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Agoudat Israel

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Agoudat Israel (« Union d'Israël ») est un parti politique juif fondé en 1912 à Katowice (Pologne actuelle, à l'époque Empire russe) comme bras politique du judaïsme orthodoxe. 

Agoudat Israel

Il existe aujourd'hui en tant que parti politique en Israël, mais aussi au niveau international sous la dénomination World Agudath Israel Federation. Le parti est centré autour d'un "Conseil des Grands (ou des Sages) de la Torah", composé des plus grands rabbins représentants les courants qui ont créé le parti. Ce conseil est non-élu. Il peut y avoir deux façon de devenir membre du conseil :

  • la cooptation, ou les membres en fonction choisissent un nouveau membre parmi les rabbins de haut rangs,
  • la nomination, ou une structure membre de l'Agoudat (par exemple une communauté hassidique) désigne souverainement son représentant, en pratique son chef.​

On note aussi, à certaines époques, l'influence déterminante sur les décisions de l'Agoudat de rabbins prestigieux extérieurs aux structures du parti (le Hazon Ish dans les années 1940-50, par exemple). L'influence des élus du parti n'est pas nulle, mais est subordonnée au conseil des sages. L' Agoudat a été créé en 1912 par une coalition de groupes relevant du judaïsme orthodoxe. Chacun de ces groupes a ses propres options et une large autonomie idéologique. Cela est dû à la structure même du judaïsme orthodoxe, qui n'a pas de direction centralisée. Chaque rabbin important a donc ses fidèles. C'est particulièrement vrai chez les Hassidim, très éclatés sur un modèle quasiment féodal. L' Agoudat est le porte-parole de cette coalition de rabbins influents, et en aucun cas il n'est l'émanation de ses militants ou ne peut imposer un avis aux groupes qui le composent.

Il s'agit d'organiser les juifs religieux dans les États non juifs d'Europe orientale, comme force de pression politique. L'idée force est de refuser (plus ou moins largement selon les obédiences) la modernité, de préserver un mode de vie traditionnel assez largement centré sur la communauté, et aussi isolé que possible de l'environnement non religieux. Il s'agit aussi de lutter contre les « modernistes » au sein du judaïsme : réformés, sionistes, libéraux, socialistes, anarchistes, etc. Les sociologues israéliens font souvent une distinction entre les laïques (peu intéressés par la religion, mais pas forcément anti-religieux), les traditionalistes (pratique religieuse partielle), les orthodoxes (pratique religieuse stricte, mais immersion dans le monde moderne) et les ultra-orthodoxes, ou haredim, ou craignant-dieu (pratique religieuse stricte, large refus de la modernité, volonté de séparatisme social fort : vêtements spécifiques, quartiers spécifiques, institutions religieuses spécifiques). Les haredim ne se définissent pas eux-mêmes comme des ultra-orthodoxes, mais comme des juifs haredim ("les tremblants", au sens de "ceux qui tremblent devant Dieu", ou "les Craignants-Dieu").

Les orthodoxes et les haredim ne diffèrent pas d'un point de vue théologique, mais dans leur mode de vie et leurs orientations politiques. Lors de la création de la Agouda il y avait trois tendances dans ses adhérents potentiels : les Juifs de l'Europe de l'Ouest, disciples de R. SH.R. Hirsch, de la mouvance : "Torah Im Derekh Erets, c'est-à-dire insérés dans la société moderne. Ceux d'obédience Hassidique, qui étaient moins insérés dans la culture occidentale, vivant surtout en Pologne, et le courant tenant des Yeshivoth, les Lituaniens. Lors de la réunion fondamentale de Katowice, en 1911, un des grands rabbins qui dirigeait, R. Hayim Soloveitchik de Brisk: déclara : « Il ne s'agit pas d'unifier mais de s'unir ». donc la différence entre orthodoxes et Harédim n'était pas un problème.

Parti mondial, avec des antennes en Palestine, aux États-Unis ou dans d'autres pays européens, Agoudat Israel avait, entre les deux guerres mondiales, comme principale zone de force la Pologne. Le parti y a obtenu, le plus souvent via des coalitions électorales, des élus au Parlement polonais. Un ouvrage scientifique de référence a été consacré à cette période: Gershon C.Bacon, The Politics of Tradition: Agudat Israel in Poland, 1916-1939, The Magnes Press, Jerusalem, 1996, (ISBN 978-965-223-962-4).

