Eté meurtrier pour les légendes d’Hollywood : Lauren Bacall vient de mourir à 89 ans. Surnommée « the look », pour la profondeur mystérieuse de son regard, l’actrice s’était révélée à 19 ans dans Le Port de l’angoisse, d’Howard Hawks. Son partenaire avait vingt-cinq ans de plus qu’elle, il s’appelait Humprey Bogart, et elle allait partager sa vie jusqu’à sa mort en 1957.
Howard Hawks, qui aimait la modernité et le franc-parler, la voix grave et l’insolence de cette grande fille à la beauté peu commune – « c’est quand elle est insolente qu’elle devient désirable » – la dirigera encore dans Le Grand Sommeil, en 1946. Deux films qui suffisent à fonder un mythe, même si Lauren Bacall détestait le mot « légende ». Le reste de sa carrière est objectivement plus inégal, si l’on met à part quelques titres, dont La Femme modèle, de Vincente Minelli (1957), où elle est irrésistible en styliste mondaine, mariée à journaliste sportif.
Mais même des films moyens n’altèrent pas l’aura et la classe de Lauren Bacall, connue, dans la vie, pour son engagement à gauche, sa méfiance à l’égard d’Hollywood, sa liberté par rapport aux studios. A près de 80 ans, elle avait participé au diptyque de Lars von Trier, Dogville et Manderlay, apparaissait aussi dans Birth, de Jonathan Glazer.