Les 28 pays membres de l’OTAN ont envoyé un dur message au président Vladimir Poutine. Ils ont souhaité renforcer leur soutien à l’Ukraine, sans pourtant lui offrir à nouveau une perspective d’adhésion. De nouvelles sanctions contre la Russie pourraient être décidées vendredi.
« Apaisement ? » « Désescalade ? ». En dépit de la fragile p erspective d’un cessez-le-feu entre rebelles de l’est de l’Ukraine et le gouvernement de Kiev, la détente avec la Russie n’était pas au rendez-vous du sommet bi-annuel de l’OTAN qui se tient, jeudi et vendredi, à Newport au Pays de Galles. Dans un climat tendu face à la multiplication des conflits armés dans le monde et de la multiplication des actes de terrorisme, les 28 pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord -tout en exprimant des nuances vis-à-vis de Moscou- ont exprimé des doutes sur la volonté du président russe Vladimir Poutine d’encourager un plan de paix entre les rebelles pro-russes dans l’est de l’Ukraine et le nouveau pouvoir à Kiev.
Le secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen qui conduit son dernier sommet avant de laisser fin septembre les rennes de l’organisation au Norvégien Jens Stoltenberg, a parlé, dans ses propos liminaires, « d’agression » et même « d’attaque » de la Russie contre l’Ukraine, un partenaire de l’OTAN sans en être membre. Plus tard, il a ajouté que la Russie n'avait "pas fait un seul geste pour rendre la paix possible".
Pour nombre de participants et de chefs militaires de l’Alliance Atlantique, il s’agit désormais de voir réellement sur le terrain si la volonté affichée par Moscou de parvenir à une paix entre rebelles et le gouvernement ukrainien, est bien réelle. Mais on en doutait encore jeudi à Newport.
D’après des estimations de l’OTAN citées par l’agence Reuters, Moscou aurait dépêché « plusieurs milliers d’hommes » ainsi que des centaines de chars et de véhicules blindés, plus au moins 20.000 soldats russes à la frontière. Pour le général américain Philip Breedlove, commandant suprême des forces de l’OTAN, les propositions de Vladimir Poutine pour un plan de paix « ne sont pas très crédibles ».
Petro Porochenko annonce un prochain cessez-le-feu
Pour sa part, le président ukrainien pro-occidental Petro Porochenko qui a eu des entretiens à Newport avec Barack Obama, François Hollande, David Cameron, Angela Merkel et Matteo Renzi avant la tenue d’une commission OTAN-Ukraine, a annoncé prévoir la conclusion d’un plan prévoyant un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine.
Selon des propos rapportés depuis Kiev, ce projet pourrait être signé vendredi à Minsk lors d’une rencontre du « groupe de contact » qui comprend des représentants de Kiev, de Moscou et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Une signature qui est conditionnée à la présence de représentants des rebelles irrédentistes dans la capitale biélorusse. En tout cas, comme l’a dit Fogh Anders Rasmussen, l’OTAN est bien décidée à augmenter sa coopération avec l’Ukraine notamment en multipliant les exercices conjoints et n’exclut pas d’autres élargissements, comme pour le Montenegro.
Nouvelles sanctions contre la Russie ?
L’Union européenne est également prête à hausser le ton. Avant de rencontrer son homologue ukrainien, le président français ainsi que le conseil européen, réuni au niveau des Ambassadeurs à Bruxelles, doit annoncer vendredi de nouvelles sanctions contre la Russie et un plan pour les mettre en oeuvre « s’il n’y avait pas de progrès ». « Mais tout va dépendre de ces prochaines heures », a-t-il ajouté dans une référence à la rencontre de Minsk. Avant ces sanctions, François Hollande avait décidé de « suspendre » la livraison du premier navire de classe Mistral, le Vladivostok, à la Russie. « Ce contrat n’est pas suspendu ni rompu mais la livraison du bateau sera fonction de ce qui va se passer dans les prochaines semaines », a-t-il dit jeudi à Newport. L’intention de la France est d’envoyer « ce message clair parce que nous voulons qu’il y ait une issue » au conflit en respectant « l’intégrité de l’Ukraine » et en obtenant le départ des forces « qui ne doivent pas y être ».
L’Ukraine n’est pas le seul sujet d’inquiétude des 28. Le président Barack Obama veut ainsi proposer aux alliés de bâtir une coalition pour éliminer l’Etat islamique qui fait régner la terreur en Irak et en Syrie et qui vient d’exécuter deux journalistes américains et menace d’exécuter un reporter britannique. Mais il n’est pas certain que la majorité des alliés suivent les Etats-Unis dans ce qui pourrait apparaître comme une nouvelle guerre d’Irak, après l’opération britanno-américaine de 2003 qui s’est achevée dix ans après sur un terrible revers.