La presse, dans nos têtes et dans les faits, est associée à la démocratie. Or ce lien ne va pas de soi. Libération, Le Parisien, Le Figaro, L’Équipe, Le JDD, Le Progrès de Lyon, L’Est républicain, Le Monde, Le Réveil de Mauriac, Ouest-France, Sud-Ouest, Le Dauphiné libéré, Le Petit Bleu d’Agen, La Voix du Nord et tant d’autres… avec la multiplicité de ses titres qui racontent déjà une histoire, la presse fascine. Parce que, quotidiennement, avec le journal, c’est un nouveau monde qui s’écrit. Parce qu’il n’y a rien de plus précieux que cette denrée essentielle – l’information – qui, d’un jour sur l’autre, se périme. Il y a tant de raisons d’aimer la presse qu’on n’en finirait pas de détailler la liste de ses mérites et – pourquoi pas ? – de ses écarts et de ses erreurs…
C’est seulement ainsi, dans cette dynamique, que le passé éclaire et sert le présent, sans être, comme l’écrivait Nietzsche, « cette exposition universelle » où l’homme moderne « se promène en spectateur ». Car l’hypothèse de la « fin des journaux », pour reprendre le titre de l’essai récent de Bernard Poulet, ne fait pas disparaître pour autant la « fabrique de l’information », et plus fondamentalement, dans nos écosystèmes européens, la nécessité d’une presse jouant un rôle déterminant dans l’exercice du gouvernement du peuple par le peuple.
Contribuer à faire naître un sentiment collectif
Cette relation de la presse à la démocratie n’est pas une partie, ni même l’essentiel en effet, la presse écrite ne se résume pas, loin de là, aux pages politiques. Le sport, le fait divers, la culture, les petites annonces, et bien d’autres rubriques font circuler un flux magmatique, large et régulier, d’informations qui construisent un système de références communes, une cité de papier. Le déploiement de documents de tous ordres (unes historiques, manuscrits, maquettes, affiches, matériel publicitaire, photographies…) éclaire cette première fonction politique de la presse : contribuer à faire naître un sentiment collectif, en donnant à entendre le bourdonnement des sociétés humaines, en donnant à voir le mouvement brownien des milliers d’individus dont les trajectoires se croisent, s’échangent ou s’entrechoquent.
Du village au territoire national, la presse anime, dans un monde globalisé, le sentiment d’appartenance à la localité. Mais ce n’est là qu’un mirage mouvant de la cité. C’est d’un point fixe – la relation à la démocratie – qu’il faut partir pour donner sens à ce monde commun chaque matin imprimé, chaque soir périmé. Et ce, avec une urgence qu’inspirent, dans notre période cyclonique, l’emballement et la multiplication des événements qui, dans certaines parties du monde, renversent les dictatures et les régimes autoritaires, et dans d’autres, mettent à l’épreuve les vieilles démocraties occidentales. Au milieu de ce réveil de l’histoire, la presse, en dépit de ses difficultés, retrouve une centralité inédite. Face aux nouveaux médias – comme les réseaux sociaux qui continuent d’accompagner les mouvements contestataires dans les pays arabes – la presse écrite récupère, en partie, des prérogatives qu’on lui avait cru perdues. La photographie de Kadhafi mort aurait-elle été diffusée comme elle l’a été, sans le filtre critique – cette fonction de gatekeeper – de professionnels de la presse qui ont interrogé, recoupé puis validé ce document « sauvage », livré sans les métadonnées (légendes, auteur, situation…) qui en autorisent d’ordinaire le déchiffrement ?
Une démocratie d’expression
La presse, dans nos têtes et dans les faits, est associée à la démocratie. Ce lien ne va pas de soi ; il y a, dans le monde, de nombreux pays où la presse prospère dans des environnements non démocratiques. D’où nous vient donc cette idée singulière ? Pour la mémoire collective, de cet événement spectaculaire : le « J’accuse » de Zola, publié à la une de L’Aurore le 13 janvier 1898, et qui confirme avec éclat, au cœur de l’affaire Dreyfus, la capacité de la presse à s’opposer de manière frontale au pouvoir. Mais l’idée s’enracine plus profondément dans l’histoire, dès l’Ancien Régime, autour des lectures publiques de journaux qui permettent la formation progressive d’une véritable opinion publique. La libéralisation cathartique de la parole, en 1789, ouvre l’ère de la multiplication des « feuilles » : le gouvernement du peuple par le peuple dote ainsi d’un outil d’influence publique tous ceux qui se réclament de lui. L’Ami du peuple de Marat, Le Père Duchesne de Hébert, et bien d’autres supports, deviennent les auxiliaires des politiques. Presse d’idées et du débat public. Mais si la période révolutionnaire ouvre, pour les politiques, un espace d’expression écrite – écho de toutes les discursivités qui traversent la société – le XIXe siècle lève le rideau sur un espace social de réception renouvelé.
