Cristina Elisabet Fernández de Kirchner (née le 19 février 1953 à Ringuelet, La Plata) est l'actuelle présidente de la Nation argentine, élue dès le premier tour le 28 octobre 2007 avec 45,23 % des suffrages exprimés et réélue le 24 octobre 2011, également au premier tour, avec 53,96 % des voix.
Avocate de profession, elle est investie le 10 décembre 2007, succédant à son mari Néstor Kirchner, qui meurt trois ans plus tard. Première dame du 25 mai 2003 au 10 décembre 2007, elle fut élue sénatrice de Buenos Aires en 2005 sur les listes du Front pour la victoire-Parti justicialiste (FPV-PJ; centre-gauche). Elle est la première femme à avoir été élue présidente de l'Argentine, et la deuxième à exercer cette fonction, après Isabel Perón, élue vice-présidente en 1973 et qui avait succédé l'année suivante à son mari, président, à sa mort en exercice.
Cristina Fernández étudie à l’École des sciences légales et sociales de l’université de La Plata (dans la province de Buenos Aires) et obtient le diplôme d’avocate, en 1979. Militant dans la Jeunesse universitaire péroniste, elle y rencontre Néstor Kirchner, avec qui elle se marie le 9 mars 1975. Suite au coup d’État de mars 1976, le couple décide de s’installer à El Calafate, en Patagonie (province de Santa Cruz), afin d’échapper à la répression. Ils y ouvrent une étude juridique. Deux enfants vont agrandir la famille : Máximo et Florencia. Après le retour de la démocratie, Cristina Fernández de Kirchner est élue députée de l’Assemblée de Santa Cruz en 1989 et réélue en 1993. Deux ans plus tard, elle est élue sénatrice fédérale dans la circonscription de Santa Cruz, puis, en 1997, députée fédérale, avant de revenir au Sénat en 2001. En 2003, elle devient Première dame de la Nation argentine, son époux Néstor Kirchner ayant remporté l'élection présidentielle sur la liste du Front pour la victoire-Parti justicialiste (FPV-PJ). Aux élections législatives de 2005, la première dame est élue sénatrice, dans la province de Buenos Aires, avec plus de 26 % de suffrages que sa rivale péroniste Hilda González, épouse du prédécesseur de Kirchner à la tête de l’État, Eduardo Duhalde.
Le 2 juillet 2007, Alberto Fernández, chef de cabinet du président, annonce le lancement officiel de la candidate du Front pour la victoire, Cristina Kirchner, au cours d'un grand meeting électoral à La Plata. Sans surprise, le 28 octobre 2007, en obtenant 44,70 % des voix face à l'ex-députée radicale Elisa Carrio (qui représente la coalition civique, de centre-gauche et qui recueille quelque 23 % des suffrages exprimés), elle est élue dès le premier tour de l'élection présidentielle2. Son co-listier Julio Cobos, dissident de l'Union civique radicale (UCR), devient vice-président. Par ailleurs, le Front pour la victoire obtient la majorité dans les deux Chambres en profitant des élections partielles qui se tiennent le même jour.
Tout en maintenant sept ministres de Néstor Kirchner, Cristina innove dans la composition du gouvernement, qui compte douze ministres, en créant un ministère de la Science, de la Technologie et de l'Innovation productive, attribué au biochimiste Lino Barañao. Suite à la crise économique mondiale, elle créé aussi, en novembre 2008, un ministère de la Production, détaché du ministère de l'Economie, et l'attribue à l'économiste Débora Giorgi, qui avait été secrétaire d'État du gouvernement radical de Fernando de la Rúa (1999-2001). Enfin, elle opère un remaniement ministériel suite au recul du Front pour la victoire, lors des élections générales partielles de juin 2009, et transforme alors le secrétariat à l'Agriculture, qui dépendait auparavant du ministère de l'Economie, en département ministériel à part entière.
