Quantcast
Channel: Mémoires de Guerre
Viewing all articles
Browse latest Browse all 30791

Gay Francisque

$
0
0

Né à Roanne le 2 mai 1885, Francisque Gay est le fils d'un entrepreneur en plomberie ; ses études se déroulent dans des institutions chrétiennes, d'abord chez les maristes de Char-lieu, puis chez les lazaristes de Lyon ; mais son engagement catholique prend une toute autre tournure lorsqu'il se rend en 1903 à Paris, pour retrouver Marc Sangnier, qu'il avait brièvement fréquenté à Lyon.

Gay Francisque

Très influencé par le christianisme social de celui-ci Francisque Gay fonde l'antenne du Sillon à Roanne, collabore au journal de ce mouvement, Démocratie, dirigé par Marc Sangnier. La foi ardente de Francisque Gay le pousse à s'engager plus avant dans le catholicisme : en 1905, il intègre le grand séminaire de Francheville, qu'il ne quitte qu'à la fermeture de l'établissement, en décembre 1906. Il repart alors pour Paris, suivre des cours à la faculté des lettres de la Sorbonne, puis pour Montpellier, où un collège religieux l'accueille en tant que professeur d'anglais. Cependant, il délaisse vite l'enseignement et rentre, en 1909, à la librairie Bloud, qui devient la librairie Bloud et Gay lorsque le propriétaire l'associe à son entreprise ; c'est là qu'il entame une longue carrière d'éditeur, dont les publications sont largement influencées par les idées sillonistes. Il épouse le 20 mai 1911 Blanche Marie Fromillon dont il aura six enfants.

En dehors de son métier d'éditeur, Francisque Gay milite ardemment pour la diffusion, à travers l'Europe entière, des idées du catholicisme social ; il crée notamment en 1927 l'organisation des Volontaires du Pape, avec laquelle il met en place, deux ans plus tard, un grand pèlerinage à Rome. Mais la presse est le principal relais de son action : Gay fonde La vie catholique en 1924, l'Almanach catholique et surtout L'Aube, dont le succès s'affirme grâce à la signature de collaborateurs prestigieux comme Georges Bidault, avec lequel il fonde en 1938 les Nouvelles Equipes Françaises. Ses activités journalistiques périclitent à l'approche de la guerre : La Vie catholique disparaît en 1938, L'Aube en juin 1940.

Francisque Gay reprend alors la direction de sa maison d'édition, et se lance très vite dans la Résistance active : dans les locaux de sa maison d'édition, à Paris ou à Lyon, il reçoit Jean Moulin, Estienne d'Orves, Brossolette et bien d'autres résistants d'envergure ; il accueille les travaux clandestins du Comité central d'études de la Résistance, qui publie les revues La France continue et Les cahiers politiques. En mars 1944, il échappe à une arrestation de la Gestapo ; il se cache alors jusqu'à la Libération de Paris, puis, le 23 août, au plus fort de l'insurrection parisienne, fait reparaître L'Aube. Francisque Gay est au premier rang de ceux qui jugent que, dans le contexte troublé de la Libération de la France, il faut donner un prolongement politique au combat pour le catholicisme social : il fonde en novembre 1944 avec Georges Bidault et quelques autres, le Mouvement des Républicains Populaires (MRP), et prend la direction de la Presse au ministère de l'information.

En outre, il est désigné le même mois pour siéger à l'Assemblée Consultative provisoire ; membre de la Commission de l'éducation nationale et de la Commission de l'information et de la propagande, il intervient surtout lors des débats relatifs au retour à la liberté de la presse. Sa longue intervention à la tribune de l'Assemblée, le 7 mars 1945, relative au ravitaillement en papier des journaux qui se multiplient dans la France libérée, témoigne notamment de son souci constant d'offrir à la presse française les moyens techniques sans lesquels les mutations profondes qu'il appelle de ses vœux resteraient lettre morte.