Pour en savoir plus, voir le chapitre Antisionisme juif. Ce qui a été déterminant pour l'union des orthodoxes de la Agouda, a été que lors du Vème Congrès sioniste, il a été décidé de mettre en place un programme éducatif nationaliste laïc. Le sionisme politique laïc a considéré le retour à Sion, comme une nouvelle dimension du Peuple Juif. Le Nationalisme devient non pas uniquement un moyen d'avoir un foyer national, mais un idéal en soi. La Agouda s'est opposée à cette conception. Le Mizrahi, a donné une dimension sacrée à l'État Juif. Là aussi la Agouda a considéré que l'idéal national ne peut remplacer l'idéal religieux. Le Rav Hayim Soloveitchik de Brisk déclara: Même si nous avons eu l'idée de pousser nos disciples à construire le pays, nous ne pouvons nous associer à des dirigeants qui s'opposent à la religion" (cité par Y.Friedner, in Histoire des dernières générations).

Le sommet de cet affrontement verra l'assassinat par la Haganah d'un des dirigeants de l'Agoudat en Palestine, Jacob Israël de Haan, le 1er juillet 1924, parce celui-ci proposait une coopération avec les Arabes contre le sionisme laïc. À compter de 1922 est créé Poale Agoudat Israël (PAI), à l'origine branche "ouvrière" de l'Agoudat, mais qui finira par prendre une large autonomie (phénomène classique dans une ultra-orthodoxie très balkanisée entre chefs religieux). Le PAI prendra assez rapidement des positions plus ouvertes sur le sionisme (tout en critiquant son côté trop laïque). Il créera aussi des kibboutzim et des mochavim sur le modèle des sionistes socialistes.

La pression sur le judaïsme est-européen devient très forte : Allemagne, Pologne, Hongrie, ont des politiques hostiles aux juifs. La direction de l'Agoudat (basée en Europe orientale), décide d'augmenter l'émigration vers la terre sainte, et pour cela accepte une collaboration limitée avec les sionistes, mais qui n'est pas un ralliement. C'est en effet l'Agence juive qui avait le monopole de la distribution des certificats d'immigration pour la Palestine mandataire attribués par les Britanniques. En 1937, se tient à Marienbad une réunion extraordinaire des dirigeants de la Agouda. Ils concluent les débats en appelants tous les Juifs du monde à participer à la construction du Pays selon l'esprit de la Tora, afin que ce soit la Terre Sainte que prévoit la Tradition.(Friedner, p. 77)

À partir de 1939-1940, des rabbins et des fidèles arrivent en catastrophe d'Europe. Ils orienteront l'Agoudat dans un sens plus modéré vis-à-vis du sionisme. L' Agoudat de terre sainte était traditionnellement la branche de l' Agoudat la plus hostile au sionisme. Les religieux traditionalistes installés dans le pays depuis des siècles avaient ressenti un fort sentiment d'agression (menace sur leur mode de vie) du fait de l'arrivée des nouveaux venus sionistes, à compter de la fin du XIXe siècle. L'Agoudat de Palestine connaîtra donc une scission, lorsque la Edah haHaredit quittera le parti par refus de sa nouvelle attitude. Cette fédération de groupes ultra-orthodoxes, surtout centrée aux États-Unis et à Jérusalem, et comprenant de nombreuses communautés hassidim ou non (les plus puissants étant les hassidim de Satmar), existe toujours, et est toujours aussi hostile au sionisme. On peut aussi noter la scission des Neturei Karta de Méa Shéarim, qui ne sont pas formellement membre de la Edah, et qui sont considérés comme encore plus antisionistes.

Après la Shoah, l'Agoudat d'Europe orientale n'existe plus, et la branche palestinienne (puis israélienne) devient dominante (même si aujourd'hui, certains des rabbins décisionnaires du parti sont toujours basés hors d'Israël, aux États-Unis en particulier). En 1947, lors de l'enquête de l'ONU (UNSCOP) sur la création d'un État juif, l'Agoudat accepte de ne pas prendre position contre celui-ci (mais ne le soutien pas), en échange d'un courrier dit du statu quo, signé par les leaders sionistes (gauche sioniste, sionistes généraux et sionistes religieux), qui s'engagent à :

