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Woolf Virginia

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Virginia Woolf (Adeline Virginia Alexandra Stephen 25 janvier 1882 - 28 mars 1941) est une femme de lettres anglaise et une féministe. Pendant l'entre-deux-guerres, elle fut une figure marquante de la société littéraire londonienne et un membre du Bloomsbury Group.

 

Woolf Virginia

Virginia Woolf est née à Londres de Sir Leslie Stephen et Julia Stephen Duckworth (dite aussi Julia Prinsep - née Julia Jackson : 1846–1895), elle fut éduquée par ses parents à leur domicile du 22 Hyde Park Gate, Kensington dans une ambiance littéraire de la haute société. Les parents de Virginia étaient tous deux veufs lorsqu’ils se marièrent : ainsi leur maison regroupait les enfants de trois mariages différents. Les enfants de Julia et de son premier époux Herbert Duckworth : George Duckworth (1868–1934) ; Stella Duckworth (1869–1897) ; et Gerald Duckworth (1870–1937). La fille de Leslie et de sa première épouse Minny Thackeray, Laura Makepeace Stephen, qui fut diagnostiquée handicapée mentale et vécut avec eux avant d’être placée dans un asile en 1891 jusqu’à la fin de ses jours. Enfin, les enfants de Leslie et Julia : Vanessa (1879–1961) ; Thoby (1880–1906) ; Virginia et Adrian (1883–1948).

Sir Leslie Stephen, écrivain, éditeur et alpiniste, était veuf de la fille aînée du romancier William Makepeace Thackeray. Julia Stephen était, quant à elle, descendante d’une famille (les sœurs Pattle) déjà connue pour son implication dans la vie intellectuelle de la société victorienne, comme le salon tenu au milieu du xixe siècle par sa tante Sarah Prinsep (mère du peintre préraphaélite Val Princep). D'ailleurs la mère de Virginia posa comme modèle, dès son plus jeune âge, pour des artistes de l'époque (comme plusieurs membres féminins de la famille). Ainsi Henry James, George Henry Lewes, Julia Margaret Cameron (une autre tante célèbre de Julia morte en 1879) et James Russell Lowell (le parrain de Virginia) faisaient entre autres partie des connaissances de ses parents.

Outre cette atmosphère culturelle, Virginia avait libre accès à la vaste bibliothèque de son domicile du 22, Hyde Park Gate, qui lui permit de découvrir les classiques et la littérature anglaise (à la différence de ses frères qui suivirent une éducation traditionnelle). Dans ses mémoires, ses souvenirs d’enfance les plus vifs ne sont pourtant pas à Londres, mais à St Ives en Cornouailles où sa famille passait tous ses étés jusqu’en 1895. Les souvenirs de vacances en famille, les impressions laissées par le paysage et le phare Godevry (Godrevy Lighthouse), furent des sources d’inspiration notables de ses romans, en particulier Voyage au Phare (To the Lighthouse). La mort de sa mère, décédée de la grippe, et celle de sa demi-sœur Stella deux ans plus tard, entraînèrent Virginia dans sa première dépression nerveuse. La mort de son père en 1904 provoqua son effondrement le plus inquiétant. Elle fut brièvement internée.

Après la mort de leur père, Virginia, Vanessa et Adrian vendirent le 22 Hyde Park Gate et achetèrent une maison au 46, Gordon Square dans Bloomsbury. Ils y firent alors la connaissance de Lytton Strachey, Clive Bell, Saxon Sydney-Turner, Duncan Grant et Leonard Woolf (un ancien étudiant de Cambridge, membre des Cambridge Apostles tout comme Strachey). Ils formèrent ensemble le noyau du cercle d'intellectuels connu sous le nom de Bloomsbury Group. Virginia Woolf était bisexuelle. Virginia épousa l'écrivain Leonard Woolf (1880–1969) en 1912. Elle le surnommait durant leurs fiançailles « le Juif sans le sou ». Cependant, les époux avaient des liens très forts, et en 1937 Virginia Woolf décrivait dans son journal le fait d'être une épouse comme un grand plaisir, son mariage étant complet. Ils travaillaient ensemble en tant qu'éditeurs et fondèrent en 1917 la Hogarth Press qui publia la plupart des œuvres de Virginia Woolf.

L'ambiance du groupe de Bloomsbury encourageait les rencontres et les liaisons, et en 1922, Virginia Woolf rencontra Vita Sackville-West, bisexuelle, tout comme elle4. Après un essai, elles entamèrent une liaison qui dura tout au long des années 1920. En 1928, Virginia Woolf s'inspira de Vita Sackville-West pour créer Orlando, une biographie fantastique dans laquelle le héros éponyme traverse les siècles et change de sexe. Nigel Nicolson, fils de Vita Sackville-West, l'a appelé « la plus longue et la plus charmante lettre d'amour de la littérature ». Après leur liaison, les deux femmes restèrent amies. Parmi ses plus grandes amies, on compte Madge Vaughn (la fille de John Addington Symonds, qui inspira le personnage Sally Seton dans Mrs. Dalloway), Violet Dickinson, et la compositrice Ethel Smyth. Elle était aussi très proche de sa sœur Vanessa Bell.

