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Vatoutine Nikolaï

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Nikolaï Fiodorovitch Vatoutine (16 décembre 1901, Tchepoukhino près de Koursk, Russie impériale - 14 avril 1944, Kiev, Union soviétique, maintenant l'Ukraine) est un commandant militaire soviétique de la Seconde Guerre mondiale.

Vatoutine Nikolaï

Son histoire est liée à la renaissance de l'Armée rouge à l'époque de la Seconde Guerre mondiale. Ce fut un général doué et inspiré, mais à l'époque de l'invasion de son pays par l'Allemagne, il n'était pas prêt pour le combat et commit des erreurs. Il apprit de ses erreurs et écrasa la Wehrmacht lors de plusieurs batailles cruciales. Né en Russie dans une famille paysanne, Vatoutine est appelé sous les drapeaux en 1920 et intégré à l'Armée rouge pour combattre les paysans ukrainiens partisans de Nestor Makhno. Il devient membre du parti communiste l'année suivante, servant avec zèle dans des postes de commandement junior. À partir de 1926 et pendant la décennie qui suit, il alterne entre le service militaire et les études dans une académie militaire soviétique et l'Académie de l'état-major. La purge des commandants de l'Armée rouge de 1937-38 lui ouvre la voie à une promotion rapide. En 1938, on le hisse au rang de Komdiv et on le nomme chef d'état-major du district militaire spécial de Kiev. Pendant toutes ces années, Vatoutine partage son temps entre le service militaire et ses activités passionnées pour le Parti, il ne fut jamais un carriériste intrigant, mais plutôt un authentique passionné.

En 1940, sous les ordres de Gueorgui Joukov, il s'empare de la Bessarabie appartenant à la Roumanie. La même année, pour le récompenser de cette campagne, Staline le fait général de corps d'armée et le nomme au poste important de président du conseil d'administration opérationnel de l'état-major. Vatoutine n'est visiblement pas à la hauteur de ce poste, alors qu'il se montre ouvert aux innovations et travailleur infatigable, il manque d'expérience au combat et sa connaissance de l'art des opérations et de la stratégie est trop abstraite. Malgré cela, son origine paysanne, sa relative jeunesse et, plus important encore, son zèle pour le Parti, en font l'un des rares préférés de Staline dans l'appareil militaire soviétique. Vatoutine, et les hauts gradés de l'Armée rouge, échouent à préparer adéquatement l'armée en vue de l'attaque allemande (opération Barbarossa) du 22 juin 1941.

Le 30 juin 1941, il est nommé au poste de chef d'état-major du front du nord-ouest et y démontre ses meilleures qualités. Son manque de connaissances tactiques est compensé par son leadership. Il a beaucoup de volonté et est optimiste, il traite bien ses subordonnés et ceux-ci l'admirent. Modeste, Vatoutine n'essaye jamais de revendiquer le succès des combats pour lui seul, il est heureux de récompenser le talent des autres. Son audace est une autre de ses remarquables qualités. À cette étape de la guerre, la plupart des généraux soviétiques, anéantis par les défaites, craignent d'entreprendre des opérations d'offensive.

Le front du nord-ouest défend l'accès à Leningrad contre le groupe d'armées Nord allemand mené par des corps d'armées et dirigé par Erich von Manstein. Vatoutine prend le commandement des troupes soviétiques près de Novgorod et les rassemble pour une offensive destinée à encercler un groupe important de troupes allemandes. Il prend Manstein par surprise, le met sur la défensive et oblige tout le groupe d'armées Nord à rassembler ses troupes afin de stopper l'offensive soviétique. La Wehrmacht perd la précieuse saison d'été nécessaire à une attaque efficace contre Leningrad, alors que l'Armée rouge gagne du temps pour renforcer les fortifications de la ville. Grâce aux actions de Vatoutine, les Allemands ne seront jamais en mesure de s'emparer de Leningrad, une défaite stratégique clé du début de la guerre. Les résultats opérationnels immédiats sont cependant beaucoup moins impressionnants.