Dès le début de son mandat, elle entre en conflit avec le Vatican au sujet d'une dépénalisation de l'avortement4 et de la création de nouveaux diocèses en Patagonie, que Cristina Kirchner acceptait à condition que l'Église y rattache nominalement les Malouines, territoire britannique, ce qui a été refusé par le Pape. Cristina Kirchner signe un accord de coopération en matière de nucléaire avec le Brésil, poursuivant la politique de relance du programme nucléaire argentin initiée en 2006 par Néstor Kirchner. Cette politique énergétique va de pair avec un plan de réduction des dépenses énergétiques; plusieurs travaux sont prévus à la centrale hydroélectrique de Yacyretá, partagée avec le Paraguay, et des appels d'offres ont été lancés pour la construction de centrales fonctionnant à l'énergie renouvelable, pour une valeur énergétique de 1 500 MW.
Elle continue aussi, avec succès, les négociations avec Cuba afin de permettre à la docteur Hilda Molina (es) de rendre visite à son fils en Argentine, et joue aussi le rôle d'intermédiaire entre le gouvernement d'Uribe et les FARC colombiens. En revanche, les négociations avec le gouvernement uruguayien de Tabaré Vázquez (coalition gouvernementale de gauche) concernant la dite « guerre du papier » n'avancent guère, mais s'améliorent après l'élection, fin 2009, de José Mujica. Par ailleurs, elle s'oppose fermement, comme l'ensemble des pays du Mercosur ainsi que l'Espagne, au coup d'État de juin 2009 au Honduras, et refuse de reconnaître les élections tenues alors qu'un accord préalable prévoyant le retour de Manuel Zelaya au pouvoir avait été renié par les autorités putschistes.
Enfin, elle réclame lors du sommet du Mercosur du 24 juillet 2009 la levée des brevets sur les vaccins contre la grippe H1N1, affirmant que le Brésil et l'Argentine sont d'ores et déjà prêts à les produire tandis que les laboratoires détenteurs des brevets n'ont pas la capacité d'approvisionner les pays du Mercosur. Les chefs d'État du « Mercosur amplifié » (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Venezuela, Bolivie et Chili) adoptent le même jour une déclaration à cet effet, qui exige l'adoption des mesures (plus ou moins) prévues par l'ADPIC afin de « flexibiliser » les règles sur les brevets en cas de pandémie. Avec son homologue brésilien Lula, elle obtient que la déclaration du G20 de Londres (avril 2009) concernant la crise économique mondiale ne fasse pas référence à la « flexibilité du marché du travail », invoquant les conséquences négatives de celle-ci dans ces pays dans le passé, puis que l'Organisation internationale du travail (OIT) soit présente au sommet du G20 de Pittsburg (septembre 2009).
Inauguration de la XVIe Conférence interaméricaine des ministres du Travail (CIMT) de l'OEA, à Buenos Aires en 2009. De gauche à droite : Jorge Taiana (ministre des Relations extérieures de l'Argentine), Cristina Kirchner, Carlos Tomada (ministre argentin des Relations laboriales) et Juan Somavía (directeur général de l'Organisation internationale du travail). Sous l'effet de la crise mondiale, la croissance passe de 8,8 % en 2007 à 6,8 % en 2008. Bien que populaire, le Front pour la victoire a perdu la majorité parlementaire lors des élections générales et partielles du 28 juin 2009. Invoquant l'urgence de répondre à la crise, Kirchner avait décidé en mars 2009 de convoquer des élections anticipées. Par ailleurs, le vice-président Julio Cobos, qui faisait partie des Radicales K (groupe dissident de l'UCR exclu pour son appui au Front pour la victoire), vota contre le projet de loi du gouvernement concernant l'agriculture : une partie des Radicales K, menés par Cobos, a ainsi rejoint l'opposition, conduisant ainsi à une situation inédite de cohabitation au sein même de l'exécutif.
Kirchner tente alors, en mars 2008, d'augmenter les taxes à l'exportation sur le soja et le tournesol de 35 à 45 %13, ce qui suscite un conflit avec les organisations patronales du secteur agricole (es) (avec de grandes manifestations) qui dure jusqu'en juillet 2008 et affecte lourdement sa popularité13. Le soja, à plus de 90 % transgénique en Argentine, et ses produits dérivés représentent 36 % des exportations argentines, l'Argentine étant elle-même 3e exportatrice mondiale de soja. Finalement, le conflit, qui voit une bonne partie de l'Union civique radicale (UCR) et de la Coalition civique (opposition de centre-gauche) soutenir les organisations patronales, conduit à la démission du ministre de l'Économie Martín Lousteau, remplacé dès lors par Carlos Rafael Fernández, lequel démissionne également suite à la défaite électorale du Front pour la Victoire (coalition péroniste) lors des élections générales partielles du 28 juin 2009.