  • réserver aux tribunaux rabbiniques la gestions du statut personnel des juifs (mariages et divorces, en particulier) ;
  • protéger les institutions autonomes de l'Agoudat (en particulier dans le domaine éducatif) ;
  • faire en sorte que l'État favorise la pratique des commandements divins.​

L'État exonérera peu après (en 1950) les ultra-orthodoxes du service militaire. La lettre du statu quo et l'exemption du service militaire sont encore aujourd'hui la base de l'actuelle politique israélienne vis-à-vis des ultra-orthodoxes juifs. Malgré son hostilité au sionisme, basée sur le principe religieux selon lequel seule l'arrivée du Messie peut rétablir un État juif en Eretz Israël, Agoudat Israel a participé à toutes les élections parlementaires en Israël, seul ou en coalition. Le partenaire de ces coalitions occasionnelles a été le Poalé Agoudat Israël jusqu'aux années 1980, puis le parti Degel HaTorah (ashkénazes orthodoxes non hassidiques). Cette dernière alliance a été connue sous la dénomination Yahadut Hatorah.

Cette participation aux élections est utilitaire, et relativement peu idéologique : Agoudat Israel monnaie après chaque élection son soutien au gouvernement en formation (de gauche ou de droite) en échange d'avantages matériels pour ses yeshivot (écoles religieuses) et ses autres institutions communautaires, et joue de sa position souvent essentielle à la survie de la majorité gouvernementale pour faire passer des lois renforçant le respect des lois du judaïsme en général et du shabbat et de la cacheroute en particulier.

Pendant cette période, le parti participe à la coalition gouvernementale avec le Parti travailliste, le Mapaï. Ses centres d'intérêts sont essentiellement religieux. C'est à ce titre qu'il obtient en 1950 l'exemption de service militaire pour les étudiants des Yeshivot. Ceux-ci étaient à l'époque peu nombreux. Mais leur augmentation numérique rapide finira par créer des tensions importantes avec la société civile israélienne, qui ne comprend pas toujours ce « privilège ».

L'alliance avec les travaillistes est rompue en 1952 suite à l'insistance de ceux-ci sur le service militaire des jeunes filles. Pour les haredim, toute domination autre que celle du père ou du mari sur la femme est inacceptable. Un des dirigeants haredi déclarera que même si la conscription avait pour but de faire réciter des psaumes aux conscrites, elle devait être combattue, parce qu'elle dérogeait à cette règle.

L'Agoudat Israel est dans l'opposition. Au plan idéologique, celle-ci est radicale. Au plan politique, beaucoup moins. D'un point de vue idéologique, le public haredi de l'époque a développé une hostilité viscérale aux socialistes "athées". Dans le milieu haredi, l'accès aux médias modernes est faible, et les rumeurs s'y répandent rapidement. Deux générations de haredim ont grandi avec des histoires horrifiantes (de leur points de vue), parfois vraies, parfois fausses, de textes sacrés profanés, de garçons et de filles prenant leur douche en commun dans les Kibboutzim, d'enfants religieux élevés de force dans le système éducatif laïque.

D'un point de vue politique, l'Agoudat s'est cependant gardé de se lier à la droite nationaliste (Herout, principal ancêtre du Likoud). Il a au contraire monnayé ses voix au parlement selon ses intérêts du moment. L'Agoudat a exercé une influence de deux façons :

  • Par le biais du Parti national religieux. Celui-ci, représentant les sionistes religieux, fut de toutes les coalitions avec les socialistes jusqu'en 1977. Il a toujours eu un certain "complexe d'infériorité" religieux vis-à-vis des ultra-orthodoxes (d'après Ilan Greilsammer, un politologue israélien dans Israël, les hommes en noir). Ceux-ci et leur rabbins exercent donc une certaine influence sur les positions religieuses de PNR, qui à son tour influence l'attitude de la coalition au pouvoir, dirigée par le Mapaï jusqu'en 1977.
  • À travers ses votes directs. Le Mapai et les autres partis de la coalition se sont parfois divisés sur certains sujets non-religieux. L'Agoudat a monnayé ses votes sur des sujets laïques qui ne l'intéressaient guère, en échange d'avantages, en particulier des fonds pour ses institutions religieuses, ses écoles, ses Yeshivot.​

De 1960 à 1969, le Poale Agoudat Israël, jusqu'alors très lié à l' Agoudat (mais plus nationaliste), a participé au gouvernement israélien (avec le soutien de certains rabbins) contre l'ordre du "conseil des grands de la Thora" de l' Agoudat, ce qui fut un traumatisme pour le monde haredi, qui considérera cette "révolte" comme un sacrilège. Des membres du PAI seront molestés, des permanences attaquées. Le responsable du PAI, Benyamin Mintz, lui-même hassid de Gour, sera exclue des Synagogues de sa communauté. Pendant 9 ans, les relations seront rompues entre les deux parties frères, et ne reprendront vraiment qu'après le départ du PAI du gouvernement.