Vatoutine surestime le potentiel de ses troupes et ses objectifs sont trop ambitieux, la coordination de ses troupes et son contrôle du déroulement des combats sont médiocres. Il ne prend également pas en considération le terrain difficile qui avantage les défenses allemandes et ralentit son attaque. Les pertes en personnel de Vatoutine sont considérables, atteignant dans une armée presque 60 %. La faible qualité de ses commandants subordonnés n'améliore en rien le manque de ressources de Vatoutine. Il y a cependant une seule exception : les actions brillantes de d'Ivan Tcherniakhovski, jeune colonel obscur commandant de la 28e division de chars. Les deux hommes ont beaucoup en commun et en particulier leur approche peu orthodoxe de l'art militaire, ils deviennent de proches amis.

En janvier 1942, pendant l'offensive d'hiver de l'Armée rouge, consécutive à sa victoire dans la bataille de Moscou, Vatoutine prend au piège deux corps d'armée allemands à Demiansk, réalisant ainsi le premier encerclement d'importance de troupes allemandes. Les corps d'armée allemands équivalent en taille à une armée de terre soviétique. Pendant la bataille, Vatoutine utilise des actions et des tactiques innovatrices et les Allemands y répondent de manière conventionnelle. Mais Vatoutine est incapable d'anéantir la poche, principalement à cause de la faiblesse de l'aviation soviétique. En avril 1942, Vatoutine parvient finalement à percer les défenses allemandes, juste au moment où des renforts allemands atteignent la poche. Le commandement allemand s'en félicite et tire les mauvaises leçons de cette échappée de justesse, il conclut qu'il est possible de surmonter un encerclement soviétique en se ravitaillant par les airs et en organisant une opération de secours. Ces conclusions contribuèrent au désastre de la Wehrmacht à Stalingrad.

De début mai à juillet 1942, Vatoutine occupe brièvement le poste de député du chef de l'état-major de l'Armée rouge, jusqu'à ce que le groupe d'armées Sud allemand s'engage dans son énorme stratégie d'offensive, l'opération Fall Blau. L'assaut allemand se concentre initialement sur Voronej, où les Allemands cherchent à percer la ligne de front soviétique (bataille de Voronej) pour attaquer ensuite le front sud soviétique et le front sud-ouest par l'arrière afin d'encercler les Soviétiques. Le 1er juillet 1942, Staline expédie Vatoutine, en tant que représentant de la Stavka avec les pleins pouvoirs, sur le front de Briansk, qui est rebaptisé quelques jours plus tard, front de Voronej et placé sous les ordres de Vatoutine. Lors de la bataille, Vatoutine rencontre encore une fois Tcherniakhovski, nouvellement promu au poste de commandant du 18e corps de chars de la 60e armée. L'attaque allemande de grande envergure est sur le point de percer la ligne de front soviétique au moment où le corps de Tcherniakhovsky arrive par train. Tcherniakhovski décharge une de ses brigades et, sans attendre le reste de ses troupes, dirige cette brigade contre les troupes allemandes en nombre supérieur et les repousse.

À la suite de cette action, Vatoutine demande à Staline de remettre le commandement de la 60e armée à Tcherniakhovski. Staline s'oppose d'abord à la requête, sans doute parce que Tcherniakhovski est juif et qu'il hésite à nommer un si jeune général au poste de commandement d'une armée de terre. Mais ce refus ne décourage pas Vatoutine et il réussit à convaincre Staline de promouvoir Tcherniakhovski, qui allait rapidement devenir un des plus importants généraux de l'Armée rouge. Les Allemands parviennent à s'emparer de la ville, mais leurs tentatives pour percer la ligne de front de Vatoutine échouent. Après cette débâcle, les Allemands abandonnent leur plan initial et dirigent leurs efforts vers Stalingrad, une erreur de jugement qui leur sera fatale.