Après cette première expérience, Francisque Gay est élu député de la première Assemblée nationale constituante ; la liste M.R.P. qu'il conduit décroche quatre des dix sièges à pourvoir dans la 1re circonscription de la Seine, avec 137 669 voix sur 429 633 suffrages exprimés. Il est réélu sans peine lors de l'élection de la seconde Assemblée nationale constituante, malgré le fléchissement assez net de la liste MRP qui ne draine plus que 107 070 voix sur 434 358 suffrages exprimés. Après avoir refusé le premier projet de Constitution, présenté à l'Assemblée le 19 avril 1946, Francisque Gay vote pour le second projet (28 septembre), qui sera ratifié par référendum par le peuple français.

Si l'activité parlementaire de Francisque Gay n'est pas des plus intenses au long de ces mandats dans les deux Assemblées Constituantes, c'est parce qu'il occupe, au sein du pouvoir exécutif, une place éminente : autorité morale et figure majeure d'un MRP dont le soutien au Gouvernement s'affirme déterminant, Francisque Gay est sollicité pour devenir en novembre 1945, aux côtés de Vincent Auriol et de Maurice Thorez, ministre d'Etat dans les derniers mois du gouvernement du général de Gaulle. Sa carrière ministérielle se poursuit après le départ de celui-ci, puisqu'il est vice-président du Conseil dans le cabinet Gouin, en janvier 1946, et de nouveau ministre d'Etat dans le cabinet Bidault, en juin : elle s'achève avec la chute de Bidault en décembre 1946.

Un mois auparavant, Francisque Gay avait retrouvé, à la tête de la liste MRP, son siège de député de la 1re circonscription de la Seine, en obtenant 119 138 voix sur 433 260 suffrages exprimés (contre 129 941 au PCF) ; durant cette première législature, son activité parlementaire se fait plus intense ; membre de la Commission de la presse, de la Commission des affaires économiques et de la Commission des affaires étrangères, Francisque Gay intervient cinq fois dans le débat parlementaire durant l'été 1947, le plus souvent sur des questions financières. Il accorde sa confiance aux cabinets Blum (17 décembre 1946) et Ramadier (4 mai 1947) ; absent lors du vote sur les écoles privées des houillères nationalisées (14 mai 1948), il se prononce pour l'adoption du projet relatif à la constitution du conseil de l'Europe (9 juillet 1949), pour la ratification du pacte de l'Atlantique (26 juillet 1949) et pour la réforme électorale relative aux apparentements (7 mai 1951). De plus, il désapprouve silencieusement l'opportunisme gouvernemental de certains de ses amis et progressivement, il est amené à prendre ses distances avec son parti, le MRP ayant - à ses yeux une politique trop conservatrice, notamment sur les questions coloniales.

Francisque Gay ne se représente pas aux élections législatives de juillet 1951 et retourne à son métier d'éditeur, puis revend sa maison d'édition en 1954 à Desclée et Cie. L'observateur qu'il est resté déplore l'opposition passionnelle de la majorité du MRP à la personne et à la politique de Pierre Mendés France et se réjouit, en 1958, du retour au pouvoir du général de Gaulle dont il était toujours resté proche. Il avait - avant-guerre - accueilli sa collaboration occasionnelle à L'Aube et il était l'un des rares confidents auxquels le chef du gouvernement avait fait part, quelques jours à l'avance, de son intention de démissionner en janvier 1946. Francisque Gay est l'auteur de plusieurs ouvrages, pour la plupart issus de ses voyages ou de ses réflexions politiques : Bolchevisme et Démocratie, en 1919 ; L'Irlande et le sang des Nations, en 1921 ; Dans les flammes et le sang, en 1936 ; Canada, XXe siècle, en 1949; Les Démocrates d'inspiration chrétienne à l'épreuve du pouvoir, en 1951. Il meurt à Paris le 23 octobre 1963 des suites d'une crise cardiaque.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 30791

Trending Articles



<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>