La BBC a annoncé jeudi 18 septembre qu'une de ses équipes de journalistes avait été agressée par des inconnus dans la ville d'Astrakhan, dans le sud de la Russie, où elle réalisait un reportage sur des soldats « tués près de la frontière avec l'Ukraine ».
« Notre équipe a été violemment battue, leur caméra a été détruite puis elle leur a été prise », a expliqué dans un communiqué la chaîne de télévision britannique, précisant que l'attaque avait été perpétrée « par des hommes non identifiés dans une attaque préméditée ».
Son porte-parole, James Hardy, a précisé par écrit à l'Agence France-presse que le caméraman recevait toujours des soins pour « une commotion et d'autres blessures ».
Après avoir été agressés, les journalistes, dont au moins un, Steve Rosenberg, est Britannique, ont été emmenés au poste de police « pour quatre heures d'interrogatoire et ont découvert ensuite que la carte mémoire de leur matériel d'enregistrement (...) avait été effacée », a affirmé la chaîne.
Le journaliste a qualifié sur son compte Twitter sa journée de « difficile », en publiant son entretien avec une femme affirmant que son frère, le soldat Konstantin Kouzmine, a été tué à la frontière russo-ukrainienne.
« HARCÈLEMENT DES MÉDIAS »
« Leur agression et la destruction de leur matériel et de leurs enregistrements font à l'évidence partie d'une tentative préméditée qui vise à empêcher des journalistes accrédités de faire un reportage », a affirmé la BBC.
« Nous avons affaire à un signal clair de harcèlement des médias indépendants en Russie », a renchéri Dunja Mijatovic, représentante de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour la liberté de la presse, qualifiant l'agression des journalistes de « totalement inacceptable » dans un communiqué.
La chaîne et l'OSCE exigent des autorités russes qu'elles mènent l'enquête sur ces faits. Elle est en cours, a affirmé le porte-parole de la police d'Astrakhan, selon des agences de presse russes.
Presque aucune information ne filtre dans les médias russes concernant un hypothétique déploiement de troupes russes en Ukraine, dont Moscou est accusé par Kiev et les Occidentaux.
Au moins deux cents soldats russes auraient été tués dans l'est de l'Ukraine, où ils combattraient aux côtés des séparatistes prorusses contre les troupes loyales à Kiev, selon des militants pour les droits humains.
Des journalistes enquêtant sur la mort de soldats ont déjà été attaqués ou menacés ces dernières semaines, tel le député de l'opposition et journaliste Lev Chlosberg, hospitalisé après avoir été agressé par trois inconnus.