Par ailleurs, le gouvernement met en place un programme de grands travaux (21 000 millions de dollars) destinés à relancer l'économie, ainsi qu'un programme de prêts à faibles intérêts pour soutenir la consommation. Celui-ci est appuyé par les principaux syndicats du pays (notamment la CGT et la CTA), les organisations patronales industrielles comme l'Union industrielle argentine (UNI) et les coopératives rurales (CONINAGRO), mais critiqué par les organisations patronales rurales comme la Société rurale argentine (SRA) et la Fédération agraire argentine (FAA). Le FMI a quant à lui refusé d'inclure l'Argentine dans son plan anti-crise, en alléguant ses « antécédents négatifs » (la crise de 2001-2002, largement provoquée par les décisions du FMI lui-même).
Le Congrès approuve le 3 septembre 2008 le plan de recapitalisation et de nationalisation des compagnies aériennes Aerolíneas Argentinas (exproprié suite à une décision judiciaire argentine à la firme espagnole Marsans) et Austral Líneas Aéreas (loi no 26 412), privatisées sous la présidence de Carlos Menem. Enfin, la firme d'aviation militaire (FMA), également privatisée sous Menem et devenue filiale de Lockheed Martin, fut nationalisée en mai 2009 avec un large appui de la Chambre des députés (152 voix pour, une contre, 21 abstentions). Lockheed devrait être indemnisé à hauteur de 27 millions de dollars. Par ailleurs, la présidente Fernández de Kirchner met en place en octobre 2009 l'allocation universelle pour enfant, un système d'allocations familiales destinées aux familles de chômeurs ou travaillant au noir et ne recevant aucune autre aide. D'un montant de 180 pesos, augmenté en octobre 2010 à 220 pesos, ces allocations sont versées pour environ 3,6 millions d'enfants. De façon générale, la politique sociale de Kirchner permet de faire baisser le taux de pauvreté de 26 à 22 % en 2010, sortant ainsi de la misère entre 1,4 et 1,8 million de personnes.
Kirchner annonce en 2008 un plan de nationalisation des fonds de pension privés, qui détenaient entre 2412 et 28 milliards de dollars19, afin de mettre les retraites à l'abri des remous des marchés financiers globaux. Ces fonds de pension, gérés par l'Administrateur du Fonds de pension (AFP) (es), avaient été créés en 1993 par le gouvernement Menem. Le projet de loi, qui a établi le Sistema Integrado Previsional Argentino (SIPA) est voté le 20 novembre 2008 avec l'appui de secteurs de l'opposition (dont le PS et l'ex-sénateur de l'ARI José Martínez20,21), tandis que la Coalition civique, l'UCR et la droite (Propuesta Republicana) votent contre 20 (162 députés pour, 75 contre; 46 sénateurs pour; 18 contre 19). Cela suscite une baisse immédiate de la Bourse d'Argentine et d'Espagne ainsi qu'une fuite des capitaux19. Le monde diplomatique présente l'opération comme le rétablissement d'un système de retraites par répartition. Néanmoins selon la loi l'argent ainsi contrôlé par l'État ne peut être utilisé que pour payer les retraites, tandis qu'une commission bilatérale et un conseil, composés de chefs d’entreprise, de salariés, de retraités, de fonctionnaires, de banquiers et d'élus sont mis en place pour l'administrer. Par ailleurs, le nouveau système instaure l'égalité des pensions entre hommes et femmes, ce qui mécaniquement favorise les femmes du fait de leur espérance de vie plus longue (et donc défavorise les hommes).