Pendant cette période, l' Agoudat a en général obtenu 3 à 4 sièges quand il se présentait seul, et le PAI 2. Lorqu'ils se sont présentés ensemble, les deux partis ont eu 5 à 6 sièges (4 à 5 % des voix). La capacité de l'Agoudat à attirer un électorat non haredi est faible. Les conflits entre factions internes à l' Agoudat surviennent souvent lors de la répartition des fonds obtenus du gouvernement. Chaque groupe veut en effet une part aussi importante que possible pour ses institutions.

À partir de 1977, Menahem Begin et le Likoud arrivent au pouvoir. Bien que sioniste, la droite est plus conservatrice en matière de religion, et les relations entre le gouvernement et les haredim s'améliorent donc. Menahem Begin, en particulier, qui insiste beaucoup pour son respect pour les traditions religieuses, est très populaire dans le monde haredi. Son successeur, Yitzhak Shamir, qui ne cachait son manque d'intérêt pour les choses de la religion, sera beaucoup moins bien perçu. Encore aujourd'hui, Begin est sans doute le Premier ministre qui aura laissé le meilleur souvenir aux haredim.

L' Agoudat rentre dans le gouvernement et participera à beaucoup de ceux-ci depuis l'époque, mais pas à tous. La collecte de fonds : comme toujours, l'obtention de fonds pour ses institutions est une priorité. Dans ce domaine, les gouvernements des années 1980 et 90 seront des gouvernements fastes pour l'Agoudat (et ses scissions, voir plus bas). L' Agoudat est nécessaire aux gouvernements Likoud jusqu'en 1983. Les 2 partis qui animent les gouvernements d'unité nationale droite-gauche (1983-1990), le Parti travailliste et le Likoud, se disputent également l'alliance avec les partis haredim, pour les suites d'une inévitable rupture du gouvernement de coalition. Le versement des sommes atteint donc des montants inégalés jusqu'alors.

L' Agoudat préside à partir de 1977 la commission des finances de la Knesset, et obtient ainsi un accès facilité aux fonds gouvernementaux. Mais les versements se font par le biais des députés religieux. Chaque député privilégie la faction qu'il représente et les institutions religieuses qui en dépendent. Cette fonction de représentation et de collecte de fonds de l' Agoudat, au moins autant que des raisons idéologiques, explique assez largement les scissions suivantes : chaque faction veut ses propres députés.

S'il explique en partie l'éclatement de l'Agoudat, l'afflux de fonds gouvernementaux explique aussi la considérable croissance des institutions religieuses, en particulier éducatives, du monde haredi depuis 1977. Le respect des lois juives : l' Agoudat va obtenir un durcissement considérable de la législation en la matière, ce qui a été très mal vécu par les laïques, et a entraîné des affrontements avec les religieux : loi sur la vente de porc, les autopsies, l'avortement, le respect du Shabbat (interdiction des vols d'El-Al), etc. Les analyses postérieures montrent que la société israélienne a assez largement contourné ces interdictions. Sur ce point, au-delà de la loi, les haredim n'ont pas obtenu un succès aussi large que dans le domaine financier.

Après la création d'Israël, les ultra-orthodoxes israéliens ont essayé d'attirer à eux des Sépharades. Ceux-ci, assez religieux, ne faisaient cependant pas alors la distinction entre orthodoxie (politiquement plutôt sioniste) et ultra-orthodoxie (plutôt Agoudat). Mais certains Sépharades (surtout les jeunes élevés dans le système éducatif religieux à partir des années 1950) ont accepté la méfiance de l' Agoudat à l'égard de la modernité, et l'on rejoint, constituant une nouvelle faction Sépharade. Celle-ci restera cependant tenue à l'écart des décisions centrales de l'Agoudat, et finira par quitter le parti, pour former sa propre formation, le Shass, en 1984.