Le 22 octobre 1942, Vatoutine se voit confier le commandement du tout nouveau front du sud-ouest avec lequel il planifie la contre-offensive soviétique et l'encerclement de la 6e armée allemande lors de la bataille de Stalingrad. En décembre 1942, afin de préserver l'enceinte de Stalingrad, Vatoutine encercle et anéantit la 8e armée italienne, forte de 130 000 hommes, lors de l'opération petit Saturne, contribuant à l'échec de l'opération Wintergewitter de Manstein, destinée à secourir la 6e armée allemande. En janvier 1943, Vatoutine repousse inexorablement les Allemands vers l'est de l'Ukraine. Son offensive permet au front de Voronej, sous les ordres du général Filipp Golikov, de s'emparer de Kharkov, mais il diversifie trop les activités de ses troupes épuisées. En février 1943, Manstein rassemble ses troupes en une force importante et surprend Vatoutine, provoquant sa défaite à Kharkov en encerclant les troupes de Golikov qui se dirigent vers la ville. Kharkov est alors reprise par les Allemands. La Stavka relève Golikov de son commandement et évalue mal l'importance de la débâcle de Vatoutine, Staline récompensa Vatoutine pour son audace et l'élève au rang de général d'armée.

Le 28 mars 1943, Vatoutine prend le commandement du front de Voronej en préparation de la bataille de Koursk. Lors de cette bataille, Vatoutine se montre meilleur tacticien que Manstein, grâce à son approche innovatrice des techniques opérationnelles et tactiques. Il rejette la hiérarchie conventionnelle des armées, son déploiement innovateur lui permet, non seulement de se défendre adroitement contre les Allemands ayant la supériorité technique, mais aussi de passer rapidement de la défense à l'offensive. Après la victoire soviétique à Koursk, Vatoutine prend par surprise Manstein, qui croyait que l'Armée rouge était trop faible pour poursuivre son offensive, et s'empare de Belgorod.

La cible suivante de Vatoutine est Kiev. Le 20 octobre 1943, le front de Voronej est rebaptisé 1er front ukrainien. Vatoutine entreprend un regroupement secret avec un plan imaginatif et trompeur. Ses troupes surprennent Manstein, attaquant les Allemands depuis des directions inattendues et, le 6 novembre 1943, Kiev est libérée. Vatoutine exploite sans relâche sa victoire à Kiev pour s'enfoncer en profondeur dans les défenses allemandes. Manstein croit pouvoir répéter le succès de Kharkov de février dernier, alors que les armées de Vatoutine sont dispersées. Sa stratégie manque d'originalité et Vatoutine tient facilement sa tentative d'encerclement en échec et inflige des pertes considérables à la Wehrmacht. Frustré, Manstein déchaîne plusieurs offensives contre les troupes de Vatoutine, essayant de le prendre par les flancs, sans succès. Le 19 décembre 1943, Manstein croit qu'il a en main une victoire éclatante, après avoir encerclé et détruit ce qu'il croit être quatre corps d'armée soviétiques le long de la voie ferroviaire Korosten-Kiev. Sa jubilation est de courte durée, parce qu'en réalité il a attaqué les troupes de Vatoutine utilisées pour le tromper. Pendant que Manstein combat les troupes servant d'appât, Vatoutine rassemble une force de frappe puissante sur une autre section du front et, lors du Noël de 1943, il lance un assaut massif sur les Allemands en les repoussant davantage vers l'ouest.

Cette offensive crée le saillant de Korsoun occupée par un grand nombre de troupes allemandes. En janvier, Vatoutine et le 2e front ukrainien du général d'armée Ivan Koniev, procèdent à l'encerclement puis à la réduction de ce saillant lors de la Bataille de Tcherkassy. Vatoutine débute l'opération deux jours après la frappe de Koniev, bien que la 6e armée de chars, nouvellement constituée soit incomplète, elle lui permet de créer un effet de surprise en s'impliquant dans la bataille. La 6e armée pénètre ainsi profondément dans les défenses allemandes et, le 3 février, elle rejoint les blindés du front de Koniev et prend au piège 56 000 soldats allemands. Le 17 février, Vatoutine et Koniev détruisent la poche de Korsoun-Tcherkassy. Le 28 février 19441, Vatoutine, qui procède à un regroupement complexe pour une nouvelle opération, est pris en embuscade par des insurgés de l'armée insurrectionnelle ukrainienne loin derrière les lignes de front. Il meurt de ses blessures à l'hôpital six semaines plus tard. Son influence sur la planification stratégique, opérationnelle et technique de l'Armée rouge se poursuit après sa mort. Vatoutine est reconnu comme l'un des généraux les plus créatifs de la Seconde Guerre mondiale, après la guerre froide, par des experts militaires occidentaux.


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