Laurent Gbagbo, né le 31 mai 1945 à Mama, près de Gagnoa (Côte d'Ivoire), est un homme d'État, historien et écrivain ivoirien. Longtemps opposant à Félix Houphouët-Boigny, il est élu pour un mandat de cinq ans en 2000, face à Robert Guéï, à la présidence de la République de Côte d'Ivoire, fonction qu'il occupe du 26 octobre 2000 au 4 décembre 2010 (jusqu'au 11 avril 2011 selon ses partisans). Son mandat est notamment marqué pendant plusieurs années par une crise politico-militaire qui coupe le pays en deux.
Opposant historique au régime du président Houphouët-Boigny, emprisonné en 1971-1973, il crée dans la clandestinité l'embryon de ce qui deviendra le Front populaire ivoirien (FPI), et prend une part active au « complot des enseignants » de février 1982 avant de s'exiler en France. De retour en Côte d'Ivoire en 1988, il est secrétaire général du FPI, avant d'en devenir président en 1996. Candidat malheureux à la première élection pluraliste de 1990 face au chef de l'État, il affronte le général Robert Gueï au scrutin de 2000. À l'issue du premier tour, les deux candidats revendiquent chacun la victoire, mais Laurent Gbagbo est porté au pouvoir à la faveur d'un soulèvement populaire. Il est finalement proclamé président le 26 décembre 2000.
Alors que les oppositions politiques s’avèrent irréconciliables, menaçant de se transformer en guerre civile ouverte entre le nord à majorité musulmane et le sud chrétien et que l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) est déployée dans le pays depuis 2004, le mandat de Laurent Gbagbo est prorogé pour un an à deux reprises (en 2005 et 2006), dans l'attente de l’organisation d’une élection présidentielle. Surnommé le « boulanger » par ses adversaires pour sa capacité à « rouler dans la farine » ses interlocuteurs, Laurent Gbagbo favorise le report incessant du scrutin, dû aux lenteurs et aux irrégularités dans le recensement des électeurs. Convaincu d’être reconduit sans peine, il accepte enfin d'affronter l’opposition « houphouëtiste » en octobre et novembre 2010.
Parvenu en tête du premier tour, il est cependant battu au second tour de scrutin par Alassane Ouattara, une victoire officialisée par la Commission électorale et reconnue par la communauté internationale. Mais après avoir annulé plusieurs résultats dans le Nord du pays pour fraude, le Conseil constitutionnel, suspecté de lui être acquis, le déclare vainqueur. Tandis qu’un virulent débat s’engage sur la légitimité des deux prétendants et que la Côte d’Ivoire menace de nouveau de sombrer dans la guerre civile, Laurent Gbagbo refuse de céder sa place malgré les pressions économiques, politiques et finalement militaires. Au terme d’une offensive victorieuse des troupes fidèles à Alassane Ouattara – et grâce à l’appui de la force française Licorne - L. Gbagbo est finalement arrêté le 11 avril 2011 avant d’être livré à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Soupçonné, « en tant que coauteur indirect », de crimes contre l’humanité dans le cadre des violences post-électorales, il comparaît devant la Chambre préliminaire de la CPI le 5 décembre.