Comme toutes les grandes décisions chez les ultra-orthodoxes, la scission s'est faite sous le patronage de rabbins influents. Ici, ce sont surtout le Rav Ovadia Yossef (ancien grand rabbin sépharade d'Israël) et le Rav Chakh ou Shach (un rabbin Ashkénaze de la tendance « lituanienne » (non hassidim)). L'influence du rav sur les haredim sépharades s'explique par le fait que beaucoup d'entre eux ont été formés dans des Yeshivot « lithuaniennes ». Le rav Schach (ou Chakh) était un des dirigeants de l' Agoudat. Mais il avait des divergences croissantes avec certains Hassidim, en particulier les Loubavitch. Ceux-ci ne sont pas formellement membre de l' Agoudat, mais ont une certaine influence sur celle-ci. Le durcissement des affrontements explique en partie l'attitude scissioniste du rav.

Degel HaTorah est l'autre scission patronnée par le Rav Chakh (ou rav Shach), en 1988. Elle concerne cette fois les Ashkénazes non hassidim (les mitnagdim), qui s'estimaient sous-représentés au sein de l' Agoudat. Elle exprime aussi le durcissement croissant des affrontements avec les Loubavitch, qui participeront fortement aux élections de 1988 au côté de l' Agoudat, avant de revenir à leur traditionnelle et relative indifférence politique.

Dans la seconde moitié des années 1980, le paysage des partis politiques religieux non sionistes a éclaté en Israël. L' Agoudat regroupe maintenant surtout les ultra-orthodoxes hassidim et Ashkénazes. Le PAI (qui n'a obtenu qu'un siège en 1977 et 0 en 1981) n'a ainsi plus d'expression autonome à compter de 1988, et a totalement rejoint l' Agoudat. Degel HaTorah regroupe surtout les ultra-orthodoxes non hassidim (« Lithuaniens ») et Ashkénazes (cependant, en 1988, les hassidim de Belz, non liés à l' Agoudat, on décidé de soutenir le parti). Le Shass regroupe les ultra-orthodoxes non hassidim et Sépharades. Particularité du Shass, un de ses mentors spirituels (le seul après la mort du Rav Chakh) est un ancien grand rabbin d'Israël, une institution sioniste. Autre originalité, il attire aussi un électorat non ultra-orthodoxe et plutôt sioniste : des traditionalistes Sépharades.

Au-delà de ces différences, les trois partis ont des approches assez similaires. Ils souhaitent que leurs institutions éducatives et religieuses soient aidées par l'État, et que celui-ci favorise la pratique religieuse juive. Dans les années 1990, Agoudat Israel et Degel HaTorah vont présenter des listes communes (mais sans se réunifier) sous le nom de Yahadut Hatorah. Cette alliance a été rompue en 2005 suite à une divergence entre rabbins (faut-il accepter ou non des postes officiels), avant de se reformer. Trois points du programme des trois partis haredim sont aujourd'hui mal perçus par la majorité de l'opinion publique (selon les sondages) :

  • La volonté d'imposer des règles religieuses au reste de la population juive. Il y a des divergences entre haredim (le Rav Chakh y voyait peu d'avantage), mais il y a une tendance à demander un renforcement du respect des lois religieuses, en particulier en matière de Cacheroute et de Shabbat ;
  • La demande de fonds supplémentaires pour les écoles et yeshivot ;
  • Le refus de laisser les jeunes ultra-orthodoxes (il y a des exceptions) faire leur service militaire, dans un pays ou la défense est une priorité.​

Ainsi, un parti comme le Shinouï, regroupant les partisans d'une plus grande laïcité, a bâti son succès électoral sur la dénonciation des « privilèges » et des « abus » des partis religieux. Mais une autre partie de la population considère aussi ces partis comme les garants d'une fidélité des institutions « modernes » de l'État à la tradition juive. Aujourd'hui, le rapport au sionisme laïc est ambigu : c'est toujours officiellement le rejet (de temps en temps revient l'idée que la Shoah est une punition de Dieu contre le sionisme antireligieux). Mais en même temps, il y a une participation de facto évidente à l'État. On a noté aussi un rapprochement de fait avec les sionistes religieux : les partisans d' Agoudat ont montré une nette opposition à l'évacuation des colonies juives (généralement sionistes religieuses) de la bande de Gaza, en 2005.


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