En matière de droit du travail, le gouvernement conclut aussi de nombreuses conventions collectives (plus que les années précédentes), concernant les salaires mais améliorant aussi les conditions de travail (création de comités d'hygiène et de sécurité ; décret no 1694-2009, augmentant les indemnisations d'accidents du travail22, qui avaient été plafonnées sous Menem). Enfin, Kirchner a continué le Plan Patria Grande mis en place en 2006 par son prédécesseur, qui vise la régularisation des sans-papiers provenant du « Mercosur amplifié » : plus de 144 000 sans-papiers (majoritairement du Paraguay — plus d'un tiers —, de la Bolivie — environ un quart — et du Pérou, mais aussi plus de 4 000 Américains) ont ainsi été régularisés, faisant un total de plus de 700 000 régularisations depuis 200626. Seules 40 personnes ont été expulsées en 2008, presque toutes ayant été impliquées dans des trafics de stupéfiants (nonobstant les refoulements à la frontière). Le gouvernement pénalise le travail au noir en condamnant les patrons, mais s'évertue à faciliter la situation des employés sans-papiers.
La ministre de la Défense Nilda Garré impulse la réforme du droit militaire, abrogeant le Code de justice militaire qui permettait aux militaires d’être jugés par des juridictions spéciales, ainsi que, dans le même temps, la peine de mort, qui avait été abrogée en 1984 pour les délits communs mais demeurait en vigueur pour plus de 50 cas différents ; un délit pénal de harcèlement sexuel est ajouté, les soldats étant désormais jugés par les juridictions de droit commun (sauf en temps de guerre). Le projet de loi fut approuvé, en 2008, à l’unanimité des sénateurs présents (60 voix pour). Par ailleurs, Kirchner continue les gestes symboliques initiés par son mari concernant la réhabilitation de la gauche argentine et la critique de l'extrême-droite, en inaugurant ainsi en novembre 2008 le buste du président Héctor Cámpora (mai-juillet 1973) à la Casa Rosada.
En décembre 2008, elle se déclare scandalisée par l'arrêt de la Cour de cassation qui avait ordonné la libération de 21 militaires accusés de crimes contre l'humanité commis sous la dictature militaire (1976-1983), dont le général et ex-ministre Díaz Bessone, l'amiral Jorge Acosta et le capitaine Alfredo Astiz, au motif que la détention provisoire avait excédé une durée de trois ans. Ce faisant, elle rejoignait le sentiment des organisations de défense des droits de l'homme. Finalement, le secrétaire aux Droits de l'homme Eduardo Luis Duhalde a sollicité le Conseil de la magistrature pour qu'il initie une procédure de destitution des magistrats ayant voté cet arrêt (en particulier les destitutions de Guillermo Yacobucci et de Luis García), tandis que le procureur Raúl Pleé faisait un appel suspensif de la décision. La décision judiciaire ne couvre de toute façon pas l'ensemble des affaires concernant les militaires (mais seulement le procès de l'ESMA) qui demeurent donc en détention.
Début janvier 2010, Cristina Fernández de Kirchner signe le décret no 4-2010 avec les ministres de la Justice et de la Défense, Julio Alak et Nilda Garré qui déclassifie l'ensemble des archives de la dictature militaire (1976-1983) (à l'exception de ceux concernant la guerre des Malouines et tout conflit interétatique), permettant leur utilisation par les magistrats; le décret pourrait couvrir des violations des droits de l'homme commises par la suite, et, peut-être, avant. Cela a notamment permis à la justice d'obtenir les noms des membres du Bataillon d'Intelligence 601, l'un des fers-de-lance du terrorisme d'État et de son extension à toute l'Amérique via l'Opération Charly. Elle avait déjà créé, par un décret du 16 décembre 2003, les Archives nationales de la Mémoire chargées de recueillir les données concernant la dictature. Par ailleurs, elle crée une commission d'enquête sur les circonstances de la vente forcée de Papel Prensa, une papeterie cédée après le coup d'Etat à trois journaux argentins, Clarín, La Nación et La Razón.
Cristina Kirchner avec le secrétaire aux Médias, Enrique Albistur, le président du Comité fédéral de radiodiffusion, Gabriel Mariotto et quelques représentants de la Coalition pour une radiodiffusion démocratique. Kirchner fait également approuver par le Congrès une loi importante concernant les médias, le cadre juridique pré-existant datant du général Videla. Une partie de l'opposition ayant demandé que le projet de loi, qualifié de « petite révolution médiatique » par Reporters sans frontières (RSF), ne soit examiné qu'après les élections de juin 2009, celui-ci est présenté en août et promulgué en octobre 2009.
