Arlette Laguiller (lagɥije), née le 18 mars 1940 (74 ans) dans le 14e arrondissement de Paris, est une femme politique française d'extrême gauche, appartenant au mouvement Lutte ouvrière. Elle est la première femme à s'être présentée à une élection présidentielle française, et détient à ce jour le record du nombre de candidatures à ce scrutin, avec six candidatures consécutives, en 1974, 1981, 1988, 1995, 2002 et 2007.
Arlette Yvonne Laguiller est née dans une famille ouvrière des Lilas marquée par la Seconde Guerre mondiale et les bombardements. Sa mère, catholique, lui fait faire sa première communion. Son père manœuvre et athée, aimait à se définir anarchiste et lui transmet son goût pour la lecture : enfant, elle s’invente des maux de gorge pour pouvoir rester à la maison avec un livre. À cette époque, elle forge ses premières notions politiques. Elle obtient un BEPC au collège des Lilas avant de commencer à travailler dans une agence du Crédit lyonnais à 16 ans comme mécanographe. En 1963, elle est mutée au siège central et y reste durant toute sa vie professionnelle en tant qu'employée et militante syndicale. Alors qu'elle est cadre depuis plusieurs années, elle part à la retraite en 2000.
En 1960, elle participe à sa première action, contre la guerre d'Algérie. Elle adhère au PSU avant de rejoindre l'organisation trotskiste Voix ouvrière. Elle milite à la CGT dans les années 1960 et en est écartée pour ses idées révolutionnaires. Après la révolte étudiante et la grève générale de mai-juin 1968, les organisations d'extrême gauche dont Voix ouvrière sont dissoutes par décret du général de Gaulle. Elle participe à la formation de Lutte ouvrière le 26 juin 1968, puis est choisie, à 33 ans, pour en être la porte-parole nationale aux élections législatives de 1973.
L’année suivante éclate la grève qui de février à avril s’étendra à tout le secteur bancaire. Avec ses camarades elle convainc la majorité des grévistes du siège à l’idée de la grève active, dirigée par les employés combatifs eux-mêmes, organisés au travers de comités de grèves qu’ils ont eux-mêmes élus. La grève sera un succès. Ce même mois d’avril, à nouveau comme porte-parole de Lutte ouvrière, elle deviendra la première femme candidate à l’élection présidentielle. Militante syndicale, militante révolutionnaire, militante politique, elle est reconduite chaque année dans ses fonctions de porte-parole de Lutte ouvrière et représente le mouvement à toutes les élections.
Dans les élections, elle défend un programme de défense des intérêts du monde du travail. En 1995, elle défendait ce qu'elle appelait un « programme d'urgence » pour les travailleurs, qui contenait des revendications comme l'interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices, et la levée des secrets bancaires et commerciaux. Elle affirmait que les travailleurs ne pouvaient « compter ni sur la droite, ouvertement au service du grand patronat, ni sur la gauche, hypocritement servile envers lui ».
Lors de l'élection présidentielle française de 2007, elle défend un programme de défense des travailleurs qui met l'accent sur les trois problèmes qu'elle estime vitaux pour le « monde du travail » : le logement, l'emploi et les salaires. Elle défend la nécessité de prendre sur les profits des entreprises pour créer des emplois, augmenter les salaires et financer la construction de logements sociaux.
Députée européenne de 1999 à 2004, ses interventions au Parlement européen se sont tournées contre les mécanismes capitalistes et la loi du marché, contre la diminution des salaires et des minima sociaux. Elle y a appartenu au groupe Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) et était membre de la commission de l'emploi et des affaires sociales, membre suppléante de la commission de développement et de la coopération, et membre suppléante de la délégation à la commission parlementaire mixte UE-Lituanie.
Pour le deuxième tour du 19 mai 1974 puis du 10 mai 1981 qui a vu la victoire de François Mitterrand, elle a appelé les travailleurs à voter pour celui-ci « sans réserves mais sans illusion », « par solidarité avec les millions d'électeurs de gauche, de travailleurs, de gens du peuple, qui souhaitaient mettre fin à des années et des années de pouvoir politique de la droite et qui espéraient beaucoup de la gauche ». En 1988 et 1995, elle ne donne pas de consigne de vote au second tour pour « ne pas cautionner la politique des gouvernements de gauche », estimant que la politique de la gauche au gouvernement « avait suffisamment démontré que les travailleurs n'avaient rien à attendre du Parti socialiste au pouvoir ». En 2002, elle refuse d'appeler à voter pour Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen lors du second tour de l'élection présidentielle. En 2007, elle appelle à soutenir Ségolène Royal au deuxième tour.