Par décret papal, Carl Lampert, «prêtre et martyr» autrichien, a été béatifié ce dimanche dans l’église Saint-Martin de Dornbirn, devant 1700 personnes.
Le plus important dignitaire catholique autrichien assassiné par les nazis, le vicaire général d’Innsbruck, Carl Lampert, a été béatifié dimanche à Dornbirn (ouest). Emprisonné en 1940, torturé par la Gestapo, il sera condamné à mort et décapité fin 1944.
Dans l’église Saint-Martin de Dornbirn, devant 1700 personnes, le cardinal Angelo Amato, envoyé spécial du Pape Benoît XVI et préfet de la Congrégation pour la cause des saints au Vatican, a lu le décret papal de béatification de «Carl Lampert, prêtre et martyr».
Le vicaire «a pris sur lui le risque de la persécution et de la mort en tant que serviteur indomptable de l’Evangile de Jésus et de défenseur de l’Eglise», a récité le cardinal.
Le président de la conférence épiscopale polonaise, l’archevêque Jozef Michalik, et le vicaire général de l’évêché de Magdebourg Raimund Sternal, ont assisté à la cérémonie de béatification de l’une des figures de la résistance chrétienne au nazisme.
L’évêque d’Innsbruck, Mgr Scheuer, a rappelé dans son homélie les paroles de Carl Lampert devant ses juges nazis qui l’interrogeaient sur le livre qu’il préférait, l’Evangile ou «Mein Kampf» d’Hitler: «L’Evangile est la parole de Dieu et amour. Le livre de monsieur Hitler est l’oeuvre d’un être humain et prône uniquement la haine».
Devant l’église Saint-Martin, des écoliers et lycéens avaient disposé 400 bougies à la mémoire de citoyens de la province du Vorarlberg persécutés sous la dictature des nazis.
Plusieurs fois arrêté
Né en 1894, Carl Lampert avait été ordonné prêtre en 1918 et affecté à la paroisse de Dornbirn. Après des études de théologie à Rome au Collège germanique Santa Maria dell’Anima de 1930 à 1935, il avait été nommé vicaire général d’Innsbruck, la capitale du Tyrol.
Dès l’annexion (Anschluss) de l’Autriche en 1938 par Adolf Hitler, il s’était opposé au nazis, venant en aide à des prêtres emprisonnés et protestant publiquement contre la volonté du Gauleiter du Tyrol et du Vorarlberg, Franz Hofer, de faire de ces provinces «les premières libres de tout monastère et couvent».
Arrêté à plusieurs reprises, il a été emprisonné en 1940 au camp de concentration de Sachsenhausen, près de Berlin, puis transféré à Stettin (Szczecin, aujourd’hui en Pologne). Là il est arrêté en 1943 pour «haute trahison» par la Gestapo et emprisonné à Halle-an-der- Saale, dans l’est de l’Allemagne.
Régulièrement torturé par les agents de la Gestapo, c’est dans cette prison qu’il sera condamné à mort et décapité le 13 novembre 1944.