L’image, d’abord, à laquelle on prête un pouvoir de conversion autant que d’information, s’invite dans les journaux. Ensuite, les progrès de l’alphabétisation élargissent considérablement la sphère d’influence potentielle de la presse. Lancé en 1863, Le Petit Journal, dont la formule, conçue pour une clientèle nouvelle et populaire, repose sur la chronique, le roman feuilleton et le fait divers, donne le coup d’envoi au développement de la presse de masse. Un nouveau régime de l’opinion peut se mettre en place. La Belle Époque voit naître le journalisme de terrain, qui s’épanouit dans les années 1930 et qui, à travers des reportages comme ceux de Georges Le Fèvre publiés par Le Journal (et rassemblés en un livre intitulé Je suis un gueux), donne la parole aux « sans-voix » de la société. Avec ce type de reportages, s’affirme une démocratie d’expression qui élargit son assiette. Cette attention descendante au terrain doit-elle être mise en relation avec ce mouvement parallèle qui, dans la pensée politique, rapatrie sur terre ce qui – autorité, pouvoir, vie meilleure – était jusqu’alors logé dans l’au-delà ?
C’est dans ce contexte que ces nouveaux acteurs de la vie publique – les journalistes – suscitent la curiosité. Balzac les a épinglés en entomologiste ; et à l’autre bout du temps, Debray verra en eux, dans un XXe siècle finissant, les apôtres du nouvel évangile du réel : « L’activité de journaliste représente le sommet de la fonction intellectuelle, par laquelle l’esprit humain accède à ce que Hegel appelait “la dignité du réel effectif”, en s’élevant par degrés de l’abstraction au concret. » Qui peut douter alors que la lecture du journal a été (et demeure) un des ressorts majeurs de la démocratie – « une sorte de prière du matin réaliste » selon les mots de Hegel ? Sans doute ces représentations correspondent-elles aux temps des démocraties naissantes, et sont-elles excessives. Mais elles n’en dessinent pas moins, en Europe, l’épure d’un modèle comme il a été rêvé, voilà deux cents ans.
La presse écrite connaît des difficultés économiques, notamment du fait de la concurrence, déjà ancienne, des moyens audiovisuels et de celle, plus récente, de l’internet. Elle tente de répondre à ces défis sur le terrain des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
La presse française, malgré ses 8,3 milliards d’exemplaires de journaux ou de périodiques édités annuellement, est en butte à de sérieux problèmes : érosion de la diffusion de la presse payante, juste contrebalancée par la montée en puissance des journaux gratuits ; concurrence des médias audiovisuels et, de plus en plus, de l’internet, qui la menace à la fois parce que ces médias proposent eux aussi des contenus informatifs parfois gratuits et parce qu’ils sont en rivalité dans la recherche de ressources publicitaires.
Du fait du rôle social et politique de la presse en matière d’information et de diffusion des idées, les enjeux de cette crise ne sont pas seulement économiques. Les récentes évolutions peuvent mettre en péril le pluralisme de la presse et affaiblir ses fonctions propres de réflexion sur l’actualité au-delà de l’immédiateté.
La presse tente de répondre à ces défis, notamment par la mise en ligne de tout ou partie de ses informations (sites gratuits, payants ou mixtes) ou en proposant de nouvelles fonctions sur la toile, comme les « blogs » consacrés à l’actualité. Trouvera-t-elle ainsi les moyens pour continuer à jouer son rôle de « quatrième pouvoir » ?
