Robert Kempner, né à Fribourg-en-Brisgau, Allemagne, le 17 octobre 1899 et mort à Königstein im Taunus, Allemagne, le 15 août 1993, était un avocat américain d'origine allemande. Il fut accusateur au procès de Nuremberg et, selon certaines sources, détint illégalement par-devers lui jusqu'à sa mort un grand nombre de pièces de ce procès, notamment le journal d'Alfred Rosenberg.
Kempner fut dans les années 1920 un florissant avocat à Berlin. Il était membre de l'Union républicaine des juges, fondée en 1922. Dans une conférence de novembre 1926, Walter Simons attaqua cet organisme en soutenant que des juges sociaux-démocrates seraient portés à se considérer comme moins obligés par le droit que par la lutte des classes. Kempner devint en 1928 conseiller juridique principal de la police prussienne. Il participa en 1924 aux poursuites menées contre Adolf Hitler et Wilhelm Frick à la suite du putsch de la Brasserie. En 1933, les nationaux-socialistes étant arrivés au pouvoir, il fut destitué de son poste par Hermann Göring. Il fut plus tard détenu deux mois dans un camp de concentration sous l'accusation d'avoir divulgué des informations sur le réarmement de l'Allemagne, réarmement interdit par le Traité de Versailles. En 1935, Wilhelm Frick, à l'époque ministre de l'Intérieur, retira à Kempner la citoyenneté allemande en raison de ses origines juives.
Kempner quitta alors l'Allemagne pour l'Italie, puis émigra aux États-Unis. Après la Seconde Guerre mondiale, Kempner retourna en Allemagne en tant que substitut du procureur général américain (assistant U.S. chief counsel) dans l'accusation au procès de Nuremberg. Une notice de l'United States Holocaust Memorial Museum dit à ce sujet : « Par un retournement du sort, Kempner allait poursuivre deux de ses anciens supérieurs et persécuteurs, Göring et Frick. (...) Kempner présenta aussi le dossier d'accusation contre son ancien vainqueur Wilhelm Frick. L'ironie de cette situation ne passa pas inaperçue de la presse américaine. Un journal titra : ‘ L'homme qu'il exila présente l'accusation contre Frick. ’. ». Kempner fut ensuite procureur au procès des ministères (1947-1948). On lui attribue la découverte du procès- verbal de Wannsee (ou protocole de Wannsee).
Après les procès de Nuremberg, Kempner représenta des clients juifs dans des réclamations de réparations à charge de l'Allemagne. Il apparut aussi comme témoin expert au procès d'Adolf Eichmann à Jérusalem in 1961. Il a écrit en 1964 : « Toute prise de position à caractère propagandiste de l’Église contre le gouvernement de Hitler aurait non seulement été un suicide prémédité, mais elle aurait accéléré l'assassinat d'un nombre bien plus grand de Juifs et de Prêtres. » Selon l'U.S. Immigration and Customs Enforcement (ICE), Kempner, quand son rôle à Nuremberg fut terminé, vers le milieu des années 1940, emporta des milliers de pièces du procès et les amena chez lui à Lansdowne, Pennsylvanie, près de Philadelphie. Selon l'United States Holocaust Memorial Museum, l'office du procureur avait donné à Kempner l'autorisation d'emporter les pièces, mais selon l'U.S. Immigration and Customs Enforcement, la soustraction des documents par Kempner était contraire à la loi et à une procédure correcte.
Contrairement à l'U.S. Immigration and Customs Enforcement et à l'United States Holocaust Memorial Museum, Ernst Piper, biographe d'Alfred Rosenberg, a donné une version selon laquelle le véritable responsable de la soustraction des pièces serait inconnu. Particulièrement important, parmi les documents soustraits, était le journal d'Alfred Rosenberg, un des auxiliaires de premier plan de Hitler, qui avait été condamné et pendu pour ses crimes de guerre en 1946. Le journal, écrit sur des feuilles volantes de 1936 à 1944, passa par diverses mains après la mort de Kempner, survenue en 1993, jusqu'à ce qu'on annonça qu'il avait enfin été récupéré par des agents de l'U.S. Immigration and Customs Enforcement en juin 2013, auprès de l’ancienne secrétaire de Robert Kempner, qui habitait près de Buffalo, chez l'universitaire Herbert Richardson. Lors du procès de Rosenberg, le Tribunal Militaire International avait décidé le 19 août 1945 de donner à la défense accès au journal, mais Alfred Thoma, avocat de Rosenberg, nota : « Kempner ne nous le remet pas. » Selon Thoma, l'accusation lui déclara que le journal était introuvable.