Marcel André Henri Félix Petiot, dit le Docteur Petiot alias capitaine Valéry, né le 17 janvier 1897 à Auxerre (Yonne) et guillotiné le 25 mai 1946 à Paris, était un médecin français qui fut accusé de meurtres après la découverte à son domicile parisien des restes de vingt-sept personnes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Né le 17 janvier 1897 à Auxerre, il est le fils d'un fonctionnaire des postes ; son oncle, Gaston Petiot, est professeur de philosophie au collège d'Auxerre. Dès son enfance, il manifeste des signes de violence, allant jusqu'à étrangler un chat après lui avoir plongé les pattes dans l'eau bouillante ou tirant au revolver sur ceux-ci. Toutefois, il manifeste une grande intelligence, à 5 ans il lit comme un enfant de 10 ans, et une forte précocité, distribuant des images obscènes en cours dès l'âge de 8 ans. Internée à Saint-Anne pour une pathologie psychiatrique, sa mère meurt lorsqu'il a 12 ans, il sera par la suite renvoyé de plusieurs écoles pour indiscipline. A 17 ans, il est arrêté pour vol. Il ne sera jamais condamné, un psychiatre l'ayant déclaré inapte à être jugé, estimant qu'il avait une personnalité bipolaire, inadaptée socialement et anormale.
Enrôlé en 1916, il est blessé pendant la Première Guerre mondiale d'un éclat de grenade au pied 6 mois après. Accusé de vol de couverture à l'hôpital où il était soigné, il fait un premier séjour à la prison militaire d'Orléans avant d'être transféré dans le service psychiatrique de l'hôpital de Fleury-les-Aubrais où les psychiatres le déclarent neurasthénique, déséquilibré mental, dépressif paranoïaque et sujet à des phobies. Malgré cela, il est renvoyé au front en 1918, à nouveau blessé, il est renvoyé de l'armée pour troubles psychiatriques. Avec la facilité d'accès pour les anciens combattants, il finit ses études de médecine le 15 décembre 1921 avec l'obtention de son diplôme de médecine de la Faculté de Paris, avec la mention très bien. En 1922, il ouvre un cabinet médical à Villeneuve-sur-Yonne où il devient rapidement populaire auprès des gens (notamment grâce à des consultations gratuites offertes aux indigents ainsi que des vaccinations gratuites) mais se fait remarquer par ses tendances à la cleptomanie.
En 1926, la population découvre la liaison torride qu'il entretenait avec la fille d'une de ses patientes. Peu de temps après, la maison de la jeune fille est incendiée et elle-même disparaît sans laisser de traces. On retrouvera un corps décomposé et non-identifiable. En supposant qu'il s'agissait d'elle, aucun lien avec le docteur Petiot ne peut être dégagé. Élu maire de façon douteuse en juillet 1926, il épouse Georgette Lablais, fille d'un commerçant notable de la ville. Rapidement, il est cité devant les tribunaux pour plusieurs délits : fausses déclarations d'assurance maladie, détournements de fonds, vol d'électricité. Il est finalement révoqué de ses fonctions de maire en 1931 et est élu conseiller général. Il sera définitivement privé de tout mandat électif en 1934. Dès ce moment, les rumeurs commencent sur des disparitions inexpliquées. En 1933, Marcel Petiot signe le décès d'un témoin important dans une affaire de meurtre où il était lui-même impliqué, après la visite de ce dernier à son cabinet. Poursuivi par la justice pour divers délits, il part la même année à Paris.
En 1933, il s'installe à Paris, où il ouvre une clinique au 66, rue de Caumartin. En 1936, il est arrêté pour vol à l'étalage à la librairie Gibert, au quartier latin. Il se justifiera devant les juges en disant qu'un "génie ne se préoccupe pas de basses choses matérielles!". Il échappe à la prison en se faisant reconnaître aliéné mental. Il est alors interné à la Maison de santé d'Ivry. En mai 1941, il fait l'acquisition d'un hôtel particulier, situé au 21 rue Le Sueur. Détail piquant: Au même moment sort sur les écrans le premier film de Clouzot, L'assassin habite au 21. Il y réalisera d'importants travaux : il fait surélever le mur mitoyen, afin de barrer la vue de la cour et transforme les communs en cabinet médical. Lors de fouilles, la police découvrira une cave complètement aménagée, des doubles-portes, une chambre à gaz dont la porte était équipée d'un judas pour regarder l'agonie de ses victimes, ainsi qu'un puits rempli de chaux vive.
