Rosine Deréan, née le 23 février 1910 à Paris et morte le 14 mars 2001 à Genille (Indre-et-Loire), est une actrice française. Elle fut l'épouse du comédien Claude Dauphin (1903-1978), frère de Jean Nohain. Elle fut déportée à Ravensbrück.
Elle fait ses débuts derrière la caméra de Julien Duvivier dans un film maudit entre tous: «Les cinq gentlemen maudits» dont la production sortira ruinée et Harry Baur veuf. Nous sommes en 1931, Rosine débute à l’écran, elle a vingt-et-un ans et la beauté délicate un rien souffreteuse qui plait à l’époque comme le prouve assez les succès de Madeleine Ozeray et Madeleine Renaud, les deux championnes du genre.
La grande consécration filmée de Rosine Deréan vient, en 1933, dans «Les deux orphelines» de Maurice Tourneur où elle fait couler des torrents de larmes avec la complicité de Renée Saint-Cyr. Devenue une star de premier plan réputée à la fois pour son talent, sa beauté et son élégance, il ne manque plus à Rosine qu’un prince charmant pour compléter cet idyllique tableau. C’est chose faite lorsqu’elle rencontre le très en vogue Claude Dauphin qui devient son mari. Dauphin est alors la coqueluche des cinémas et des théâtres parisiens. En ces années trente, n’importe quel acteur se damnerait pour donner ne fût-ce qu’une réplique dans une pièce de Henri Bernstein alors considéré comme le nec le plus absolu des auteurs, Bernstein a un contrat avec Claude Dauphin qui s’engage à créer toutes ses pièces, ce qui finit par exaspérer Sacha Guitry soi-même qui ne peut donc pas distribuer Dauphin dans les siennes autant qu’il le voudrait.
Rosine Deréan et Claude Dauphin forment donc un couple très en vue du tout Paris et le public n’aime rien tant que de les voir jongler avec des répliques assassines dans des pièces de boulevard. Guitry est un véritable fan à la fois du couple et de leur alchimie professionnelle, faisant appel à eux pour «Les perles de la couronne» (1937). Tout le monde jubile, tout le monde est heureux, Rosine Deréan ignore encore que les heures joyeuses de sa vie se terminent avec le film de Guitry. Claude Dauphin, tout artiste prolifique qu’il est, observe depuis longtemps déjà la montée du nazisme en Allemagne et deviendra un ennemi du Reich bien avant la déclaration de la guerre. Les exploits de l’acteur occultant ceux de son épouse en ces années, je ne peux que constater une seule chose: Claude Dauphin doit s’enfuir pour l’Angleterre à bord d’un sous-marin, Rosine Deréan est déportée à Buchenwald.
La guerre terminée, Rosine Deréan est de ceux qui reviennent. Elle tourne même un film en 1945 avec Albert Préjean et Jacqueline Gauthier, mais son nom a dégringolé aux tréfonds du générique. Quant à l’histoire d’amour avec Claude Dauphin le héros, elle est bien finie. L’acteur va bientôt épouser la très belle Maria Mauban, fraîchement émoulue d’une courte romance avec Jean Gabin. Rosine ne retrouve plus ses succès d’avant la déportation, elle traverse, fantomatique, «L’agence matrimoniale» que tournent en 1951 Bernard Blier et Michèle Alfa puis se fond dans l’anonymat le plus absolu. On est fort étonnés d’apprendre sa mort le 14 mars 2001, elle avait quatre-vingt-onze ans depuis deux semaines. L’oubli s’était fait sur son nom et ce qui étonna fût que l’actrice était encore de ce monde alors qu’on la croyait morte depuis si longtemps déjà.
Filmographie
- 1931 : Les Cinq Gentlemen maudits de Julien Duvivier : Françoise
- 1932 : Maquillage de Karl Anton
- 1932 : Le Chien jaune de Jean Tarride : Emma
- 1932 : Barranco, Ltd d'André Berthomieu : Aline de Estranglebleu
- 1932 : Aux urnes, citoyens! de Jean Hémard : Nicole
- 1932 : La Belle marinière d'Harry Lachman
- 1932 : Ce cochon de Morin de Georges Lacombe
- 1933 : Un certain monsieur Grant de Gerhard Lamprecht et Roger Le Bon
- 1933 : Les Deux Orphelines de Maurice Tourneur : Louise
- 1934 : L'Or de Serge de Poligny et Karl Hartl : Helene
- 1934 : Lac aux dames de Marc Allégret : Danny Lyssenhop
- 1934 : Maître Bolbec et son mari de Jacques Natanson : Cécile Pointet
- 1935 : Veille d'armes de Marcel L'Herbier : Alice
- 1935 : L'Auberge du Petit-Dragon de Jean de Limur
- 1935 : Marchand d'amour d'Edmond T. Gréville : Lily
- 1935 : La Route heureuse de Georges Lacombe : Maria
- 1936 : Faisons un rêve de Sacha Guitry
- 1936 : Le Roman d'un tricheur de Sacha Guitry : la voleuse de bijoux
- 1936 : Gigolette d'Yvan Noé : Geneviève de Margemont/Palote Vauquelin
- 1937 : Les Perles de la couronne de Christian Jaque et Sacha Guitry
- 1937 : Arsène Lupin détective d'Henri Diamant-Berger : Germaine Laurent
- 1940 : Les Surprises de la radio de Marcel Paul : Simple apparition
- 1946 : L'Assassin n'est pas coupable de René Delacroix
Théâtre
- 1940 : Histoire de rire d'Armand Salacrou, mise en scène Alice Cocéa, Théâtre de la Michodière
- 1946 : Le Bal des pompiers de Jean Nohain, mise en scène Pierre-Louis, Théâtre des Célestins