Pierre Mauroy, né le 5 juillet 1928 à Cartignies (Nord) et mort le 7 juin 2013 à Clamart (Hauts-de-Seine) est un homme politique français.
Premier ministre de 1981 à 1984, maire de Lille de 1973 à 2001, il est également sénateur du Nord de 1992 à 2011. Né en 1928 d'un père instituteur et d'une mère catholique pratiquante, Pierre Mauroy est l'ainé d'une famille de sept enfants. Son père installé à Haussy, il devient élève des lycées de Cambrai et du Cateau-Cambrésis, puis élève-professeur-stagiaire de l'École normale nationale d'apprentissage (ENNA) de Cachan. Il s'engage dès l'âge de 18 ans à la SFIO dans les Jeunesses socialistes et en devient, en 1950, le secrétaire national. En 1951, il fonde la fédération nationale Léo-Lagrange, l'un des plus importants mouvements français d'éducation populaire. Il devient professeur d'enseignement technique à Colombes en 1952 et obtient en 1955 le poste de secrétaire général du syndicat des collèges d'enseignement technique de la fédération de l'éducation nationale (FEN).
En 1966, il devient secrétaire général de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO). Suite à la création du Parti socialiste, qui remplace la SFIO en 1969, Guy Mollet lui promet son soutien pour prendre la tête du nouveau parti en échange de la nomination d'un de ses proches au poste de numéro 2, mais Pierre Mauroy refuse et est battu d'une voix par Alain Savary lors du vote du comité directeur. Au congrès d'Épinay deux ans plus tard, il est pressenti pour affronter le premier secrétaire sortant, mais n'arrivant pas à recueillir un nombre suffisant de soutiens de responsables socialistes, il renonce, François Mitterrand l'emportant. À l'appel d'Augustin Laurent, il entre en seconde position sur la liste électorale du Parti socialiste pour l'élection municipale de 1971 à Lille. Augustin Laurent, réélu, confie deux ans plus tard à son premier adjoint les clefs du beffroi par sa démission le 8 janvier 1973 : Pierre Mauroy devient maire de Lille, après les législatives.
Puis le 11 mars 1973, il est élu député du département du Nord. Un an plus tard, il est élu président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais. En tant que responsable de la puissante fédération socialiste du Nord, il apparaît au côté de François Mitterrand, comme étant le numéro 2 du PS. Après la défaite de la gauche aux élections législatives de 1978, il œuvre avec François Mitterrand à réformer le parti et à rassembler les socialistes. À partir du congrès de Metz en 1979, il anime l'un des courants minoritaires du parti socialiste et s'allie avec Michel Rocard contre François Mitterrand. Mais il change de camp après l'officialisation par Michel Rocard de sa candidature à l'élection présidentielle de 1981. Il est nommé porte-parole de François Mitterrand pour la campagne présidentielle, en octobre 1980. Soutien important de François Mitterrand dans le travail d'union de la gauche en 1981, ce dernier, une fois élu président de la République, nomme Pierre Mauroy Premier ministre.
Le deuxième gouvernement Mauroy, formé après les élections législatives de juin 1981, comprend quatre ministres communistes. Il entame une politique marquée à gauche, pour appliquer les promesses de campagne : 39 heures, cinquième semaine de congés payés, augmentation du nombre de fonctionnaires, décentralisation, nationalisations (loi du 13 février 1982), impôt sur les grandes fortunes, retraite à 60 ans, abolition de la peine de mort, remboursement de l'IVG, réforme des médias. Après les élections municipales de 1983, perdues par la majorité, et alors que les partenaires européens réclament un redressement de la situation économique de la France, François Mitterrand souhaite faire sortir le franc du Système monétaire européen. Pierre Mauroy s'y oppose et obtient gain de cause, formant un troisième gouvernement, le 23 mars 1983. Mais l'incapacité du Premier ministre à résoudre les problèmes de l'inflation et du chômage (+ 1,5 million de chômeurs), ainsi que la crise monétaire, le poussent à abandonner le Programme commun pour mettre en œuvre le « tournant de la rigueur », incarné par le ministre des Finances Jacques Delors, afin de maîtriser les finances de l'État et les problèmes économiques. L'indexation des salaires sur les prix est abandonnée, la réforme de l'enseignement privé est repoussée. Le 17 juillet 1984, François Mitterrand décide de remplacer Pierre Mauroy par Laurent Fabius.
Pierre Mauroy retourne alors dans le Nord où il possède un poids politique important. Au Conseil municipal de Lille, le 17 février 1984, il avait fait voter la construction d'une statue pour le Cardinal Liénart, ce qui entraîne un procès médiatique devant le Tribunal administratif de Lille. En mai 1988, il devient premier secrétaire du Parti socialiste contre l'avis de François Mitterrand qui soutenait la candidature de Laurent Fabius. Reconduit après l'agité congrès de Rennes de 1990, il quitte ses fonctions le 9 janvier 1992, après quoi il est élu président de l'Internationale socialiste et sénateur. Pierre Mauroy dirige l'Internationale socialiste à partir de 1992. Durant sa présidence, l'organisation passe de 101 à 170 membres après l'effondrement du bloc de l'Est et le ralliement de partis d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique. Le portugais António Guterres lui succède en 1999. En 2001, il passe le flambeau de la mairie de Lille à Martine Aubry qui était précédemment son premier adjoint, et succède à Roland Ries à la présidence de la Mission opérationnelle transfrontalière.
Le 20 juin 2008, il est mis en examen pour détournement de fonds publics à propos d'un emploi présumé fictif attribué à Lyne Cohen-Solal au sein de la communauté urbaine de Lille (CUDL) en 1999. Pierre Mauroy, son ancien directeur de cabinet Bernard Masset et Lyne Cohen-Solal sont renvoyés devant le tribunal correctionnel de Lille le 3 mai 2010 et leur procès s'ouvre le 3 décembre suivant. Le parquet requiert une relaxe générale mais le 4 février 2011 Pierre Mauroy est condamné à 20 000 euros d’amende avec sursis pour abus de confiance et devra, avec Lyne Cohen-Solal et Bernard Masset, rembourser 19 654 euros à la CUDL. Sénateur du Nord depuis 1992, Pierre Mauroy ne se représente pas lors des élections sénatoriales de 2011, mais demeure toujours président de la Fondation Jean-Jaurès, qu'il a fondée en 1992. Après avoir soutenu Ségolène Royal en vue de l'élection présidentielle de 2007, il soutient Martine Aubry dans le cadre de la primaire socialiste de 2011. Il soutient par la suite le candidat vainqueur de cette primaire, François Hollande, dont il regrette de ne pas pouvoir participer à la campagne, notamment suite à son hospitalisation pour une tumeur cancéreuse au poumon. Il est hospitalisé en juin 2013 suite à un malaise découlant d'une précédente hospitalisation due au traitement d'un cancer développé en 2012. Il meurt le 7 juin 2013 à l'Hôpital d'instruction des armées Percy à Clamart (Hauts-de-Seine).