Émile Louis, né le 21 janvier 1934 à Pontigny et mort le 20 octobre 2013 à Nancy1, est un tueur en série français. En 2000, il avoue l'assassinat de sept jeunes filles handicapées disparues dans les années 1970 dans l'Yonne, mais se rétracte un mois plus tard.
En mars 2004, il est condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour viol et torture sur son épouse et sa fille. Il est également condamné pour atteintes sexuelles sur mineures en 1983 (quatre ans de prison) et en 1989 (cinq ans de prison). En novembre 2004, Émile Louis est condamné par la cour d'assises de l'Yonne à la réclusion criminelle à perpétuité pour « l'affaire des disparues de l'Yonne ». Il décide de faire appel. En juin 2006, la cour d'appel de Paris confirme une peine identique à celle prononcée en première instance pour cette affaire : réclusion criminelle à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans et dédommagement des familles de victimes. La chambre criminelle de la cour de cassation rejette son pourvoi en novembre 2006.
Émile Louis est abandonné par sa mère dans les premiers jours de sa vie. Il est pris en charge par la DDASS puis adopté par une famille d'accueil. Dans la famille d'accueil son père adoptif est artisan maçon, fossoyeur, sa mère adoptive est autoritaire et froide. Mais ce n'est qu'à 14 ans qu'il apprend que ses parents nourriciers ne sont pas ses vrais parents. Adolescent, il séjourne dans un centre de délinquance en Saône-et-Loire où il est violé. Élève moyen, il obtient son certificat d'études. En 1952, âgé de 18 ans, il s'engage dans la Légion étrangère et participe à la guerre d'Indochine pendant deux ans où il est affecté dans la marine en tant que transport de soldats tués au front. Il revient d'Indochine française à la fin de la guerre en héros avec plusieurs décorations militaires.
En 1954, âgé de 20 ans, il épouse Chantal Delagneau avec qui il a deux filles, Marilyne et Manoèle, et deux fils, Fabien et Fabrice. Ils vivent à Villefargeau à 7 km à l'ouest d'Auxerre. Son épouse dit de lui qu'il était un homme à double personnalité parfois gentil et attentionné et d'autres fois méchant et cruel. Il trouve un emploi à la base militaire de Varennes dans l'Yonne. Il habite à Seignelay à 14 km au nord d'Auxerre, commune dont il se fait élire conseiller municipal. Il devient en outre chauffeur d'autobus de ramassage scolaire pour la société Les Rapides de Bourgogne où il rencontre ses sept jeunes futures victimes. Il se sépare de son épouse en 1978 après 24 ans d'union « car elle n'était pas portée sur le sexe » et vit avec Gilberte Binoche Lemérorel qui finit par être portée disparue.
En 1984, il s'installe à Draguignan dans le Var après avoir purgé une peine de quatre ans d'emprisonnement pour attouchements sur mineur. Il y trouve un emploi dans une entreprise de pompes funèbres. En avril 1992, il épouse en secondes noces Chantal Paradis à Draguignan, après une nouvelle condamnation à cinq ans de détention. Incarcéré à la maison centrale d'Ensisheim, il est transféré suite à des troubles neurologiques, dans une unité sécurisée de l'hôpital de Nancy, le 14 octobre 2013. Il y meurt quelques jours plus tard, le 20 octobre 2013, à l'âge de 79 ans. En 1981, alors qu'il vit à Seignelay où il est conseiller municipal, il est arrêté et condamné pour attentats à la pudeur sur des mineures de la DDASS confiées à sa compagne. La même année en décembre, Émile Louis est inculpé et mis en examen pour le meurtre de Sylvianne Lesage, 23 ans, élevée par la concubine d'Émile Louis, dont le corps est retrouvé à Rouvray (à 10 km au nord est d'Auxerre), là où Émile Louis a l'habitude d'aller à la pêche. Il est condamné à 4 ans de prison puis bénéficie d'un non-lieu et est libéré de prison en février 1984.
Le 17 mars 1983, il est condamné par le tribunal correctionnel d'Auxerre pour attentat à la pudeur sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité. Il est condamné à 4 ans de prison. En 1983, les époux Claude Dunand et Monique Dunand sont inculpés et condamnés pour commerce proxénète sadomasochiste barbare avec de nombreuses jeunes filles et femmes issues de la DDASS, à Appoigny à 10 km au nord-ouest d'Auxerre. Leur réseau de clientèle se serait étendu jusque dans les milieux importants d'Auxerre. En 1984, le gendarme Christian Jambert (enfant de la DDASS) est chargé de l'enquête de « l'affaire des disparues de l'Yonne ». Sept viols et assassinats ont été commis à Auxerre et aux environs entre 1975 et 1979 sur des jeunes femmes de la DDASS déficientes mentales légères âgées de 16 à 22 ans. Christian Jambert adresse au parquet d'Auxerre un rapport qui met en cause Émile Louis et des réseaux proxénètes sado-masochistes de l'Yonne qui exploitent les filles de la DDASS.