Histoire chronologique de la Presse
1631 - 30 mai
La Gazette, le premier journal français
- Le médecin du roi Théophraste Renaudot obtient du ministre Richelieu le monopole de la presse. Il lance la feuille d'information hebdomadaire La Gazette qui tire son nom de "gazetta", une monnaie qui équivaut à Venise au prix d'un journal. La Gazette sera l'organe officieux du pouvoir, Louis XIII y écrira régulièrement. Un prix littéraire, le prix Renaudot, fondé en 1925, perpétue la mémoire du fondateur de la presse française.
1653 - 25 octobre
Mort de Théophraste Renaudot
- Théophraste Renaudot meurt le 25 octobre 1653 à Paris. Médecin et journaliste, il est célèbre pour avoir développé la presse en France, en créant notamment le périodique "La Gazette" en 1631. En 1628, il crée le « bureau d'adresse » où sont déposées les offres et les demandes d'emploi, devenant ainsi le pionnier des petites annonces. Il s'investit également dans l'aide aux miséreux en tant que « commissaire aux pauvres du royaume ». Le prix littéraire Renaudot porte son nom depuis 1925.
1777 - 1 janvier
Le premier quotidien paraît en France
- Imprimé sur quatre pages, « le Journal de Paris » est publié pour la première fois. Il est fondé par Antoine Cadet de Vaux, Coranrez et Dussieux et traite principalement d’événements culturels et de faits divers. Il remportera un succès important auprès de la population parisienne et suivra assidûment les événements de la Révolution.
1788 - 1 janvier
La naissance du « Times »
- Fondé quelques années plus tôt par John Walter, « The London Daily Universal Register » devient « The Times ». Ce quotidien d’information britannique dispose d’une influence considérable sur le pays et dans les domaines politiques, économiques et culturels. Il rencontrera quelques difficultés dans la deuxième moitié du XIXe siècle mais sera rapidement relancé par Lord Northcliffe, son nouveau propriétaire. Il devra faire face à une nouvelle crise dans les années 1960, avant d’être racheté par Rupert Murdoch.
1789 - 24 août
La liberté de la presse
- L'article 11 de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen affirme : "la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement (...)". La presse ne sera pleinement libre qu'entre 1789 et 1792. Ensuite, elle sera contrôlée par le gouvernement. Il faudra attendre la loi du 29 juillet 1881 pour que soit garantit l'indépendance des médias.
1789 - 12 septembre
Premier numéro de « l’Ami du peuple »
- Le révolutionnaire Jean-Paul Marat fonde le journal « l’Ami du peuple ». Ces quelques pages sont particulièrement polémiques vis-à-vis du gouvernement français. Ses idées radicales encouragent souvent le recours à la violence. Beaucoup lui reprocheront, plus tard, d’être responsable de l’exécution des Girondins. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il sera assassiné. Son journal disparaîtra avec lui.
1812
Invention de la presse cylindrique
- Les allemands Friedrich Koenig et Andreas Bauer inventent la presse cylindrique. Les différents procédés de l’imprimerie sont ainsi réunis en une seule fonction. Deux ans plus tard, les deux inventeurs mettent au point une presse spéciale destinée au journal britannique « The Times ». Le rendement des tirages sera alors considérablement augmenté.
1819 - juin
Assouplissement de la liberté de la presse
- Les avancées libérales et la naissance de véritables débats parlementaires au sein de la Chambre des députés assouplissent le climat politique en France. C’est dans le cadre de cet apaisement et de stabilisation du régime que la loi De Serre restaure la liberté de la presse. Mise à mal lors de la "Terreur blanche", celle-ci ne sera désormais plus soumise à des règles spécifiques. Autrement dit, la loi De Serre supprime les délits propres à la presse, abolissant de fait la censure. Les journaux pourront ainsi être créés sur simple déclaration et versement d’une caution. Toutefois la presse reste soumise aux délits communs tels que la diffamation, l’outrage aux bonnes mœurs ou encore l’offense au roi.
1820 - 31 mars
Premières restrictions de la liberté de la presse
- L’assassinat du duc de Berry plonge la France dans une période de réaction et la première traduction de ce climat concerne la presse. Moins d’un an après sa libéralisation et moins de deux mois après la mort du duc, les Ultras deviennent très influents et obtiennent le musellement de la presse. Ainsi, avec la loi qui suivra en 1822, le « délit d’opinion » est créé tandis qu’il sera désormais possible de punir un journal pour son « esprit ». Il faudra également une autorisation préalable pour diffuser un journal.
