Entr'acte est un film réalisé par René Clair qui était prévu le 27 novembre 1924 mais diffusé le 4 décembre 1924 à l'entracte de Relâche, ballet dadaïste de Jean Börlin et Francis Picabia au Théâtre des Champs-Élysées, par les Ballets suédois. Il représente à ce titre la première intervention du cinéma dans un spectacle de danse. Le film est une suite d'images surréalistes, comme une poursuite folle d'un corbillard ou une danseuse barbue filmée par en dessous. Le film est clairement divisé en deux. La première partie se passe principalement sur le toit et aux alentours du théâtre des Champs-Élysées. La deuxième est l'enterrement et la poursuite folle du corbillard qui s'ensuit.
La scène de la ballerine est sûrement une idée tirée du film Ballet mécanique réalisé la même année par Fernand Léger, où l'on peut voir une danseuse. Le rythme du film avec la caméra qui tourne autour du sujet fait penser à la danseuse vu de dessous qui tourne, la différence est que dans Entr'acte, ce n'est pas la caméra qui tourne mais bien le sujet. René Clair a inséré une courte scène avec des allumettes animées qui fait directement référence au film Les Allumettes fantaisistes d'Emile Cohl de 1912. Elle peut aussi faire référence à Francis Picabia pour son portrait de femme aux allumettes de 1920. La scène des ballons à tête de personnage fait elle aussi référence à Georges Méliès (Clair étant un fan de Méliès), mais pour un autre film, L'Homme à la tête en caoutchouc, de 1901, film de moins de 2 minutes 30 où une tête se fait gonfler avec un soufflet.
La fin d' Entr'acte se termine en beauté, le mot FIN apparaît, le magicien passe à travers l'écran, mais par coup de pied il va retourner en arrière pour que le mot FIN réapparaître. Cette scène fait référence au film Les Affiches en goguette, film de 1907 de Georges Méliès où des affiches prennent vies, et certains personnages des affiches en sortent. Elle est elle-même reprise par le performeur Saburô Murakami dans sa première exposition du mouvement Gutaï en 1955. Une multitude d'écrans de papiers destinés à être déchirés par le premier visiteur de l'exposition, cette scène redonne vie à la scène finale d' Entr'acte. Par rapport à l'ensemble du film, on peut remarquer de nombreux rapports avec la foire, la fête foraine qui est de plus en plus répandue au début du xxe siècle :
La femme à barbe, peut être référence aux « bêtes de foires »
Le chasseur, tir forain, tir à la carabine
Chameau du cortège
Montagnes russes du Luna Park
Entr'acte est aussi sujet d'inspiration, notamment pour le film de Dziga Vertov avec L'Homme à la caméra.
Fiche technique
- Titre : Entr'acte
- Réalisation : René Clair
- Production : Rolf de Maré
- Scénario : Francis Picabia
- Adaptation : René Clair
- Directeur de la photo : Jimmy Berliet
- Musique : Erik Satie
- Directeur musical : Roger Désormière
- Chorégraphie : Jean Börlin
- Date de tournage : juin 1924
- Date de sortie : 4 décembre 1924
- Format : noir et blanc - muet (sonorisé en 1968)
Distribution
- Jean Börlin : le chasseur au chapeau tyrolien / le prestidigitateur
- Inge Fries : la ballerine
- Marcel Achard
- Pierre Scize
- Louis Touchagues
- Rolf de Maré
- Roger Lebon
- Jean Mamy
- Georges Charensol
- Georges Auric
- Kiki de Montparnasse
- Darius Milhaud
- La distribution inclut aussi des caméos de Francis Picabia (le serveur du canon), Erik Satie, Man Ray et Marcel Duchamp (ces deux derniers jouant aux échecs).