Virginia Woolf se suicide en 1941. Elle remplit ses poches de pierres et se jette dans la rivière Ouse, près de Monk's House, sa maison de Rodmell. Elle laisse une note à son mari : « J'ai la certitude que je vais devenir folle : je sens que nous ne pourrons pas supporter encore une de ces périodes terribles. Je sens que je ne m'en remettrai pas cette fois-ci. Je commence à entendre des voix et ne peux pas me concentrer. Alors je fais ce qui semble être la meilleure chose à faire. Tu m'as donné le plus grand bonheur possible... Je ne peux plus lutter, je sais que je gâche ta vie, que sans moi tu pourrais travailler. [...] ». Son corps sera retrouvé trois semaines plus tard, le 18 avril. Leonard Woolf enterrera ses cendres dans le jardin de Monk's House. « Virginia a pris sa décision en toute conscience », dira la musicienne et poète Patti Smith dans un dossier du Magazine littéraire consacré à Virginia Woolf, « elle ne s'est pas précipitée vers la rivière Ouse, elle y est entrée résolue. Elle a choisi de mettre fin à sa vie comme elle l'avait menée, en esprit libre et indépendant. »

L'étude de sa vie et de ses œuvres par les psychiatres contemporains conduit à penser qu'elle présentait tous les signes de ce qu'on nomme aujourd'hui « trouble bipolaire » (anciennement psychose maniaco-dépressive), maladie mentale alternant des épisodes de dépression et d'excitation, souvent associée avec une grande créativité mais conduisant bien des personnes au suicide.

Elle commence l'écriture comme activité professionnelle en 1905, initialement pour le supplément littéraire du Times. En 1912, elle épouse Leonard Woolf, fonctionnaire et théoricien politique. Son premier roman, The Voyage Out (La Traversée des apparences, traduit aussi par "Traversées"), est publié en 1915. Elle continue à publier des romans et des essais en tant qu'intellectuelle, qui rencontrent un succès aussi bien auprès de la critique que du grand public. La plupart de ses œuvres seront publiées à compte d'auteur à la Hogarth Press. Elle est considérée comme l'une des plus grandes romancières du XXe siècle et des plus grandes innovatrices dans la langue anglaise. Dans ses œuvres qui délaissent l'intrigue et la progression dramatique, elle expérimente avec acuité les motifs sous-jacents de ses personnages, aussi bien psychologiques qu'émotifs (rêveries, états d'âme, pensées contradictoires ou sans lien logique), ainsi que de multiples possibilités de narration dans une chronologie diffractée ou morcelée. Selon Edward Morgan Forster, elle a poussé la langue anglaise « un peu plus contre les ténèbres » ; l'influence de ses réalisations littéraires et de sa créativité est encore sensible aujourd'hui.

Récemment, des études sur Virginia Woolf se sont concentrées sur les thèmes féministes et lesbiens dans son travail, comme dans l'anthologie d'essais critiques publiée en 1997 Virginia Woolf: Lesbian Readings (Virginia Woolf : Lectures lesbiennes), publiée par Eileen Barrett et Patricia Cramer. Louise A. DeSalvo propose un traitement de l'abus sexuel incestueux que subit V. Woolf quand elle était jeune dans Virginia Woolf: The Impact of Childhood Sexual Abuse on her Life and World (Virginia Woolf : L'impact des abus sexuels subis pendant son enfance sur sa vie et son monde). Son imaginaire est aussi étudié pour sa profondeur de vue dans des thèmes comme le syndrome commotionnel, la guerre, les classes et la société britannique moderne. Les plus connues de ses œuvres non romanesques, notamment Une chambre à soi et Trois Guinées, traitent de l'avenir de l'éducation féminine et du rôle des femmes auteurs dans les canons littéraires occidentaux.

En 1982, chargée de célébrer le centenaire de la naissance de Virginia Woolf, Viviane Forrester joue et fait jouer sa pièce Freshwater à Paris (elle choisit pour metteur en scène Simone Benmussa) (représentations également à New York, London et Spoleto), interprétée par des écrivains dont Eugène Ionesco, Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet, Viviane Forrester, etc. En 2002, The Hours, un film fondé sur la vie de Virginia Woolf et sur l'effet de son roman Mrs. Dalloway, a été nommé pour l'Academy Award du meilleur film. Celui-ci était adapté du roman de Michael Cunningham, publié en 1998 et prix Pulitzer. The Hours était le titre provisoire de V. Woolf pour Mrs. Dalloway. Beaucoup de spécialistes de V. Woolf sont hautement critiques sur la peinture que donne le film de V. Woolf et de ses œuvres. Selon eux, ni le roman, ni le film ne sauraient être considérés comme un exposé correct ou une critique littéraire de Mrs. Dalloway.

Enfin, de nombreuses chansons ont été dédiées à Virginia Woolf. Notamment la chanson Dans les rues de Londres (2005) de Mylène Farmer, "What the Water Gave Me" et "Never Let Me Go" du groupe anglais Florence and The Machine, ainsi que la chanson Virginia (2008) de la chanteuse finlandaise Vuokko Hovatta. En 2011, l'ouvrage Virginia Woolf : L'écriture refuge contre la folie, collectif dirigé par Stella Harrison, avant propos de Jacques Aubert avec Nicolas Pierre Boileau, Luc Garcia, Monique Harlin, Stella Harrison, Sophie Marret, Ginette Michaux, Pierre Naveau et Michèle Rivoire, Éditions Michèles, collection Je est un autre, Paris 2011. En 2012, une nouvelle traduction des œuvres romanesques de Virginia Woolf est parue dans la Pléiade, ainsi qu'un recueil de nouvelles, Lundi ou Mardi encore jamais traduit en français. Virginia Woolf est donc la neuvième femme de lettres à entrer dans la Pléiade.


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