1826 - 15 janvier
Première édition du "Figaro"
- Le chansonnier Maurice Alhoy et le romancier Etienne Arago fondent "Le Figaro". L'édition est hebdomadaire et compte 4 pages. Le journal deviendra "Le Figaro quotidien" le 16 novembre 1866.
1827 - 24 juin
Rejet de la loi "Justice et amour"
- La loi "Justice et amour", destinée à définitivement museler la presse française est mise en échec par la Chambre des députés. Les royalistes modérés s’avèrent de plus en plus hostiles à un gouvernement qui refuse d’être en phase avec la société post-révolutionnaire et qui rêve encore au retour d’un régime digne de Louis XIV. Menée par Chateaubriand, qui ne partage pourtant pas tout à fait les aspirations des Libéraux, cette fronde achève de déstabiliser le pouvoir. Pour rétablir l’ordre, Charles X décidera de dissoudre la Chambre, mais cela ne sauvera pas Villèle qui ne lui survivra pas longtemps.
1829 -1 août
Premier tirage de « la Revue des Deux Mondes »
- François Buloz fonde « la Revue des Deux Mondes », dans l’espoir d’apporter à la France une vision plus moderne du monde. Elle propose en effet des textes ouverts sur le reste de la planète et notamment sur l’Europe. Malgré la censure, elle parviendra toujours à diffuser implicitement ses idées politiques. Les plus belles plumes de l’époque en signeront les articles (Balzac, Stendhal, Chateaubriand...). Baudelaire y publiera d’ailleurs ses « Fleurs du mal » pour la première fois. Au fil du temps, son influence s’étendra sur la France entière, puis sur toute l’Europe.
1835 - 22 octobre
Création de l'AFP
La français Charles-Louis Havas crée la première agence d'information mondiale sous le nom: "Agence des feuilles politiques, correspondance générale." Les nouvelles en provenance des journaux étrangers sont envoyées par pigeon voyageur et traduites dès leur arrivées à Paris.
1836 - 16 juin
Émile de Girardin fonde « la Presse »
- Le premier numéro du quotidien « la Presse » sort en kiosque. Son créateur, Émile de Girardin, fait appel à des annonceurs afin de diminuer le coût de l’abonnement. Il est ainsi le premier à lancer le journal bon marché en France et sera considéré comme le fondateur de la presse moderne.
1845
Construction de la presse rotative
- La presse rotative est conçue par l’américain Richard Hoe. Son système de rouleaux cylindriques allié à un mouvement rotatif permet une impression beaucoup plus massive que son ancêtre, la presse cylindrique. Elle améliorera ainsi d’avantage le rendement de production des journaux périodiques.
1848 - mai
Fondation de l’Associated Press
- Six journaux américains s’associent pour donner naissance à la plus importante agence de presse des États-Unis. Leur objectif est de réunir leurs sources d’informations internationales afin de diminuer les coûts télégraphiques. L’année suivante, l’AP ouvrira son premier poste d’information au Canada. La mise en place du câble trans-atlantique quelques années plus tard lui permettra de se développer plus rapidement et de devenir l'une des plus importantes agences de presse du monde.
1851 - 19 septembre
Premier numéro du New-York Times
- Le célèbre quotidien américain voit le jour sous le nom "New-York Daily Times". Il passera en couleurs le 16 octobre 1997.
1851 - octobre
Paul Julius Reuter fonde son agence de presse
- L’agence Reuter est fondée à Londres dans le but de diffuser des informations financières entre la capitale britannique et Paris. Son initiateur fut un proche collaborateur de Charles-Louis Havas, fondateur de l’AFP. Au siècle suivant, elle jouira d’une influence considérable dans le domaine de la presse internationale, tant écrite que télévisuelle.
1863 - 1 février
Naissance du « Petit Journal »
- Moïse Polydore Millaud fonde « le Petit Journal », un quotidien français populaire qui atteindra le million d’exemplaires au début des années 1890. Plus tard, le journal imaginera la course automobile reliant Paris et Rouen, organisant ainsi la première compétition du genre en France. Incapable de s’adapter à l’évolution du monde, il disparaîtra finalement en 1944.
