Edouard Chevardnadzé, ancien ministre des Affaires étrangères de l'Union soviétique et ancien président géorgien, est décédé ce lundi à l’âge de 86 ans, à Tbilissi. Il était l’un des artisans de la Perestroïka dans les années 1980. Sa santé s’était dégradée progressivement depuis une année.
Edouard Chevardnadzé ne le cachait pas : pour lui le communiste pur et dur qui a fait toute sa carrière au sein du parti, l’éclatement de l’URSS était inévitable, mais il est intervenu plus rapidement et plus brutalement que prévu, prenant de cours tous les dirigeants politiques.
Edouard Chevardnadzé, surnommé le « renard du Caucase » en raison de sa ruse politique, a été emporté comme les autres. Il avait soutenu les réformes de Mikhaïl Gorbatchev en 1985 puis était devenu ministre des Affaires étrangères de l’Union soviétique avant d’assister à la proclamation d’indépendance de la Géorgie en 1991. En 1992, l’Abkhazie, l’une des trois Républiques de Géorgie, se soulève.
Le chef de l'Etat est renversé et Edouard Chevarnadzé arrive à la présidence géorgienne en plein chaos. Il passera 11 ans à la tête de son pays, de 1992 à novembre 2003, avant de laisser à son tour le pouvoir au jeune Mikheill Saakachvili, qui le renverse après avoir pris la tête de la « révolution des roses ». Une erreur, jugera-t-il après la guerre de 2008 avec la Russie, qui fera perdre à la Géorgie un nouveau territoire : l’Ossétie du Sud.
Ce lundi soir, la Géorgie prend conscience de l’importance du personnage qui vient de s'éteindre. Mais les sentiments demeurent souvent négatifs à son égard, comme le rapporte notre correspondant à Tbilissi, Régis Genté.
Les hommages pleuvent ce lundi soir à Tbilissi. Les critiques et les vieilles rancunes aussi. Certes, les 4 millions et demi de Géorgiens ne regrettent guère l’URSS. Mais ce n’est pas pour autant qu’Edouard Chevardnadzé est honoré comme un grand architecte de la chute de ce régime dictatorial. Pour beaucoup, l’homme était un politicien cynique, sans valeurs, qui aura soutenu presque jusqu’au bout l'Union soviétique et qui, une fois la Géorgie devenue indépendante, aura bien trop cédé à la Russie. C'est Moscou qui l’avait installé au pouvoir. Face à la Russie, la Géorgie perdra 20% de son territoire.
D’autres, plus rares, soulignent dans quel état lamentable M. Chevardnadzé a repris son pays en 1992 et a réussi malgré tout à ramener la paix puis à tourner peu à peu la Géorgie vers l’Ouest. Mais cet effort, reconnu même par ses adversaires - comme le camp de Mikheill Saakachvili -, ne suffit à faire oublier les années où le peuple vivait dans une misère noire, tandis que la famille présidentielle et une clique de ministres et de hauts fonctionnaires vivaient de la corruption.