Le procureur de la République René Meyer n'ouvre pas d'information pour manque de preuves mais demande informellement au gendarme de poursuivre l'enquête. Le rapport est égaré. Le gendarme est retrouvé mort. Il se serait suicidé de deux balles dans la tête des suites d'une longue dépression, excédé de ne pas être pris au sérieux dans l'affaire Émile Louis en août 1997. En avril 2004, le parquet ouvre une information judiciaire contre X pour assassinat sur la base d’un premier rapport d’autopsie jugeant les deux impacts de balles peu compatibles avec un suicide. En février 2011, un non-lieu est rendu sur la mort du gendarme Jambert. « Contrairement à ce qu’avait affirmé l’expert balistique d’un premier collège d’experts, la carabine retrouvée à proximité du corps, et dont le fonctionnement avait été modifié par Christian Jambert pour que l’arme puisse tirer en rafale, était bien celle qui avait tiré deux balles dont les fragments avaient été retrouvés dans le crâne de l’ancien gendarme », explique le procureur d’Auxerre. La famille du gendarme fait appel de cette décision qui est confirmée par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris en février 2012.
En 1989, Pierre Charrier, ex-directeur et fondateur de l'APAJH de l'Yonne à Auxerre est pris en flagrant délit à l'arrière d'une voiture en compagnie d'une handicapée de 22 ans dont il abuse sexuellement. Il explique qu'il aurait ainsi permis à la jeune femme de « s'épanouir affectivement ». Charrier est un proche d'Emile Louis. Il est condamné à six ans de prison ferme. De manière générale toute la vie d'Emile Louis est liée à la DDASS, devenue ASE : enfant de la DDASS, famille d'accueil de la DDASS, employé par des établissements sous tutelle de la DDASS, il aura fait de la protection de l'enfance son terrain de chasse. Le 23 novembre 1989, Émile Louis, qui est parti vivre à Draguignan dans le sud de la France, est condamné par le tribunal correctionnel de Draguignan à 5 ans de prison dont 1 an de sursis et 3 ans de mises à l'épreuve, pour attentat à la pudeur commis avec violence. Il est libéré le 18 avril 1992.
Le 3 juillet 1996, l'association de défense des handicapés de l'Yonne, par l'intermédiaire de son avocat Me Pierre Gonzalez de Gaspard, dépose une plainte auprès du juge d'instruction Benoït Lewandowski pour enlèvement et séquestration dans « l'affaire des disparues de l'Yonne ». Les juges d'instruction et procureurs de la République refusent la réouverture du dossier en février 1997 pour prescription, l'affaire étant ancienne de plus de 15 ans (en droit français, un crime est prescrit au bout de dix ans). Les familles de victimes décident d'ultra médiatiser l'affaire en écrivant à l'émission Perdu de vue de TF1 animé par Jacques Pradel. Ce dernier prend à cœur cette affaire et saisit l'occasion de faire monter son audimat en utilisant son émission pour recueillir des témoignages et jouer les journalistes d'investigation et faire bouger la Justice. Il publie un livre Disparues de l'Yonne - la 8e victime aux éditions Michel Lafon en 2005.
Le 12 décembre 2000, Émile Louis est placé en garde à vue après avoir avoué le meurtre des sept disparues de l'Yonne à des enquêteurs. Deux corps de victimes identifiées sont retrouvés aux endroits qu'il a indiqués, dont celui de Jacqueline Weis, une jeune fille de la DDASS qui avait vécu chez lui à titre de famille d'accueil, et celui de Madeleine Dejust, une de ses maîtresses. Puis il se rétracte, nie et clame son innocence. Il explique avoir raconté n'importe quoi en pensant que les faits étaient prescrits. L'affaire est alors particulièrement complexe car les jeunes femmes sont portées disparues depuis 20 ans. Le 13 décembre, Chantal Paradis, la seconde épouse d'Émile Louis, porte plainte contre lui à Draguignan pour viol et tortures horribles commis sur elle après qu'il l'a droguée aux médicaments entre 1992 et 1995, ainsi que sur sa fille Karine issue de son premier mariage, alors âgée de 14 ans. Karine a d'ailleurs déposé plainte en janvier 2000 contre son beau-père pour agressions sexuelles. Émile Louis reconnaît les faits devant les enquêteurs puis nie tout en bloc et clame son innocence. Il est écroué le 14 décembre.
