La Escuela de Mecánica de la Armada (école de mécanique de la Marine ou ESMA) était une école de la Marine argentine située à Buenos Aires (armada en espagnol, en souvenir de l'Invincible Armada, flotte armée par Philippe II d'Espagne pour conquérir l'Angleterre au xvie siècle).
De 1976 à 1983, le bâtiment, tout comme le Club Atlético et Automotores Orletti, a été utilisé par la dictature militaire argentine comme centre clandestin de détention où étaient pratiquées des actes de torture et des assassinats. Près de 5 000 opposants à la junte militaire argentine ont « disparu » dans l'enceinte de l'ESMA qui était alors le plus important des 500 centres de détention utilisés au cours de la guerre sale. L'ESMA abrita l'état-major de la répression, avec des chambres de torture et des pouponnières pour les bébés enlevés dès leur naissance aux détenues. Des militaires comme Alfredo Astiz (« l'ange blond de la mort ») y œuvrèrent.
En 2004, l'école fut transférée à la base navale de Puerto Belgrano à 28km de Bahia Blanca. Les anciens bâtiments situés à Buenos Aires devinrent un musée pour la mémoire et la défense des droits de l'homme. Selon les vœux du président argentin Nestor Kirchner, les locaux de cet ancien centre de détention clandestin accueillent depuis août 2004 un musée de la Mémoire dédié aux 30 000 « disparus » de la dictature. Les différentes écoles de la Marine qui fonctionnent dans cette enclave militaire de 17 hectares ont été transférées. Nestor Kirchner a décroché lui-même d'une des salles du Collège militaire de la nation les portraits de Jorge Rafael Videla, ex-chef d'état-major des armées argentines et instigateur du coup d'Etat du 24 mars 1976, et du général Reynaldo Bignone, dernier « président » de la dictature, assigné en résidence surveillée et accusé d'« enlèvements d'enfants ».
« En 1977, j'étais lieutenant de vaisseau affecté à l'ESMA. J'ai participé à deux transferts aériens de subversifs. On leur annonçait qu'ils allaient être transportés dans une prison du sud du pays et que, pour éviter les maladies contagieuses, ils devaient être vaccinés. En fait, on leur injectait un anesthésique à l'ESMA puis une deuxième dose dans l'avion, d'où ils étaient jetés à la mer en plein vol. Il y avait des transferts chaque mercredi. » Capitaine Francisco Scilingo, In 'El Vuelo' d'Horacio Verbitsky, créateur du Centre d'études légales et sociales (CELS), une des organisations de défense des droits de l'homme argentines. 68 personnes ayant servi à l'ESMA sont jugés à partir du 28 novembre 2012, notamment pour leur implication dans les vols de la mort.