1866 - 16 novembre
L'hebdomadaire le Figaro devient un quotidien
- Repris en 1854 par Hippolyte de Willemessant après des débuts difficiles, Le Figaro se porte plutôt bien et décide de passer au format quotidien. Il accueille à cette période des écrivains et des chroniqueurs célèbres tels que Zola, Vallès ou Dumas père, et a fortement innové avec des brèves, une rubrique nécrologie… Soutenant l’Empire, puis réclamant la Restauration, le journal est orienté plutôt à droite.
1881 - 29 juillet
Loi sur la liberté de la presse
- La IIIème République vote la loi sur la liberté de la presse, dont l'article Ier affirme : "l'imprimerie et la librairie sont libres". L'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 stipulait que "tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement".
1884 - 21 juin
Première parution du « Matin »
- Le journal français « le Matin » sort dans les kiosques. Il est fondé par Alfred Edwards et ne tarde pas à susciter l’intérêt des lecteurs. Vendu à cinq centimes, comme ses concurrents « le Journal », « le Petit Journal » et « le Petit Parisien », il se développera rapidement. Au début du siècle suivant, il compte parmi ses plumes le reporter Gaston Leroux, qui rapportera son aventure arctique en compagnie d’Otto Nordenskjöld. Le journal disparaîtra finalement au lendemain de la Libération.
1885 - 12 mai
Invention de la linotype
- L'horloger américain d'origine allemande, Ottmar Mergenthaler, reçoit un brevet pour l'invention de la première composeuse mécanique, la linotype. Depuis l'invention de l'imprimerie par l'allemand Gutenberg (1440), les typographes doivent composer les textes entièrement à la main, caractère par caractère. La linotype permet au compositeur de frapper directement ses textes sur un clavier. Elle sera employée la première fois par Le New York Tribune en 1886. Ce système sera le plus utilisé pour la composition des journaux jusqu'au années 70.
1888 - 25 juillet
Jean Dupuy prend la direction du "Petit parisien"
- Paul Piégut, le propriétaire du « Petit parisien », décède et Jean Dupuy en prend la direction. Il offre alors un nouveau souffle au quotidien, qui voit ses tirages augmenter considérablement. Il sera classé parmi les quatre principaux journaux français de la fin du siècle (avec "le Matin", "le Journal", "le Petit Journal"). Sa notoriété est telle, qu’elle aboutira à la création d’un important groupe de presse. Comme ses grands concurrents, il disparaîtra à la fin de la Seconde guerre mondiale.
1888 - octobre
Sortie du premier numéro de « National Geographic »
- Créée quelques mois plus tôt, la société américaine homonyme fonde la revue « National Geographic ». Elle vise à diffuser des connaissances géographiques du monde. Le mensuel se destine aux membres de l’Association et présente les objectifs de la société. Au cours des années suivantes, il s’étendra rapidement à un plus vaste public et à de plus vastes domaines.
1892
Lancement du magazine « Vogue »
- Condé Nast fonde le magazine de mode « Vogue » aux Etats-Unis. Très vite, il est diffusé dans le monde entier. Il paraît dans les kiosques britanniques dès 1916 tandis que les parisiennes devront attendre 1921 avant de pouvoir en bénéficier. Cette expansion se poursuivra en Europe dans les années 1960. Vogue deviendra l’un des principaux magazines de référence dans le domaine de la mode. La société américaine Condé Nast Publications lancera en 2005 « Men’s Vogue », uniquement consacré à la gent masculine.
1892 - 28 septembre
« Le Journal » sort dans les kiosques
- Fernand Xau fonde le « le Journal » dans une perspective littéraire. Vendu à prix modique, le quotidien se destine au petit peuple parisien et remporte rapidement le succès escompté. Il s’appuiera sur l’édition de feuilletons, dont certains seront rédigés par Barrès, Zola ou encore par Alphonse Allais. Une fois encore dans l’histoire de la presse, les bouleversements politiques et culturels liés à la Seconde guerre mondiale lui seront fatal.
