Preah Bat Sisowath Monivong (27 décembre 1875 - 24 avril 1941) est roi du Cambodge de 1927 à sa mort.
Quatorzième fils du roi Sisowath, il naît à Phnom Penh en 1875, à une époque où, depuis Oudong - alors capitale du pays -, son oncle le roi Norodom Ier avait été placé sous la tutelle du protectorat français. En 1884, alors que les Français avaient conquis le Laos et occupé le Vietnam, le Siam subit une défaite militaire mais bénéficia d’un accord franco-anglais qui l’érigea en état tampon entre les deux puissances coloniales, ce qui lui permit d’échapper à une occupation. Toutefois, la famille royale dut quitter Oudong pour s’installer à Phnom Penh, devenue la nouvelle capitale et où résidait déjà Sisowath Monivong. En 1904 son oncle mourut, et son père le prince Sisowath accéda au trône. En 1906, Monivong accompagnait son père en France, mais restera en métropole afin de suivre une formation militaire.
Sorti de Saint-Maixent en 1908 avec un grade de sous-lieutenant, il sera affecté au 126e régiment de ligne à Brive avant de rejoindre le 2e régiment de la légion étrangère à Saïda en Algérie qu'il quittera en 1927 avec le grade de capitaine. Le 2 février 1909, dans une lettre adressée à Louis Paul Luce, résident général à Phnom Penh, et àAntony Klobukowski, gouverneur général de l'Indochine française, Sisowath fait part de son désir de voir son fils Monivong lui succéder. Si dans un premier temps, les protecteurs souhaitent plutôt appuyer un descendant de Norodom, ils se rangeront finalement au souhait du roi. Ainsi, quand le monarque décède, et sachant qu'on prêtait au principal candidat Norodom, le prince Sutharot, des affinités avec les milieux nationalistes, on pencha tout naturellement pour Monivong, l'aîné des fils encore en vie du roi défunt, qui abandonna son ambition de devenir le premier général asiatique de l’armée française pour accéder au trône le 9 août 1927.
Comme son père, il s'effaça devant l’administration coloniale française, où l’essentiel du pouvoir était entre les mains du résident général. C’est sous son règne que le Cambodge s’ouvrit aux influences communistes extérieures. Le 3 février 1930, le Vietnamien Hô Chi Minh fonda le parti communiste indochinois, qui devint très vite populaire au Cambodge. Les premiers communistes cambodgiens avaient alors comme but principal de chasser les Français. En 1940, quand la France dut capituler devant l’Allemagne nazie, le gouvernement de Vichy obtint de conserver l’administration de l’empire colonial français, dont le Cambodge. Toutefois, à la fin de 1940, c’est un Monivong impuissant qui assista aux incursions japonaises au Viêt Nam. Finalement le Japon envahit et occupa le Cambodge au début de 1941, mais il maintint en place l’administration coloniale, se contentant de la superviser. Le roi khmer rendait alors compte aux Français qui à leur tour rendaient compte aux japonais. De son côté, la Thaïlande, alliée du Japon, réinvestit les provinces occidentales de Battambang et Siem Reap, qu’elle avait dû restituer en 1907. Comme l’oppression japonaise et thaïe devenait de plus en plus évidente, Sisowath Monivong se retira à Kampot, où il mourut le 22 avril 1941.
Sa jeune concubine, Roeung, était la cousine de Saloth Sâr, le futur Pol Pot. Bien que son fils Sisowath Monireth apparût comme l’héritier naturel au trône, les autorités françaises lui préférèrent le fils de sa fille, Norodom Sihanouk, 19 ans, à la fois arrière-petit-fils du roi Norodom Ier par son père et de Sisowath par sa mère. Certains prétendent aussi que l’administration coloniale escomptait également que le jeune prince soit plus docile que son oncle. Il fut incinéré et ses cendres furent transférées le 3 novembre 1941 dans une stūpa de la nécropole royale à Oudong.