Par ailleurs, un projet de loi, approuvé par le Sénat le 18 novembre 2009, dépénalise les délits de calomnie et d'injure publique lorsqu'il s'agit d'intérêts publics (elle considère ainsi qu'il ne peut y avoir de tel délit dès lors que les propos concernent des affaires d'intérêt public, allant plus loin que la doctrine de mauvaise foi retenue par la jurisprudence, qui obligeait à faire la preuve que le prévenu avait sciemment tenté de porter atteinte à la réputation d'autrui). Cette initiative en faveur de la liberté d'expression, et qui met fin à un vieux serpent de mer de la politique argentine, a reçu les félicitations du Comité pour la protection des journalistes, une ONG basée à New York, et de RSF. La France elle-même récompense le Centre d'études légales et sociales (CELS) d'Horacio Verbitsky d'un Prix des droits de l'homme pour avoir œuvré en faveur de cette réforme.
La loi no 26 522 sur les médias déclare les radiofréquences des biens publics, pouvant être accordés pour des concessions de dix ans (renouvelables) suite à des appels d'offres. L'audiovisuel est lui-même qualifié d'« intérêt public », c'est-à-dire qu'il ne constitue pas un service public, étant mis en œuvre par des institutions non gouvernementales, mais les concessions sont librement accordées, au lieu d'être vendues (ou louées). La loi distingue entre médias associatifs (auxquels un tiers de l'espace audiovisuel est réservé), médias à but lucratifs et médias publics; limite la constitution d'oligopoles et prévoit des mesures d'appui aux médias associatifs des peuples autochtones. Par ailleurs elle impose des seuils de diffusion minimaux de 70 % de production nationale, 30 % de musique nationale et 50 % de musique produite par des indépendants, régulant aussi la publicité. Une Autorité fédérale des Services de la Communication audiovisuelle est chargée de l'application de la loi, remplaçant le Comité fédéral de Radiodifusión, dans lequel l'armée avait une influence importante (depuis Raúl Alfonsín, ce Comité avait cependant été suspendu sans être abrogé). Enfin, elle prévoit l'arrêt de la télévision analogique.
Le projet est adopté par la Chambre des députés en septembre 2009, avec 147 voix pour, 4 contre et une abstention — l'opposition (Union civique radicale, Coordination civique, Propuesta Republicana et le « péronisme dissident », de droite, c'est-à-dire le duhaldisme, le félipisme et Francisco De Narváez) s'est absentée (ou a voté contre au Sénat). Mais ce projet était soutenu par la majorité (Front pour la victoire-Parti justicialiste) et plusieurs groupes de l'opposition, dont le Parti socialiste (à une exception près) et divers partis de gauche. Au niveau de la société civile, les principaux syndicats et les ONG ont défendu le projet, tandis que les grands groupes de médias tels Clarín (qui détentait 264 licences de diffusion34) et le grupo Uno s'y sont opposés, ainsi que l'ADEPA (Association des entreprises audiovisuelles).
Les relations avec la PDG de Clarín, Ernestina Herrera de Noble, sont également tendues pour d'autres raisons : Cristina Kirchner s'est en effet prononcée en faveur d'une loi qui rendrait les tests ADN obligatoires lorsqu'il en va d'affaires liées aux crimes contre l'humanité. Or, les Grands-mères de la Place de mai ont demandé à la justice de contraindre les deux enfants de la PDG à délivrer leur ADN à la justice, soupçonnant qu'il s'agisse de bébés kidnappés sous la dictature. La présidente Cristina Kirchner reçoit en mars 2008 le président de la Banque centrale argentine Martín Redrado, qui l'informe que les réserves de la BCA s'élèvent à 50 milliards de dollars.
En janvier 2010, son vice-président, Julio Cobos, déclare sa candidature à l'élection présidentielle de 2010, se posant (à l'instar de Duhalde) comme rival et adversaire de Kirchner, tandis que celle-ci destitua le 7 janvier 2010 le président de la Banque centrale argentine, Martín Redrado, de ses fonctions, suite à un conflit concernant l'usage de fonds pour rembourser la dette publique. Kirchner avait créé, le 14 décembre 2009, le Fondo del Bicentenario (es) (qui devait être doté de plus de 6,5 milliards de dollars) par un décret-loi, destiné à payer les intérêts de la dette, mais Redrado se refusait à alimenter le fonds.