À partir de 1943, il propose à des personnes menacées de poursuites par la Gestapo de les faire passer clandestinement en Argentine ; ces personnes sont convoquées de nuit, rue Le Sueur, avec une valise contenant bijoux, numéraires, argenterie… sous le nom de « docteur Eugène » il organise ainsi un réseau et recrute des rabatteurs, un coiffeur et un maquilleur de théâtre. Malgré tout, tous les prétendants au voyage disparaîtront mystérieusement, et n'atteindront donc jamais l'Argentine... y compris Yvan Dreyfus, prisonnier envoyé par la Gestapo pour infiltrer le réseau du « docteur Eugène ». Le premier à disparaître est Joachim Guschinow, un voisin du docteur.
Il aurait apporté deux millions de francs de diamants avec lui. Faisant disparaître d'abord des personnes seules, il s'attaque bientôt à des familles entières, proposant des "tarifs de groupe". Parallèlement aux disparitions de gens fuyant la France, d'autres personnes en relation avec le docteur se mettent aussi à disparaître, en fait, les personnes présentant des risques de dénonciation. Les "bénéficiaires" du réseau sont des juifs ou des malfrats, désireux de se mettre au vert, tous finiront assassinés. Les services allemands ayant découvert son réseau grâce à un deuxième indic, Béretta, Petiot est arrêté et torturé pendant 8 longs mois à la prison de Fresnes, il ne dira jamais rien. Libéré pour manque de preuves, il décide de faire disparaître les preuves, jugeant que cela devenait trop dangereux pour lui.
Le 9 mars 1944, les pompiers sont alertés par des voisins incommodés depuis plusieurs jours par les odeurs s'échappant d'une cheminée de l'immeuble de la rue Le Sueur. Après avoir appelé Petiot chez lui et vainement attendu son arrivée, ils fracturent une fenêtre et pénètrent dans l'immeuble. Ils sont vite alertés par l'odeur et le ronflement d'une chaudière et, descendant dans la cave, découvrent des corps humains dépecés, prêts à être incinérés dans la chaudière. Arrive alors Petiot qui, se faisant passer pour son frère, constate la situation et "part chercher son frère Marcel Petiot" . Une autre version raconte que, présent, il se justifia en affirmant que tous les corps étaient les cadavres de nazis qu'il avait tués, mystifiant ainsi les policiers qui le laissent partir. Libéré sous parole, il se volatilise.
Lors de perquisitions, on découvrira soixante-douze valises et 655 kilos d'objets divers, parmi lesquels un pyjama d'enfant (qui sera reconnu comme étant celui du petit René Kneller, disparu avec ses parents). En fuite, Petiot s'engage dans les Forces françaises de l'intérieur sous le nom de "Valéry" ; devenu capitaine, il est affecté à la caserne de Reuilly. A la libération, un mandat à son nom est publié. Il reste pourtant introuvable. Ce n'est que lorsqu'un article parle de lui comme Petiot, soldat du Reich qu'il commet une imprudence. Sa mégalomanie prend le dessus et il se fend d'un droit de réponse dans le journal Résistance (Il écrit une lettre manuscrite au journal). De là, la police en déduit qu'il est toujours caché à Paris au sein même de la Résistance. Il est arrêté le 31 octobre 1944 dans une station de métro.
Jugé du 18 mars au 4 avril 1946 pour vingt-sept assassinats, il en revendique soixante-trois lors de son procès. Il se défend en proclamant qu'il s'agit de cadavres de collaborateurs et d'Allemands et proclamera jusqu'au bout avoir tué "pour la France". Toutefois, il resta incapable d'expliquer comment un pyjama d'enfant s'est retrouvé dans les affaires dérobées à ses victimes, ni comment des innocents évidents faisaient partie des corps retrouvés. Malgré une très longue plaidoirie (qui dura six heures) de son avocat, maître René Floriot, Petiot est néanmoins condamné à mort et guillotiné le 25 mai 1946 à la prison de la Santé à Paris. À l'avocat général qui venait de le réveiller pour l'exécution, Petiot rétorqua : « Tu me fais chier ». Puis plus tard devant la guillotine : « Ça ne va pas être beau ». Au magistrat qui lui demanda, au moment de monter à l'échafaud, s'il avait quelque chose à déclarer, il répondra : « Je suis un voyageur qui emporte ses bagages ». D'après les témoins, il mourut un sourire au lèvres. Nul ne sut jamais ce qu'il advint de la fortune qu'il amassa avec son prétendu réseau, les estimations se montant jusqu'à deux cents millions de francs.