1894 - 1 novembre
La Libre Parole médiatise l'affaire Dreyfus
- Alors que le journal "le Figaro" a eu des renseignements dès le 28 octobre sur l’arrestation d’un officier de l’armée pour trahison, il dévoile le nom de Dreyfus. Son concurrent d’extrême droite, "La Libre Parole", titre le même jour sur cette culpabilité. Vitrine française de l’antisémitisme, le journal de Drumont met immédiatement l’accent sur l’origine juive d’Alfred Dreyfus et en fait un argument a priori de sa culpabilité. Mieux, misant sur une théorie du complot, "La Libre Parole" affirme que l’Etat souhaite étouffer l’affaire parce que Dreyfus est juif. L’emballement de la presse, et notamment chez les nationalistes, monarchistes et catholiques ne tardera pas.
1907 - septembre
Gaston Leroux donne naissance à Rouletabille
- Gaston Leroux publie « le Mystère de la chambre jaune », où il met en scène Joseph Rouletabille, un journaliste et reporter. En imaginant ce personnage, Gaston Leroux annonce les prémices du journalisme d’investigation. Depuis quelques années, il parcourt lui-même le monde dans le but de couvrir les événements importants. Il sera ainsi considéré comme l’un des premiers grands reporters français.
1911
La fondation du futur « Sun »
- Le journal « The Daily Herald » est publié pour la première fois par l’International Publishing Corporation. Il rencontre un succès considérable mais les années 1960 ne lui seront pas bénéfiques. Il changera donc de présentation et de titre pour devenir « The Sun ». Rupert Murdoch l’ajoutera à sa collection de presse quelques années plus tard. Le quotidien misera de plus en plus sur la provocation et l’illustration pour finalement devenir l’un des principaux journaux britanniques populaires.
1915 - 10 septembre
Création du "Canard Enchainé"
- La propagande guerrière et la censure exaspèrent les pacifistes Maurice et Jeanne Maréchal qui fondent "Le Canard enchaîné". La parution sera interrompue en octobre mais reprendra à partir de juillet. Parmi les premiers collaborateurs du "Canard" : Anatole France, Tristan Bernard ou Jean Cocteau.
1919 - 12 octobre
La censure est levée un an après la fin de la guerre
- Le sénat français ratifie le traité de paix du 11 novembre, un an après sa signature. La censure préventive qui avait été instaurée par le ministère de la Guerre le 4 août 1914, est levée.
1926 - avril
Le premier magazine américain de science-fiction paraît
- Hugo Gernsback lance, aux Etats-Unis, le magazine Amazing Stories afin de promouvoir la science par le biais de la fiction. Admiratif face aux œuvres de Jules Verne et de H. G. Wells, il désire publier des textes où évoluent des univers inconnus, souvent gouvernés par les évolutions scientifiques. Directeur du magazine jusqu’en 1929, il créera le terme de "scientifiction", peu à peu transformé en "science-fiction".
1937
Lancement de « Marie-Claire »
- Jean-Prouvost lance l’hebdomadaire « Marie-Claire ». Quelques rubriques de son quotidien « Paris Soir » étaient déjà destinées aux femmes avant qu’il ne leur consacre entièrement un magazine. La gent féminine est immédiatement séduite par le concept mais la guerre interrompra les tirages. Ils ne seront repris qu’en 1954, et l’hebdomadaire deviendra mensuel.
1944 - 18 décembre
Le Monde en kiosque
- Conformément aux souhaits du général de Gaulle, le premier numéro du quotidien du soir "Le Monde" sort en kiosque. Le chef du gouvernement provisoire souhaite voir s'implanter un organe de presse de référence dans la presse nationale d'après-guerre. Il confie la direction du "Monde" à Hubert Beuve-Méry, René Courtin et Franck Brentano.
1945 - octobre
La Fondation des "Temps modernes"
- Avec l’aide de Simone de Beauvoir et de Maurice Merleau-Ponty, Jean-Paul Sartre publie le premier numéro de la revue "les Temps modernes". Littéraire, culturelle, politique et philosophique, ce mensuel montre clairement ses engagements politiques et deviendra la revue privilégiée des intellectuels de gauche.
1945 - 21 novembre
Premier numéro de "Elle"
- Hélène Gordon-Lazareff lance un nouveau magazine féminin: "Elle". La journaliste avait précédemment travaillé aux Etats-Unis pour "Marie-Claire". L'édition est hebdomadaire et compte 24 pages. Hélène Gordon-Lazareff sera la première à introduire la photo couleur dans un magazine français.
