J.D. Salinger, nom de plume de Jerome David Salinger né le 1er janvier 1919 à New York et mort le 27 janvier 2010 dans le New Hampshire aux États-Unis, est un écrivain américain.
J. D. Salinger, de son véritable nom complet Jerome David Salinger, est un écrivain américain, né le 1er janvier 1919 à New York et mort le 27 janvier 2010 dans le New Hampshire. Il commence à se faire connaître en 1948 avec des nouvelles parues dans le New Yorker, mais il est surtout célèbre pour son roman L'Attrape-cœurs (titre original : The Catcher in the Rye). Traitant de l’adolescence et du passage à l’âge adulte, ce roman, devenu un classique du genre, connaît une popularité importante depuis sa publication en 1951. L’un des thèmes majeurs de Salinger est l’étude des esprits agiles et puissants de jeunes hommes perturbés et du pouvoir rédempteur des enfants dans la vie de tels hommes. Salinger est également connu pour sa vie de reclus. Il n’a pas fait une seule apparition publique, donné une seule entrevue ou publié un seul écrit depuis quarante ans.
Salinger naît le 1er janvier 1919 à New York d’un père juif et d’une mère catholique irlandaise (bien qu’il ait cru, jusqu’à la fin de son adolescence, que sa mère aussi était juive). Son père, Sol, importait de la viande. Adolescent, J.D. Salinger, alors connu sous le sobriquet de Jerry, part en voyage en Pologne pour observer l’entreprise familiale d’origine. Son dégoût le conduit à un éloignement de son père, à qui, une fois adulte, il ne s’adresse plus guère. Il fréquente l’académie militaire Valley Forge en Pennsylvanie, qui lui servira de modèle pour le collège Pencey Prep dans L'Attrape-Cœurs. Pendant ses années à l’Ursinus College à Collegeville, Pennsylvanie, un de ses professeurs a dit de Salinger qu’il était « le pire étudiant d’anglais dans l’histoire du collège ». Après avoir échoué à ses examens dans différentes écoles, Salinger suit des cours d’écriture à l’université Columbia en 1939. Son professeur, Whit Burnett, est l’éditeur de Story Magazine, et rapidement, il devine un certain talent chez le jeune auteur. Dans le numéro de mars-avril 1940 de Story, Burnett publie la première nouvelle de Salinger, The Young Folks, à propos de plusieurs jeunes adultes égoïstes et sans but. Par la suite, Burnett et Salinger continuent de correspondre pendant plusieurs années, jusqu’à ce qu’un différend les oppose à propos d’un projet de recueil de nouvelles également nommé The Young Folks.
J.D. Salinger sert dans l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale de 1942 à 1945 et il participe avec la 4e division d’infanterie US à des combats extrêmement violents. Cette expérience qui l’a sans doute affecté émotionnellement (il a été hospitalisé pour soigner un stress post-traumatique) est probablement à l’origine de certains de ses écrits, comme Pour Esmé, avec amour et abjection où le narrateur est un soldat traumatisé. Il continue de publier ses histoires dans des magazines tels que Collier's et le Saturday Evening Post pendant et après son engagement militaire. À partir de 1948, il commence véritablement à se faire connaître avec la publication de nouvelles, telles que L’Oncle Wiggly du Connecticut, dans le journal New Yorker dont il devient rapidement l’un des auteurs les plus connus. Un jour rêvé pour le poisson-banane (titre original : A Perfect Day for Bananafish) est acclamé par la critique et c’est l’une des nouvelles les plus populaires jamais publiées par ce journal.
En fait ce n’est pas sa première collaboration avec le journal, puisque c’est en 1942 que Salinger a vu une de ses nouvelles acceptée pour la première fois par le New Yorker. Il s’agissait d’une histoire intitulée Slight Rebellion off Madison, dans laquelle apparaissait un personnage semi-autobiographique nommé Holden Caulfield. La nouvelle ne fut toutefois pas publiée avant 1946 à cause de la guerre. Son histoire faisait référence à des nouvelles antérieures concernant la famille Caulfield. Le focus sur les personnages est finalement passé du grand frère Vincent à Holden. Salinger a confié à plusieurs personnes qu’il sentait que Holden méritait un roman et L'Attrape-Cœurs (titre original : The Catcher in the Rye) est publié en 1951. C’est un succès immédiat, même si les premières critiques sont partagées. Bien que cela n’ait jamais été confirmé par Salinger lui-même, on peut penser que plusieurs éléments présents dans le livre sont autobiographiques. Le roman est dominé par le caractère nuancé et complexe de Holden Caulfield, un jeune homme de seize ans qui cherche vainement à communiquer avec les êtres rencontrés dans la grande ville. Le roman montre l’expérience de cet adolescent en pleine crise.