Kirchner ouvre alors des poursuites contre Redrado, l'accusant d'insoumission, notamment dans son refus d'accepter la création du Fondo del Bicentenario para el Desendeudamiento y la Estabilidad (Fonds du bicentenaire pour le désendettement et la stabilité). Cependant, la juge fédérale María José Sarmiento maintient Redrado à son poste, et le 12 janvier, le ministre de l'Économie Amado Boudou annonce qu'un juge américain avait saisi aux États-Unis des réserves de la Banque centrale argentine, d'un montant de 1,7 million de dollars (1,17 million d'euros) ; le père de la juge est l'ex-colonel Luis Alberto Sarmiento, inculpé depuis 2006 pour crimes contre l'humanité commis sous la dictature.
La démission de Redrado est demandée tant par le FPV que par l'opposition, et celui-ci finit par la donner le 29 janvier 2010, quelques jours avant que la Commission bilatérale ne donne son avis final. Un nouveau décret DNU, no 298-2010, est promulgué le 1er mars 2010, permettant l'usage des fonds de la Banque centrale pour le remboursement de la dette mais, cette fois-ci, limitée aux créditeurs privés. Le 15 juillet 2010, la présidente Cristina Kirchner a signé le décret de promulgation de la loi 26.618 (loi du « Matrimonio Igualitario »), qui établit le droit égal au mariage, en Argentine : cette loi autorise le mariage homosexuel, l'Argentine devenant ainsi le premier pays à autoriser le mariage homosexuel en Amérique latine et le dixième au monde à le faire sur tout son territoire après les Pays-Bas, la Belgique, l'Espagne, le Canada, l'Afrique du Sud, la Norvège, la Suède, le Portugal et l'Islande.
Depuis 2008, le couple Kirchner est impliqué par les médias dans l'affaire Guido Antonini Wilson : un entrepreneur vénézuélien aurait introduit 800 000 dollars à l'instigation du gouvernement du président Chavez pour financer la campagne présidentielle de Cristina Kirchner. La dénonciation venait du FBI et d'un procureur des États-Unis, ce qui a conduit Chavez et Kirchner à accuser l'administration Bush de s'engager contre la gauche latino-américaine. L'affaire n'a pas vraiment été éclaircie : l'Argentine a demandé l'extradition de Wilson, détenu aux États-Unis, mais celui-ci a accepté de collaborer avec le FBI, et plusieurs agents étrangers ont été accusés aux États-Unis d'être des agents du Venezuela.
L'année 2011 est influencée par l'élection générale qui a lieu en octobre. L'organisation de jeunesse Cámpora augmente son influence au sein du gouvernement, où elle entre en compétition avec les structures traditionnelles du Parti justicialiste et de la Confédération générale du travail de la République argentine pour obtenir les postes de bureaux et les candidatures. Cristina Fernández soutient Daniel Filmus comme candidat à la mairie de Buenos Aires. Néanmoins, elle ne précise pas si elle va briguer un second mandat présidentiel, avant de l'annoncer enfin le 21 juin 2011. Quelques jours plus tard, elle annonce qu'Amado Boudou serait son vice-président pour cette candidature. Elle choisit personnellement la plupart des candidats à la députation, favorisant les membres de la Campora.
Cristina Fernandez rentre en conflit avec le Brésil, au sujet d'un désaccord sur les quotas commerciaux, et avec les États-Unis, après avoir fait saisir un avion de l'armée américaine. Elle est réélue, pour quatre ans, le 23 octobre 2011, dès le premier tour de la présidentielle, avec 53,96 % des voix. Elle entame son second mandat le 10 décembre suivant. Le 27 décembre 2011, son porte-parole, Alfredo Scoccimarro, annonce à la presse que Cristina Kirchner est atteinte d'un cancer de la thyroïde, sans métastases, détecté le 22 décembre, et qu'elle va être opérée dès le 4 janvier; ajoutant que, durant ses 20 jours prévus de convalescence, le vice-président Amado Boudou la remplacera à la présidence. Le 7 janvier 2012, on apprend finalement qu'elle n'est pas atteinte d'un cancer, la présence de cellules cancérigènes ayant été écartée au cours de l'opération.