Pierre Lagaillarde, né le 15 mai 1931 à Courbevoie (France) et mort le 17 août 20141 à Auch (Gers), est un ancien avocat et député (sans étiquette) du département d'Alger, activiste nationaliste et anti-indépendantiste partisan du maintien du statu quo des départements français d'Algérie (Algérie française) pendant la Guerre d'Algérie (1954-1962).
Il est l'instigateur d'insurrections révolutionnaires à Alger que sont d'une part le coup du 13 mai 1958 qui aboutit à la chute de la IVe République et d'autre part la semaine des barricades en janvier 1960 qui le mène à son arrestation. Il est par ailleurs le cofondateur (avec Jean-Jacques Susini) de l'OAS en exil clandestin à Madrid en décembre de la même année. Condamné par contumace pour rébellion contre l'État à la suite de l'affaire des barricades, il bénéficie de la loi d'amnistie générale en 1968 et s'installe à Alicante sur la côte espagnole. À l'époque s'y est établie une importante communauté de Pieds-Noirs exilés, par suite aux vagues de rapatriements des Français d'Algérie correspondant aux accords de cessez-le-feu et à l'imminence de l'indépendance algérienne entre mars et juillet 1962.
Selon le Time Magazine du lundi 8 février 1960, Pierre Lagaillarde (âgé de 28 ans) aurait déclaré: « Je suis peut-être un fasciste, mais je ne suis pas un réactionnaire. Mon arrière-grand-père était sur les barricades. Je suis un authentique révolutionnaire ! ». Toujours selon la même source, l'ancêtre républicain de Lagaillarde serait mort à Paris en 1851 en tentant de défendre la Seconde République durant le coup d'État du 2 décembre ayant porté au pouvoir Louis Napoléon; durant la Révolution française de 1848, et sous le régime monarchique de l'empereur Napoléon III, de nombreux opposants républicains de métropole sont déportés en Algérie (le terme contemporain était « transportés ») où ils font souches. Il est âgé d'un an quand ses parents, tous deux avocats, quittent la métropole pour venir s'installer dans le Département d'Alger en 1932. Il suit des études de droit à l'Université d'Alger.
Il exerce le métier d’avocat à la cour de Blida, département d'Alger. En 1968, après avoir été gracié par Charles de Gaulle, Pierre Lagaillarde s'établit à Auch (Gers) où il reprend son activité d’avocat. Il devient premier bâtonnier de la ville en 1975. Il effectue son service militaire durant la guerre d'Algérie et est démobilisé en 1957 avec le grade de sous-lieutenant et devient officier subalterne parachutiste de réserve. En 1957, il prend la présidence de l'Association Générale des Étudiants d'Algérie (A.G.E.A.). Le 13 mai 1958, il est un élément clé du putsch d'Alger et bénéficie de la complicité d'autres insurgés tels Jacques Roseau et Robert Martel mais aussi de cadres de l'armée en Algérie. C'est ainsi au volant d'un camion GMC des parachutistes qu'il défonce la grille interdisant l'accès au bâtiment du Gouvernement Général de l'Algérie (GG du Forum d'Alger) et permet ainsi à l'insurrection populaire de gagner le bâtiment du Ministre de l'Algérie résident, Robert Lacoste alors à Paris, et de le mettre à sac. À la suite de la prise temporaire du commandement civil et militaire en Algérie par le général Jacques Massu, Pierre Lagaillarde devient membre du Comité de salut public (1958) d'Alger présidé par le général Raoul Salan.
Plus tard la même année, en novembre, Pierre Lagaillarde se présente comme député sans étiquette (ou groupe des non-inscrits) et est élu pour la 1ère circonscription d'Alger-ville. Il a exercé son mandat du 30 novembre 1958 au 5 mai 1961, date de sa déchéance. En janvier 1960, opposé à la proposition d'autodétermination du président Charles de Gaulle, et à la suite du rappel à Paris du général Massu, Lagaillarde prend la tête, avec d'autres tels que Joseph Ortiz, d'un second mouvement insurrectionnel à Alger, celui-ci connu sous le nom de la semaine des barricades. Mis aux arrêts le 1er février, il est envoyé en métropole et incarcéré à la prison de la Santé à Paris après que son immunité parlementaire fut levée. Début novembre 1960 débute le "procès des Barricades", remis en liberté sur parole, le temps du procès, il en profite pour s'exiler à Madrid où il rejoint le général Raoul Salan et Jean-Jacques Susini. Ensemble ils fondent l'OAS (Organisation Armée Secrète), le 3 décembre de la même année.
Il est condamné par contumace en mars 1961 à dix ans de réclusion criminelle, et déchu de son mandat de député le 5 mai 1961. Il bénéficie de la loi d'amnistie en 1968. Pierre Lagaillarde a été responsable de l'économat à la fin 1966 puis surveillant général du Lycée Français d'Alicante (LFA); son épouse y a été professeur. Cet établissement scolaire privé, financé par le mécénat de certains Français d'Algérie exilés, s'est ouvert en octobre 1962 sous l'appellation "Nouvelle École Française". Pierre Lagaillarde meurt le 17 août 2014 à Auch dans le Gers l’âge de 83 ans.