Le livre devient célèbre grâce aux descriptions, au sens du détail, à la vision subtilement complexe de Salinger ; il est apprécié également pour son humour ironique et pour son atmosphère déprimante et désespérée de New York. Le livre est toujours beaucoup lu actuellement, particulièrement aux États-Unis où il est largement étudié dans les écoles ; il est considéré comme une référence pour sa description de la colère et du désarroi propres à l’adolescence. Le roman a cependant été souvent officiellement contesté aux États-Unis à cause de l’utilisation d’un langage cru et offensant ; « sacré bon dieu (goddam) » apparaît pratiquement à chaque page. En 1953, Salinger réunit en un recueil sept nouvelles déjà publiées dans le New Yorker (dont le poisson-banane), ainsi que deux autres qui avaient été refusées. Le recueil est intitulé Nine Stories aux États-Unis, Pour Esme, avec amour et abjection (d’après une de ses histoires les plus appréciées) au Royaume-Uni. Il sera plus tard traduit en français et publié sous le nom de Nouvelles. Le livre est un succès, bien que Salinger commence à contrôler étroitement la publicité accordée au livre et l’illustration de la jaquette.
Salinger publie ensuite Franny et Zooey (titre original : Franny and Zooey) en 1961 et Dressez haut la poutre maîtresse, charpentiers (titre original : Raise High the Roof Beam, Carpenters) en 1963. Tout deux sont des recueils de nouvelles publiées à l’origine dans le New Yorker. J. D. Salinger meurt le 27 janvier 2010 à l’âge de 91 ans, à son domicile dans le New Hampshire. Avec la notoriété apportée par L'Attrape-Cœurs, Salinger a commencé à se renfermer sur lui-même. En 1953, il quitte New York pour Cornish, New Hampshire. Lors de son arrivée à Cornish, il est encore très sociable, particulièrement avec les lycéens, qui le considèrent comme l’un des leurs. Mais une entrevue qu’il avait donnée pour le journal du lycée est en fait publiée dans le journal local ; dès lors Salinger évite totalement les lycéens, il sort de moins en moins en ville, ne voyant régulièrement que son ami proche, Learned Hand, juriste. D’après son biographe Ian Hamilton, Salinger s’est senti trahi. Sa dernière publication, Hapworth 16, 1924, une nouvelle épistolaire, paraît dans le New Yorker en juin 1965. Il semblerait qu’il était sur le point de publier d’autres écrits dans les années 1970 mais qu’il se ravisa au dernier moment. En 1978, Newsweek rapporte que lors d’un banquet donné en l’honneur de l’un de ses amis de l’armée, Salinger déclare avoir récemment terminé un « long livre romantique se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale », mais rien de tout cela n’a été publié.
Salinger essaie d’échapper au maximum à l’exposition et à l’attention publique (« C’est ma conviction, assez subversive, qu’un écrivain doit suivre son inclination s’il veut rester dans l’anonymat et l’ombre », écrit-il). Mais il lutte constamment avec l’attention que la figure mythique qu’il est devenu attire. Lorsqu’il apprend que l’auteur anglais Ian Hamilton a l’intention de publier sa biographie en incluant des lettres que Salinger avait écrites à d’autres auteurs ou à des amis, Salinger attaque Hamilton en justice pour empêcher la publication. Le livre finit par paraître avec le contenu des lettres paraphrasées ; la cour a statué que même si quelqu’un possède physiquement une lettre, son contenu appartient toujours à l’auteur. Effet involontaire du procès, de nombreux détails sur la vie privée de Salinger, notamment le fait qu’il aurait écrit deux romans et de nombreuses nouvelles sans jamais les publier, sont rendus publics dans les retranscriptions des auditions.