1946 - 28 février
Premier numéro de L'Equipe
- Le quotidien sportif "L'Equipe" succède à "L'Auto-Vélo" créé en 1900 par Henri Desgranges et interdit de publication à la Libération. Jacques Goddet, le directeur de l'édition, use de ses relations avec la résistance pour réhabiliter le journal sous une autre forme. "L'Equipe" est d'abord publié trois fois par semaine. A partir de 1948, il deviendra quotidien. Il sera racheté par le groupe Amaury en 1968.
1946 - 26 septembre
Premier numéro du « Journal de Tintin »
- L’hebdomadaire de bande dessinée destiné aux enfants comme aux adultes sort en kiosque. Il est fondé par l’artiste franco-belge Hergé, père de Tintin. Accompagné des plus grands de la bande dessinée, il proposera à ses lecteurs les aventures de « Blake et Mortimer », d’ « Alix » ou encore de « Ric Hochet ». Le journal disparaîtra définitivement en 1993.
1947 - 4 janvier
Sortie du magazine « Der Spiegel »
- Rudolf Augstein crée l’hebdomadaire allemand « Der Spiegel ». Le magazine est issu du contexte de l’après guerre. Sous l’impulsion des Britanniques occupant l’Allemagne, le journal « Diese Woche » sortit dans les kiosques quelques mois plus tôt. Rudolf Augstein en prit le contrôle et le renomma. Il en sera l’éditeur et le rédacteur en chef jusqu’à sa mort. « Der Spiegel » restera connu pour ses investigations politiques et ses propensions à dénoncer les scandales.
1949 - 29 mars
Fondation de "Paris-Match"
- L'homme d'affaires français Jean Prouvost lance une nouvelle formule du journal sportif "Match" qu'il a racheté en 1938. Le nouveau magazine d'actualité s'appelle désormais "Paris-Match". Son contenu est largement inspiré de la revue américaine "Life". Le premier ministre britannique Winston Churchill est en couverture du premier numéro.
1950 - 13 avril
« L’Observateur » sort en kiosque
- Gilles Martinet, Roger Stéphane et Claude Bourdet donnent naissance au premier numéro de « l’Observateur ». Ce dernier troquera son nom contre celui de « l’Observateur aujourd’hui », puis de « France observateur ». Fortement engagé à gauche, le journal regorge d’articles polémiques sur le gouvernement français. Malheureusement, les esprits militants d’autrefois sont moins virulents et le journal rencontrera d’importantes difficultés financières. Il sera malgré tout sauvé en devenant « le Nouvel Observateur ».
1953 - 16 mai
L'Express sort en kiosque
- Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud créent L'Express, un supplément hebdomadaire du quotidien Les Echos. En 1964, sur l'exemple du Time, il changera de look et deviendra un "newsmagazine" généraliste à succès. En 1970, lors du départ de Servan-Schreiber pour devenir secrétaire général du Parti radical, des journalistes quitteront la rédaction et fonderont un concurrent, Le Point. L'Express affiche aujourd'hui un tirage de 600 000 exemplaires.
1964 - 19 novembre
Premier tirage du « Nouvel Obs »
- Claude Perdriel relance le magazine déficitaire « France Observateur » et le renomme en conséquence « le Nouvel Observateur ». Il conservera ses tendances socialistes et remportera un succès quasi-immédiat. Il parviendra en effet à s’adapter à une société en pleine évolution, tant au niveau politique que culturel. Toujours dans un esprit contestataire, il publiera quelques années plus tard le « Manifeste des 343 », en faveur de l’avortement.
1970 - 17 novembre
Hara-Kiri disparaît des kiosques
- Le journal créé dix ans plus tôt par le professeur Choron subit une énième interdiction. Misant sur la provocation, ce dernier s’est encore illustré dernièrement en titrant « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». Cette approche ironique de la mort de De Gaulle et du traitement journalistique de la tragédie du dancing de Saint-Laurent-du-Pont dépasse les bornes aux yeux de la censure. Hara-Kiri disparaît ainsi en tant que quotidien, mais il paraîtra encore jusqu’en 1985 en tant que mensuel.
