vanity Fair. Cette même année, à dix-huit ans, alors qu'elle commence tout juste à être connue, elle rencontre le photographe David Bailey lors d'une séance photos pour une publicité. « Nous avons instantanément été attiré l'un vers l'autre » dira-t-elle. Leur liaison dure quatre ans durant laquelle David Bailey, marié, divorce de sa première femme pour vivre avec Jean Shrimpton.
La première séries d'images réalisées pour le Vogue britannique à New York en 1962, n'est pas dans les habitudes de l'époque. De plus, le magazine n'est même pas convaincu du choix du photographe de mettre en scène Jean Shrimpton mais celui-ci l'impose ; malgré tout, les photos plaisent au magazine qui les publie : elles marqueront l'histoire de la photographie de mode et propulseront le photographe et son mannequin au rang d’icône des années 1960. « Il était impossible de prendre une mauvaise photo d'elle » dira le photographe. Diana Vreeland, alors rédactrice en chef du Vogue américain ces années là, ira jusqu'à faire paraitre Jean Shrimpton dix-neuf fois en couverture. Par la suite, David Bailley sera souvent crédité comme celui qui a découvert Jean Shrimpton et qui l'a transformé d'une « fille de la campagne » en une icône désirable.
En juin 1963, le magazine Glamour la nomme « Mannequin de l'année ». Elle contraste à l'époque avec le look aristocratique des mannequins des années 1950, représentant le mouvement de la jeunesse du Swinging London dont elle deviendra un symbole. Avec son visage fin, ses longs cils, ses longues jambes, et ses cheveux avec une frange, elle est surnommée The Shrimp (la crevette), surnom qu'elle n'aime pas. Jean Shrimpton participe à l'essor de la minijupe de Mary Quant : le vêtement va quitter les podiums, défilés, et vitrines de magasins pour descendre dans la rue et devenir symbole du London look. Dans le British Vogue, Shrimpton écrit en 1964 : « En Grande-Bretagne nous disposons d'un potentiel inégalé. À l'intérieur de ce magazine vous allez découvrir quelques-unes de nos dernières créations. Certaines sont futiles. Toutes sont terriblement excitantes. Et je suis l'une d'elles. »
Fin octobre 1965, Jean Shrimpton fait sensation à la Melbourne Cup lorsqu'elle arrive, par un jour de forte chaleur, à cette course de chevaux portant une courte robe blanche sans manche s'arrêtant à 10 cm au dessus des genoux, son costumier n'ayant pas assez de tissu pour confectionner les quatre tenues demandées par le mannequin. Sans chapeau, collants ou bas, ni gants, avec juste des kitten heels bicolores et arborant une montre d'homme, chose inhabituelle à l'époque. Son apparition déclenche de nombreuses réactions dans les médias mondiaux. Alors que Londres est la capitale de la mode se permettant toutes les audaces, sa tenue est considéré par certains en Australie comme « insultante ou scandaleuse » ; mais toutes les femmes au monde vont vouloir alors une minijupe. Pour cette tournée de promotion, elle est payée 2 000 £, somme considérable à l'époque. Deux jours plus tard, pour la suite de sa tournée sur l'île, ses sponsors insistent pour qu'elle soit vêtue de façon plus conventionnelle.
Elle est l'image publicitaire pour les cosmétiques Yardley of London, ou le rouge à lèvres Revlon au milieu des années 1965, ainsi qu'en couverture de nombreux magazines tel que Esquire ou Newsweek. Elle est photographiée par Cecil Beaton, Don Honeyman, Richard Avedon, Norman Parkinson, Saul Leiter, William Klein ou Terry O'Neill. Jean Shrimpton est alors en couple avec Terence Stamp, ami de David Bailey qu'elle avait rencontré précédemment, durant quelques années. Ils vivent dans le quartier de Mayfair une relation ennuyeuse, selon Jean Shrimpton. Par la suite, elle est en couple avec le photographe Jordan Kalfus, le poète Heathcote Williams, puis l'écrivain Malcolm Richey. En 1966, elle inspire le personnage de Jane dans le film Blow-Up. L'année suivante, elle joue le rôle de Vanessa Ritchie dans le film Privilège. Bien plus tard, sa liaison avec David Bailey donne lieu à un téléfilm pour BBC Four en 2012 intitulé We'll Take Manhattan avec Karen Gillan dans le rôle de Jean Shrimpton.
Dans la première moitié des années 1970, Twiggy l'a remplacée en couverture des magazines. Elle rejette cette vie de célébrité et arrête sa carrière de mannequin pour ouvrir un petit commerce d'antiquités. Elle rencontre par la suite Michael Cox, puis, enceinte de quatre mois, elle se marie dans l'intimité en 1979 à Penzance ; ils achètent un vieil hôtel dans cette même ville. Dans les années qui suivent, Jean Shrimpton reçoit épisodiquement des propositions de mannequinat et finit par écrire son autobiographie dans les années 1990. Durant sa carrière, Jean Shrimpton est considérée comme le « mannequin le plus payé au monde », le « plus célèbre mannequin », la « plus photographiée au monde », le « plus joli visage du monde », mais surtout le « visage des années 1960 » représentante de la mode anglaise. Elle est catégorisée suivant le terme anglo-saxon de « supermodel » entre autres par le Time. Pour résumer cette époque, le British Vogue précise que « Le monde veut soudainement copier la façon dont nous nous habillons. À New York c'est le « London Look ». À Paris c'est « le style anglais ». » Et d'après la presse de l'époque, Jean Shrimpton est la « perfection » qui l'incarne.