Le 26 mars 2004, il est condamné en première instance par la cour d'assises du Var siégeant à Draguignan à 20 ans de réclusion, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, pour viols avec actes de torture et de barbarie sur sa seconde épouse et viols sur sa belle-fille, commis à Draguignan au début des années 1990. Le 17 novembre 2004, la meilleure amie de Jacqueline Weis, une des disparues de l'Yonne, affirme que Jacqueline Weis enfant de la DDASS subissait des sévices par Émile Louis, dont le foyer la recevait à titre de famille d'accueil à Villefargeau. Son corps est retrouvé le 4 janvier 2001 à Rouvray à l'endroit avoué par l'accusé. Il se rétracte immédiatement après ses aveux. Le 23 novembre 2004, Émile Louis reconnaît le viol et la séquestration d'Anne-Marie Ziegler rencontrée au milieu des années 1980. Ils étaient voisins de mobile-home dans un camping du Var. Elle n'a pas porté plainte de peur qu'il ne s'en prenne à ses trois enfants.
Le 25 novembre 2004, à l'âge de 70 ans, il est condamné en première instance par la cour d'assises de l'Yonne à la réclusion criminelle à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans, après onze ans de procédures judiciaires pour meurtre des sept viols et assassinats de l'affaire des disparues de l'Yonne. Il est également condamné à verser 60 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral aux enfants de Bernadette Lemoine et Françoise Lemoine, 30 000 euros à la mère de Chantal Gras, 15 000 euros aux sœurs et frères des sept victimes, 5 000 euros à chacune des quinze parties civiles au titre des frais de procédure. Comme il ne peut pas verser de tels montants, c'est l'État, via la commission d'indemnisation des victimes d'infractions (CIVI), qui dédommage les parties civiles. Les familles des victimes réclament de poursuivre le procès pour savoir ce qui est arrivé aux cinq des sept disparues dont les corps ne furent pas retrouvés. Émile Louis fait appel.
Le 12 octobre 2005, la fille aînée d'Émile Louis, Marilyne Vinet, entendue comme témoin au procès de Draguignan, déclare avoir été violée par son père alors qu'elle avait 5 ans puis 19 ans. Elle affirme également avoir assisté à l'âge de 10 ans environ au meurtre d'une jeune fille éventrée par son père dans un bois à Saint-Florentin (à 30 km au nord-est d'Auxerre). Elle publie un livre Être la fille d'Émile Louis qu'elle qualifie de prédateur. Le 14 octobre 2005, il est condamné par la cour d'appel des Bouches-du-Rhône à une peine de 30 ans de réclusion, soit 10 ans de plus qu'en première instance, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, pour viols avec actes de torture et de barbarie sur sa seconde épouse et de viols sur sa belle-fille, commis à Draguignan au début des années 1990. Cette condamnation vient en plus de sa peine de réclusion à perpétuité pour l'affaire des disparues de l'Yonne.
En juin 2006, les douze jurés de la cour d'appel de Paris confirment une peine identique à la première instance pour l'affaire des disparues de l'Yonne : réclusion criminelle à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans et dédommagement des familles de victimes. La Cour de cassation confirme cette condamnation le 13 septembre 2007. Il purge sa peine à la maison centrale d'Ensisheim.
Liste des victimes connues
- Madeleine Dejust
- Chantal Gras
- Bernadette Lemoine
- Christine Marlot
- Martine Renault
- Jacqueline Weiss
- Françoise Lemoine
Émile Louis est marqué par des troubles affectifs profonds et par sa non relation à sa mère et à son père qu'il n'a jamais connus. Il est réputé menteur. Sa mère adoptive est autoritaire et froide, trait de personnalité dont il s'imprègne entièrement. Il se réfugie dans un moi grandiose et omnipotent. Il est en même temps décrit comme un homme gentil, serviable, à l'écoute et affectueux, un confident, un père, qui apportait beaucoup à des jeunes en manque d'affection et de reconnaissance. Il est aussi en proie à des pulsions sexuelles violentes et il est diagnostiqué comme une forteresse qui entoure un vide affectif sidéral.
Émile Louis porte en lui-même les caractéristiques de ses victimes. Elles incarnent ce qu'il hait à l'intérieur de lui-même, d'où sa violence sexuelle et prédatrice avec « ses sœurs de misères » selon ses mots. Il a « confessé » qu'il croyait en Dieu « qui pardonne à ceux qui l'ont offensé… » Il exprime le désir de se retirer du monde entier et de finir ses jours dans un monastère dans un isolement total et dans la prière. Sur le plan physique, Émile Louis souffrait en outre d'une cardiopathie coronarienne et d'un diabète qui l'obligeait à recevoir des injections d'insuline quotidiennes.