Pierre Arpaillange, né le 13 mars 1924 à Carlux (Dordogne), est un magistrat et ancien ministre français. Il a été premier président de la Cour des comptes, de 1990 à 1993.
Après la licence en droit, il commence une carrière dans la magistrature en 1949. Juge suppléant à Orléans (1949), puis à Paris (1950), substitut à Meaux (1953), détaché au fichier de la Cour de cassation (1954-1959), substitut à Versailles (1959) puis à Paris (1962), secrétaire général du parquet de la cour d'appel de Paris et secrétaire général du parquet de la Cour de cassation (1962). Magistrat détaché au ministère de la Justice de 1965 à 1974, il devient conseiller technique du ministre et, à plusieurs reprises, directeur du cabinet du Garde des sceaux et directeur des Affaires criminelles et des Grâces de la Chancellerie. En février 1971 il rend un avis défavorable sur le recours en grâce déposé par Paul Touvier. En tant que directeur de cabinet du Garde des sceaux Jean Taittinger, il signe la circulaire du 22 février 1973, plus connue comme « circulaire Arpaillange », sur la politique générale de la justice. Il se bat pour la modernisation des prisons et en 1973 il fait installer le chauffage dans les cellules. Il devient également membre du Haut Conseil de l'audiovisuel en 1973.
Considéré comme un proche du cabinet de Georges Pompidou, après l’élection de Valéry Giscard d'Estaing, il est mis à l'écart par Jean Lecanuet, garde des Sceaux du Gouvernement Jacques Chirac (1). Il est nommé conseiller à la Cour de cassation le 7 septembre 1974. Il est l'auteur de deux séries d'articles sur la justice pour Le Monde, et devient le porte-drapeau de l'opposition à la politique musclée de Alain Peyrefitte, Garde des sceaux de Valéry Giscard d'Estaing de 1977 à 1981, et à la loi no 81-82 du 2 février 1981, dite Loi sécurité et liberté. Pour Robert Badinter, il est l'« un des hommes qui connaissent le mieux notre justice pénale ». En 1981, il est directeur de la campagne électorale de Marie-France Garaud, alors candidate à l'élection présidentielle. Le 1er juillet 1981, le Conseil des ministres le désigne procureur général près la cour d'appel de Paris.
Il est promu procureur général près la Cour de cassation le 22 février 1984, en remplacement d'Henri Charliac qui est admis à faire valoir ses droits à la retraite à partir du 18 février. Il est nommé Garde des sceaux, ministre de la Justice dans les 1er et 2e gouvernements de Michel Rocard (12 mai 1988 - 1er octobre 1990), comme « représentant de la société civile ». Il est resté célèbre pour une bourde commise à l'Assemblée nationale française où, en tant que Garde des Sceaux, il répondait à une question d'actualité, en 1990, en déclarant « en 1989, sur cinquante-deux évadés, on en a repris cinquante-trois ». André Santini lui avait dédicacé l'année précédente ce bon mot (qui reçut le prix de l'humour politique) : « Saint Louis rendait la justice sous un chêne. Pierre Arpaillange la rend comme un gland ». Il quitte le gouvernement le 1er octobre 1990, pour assumer les fonctions de premier président de la Cour des comptes. Premier président honoraire depuis le 13 mars 1993. Il fut membre du Comité d'honneur du bicentenaire de la Cour des comptes.