1972 - 25 septembre
« Le Point » sort en kiosque
- Le premier numéro du « Point » est publié. Ce magazine d’information français est créé par plusieurs anciens journalistes de « l’Express ». En désaccord avec leur directeur, Jean-Jacques Servan-Schreiber, ces derniers s’étaient décidés à quitter la rédaction pour fonder leur propre hebdomadaire. Soutenus financièrement par le groupe Hachette, ils atteignent leurs objectifs. Il faudra à peine trois ans au magazine pour assurer un seuil de rentabilité correct.
1973 - 18 avril
Lancement de Libération
- Le 1er numéro du quotidien de gauche Libération est publié sous la direction de Jean-Paul Sartre et Serge July. Original par son mode de gestion (égalité pour tout le personnel) et sa ligne rédactionnelle ("l'indépendance à tout prix"), il sera vite confronté à de graves problèmes financiers et d'organisation. Il fermera en 1981 et réapparaîtra quelques mois plus tard, modernisé mais plus classique. Libération bénéficie aujourd'hui d'une diffusion de près de 170 000 exemplaires.
1979 - 1 avril
Parution du premier numéro de « Gai Pied »
- Jean le Bitoux fonde le magazine français homosexuel « Gai Pied ». Au cœur d’un contexte politique difficile, il parviendra à publier ses rubriques jusqu’en 1992. Le magazine jouera un rôle essentiel dans la libération des homosexuels en France. Trois ans après sa disparition, le mensuel « Têtu » reprendra le flambeau avec succès.
1981
Rupert Murdoch achète « The Times »
- Milliardaire américain et magnat des médias, Rupert Murdoch fait l’acquisition du journal britannique « The Times ». Originaire d’Australie, il commença sa carrière en acquérrant plusieurs périodiques australiens. Il possède déjà aux États-Unis le « New-York Post », le « New York Magazine », « The Village Voice » et « New West », avant de s’attaquer à la presse britannique. Quatre ans plus tard, il adoptera la nationalité américaine afin de poursuivre ses acquisitions médiatiques, qui engloberont très vite l’édition et la télévision.
1990 - novembre
Une ouverture sur le monde proposée par « Courrier international »
- L’hebdomadaire « Courrier international » sort en kiosque. Il propose la traduction française d’articles de presse issus du monde entier et tente de représenter les différentes cultures de la planète. Malgré quelques difficultés financières, le succès est rapide. Des éditions semblables paraîtront ailleurs dans le monde.
1998 - 8 juin
Time magazine désigne Martha Graham "danseuse du siècle"
- Dans son numéro de juin, Time magazine classe la danseuse Martha Graham parmi les 100 personnalités les plus influentes du XXème siècle. L’artiste, décédée 7 ans plus tôt, a marqué le siècle en renouvelant la danse moderne. Elle a innové notamment par sa recherche dans les mouvements corporels et par sa mise en valeur des angularités du corps. Time lui décerne également le titre de "danseuse du siècle".
2001 - 19 mai
L'Humanité ouvre son capital
- En grande difficulté financière, le journal l’Humanité est contraint de se restructurer et d’ouvrir soixante pour cent de son capital. Quotidien des socialistes lors de sa fondation puis organe du Parti communiste (PCF), cette action paraît très symbolique et est à l'image de la perte de puissance des idées communistes. Le PCF ne garde donc que quarante pour cent des parts et devient par là plus indépendant.
2002 - 18 février
Apparition de la presse gratuite d’information en France
- Métro France distribue à Paris le premier quotidien national gratuit. Intitulé « Metro », le journal est largement rentabilisé par les annonceurs et mis à disposition de manière stratégique près des transports en commun. Le journal couvrira peu à peu la quasi-totalité des grandes villes de France. Seulement un mois après son lancement, il sera concurrencé par le « 20 minutes », détenu par le groupe norvégien Schibsted et par Ouest-France.
2006 - 7 novembre
Mort du journaliste Servan-Schreiber
- Le journaliste Jean-Jacques Servan-Schreiber meurt à Fécamp, en Haute-Normandie. Dans les années 1950, il avait fondé le magazine hebdomadaire "l’Express", en compagnie de Françoise Giroud puis s’était intéressé à la politique. Président du Parti radical dans les années 1970, brièvement ministre des Réformes en 1974, il avait aussi été directeur du Centre mondial de l’informatique. Enfin, il avait également écrit quelques essais, dont le "Défi américain" (1967).