Il a longtemps été disciple de l’hindouisme Advaita Vedanta, comme l’a raconté en détail Som P. Ranchan dans son livre An Adventure in Vedanta: J.D. Salinger’s the Glass Family (1990). Sa fille a rapporté qu’il a à un moment suivi la scientologie. Salinger surprend tout le monde en donnant la permission à Orchises Press, un petit éditeur, de publier Hapworth 16, 1924, sa dernière nouvelle publiée à ce jour (dans le New Yorker en juin 1965), mais jamais encore éditée. La publication est d’abord prévue en 1997 et apparaît dans les catalogues des libraires. Mais cette date est ensuite repoussée plusieurs fois. La date de publication prévue actuellement sur Amazon.fr est 2009. Toutefois, le livre a été retiré complètement des catalogues d’Amazon.com et de Amazon.ca. Salinger n’a jamais accordé qu’une seule autorisation pour que l’une de ses œuvres soit utilisée pour le cinéma : c’était pour sa nouvelle Uncle Wiggily in Connecticut, qui fut adaptée sous le titre My Foolish Heart, un film de Mark Robson. Salinger détesta le résultat et depuis lors refuse de céder les droits, malgré plusieurs tentatives de la part de nombreux studios pour adapter L'Attrape-cœurs à l’écran. De manière anecdotique, on notera cependant, que dans The Shining de Stanley Kubrick, Shelley Duvall qui interprète l'épouse de Jack Torrence joué par Jack Nicholson, est lors de sa première apparition donnée à voir lisant l'Attrape-cœurs. Cet élément peut signifier le milieu intellectuel désargenté de ce couple acceptant de garder, seul, hors saison, un hôtel de luxe dans le Colorado.
En 2000, sa fille Margaret Ann Salinger, qu’il a eue de son second mariage avec Claire Douglas, publie L’Attrape-Rêves (titre original : Dream Catcher : A Memoir). Dans ce livre à propos de son père, Margaret Salinger prétend que son père buvait sa propre urine, parlait en langues, n’avait que rarement de rapports sexuels avec sa mère, la gardait virtuellement prisonnière et refusait qu’elle voie ses amis ou ses connaissances. L’auteur ne fit rien pour arrêter la publication du livre, mais n’a plus adressé la parole à sa fille depuis. J.D. Salinger est aussi le père de Matt Salinger, surtout connu pour son rôle dans le film Captain America et acteur de métier. Matt est en bons termes avec son père et refuse de commenter son mode de vie. En 1972, la liaison entre Salinger et Joyce Maynard, une jeune aspirante-écrivain de 18 ans, devient source de controverse quand elle offre pour enchères les lettres personnelles de Salinger qui lui étaient destinées. L’informaticien Peter Norton achète les lettres pour la somme de 156 000 $ et annonce ses intentions de les rendre à Salinger.
En 1980, dans le livre Shoeless Joe, W.P. Kinsella met en scène J.D. Salinger en fan de baseball. Ce personnage sera remplacé par un écrivain imaginaire dans l’adaptation au cinéma Jusqu'au bout du rêve. En 2002, plus de 80 lettres d’écrivains, critiques et fans adressées à Salinger furent publiées dans le livre Letters to J. D. Salinger, édité par Chris Kubica. C’est aussi de lui qu’il est question dans la chanson du groupe de rock français Indochine « Des fleurs pour Salinger » extrait de l’album Le baiser (1990). Dans le film À la rencontre de Forrester (Finding Forrester, 2001) de Gus Van Sant, le personnage de William Forrester, incarné par Sean Connery, vieil écrivain solitaire et bourru, qui s’est retiré du monde après avoir publié un unique chef-d’œuvre, est fortement inspiré de la figure de J. D. Salinger.
Plus récemment, l’auteur-critique français, Frédéric Beigbeder, a réalisé un documentaire avec Jean-Marie Périer sur J.D. Salinger, L’attrape-Salinger. Dans ce documentaire, il se met en scène cherchant à comprendre et à rencontrer J.D. Salinger. Frédéric Beigbeder clôturera son documentaire devant le portail de la maison de J.D. Salinger. La série d’animation japonaise Ghost in the Shell : Stand Alone Complex, basée sur le célèbre manga de Shirow Masamune Ghost in the Shell diffusée au Japon entre 2002 et 2003, comporte de nombreuses références à l’univers de Salinger, notamment à son roman L’Attrape-cœurs qui devient le livre de chevet d’un des enquêteurs dans les derniers épisodes de la série. Les titres sont ceux de la version originale en anglais, les titres des traductions françaises sont indiqués entre parenthèses quand elles existent. Le premier niveau indique la date de publication du livre (roman ou recueil) dans sa version originale, le second indique la date de première publication de la nouvelle. Les nouvelles qui n’ont jamais été éditées dans un recueil sont disponibles plus bas. Plusieurs de ces histoires tournent autour de la Famille Glass ou de Holden Caulfield. Ceci est indiqué dans la liste. Les traductions françaises de L'Attrape-Cœurs et Nouvelles sont l’œuvre de Jean-Baptiste Rossi, également connu sous le pseudonyme de Sébastien Japrisot ; la traduction de Franny et Zooey est de Bernard Willerval. De nouvelles traductions de L'Attrape-Cœurs et des Nouvelles dues à Annie Saumont ont été publiées, sans toutefois faire autorité.